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Mémoire de la présence Française au Maroc à l'époque du Protectorat
 
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 HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.

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Paul CASIMIR





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MessageSujet: HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.   HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. - Page 7 EmptyDim 22 Juin - 9:13

180
LES JOURNÉES SANGLANTES DE FEZ


Cette colonne comprenait six compagnies, un escadron et demi de spahis, une section de 75, deux sections de 65 et une section d'ambulance mobile.
Le départ eut lieu à 10 heures du matin de Dar-Debibagh.

La colonne laissait son artillerie de 75 aux Mérénides, sous la protection d'un peloton de la légion et poursuivait sa marche vers l'est.

Dès 2 heures, les hauteurs du Zalag se cou­vraient de très nombreux cavaliers et piétons, en marche sur la ville.
La colonne se repliait vers le pont de l'oued Fez et son artillerie ayant exécuté quelques feux sur les groupes dévalant du Zalag, elle rentrait le soir à Dar-Debibagh.

Les assaillants, qui continuaient leur progres­sion, étaient accueillis par les feux des canons du bordj Nord, par ceux de l'artillerie Duhalde, postée à Bab-Fetouh et par la section de 75 des Mérénides.
L'ennemi continuait toutefois à s'avancer et tombait sous le feu intensif de l'infanterie et des sections de mitrailleuses, garnissant les remparts de la ville.

L'objectif de l'ennemi était, ainsi du reste qu'il l'avait annoncé, le quartier des Consulats et celui où les Européens étaient réfugiés.


181
RÉCITS MILITAIRES

Le nombre des assaillants allait sans cesse en grossissant et on les voyait arriver, tels des four­mis, de toutes les directions.
Devant l'imminence du danger, le général Moinier faisait venir de Dar-Debibagh le 6° bataillon du 4° tirailleurs, commandant Fellert, et une sec­tion de 65 de montagne, pour constituer une réserve générale. II faisait également renforcer les secteurs de Bab-Ghissa et de Bab-Fetouh.

Pour faciliter l'action du commandement, tou­tes les troupes de Fez-Bali furent placées sous les ordres du colonel Gouraud.

Depuis 4 heures de l'après-midi, la situation allait s'aggravant.
Le commandant Duhalde rendait compte déjà que la muraille avait été franchie à l'est de Tamdert et que l'ennemi s'était avancé jusqu'aux limi­tes dès jardins.

La section d'artillerie de montagne du lieutenant Piquendar, serrée de près, avait dû faire usage de ses mousquetons et avait dû être dégagée à la baïonnette par un peloton de la 2° compa­gnie du 4° bataillon colonial du lieutenant Braconnier.
Le peloton de légionnaires étant insuffisant pour soutenir la section de 75 postée sur le tombeau des Mérénides, cette position fut évacuée.


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MessageSujet: HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.   HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. - Page 7 EmptyDim 22 Juin - 9:21


182
LES JOURNEES SANGLANTES DE FEZ

Elle était aussitôt occupée par l'ennemi qui tira sur la casbah des Cherarda.

A 6 heures l'attaque devient générale et la fusillade crépite dans toutes les directions.
De nouveaux renforts sont appelés de Dar-De-bibagh.

Trois compagnies du bataillon Rivière du 2° ba­taillon sénégalais arrivent encore à 8 h. 30 et renforcent la réserve générale et les réserves de quartier déjà fortement entamées.
Le moment est vraiment angoissant.

Dix-neuf compagnies se trouvent préposées à la garde de la ville, tandis que sept compagnies restent à Dar-Debibagh, prêtes à former une co­lonne mobile pouvant se porter, par l'extérieur, sur le point le plus menacé.

Vers 7 heures, le feu redouble d'intensité et la fusillade devient plus nourrie. Nos obus mettent le feu à des meules de paille situées à quelques kilomètres des remparts. L'incendie ne tarde pas à se propager, jetant ses lueurs sinistres à l'est de la ville.
On s'attend à une nuit tragique.

Les journalistes représentant le Matin, l'Havas et la Vigie Marocaine reçoivent l'ordre d'avoir à évacuer la maison qu'ils occupent en position avancée, dans une zone dangereuse. Les balles commençaient déjà à venir en frapper les murs.


183
RECITS MILITAIRES


C'est la quatrième fois qu'il nous faut déména­ger depuis le 17 avril ! On regrette vivement l'absence de l'honorable citoyen Cochon dont l'in­tervention serait des plus utiles, car plusieurs autres maisons doivent également être évacuées et leurs locataires ne savent où se réfugier.

Nous nous décidons, quant à nous, à aller passer la nuit avec le brave commandant Philipot, major de la garnison, qui a établi son quartier général au Dar-el-Hamoumi sur « la dernière terrasse où l'on tire », nous apprêtant à enregistrer de fortes émotions.

Tout à coup, vers 8 heures, la fusillade ralentit et ne tarde pas à cesser complètement....

On redouble partout d'attention, car on s'at­tend à un stratagème de l'ennemi.
Mais les heures se succèdent dans une attentive veillée des armes, sans que le silence, pesant et gros de menace, soit troublé.

Ce sera pour le lever du jour, pense-t-on.
Mais déjà l'aube blanchit les montagnes de Taza, sans que les Marocains aient donné de nou­veau signe de vie.
Le soleil ne tarde pas à briller, faisant miroiter au loin les eaux limoneuses du Sebou, dans le même calme et le même silence....

Les jumelles fouillent avidement la campagne dans toutes les directions. Il faut bien se rendre à l'évidence, si inattendue soit-elle : les Marocains avaient complètement disparu et les trois groupes d'assaillants rassemblés à Bab-Ghissa, à Bab-Sidi-bou-Jida et à Bab-Fetouh, avaient peu à peu aban­donné le terrain.....




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MessageSujet: HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.   HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. - Page 7 EmptyDim 22 Juin - 9:29

Document hors-texte

A FEZ, PENDANT L'EMEUTE. - Nos troupes tirent , d'une terrasse, sur les askris rebelles, abrités dans les minarets des mosquées.

Photo Hubert-Jacques


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MessageSujet: HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.   HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. - Page 7 EmptyDim 22 Juin - 9:40

184
LES JOURNÉES SANGLANTES DE FEZ


On apprit par la suite que le bel élan des assail­lants s'était brisé devant le « chaleureux » accueil qu'ils avaient reçu. Leurs pertes étaient beaucoup plus considérables que nous ne pouvions même le supposer, au milieu de l'obscurité. Le feu de notre artillerie avait également contribué à leur causer des pertes tellement élevées qu'ils renon­çaient purement et simplement à poursuivre l'as­saut qu'ils s'apprêtaient à donner avec tant de vigueur.

Sur la foi des histoires qui leur avaient été racontées, de nombreux Marocains croyaient n'avoir qu'à se présenter les mains dans leur... burnous pour entrer dans Fez, piller la ville et s'amuser à promener au bout de piques les quel­ques têtes de Français qui pouvaient encore res­ter.
Aussi leur surprise fut-elle grande, lorsqu'ils se virent reçus d'une façon aussi vigoureuse.

Il y eut un premier flottement à la suite duquel plusieurs contingents de tribus ayant rebroussé chemin, tous les autres les suivirent. Et ils furent heureux de profiter de l'obscurité pour pouvoir mettre le plus de kilomètres possible entre eux et une ville si bien gardée !


185
RECITS MILITAIRES

Nos pertes, par contre, étaient relativement fai­bles. Nous n'avions que 5 tués et 14 blessés dont les lieutenants Perrault et Braconnier, de l'infan­terie coloniale. Les pertes de l'ennemi purent être évaluées à 1.000 tués environ.

Dès la première heure, le 29 au matin, un déta­chement de sortie, constitué dans la nuit et com­prenant sept compagnies, un escadron de spahis, une section de 75, une section de 65 et une section de mitrailleuses, sous le commandement du colo­nel Gouraud, se portait au Nord de Fez et consta­tait que les abords de la ville étaient complète­ment évacués.


Le combat du 1er juin.


Pendant les journées des 29 et 30 mai, les trou­pes goûtèrent un repos bien mérité.

Il fallait, en effet, accorder quelque répit à ces hommes surmenés par quatre jours et quatre nuits de combats et d'alertes, de luttes corps à corps, et laisser également " souffler " les renforts arrivés la veille à marches forcées.
Pendant ce temps, le général Moinier préparait une colonne de cinq bataillons, six sections d'ar­tillerie et deux escadrons, pourvue de tous ses organes, pour la mettre sous les ordres du colonel Gouraud chargé de prendre l'offensive et d'aller disperser un gros rassemblement signalé à Hadjra-el-Koïla, à une quinzaine de kilomètres au nord-est de Fez.




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MessageSujet: HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.   HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. - Page 7 EmptyDim 22 Juin - 9:48

186
LES JOURNEES SANGLANTES DE FEZ


Cette colonne comprenait :

Le bataillon Fellert et sa section de mitrail­leuses ;
Le bataillon Dresch ;
Le bataillon mixte Duhalde, formé de deux compagnies coloniales et deux compagnies séné­galaises avec leur section de mitrailleuses ;
Le bataillon mixte Rivière, formé d'une com­pagnie coloniale et trois compagnies sénégalaises avec leur section de mitrailleuses ;
Le bataillon mixte Giralt, formé de trois com­pagnies du 2° étranger et d'une compagnie du 1er tirailleurs ;
Toute la cavalerie, sauf 4 pelotons, renforcée de 3 pelotons de chérifiens reconstitués ;
Une batterie de 75, lieutenant Lagarde ;
Une section de 76, lieutenant Bonhenry ;
Deux sections de 65, capitaine Bauchet ;
Une section de 75 de montagne, lieutenant Oddou ;
Un détachement du génie, lieutenant Blondet ;
Les ambulances Duchêne et Marullaz.



187
RÉCITS MILITAIRES


La cavalerie était placée sous les ordres du com­mandant Durand et l'artillerie sous les ordres du commandant Le Rond.
Le lieutenant-colonel Mazillier était adjoint au colonel Gouraud, ainsi que le commandant Daugan, chef d'état-major du général Moinier, le capitaine Rieder, officier d'ordonnance du géné­ral Lyautey, les capitaines Le Glay, Pabst, Gou-beau, Pettelat et Amiel et le lieutenant Renaud du Service topographique.

La colonne emportait pour trois jours de vi­vres.

A 4 heures du matin le colonel Gouraud indi­quait comme point de ralliement la porte de Bab-Fetouh, l'artillerie devant sortir par Bab-Sidi-bou Jida.

Mais, en raison de l'étroitesse de cette porte et sa disposition « en tiroirs » l'artillerie fut obligée de dételer et de séparer les pièces des avant-trains. Les pièces, poussées à bras et tirées à la prolonge, purent enfin sortir.
Pendant cette opération le colonel Gouraud fai­sait couvrir sa gauche par le bataillon Rivière, avec sa section de mitrailleuses, un peloton de spahis et un peloton de cavalerie chérifienne.

Vers 5 heures, la colonne était rassemblée et le dispositif suivant était pris :



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MessageSujet: HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.   HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. - Page 7 EmptyDim 22 Juin - 9:52

Document hors-texte

Fez, Avril 1912

Le personnel volontaire de l'ambulance civile.


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MessageSujet: HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.   HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. - Page 7 EmptyDim 22 Juin - 10:01

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LES JOURNÉES SANGLANTES DE FEZ


L'avant-garde, sous les ordres du commandant Duhalde, comprenait : un peloton chérifien, qua­tre pelotons de spahis, le bataillon Duhalde et sa section de mitrailleuses, une batterie de 75 et un détachement du génie.

A 800 mètres en arrière, le gros de la colonne, sous les ordres du commandant Giralt, compre­nait :
Le bataillon Giralt ;
Une batterie de 65 ;
Une section de 75 de montagne ;
Le bataillon Dresch ;
Le convoi de munitions ;
Les ambulances.

A 400 mètres, l'arrière-garde, sous les ordres du commandant Fellert, comprenait :
Une compagnie du bataillon Fellert ;
Une section de 75 ;
Trois compagnies du bataillon Fellert ;
Un peloton de spahis ;
Un peloton de cavalerie chérifienne.

Après avoir traversé le pont de l'oued Bou-Keratch, à quelques centaines de mètres de la ville, la colonne se dirige vers le pont du Sebou, à l'est.
Le soleil se lève radieux et fait prévoir une superbe journée, malgré quelques nuages qui flottent sur les cimes du Zalag, à l'ouest.



189
RÉCITS MILITAIRES


A peine est-on sorti de la ville que l'on est pris à la gorge par l'odeur épouvantable qui se dégage des nombreux cadavres marocains abandonnés dans les jardins.
La cavalerie prend rapidement la tête de la colonne, pendant que le reste des troupes avance péniblement dans des défilés difficiles, véritables sentiers de chèvres.

Aussitôt que la nature du terrain le permet, la colonne prend la formation indiquée plus haut.
Vers 5 h. 45 un engagement se produit avec la cavalerie chérifienne qui se porte sur la gauche pour dégager l'axe de marche de l'infanterie.

Le bataillon d'avant-garde se déploie, mettant les 9° et 14° compagnies sénégalaises en première ligne, les deux compagnies coloniales restant en deuxième ligne.

A 6 heures la première ligne d'infanterie essuie le feu des Marocains occupant les crêtes du Zalag.

La première section de 75 ouvre le feu pour protéger le mouvement de l'infanterie.

A 6 h. 10 le colonel Giralt reçoit l'ordre de prolonger la gauche du bataillon Duhalde pour le relier au groupe Rivière, mais en n'engageant qu'une compagnie.



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MessageSujet: HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.   HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. - Page 7 EmptyDim 22 Juin - 10:07

190
LES JOURNEES SANGLANTES DE FEZ

A 6 h. 20 le lieutenant-colonel Mazillier reçoit l'ordre de prendre le commandement de la pre­mière ligne qui aura à se maintenir sur place pour attendre que l'artillerie montée ait pu rejoindre la colonne.

Les Marocains, encouragés par cet arrêt, occu­pent les lignes de crêtes à 600 mètres, de plus en plus nombreux, et ouvrent un feu assez vif, pendant que quelques groupes dessinent un mou­vement tournant vers la droite.
Sous le feu maintenant violent et bien ajusté de l'ennemi, notre cavalerie éprouve des pertes; le sergent anglais Redman est tué, le capitaine Devanlay et le lieutenant Chevrier blessés, ainsi que plusieurs cavaliers.

L'infanterie arrive à leur hauteur et dégage la cavalerie qui passe en seconde ligne.

L'ennemi, tout en se repliant, se renforce et prend position sur une deuxième crête.

Le groupe Rivière se porte sur deux mamelons à 1.500 mètres du chemin suivi par la colonne principale, où il se maintiendra jusqu'à ce que l'arrière-garde soit arrivée à sa hauteur.
L'ennemi, toujours sur la gauche, profitant du terrain, approche à moins de 1.000 mètres. Il est vigoureusement canonné par la batterie de 65 du capitaine Bauché, battu par le feu des mitrail­leuses de la section Barré et de deux compagnies et demie d'infanterie du bataillon Rivière dé­ployées à gauche.



191
RECITS MILITAIRES
Les Marocains subissent de grosses pertes tandis que nos troupes, bien défilées, sont indemnes.
Découragé, l'ennemi bat en retraite vers les crê­tes, emportant de nombreux morts et blessés, poursuivi par le feu de la section de 75 de mon­tagne du lieutenant Oddou.

La gauche est maintenant dégagée et le groupe du commandant Rivière rentre, à 8 h. 30, en première ligne.

A 7 h. 50, l'artillerie de 75 de campagne ayant enfin pu rejoindre la colonne, malgré les diffi­cultés du terrain, le mouvement général en avant est repris.

Le colonel Gouraud fouille de sa jumelle tout le terrain, depuis le pont du Sebou à droite, jus­qu'aux cimes embrumées du Zalag, d'où descend un vent glacial, cherchant le gros de la harka ennemie.

Un millier d'hommes environ se trouvent en face de nous. Ce n'est pas encore la harka de 15.000 combattants que signalait le Service des renseignements !

A 8 heures, on aperçoit enfin, arrivant par la vallée du Sebou, plusieurs groupes d'un millier de cavaliers chacun.
C'est la harka.



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Document hors-texte

LA REPRESSION DE L'EMEUTE DES FEZ. - Pillards enchainés et gardés à vue par des tirailleurs.

iHUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. - Page 7 Bscan_20



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MessageSujet: HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.   HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. - Page 7 EmptyDim 22 Juin - 10:20

192
LES JOURNÉES SANGLANTES DE FEZ

Elle est encore à 4 ou 5 kilomètres, venant dans notre direction. Les Marocains se divisant par petits paquets de 300 à 400 hommes continuent à avancer en ordre, sans hâte et sans cris, comme sûrs d'eux-mêmes.

Ils peuvent être 15.000.

Au fur et à mesure qu'ils approchent, nous comprenons qu'ils ont adopté une espèce de for­mation par tribus, par fractions et par douars. Des étendards aux couleurs vives les précèdent, ainsi que de nombreux fantassins.
Notre colonne est arrêtée.

Plus la harka s'avance, plus nous remarquons son importance. Cette marche tranquille est grandiose, dans l'immense décor du fleuve qui serpente à nos pieds au centre du cirque de mon­tagnes qui nous environnent en formant au sud la vaste cuvette qu'est la vallée du Sebou, cette harka qui progresse en ordre et en silence a quel­que chose d'impressionnant qui fait songer aux hordes sauvages d'Attila et de Tamerlan, détrui­sant tout sur leur passage.

Nous ne pouvons nous empêcher de comparer les proportions minuscules de nos cinq batail­lons, déployés en face de ce flot compact de com­battants qui paraît devoir tout balayer devant lui, tant il avance avec une parfaite assurance.
La minute est tragique et nous croyons voir passer un frisson sur nos lignes.


193
RÉCITS MILITAIRES


C'est comme un fléchissement moral qui se traduit dans les atti­tudes. Tous les regards, en effet, se tournent à ce moment vers le colonel Couraud.

Campé sur un piton, sa haute silhouette se détachant, droite sur le ciel, il est presque seul, auprès de son petit fanion rouge qui claque joyeu­sement au vent.

De tous les côtés à la fois il vient d'envoyer des ordres qui vont animer ses différentes unités.
Ventre à terre les officiers d'état-major et les estafettes partent dans des directions différentes, galopant à toute allure, au milieu de blocs énor­mes, pour faire prendre le dispositif de combat.

Le chef vient de lancer à tous ses éléments l'ordre qui, en coordonnant leurs efforts, va briser le flot montant de la harka. Et l'on se rend compte que cet ordre a produit un puissant effet moral sur les troupes qui, allègrement, reprennent leur marche en avant, pendant que la harka, à peine à 2.000 -mètres, commence à pousser ses cris de guerre et à s'ébranler à une allure plus vive. De toutes les pentes dégringolent de nouveaux com­battants qui viennent se joindre à elle.

La section de 75 du lieutenant Lagarde, renfor­cée par la section Ninoreille, ouvre le feu sur un premier groupe d'un millier de cavaliers qui re­monte la rive droite du Sebou. La section Bonhenry vient s'établir à gauche des deux premières.


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MessageSujet: HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.   HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. - Page 7 EmptyLun 23 Juin - 10:12


194
LES JOURNÉES SANGLANTES DE FEZ
Les premiers coups tirés à 2.000 mètres sont admirablement pointés. Les shrapnels tombent en plein dans les rangs ennemis, au milieu de groupes compacts où ils causent de terribles ra­vages.
C'est d'abord de la stupéfaction.

Mais, sous le feu violent et très efficace de nos trois sections d'artillerie, l'ennemi s'arrête, tour­noie, se disloque et ne tarde pas à s'enfuir dans une galopade générale.

Les uns vont occuper les rives cultivées du Sebou, où ils se dissimulent derrière des arbustes; d'autres se réfugient sur le sommet de la mon­tagne; d'autres encore retournent simplement en arrière, dans une course éperdue, allant semer l'alarme dans le campement d'Hadjra-el-Koïla où les femmes et les provisions étaient restées. Mais la plus grande partie a compris que le mieux était de se rapprocher de nous, à l'abri d'un repli de terrain assez accentué.

De notre côté, la marche en avant se poursuit, par bonds successifs, de crête en crête, l'artillerie préparant et appuyant l'infanterie qui progresse par échelons.
Deux lignes de crêtes sont ainsi successivement enlevées.

Les cavaliers ennemis avancent également, laissant dans les cultures les fantassins qui gênent leur marche.



195
RÉCITS MILITAIRES

Un groupe de 500 cavaliers marocains, qui s'est replié derrière un mamelon, essaye de se déployer pour arrêter la marche de la 9° compagnie séné­galaise, renforcée par la compagnie coloniale Hugot. Il est dispersé par l'artillerie.

Vers 9 heures la première ligne découvre une grande crête allongée, s'étendant du Sebou au Zalag. Protégée par l'artillerie, cette ligne se porte à l'attaque de la crête, garnie de Marocains, pen­dant que les unités de la deuxième ligne viennent prendre leur place et que l'arrière-garde serre sur la colonne.

Les groupes Giralt au centre et Rivière à gauche - ayant «chacun deux compagnies déployées et deux autres en soutien, derrière les intervalles — marchent droit devant eux, pendant que le groupe Duhalde déborde, par sa droite appuyée au Sebou, le mouvement de terrain.

Le déploiement de nos troupes a près de 4 kilomètres.

Sous le feu de notre artillerie et de notre in­fanterie, la crête est conquise; mais, dans ce mou­vement, un groupe nombreux de Marocains, embusqués dans un chemin creux courant le long du fleuve, ouvre le feu à moins de 200 mètres sur la 14° compagnie sénégalaise du capitaine Battesti, qui allait aborder la crête.



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MessageSujet: HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.   HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. - Page 7 EmptyLun 23 Juin - 10:19

Document hors-texte

Les renforts du Général MOINIER en route de Meknès à Fès.
in " LE MONDE ILLUSTRE " du 27 Avril 1912

HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. - Page 7 Bascan71

Marche de l'artillerie

HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. - Page 7 Bascan72

Marche de l'Infanterie.


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MessageSujet: HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.   HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. - Page 7 EmptyLun 23 Juin - 11:31


196
LES JOURNÉES SANGLANTES DE FEZ

Le lieutenant Mas, dont le peloton formant la droite est très près de l'ennemi, est obligé de charger à la baïonnette. Les Marocains cèdent mais nous éprouvons des pertes sensibles. Le lieu­tenant Mas, mortellement frappé d'une balle dans l'abdomen, tombe glorieusement. Trois tirail­leurs, qui se précipitent pour le couvrir de leurs corps, tombent également.

A ce moment l'engagement devient général et la fusillade fait rage, du Sebou au Zalag.

Le lieutenant Guérin, de la compagnie de la légion montée, a le bassin traversé et refuse qu'on l'enlève, le lieutenant Claude est blessé à la jambe. Un légionnaire, un colonial, deux sénégalais, deux tirailleurs sont tués presque au même moment.

Un sergent, douze sénégalais, un légionnaire, un colonial, trois tirailleurs tombent grièvement blessés, en l'espace de quelques minutes.

Mais notre feu redouble d'intensité et l'ennemi cède enfin.

Le commandant Fellert serre sur la première ligne, en même temps que la cavalerie et la com­pagnie montée de la légion sont rapprochées sur la route.
A 10 heures la grande crête est occupée et l'on aperçoit à 4.000 mètres environ plusieurs villages et le camp des Marocains occupant un vaste em­placement, à cheval sur les deux rives du Sebou.


197
RÉCITS MILITAIRES

L'ennemi tente un dernier effort ; mais on sent que c'est le choc final. Un chérif à cheval essaye encore de rallier, autour de son étendard blanc, les derniers groupes indécis.

Cette réserve est aussitôt criblée d'obus ; et les survivants s'enfuient définitivement dans la direc­tion du fleuve.
Tous les combattants se sont maintenant rués dans leur camp où grouille une foule dense de cavaliers et de fantassins, cherchant à emporter les objets les plus précieux.

Une batterie de 65 et trois sections de 75 ou­vrent sur eux un feu terrible, couvrant de gerbes de projectiles les deux rives du fleuve.

C'est dans le camp, déjà évacué par les femmes, un affolement indescriptible. Les guerriers, lan­çant leurs derniers coups de feu sur notre cavale­rie qui arrive pour incendier les tentes, tournoient et s'enfuient dans toutes les directions, encore poursuivis par nos obus jusqu'à l'extrême limite de portée de nos canons.

Ordre est donné à notre artillerie de se porter, au galop, encore en avant, pour poursuivre son feu. Elle occupe alors un mamelon avancé, sous la protection d'une compagnie de légion montée qui se porte elle-même en avant, au galop, avec la cavalerie.



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MessageSujet: HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.   HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. - Page 7 EmptyLun 23 Juin - 11:39


198
LES JOURNÉES SANGLANTES DE FEZ
Mais le 75 pend du temps à traverser un ravin profond qui l'arrête quelques instants. Tandis qu'on aménage un passage, l'artillerie de mon­tagne arrive, le dépasse, et peut prendre position pour continuer le feu.

Enfin la cavalerie et la compagnie montée, sui­vies de près par les premiers éléments de la colonne, continuent leur rapide mouvement en avant et pénètrent dans le camp, qu'ils fouillent complètement.

A 11 H. 30, le gros de la colonne s'arrête à la hauteur des campements ennemis, où elle s'établit en halte gardée.
Nos troupes ont même l'agréable surprise de trouver de nombreux plats de couscous tout pré­parés, des méchouis cuits à point et de grandes bouillottes de thé fumant, que les Marocains comptaient déguster après leur victoire. Elles se les offrirent avec satisfaction !

Il ne restait bientôt plus de cet immense camp, comprenant plusieurs centaines de vastes tentes, des abris de branchages et même plusieurs vil­lages dans lesquels les Marocains grouillaient par milliers, que des ruines fumantes. L'incendie ne tardait pas à gagner les récoltes et la plaine ne formait plus qu'un immense brasier.


199
RÉCITS MILITAIRES


Jusqu'à 2 heures de l'après-midi la cavalerie poursuit les fuyards et déblaye complètement le terrain.

A 2 h. 30 la colonne reprend sa marche vers l'ouest dans la direction du Djebel-Lamtar, où des rassemblements sont encore signalés.
Mais le résultat de la bataille du matin est déjà connu, et le pays est complètement abandonné.

Dans la soirée nos troupes bivouaquent près de Sidi-Chafëi. Un détachement, soutenu par une batterie de montagne, est dirigé sur Fez pour ramener les morts et les blessés.

Le lendemain la colonne Gouraud rentrait dans Fez, après avoir détruit sur son passage tous les villages et campements ennemis qui nous étaient hostiles.

A 3 heures les troupes victorieuses qu'étaient allés attendre à la porte de Bab-Ghissa le général Lyautey, le général Moinier, le général Brulard et quelques notabilités chérifiennes, défilaient dans les principales rues de Fez, produisant sur la population, enfin terrifiée, une profonde im­pression.

Les pertes éprouvées par les Marocains peuvent être évaluées à un millier de tués.

Nous avions, de notre côté, 11 tués, dont le lieutenant Mas et 28 blessés dont le capitaine Devanlay et le lieutenant Chevrier du 1er spahis, le lieutenant Guérin du 2° étranger et le lieutenant Claude du 4° tirailleurs.




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Document hors-texte

Transport d'un canon durant les opérations autour de FEZ, Avril 1912
in " LE MONDE ILLUSTRE " , 27 Avril 1912.


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200
LES JOURNÉES SANGLANTES DE FEZ


Cette superbe bataille, qui valait au colonel Gouraud les étoiles de général, eut un retentisse­ment énorme dans toutes les tribus qui nous croyaient dans l'impossibilité de sortir de la ville.
Elle contribua à ramener un moment de calme qui permit au général Lyautey de commencer l'organisation du pays et termina la phase des événements provoqués par l'émeute du 17 avril.

Au cours du combat, livré le 1er juin par les troupes du colonel Gouraud, on trouva dans la tente du chérif commandant la harka d'Hadjra-el-Koïla plusieurs lettres intéressantes et, notam­ment, une sorte d'ordre de mobilisation des plus curieux, dont voici la traduction :

Louange à Dieu seul !

Exposé de la réglementation qui doit être suivie pour la répartition de méhallas bénies, pour la mise en déroute de l'ennemi, s'il plaît à Dieu.

Avec la puissance de Dieu et sa force, toutes les tribus rentreront dans Fez.

Les tribus des Beni-Ouaraïn, des Ait-Tcherouchen, des Beni-Sadden, des Cherarda, des Oulad-el-Hadj et leurs voisins les Beni-Ouaraïn, entreront par la force de Dar-Debibagh au bastion qui avoisine Bab Fetouh.

Les tribus Riata, Tsoul, Branès et Oulad-Riah, se porteront au bastion désigné vers la porte de Sidi-bou-Jida.



201
RÉCITS MILITAIRES


Les Oulad-Amrane, les Haourra, les Snadja et autres de la région, entreront de Sidi-bou-Jida à Bab-Ghissa.

Les tribus Amenou et Ametou, les Chorfas, les Oulad-Sidi-Khramlah, et avec eux les Beni-Zerouel, rentreront de Bab-Ghissa à Bab-Marouk.

Les tribus Cherarga, Oulad-Djema, Lemta, les Riffains, les Hayaïnas , les Aslas et les Beni-Ouriagel, rentreront de Bab-Marouk à Dar-Debibagh.

Avec le détail que nous venons d'indiquer, le feu sera ouvert sur la totalité des murs de la ville. Quant aux cavaliers, ils sortiront de la Smala vers Dar-De­bibagh, vers le Saïs, vers Dar-Mehares et se répan­dront dans le pays que nous venons de dire.

Que l'assistance de Dieu soit avec la totalité des Berbères campés autour de Fez, qu'ils aient confiance en Dieu et leur entrée dans la ville, par le côté qui leur est désigné, par un trou ou par l'autre.

Ils viendront vers les portes, tueront tous les en­nemis qui s'y trouveront et les remplaceront par des Musulmans, avec la puissance de Dieu et sa force.

Que chaque tribu reste à l'endroit où elle sera entrée. Il se peut que l'ennemi prenne la fuite comme il l'a déjà fait. Et si vous faites rassembler les Mu­sulmans comme nous venons de le dire, depuis les premières paroles jusqu'aux dernières, nous aurons la victoire, s'il plaît à Dieu.

Qu'il fasse durer notre autorité et qu'il magnifie les destinés du chérif Sidi Mohammed-el-Hadjami, qui s'est occupé de cette guerre sainte.


Comme on le voit, cet ordre d'attaque était parfaitement conçu et il montre bien que toutes les tribus désignées devaient simultanément attaquer Fez dans toutes les directions.



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202    
LES JOURNEES SANGLANTES DE FEZ


Il justifie également l'impression ressentie pendant le com­bat du 1er juin, relaté plus haut, que l'ennemi avançait en ordre, en plusieurs colonnes, groupé par tribus et par fractions.

Cette organisation, bien que rudimentaire, per­mettait aux assaillants de donner leur maximum de force au moment de l'attaque.




________



TROISIÈME  PARTIE


Les causes réelles de l'émeute de Fez.

Les responsabilités.

_____

Une étrange enquête.

Une erreur fondamentale a été commise par le Gouvernement et le Parlement dans la re­cherche sommaire des causes déterminantes des événements du 17 avril.

C'est M. Regnault qui l'a volontairement pro­voquée en s'obstinant à créer une équivoque sur les causes vraies de la révolte.

Pour masquer un instant sa responsabilité si terriblement engagée, il s'est acharné à vouloir confondre les causes apparentes de la révolution, c'est-à-dire le soulèvement des Askris, avec les causes réelles et profondes qu'il devait cepen­dant connaître mieux que personne, à moins d'admettre — ce qui est d'ailleurs parfaitement possible — qu'il n'ait absolument rien compris aux événements qui se passaient autour de lui.

Quelques parlementaires avisés, parmi lesquels M. Barthou, président de la commission des affaires extérieures et des protectorats, et M. Mau­rice Long, le distingué rapporteur du traité de protectorat, avaient cependant pressenti la vérité, mais sans pouvoir s'y appesantir.



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Document hors-texte

A FEZ, devant la tombe des Français victimes de la sédition du 17 Avril pendant la cérémonie funèbre du 6 Mai.

A gauche, l'autel improvisé: devant la fosse, au centre du groupe on reconnait M. Regnault, ayant à sa gauche le Général Moinier, à sa droite Hadj Mohammed El-Mokri et le général BRULARD.


HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. - Page 7 Bscan_21
Photographie du Capitaine CHEVALIER.



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204  
LES JOURNEES SANGLANTES DE FEZ

M. Barthou disait en effet (1) :

En ce qui concerne la constitution de l'ordinaire (des askris), cette mesure effectivement a été prise. Il est certain qu'elle a constitué une erreur procédant des intentions les meilleures. Mais dire que cette erreur a été une faute, et surtout que cette faute a déterminé l'émeute de Fez, serait aller trop loin et donner à un fait particulier des conséquence trop générales et excessives.


Cet avis autorisé est également celui de M. Mau­rice Long, rapporteur du traité de protectorat, qui s'écrie :

« Très bien ».

Mais M. Barthou continue et précise :

Ce qu'il faut dire, c'est que des faits particuliers ont coïncidé avec une situation générale qui n'était pas bonne, et qu'ils se sont produits dans une atmos­phère de malaise — pour ne pas employer une autre expression.

Ce qui peut nous étonner,  c'est que les autorités chargées de représenter la France au Maroc (voir M. Regnault) n'aient pas eu le sentiment de ce ma­laise, qu'elles ne se soient pas rendu compte des difficultés que le départ du Sultan allait produire, et qui naissaient déjà de l'annonce du protectorat.



_____

(1) Journal officiel du Ier juillet 1912, p. 1852.



205  
LES CAUSES REELLES DE L EMEUTE


Il y avait des précautions à prendre (après la signa­ture du traité de protectorat). Il est regrettable, il faut le dire, qu'elles n'aient pas été prises, qu'on n'ait pas fait au Maroc ce qu'on n'avait pas manqué de faire en Tunisie. Cela est d'autant plus fâcheux que des hommes, qui habitaient le Maroc depuis long­temps, ne s'étaient pas mépris sur la situation.


Et M, Barthou cite un article de M. le docteur Weisgerber, du Temps, comme il citera plus loin un article de M. Hubert-Jacques, du Matin.

Mais M. Barthou, comme M. Maurice Long, est obligé de se borner à laisser entrevoir la vérité, sans avoir la possibilité de pouvoir pousser plus loin la recherche des responsabilités.

Nous n'avons pas, dit-il en effet, à examiner l'ori­gine des troubles de Fez. La commission des Affaires extérieures n'avait pas reçu ce mandat de la Chambre. Elle n'a pas voulu l'exécuter (1).

Il paraît que le général Lyautey avait été chargé de faire une enquête. C'est, du moins, ce que nous apprend M. Barthou quand il dit :

En attendant les résultats de l'enquête complète que le nouveau résident général devra poursuivre (2)...


_______

(1)  Journal officiel du 1er juillet 1912, page 1852.
(2)  id., 28 juin 1912, page 1839.



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206
LES JOURNÉES SANGLANTES DE FEZ

Et c'est ce que confirme plus tard M. le Prési­dent du Conseil, ajoutant :

Comme je l'ai dit à la commission des Affaires extérieures, je n'ai pas encore, sur l'origine de ces troubles, l'appréciation personnelle et motivée de M. le général Lyautey. La Chambre comprend qu'il a eu, depuis son arrivée au Maroc, d'autres soins urgents, et qu'il n'a pas pu se livrer à une enquête rétrospective.


A-t-on jamais entendu parler des résultats d'une enquête dont le général Lyautey aurait été chargé ?

Forcer, d'ailleurs, le nouveau résident général à enquêter sur les faits qui avaient précédé son arrivée était le mettre dans une très fausse situa­tion en l'obligeant : ou bien à jeter un voile sur la vérité, ou bien à critiquer avec force ceux qui l'avaient précédé.
Or, le général Lyautey était trop gentleman pour jouer ce rôle.

Dès son arrivée à Fez, il a, tout au contraire, le souci constant d'ignorer tout ce qui a été fait avant lui.
" Une muraille, répétait-il souvent, se dresse derrière moi, et je ne veux, à aucun prix, savoir ce qui s'est passé de l'autre côté du mur ".

II trouvait une situation qu'il jugeait épouvantable, cherchant simplement le meilleur moyen d'en sortir.



207
LES CAUSES RÉELLES DE L'ÉMEUTE



C'est ainsi que, quelques jours après son arri­vée, le général Brulard lui ayant demandé d'adresser un ordre du jour de félicitations aux troupes pour leur attitude admirable pendant les journées tragiques, il lui répondit, bien que le cœur lui en saignât certainement : « Non, mon cher ami, c'est impossible, car j'ai dit que je voulais tout ignorer de ce qui s'est passé avant mon arrivée, aussi bien ce qu'il y a de beau et de grand, comme votre conduite et celle de vos superbes troupes, que ce qu'il y a eu de mal. Si je félicitais, il faudrait aussi que je blâme ... Je ne puis donc faire ce que vous me demandez. »

Et cependant, malgré tout son souci de ne pas prononcer une parole de nature à faire connaître son impression sur la politique suivie avant son arrivée, il ne pouvait s'empêcher de laisser échap­per cette exclamation, qui venait sur ses lèvres presque comme un leit-motiv :

« Ah ! si j'étais arrivé seulement trois mois plus tôt ! »

Cette phrase en laissait beaucoup entendre. Et nous la livrons à ceux qui attendent peut-être encore l'enquête du général Lyautey. Elle vaut plus qu'un long rapport.

Mais ceux qui avaient chargé si maladroitement le résident général d'une « enquête rétros­pective » auraient pu trouver dans son attitude si digne et si élevée une leçon de haute convenance, à moins que, le sachant incapable d'accomplir une telle besogne, ils n'aient imaginé là une ma­nière assez habile d'enterrer les responsabilités, ce qui a réussi — jusqu'à ce jour.




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Document hors texte

Cérémonie funèbre du 6 Mai.


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208
LES JOURNEES SANGLANTES DE FEZ

Moulay Hafid.

Des raisons multiples, d'importance inégale, ont déterminé l'explosion de révolte du 17 avril.

Pour les comprendre, et ne pas s'en tenir à la seule rébellion des Askris, comme le voudrait M. Regnault pour les besoins de sa défense per­sonnelle, il faut revenir en arrière. Il faut no­tamment connaître l'état d'âme du sultan Moulay-Hafîd et les sentiments de la population quelque temps avant l'arrivée à Fez de l'Ambassade.


Depuis longtemps, Moulay-Hafid voulait abdi­quer, II était intransigeant sur ce point, et M. Gaillard, notre consul à Fez, dut insister lon­guement auprès de lui pour l'amener à modifier momentanément cette détermination.
Voici ce que disait Moulay-Hafid pour montrer que sa décision était irrévocable :


209
LES CAUSES RÉELLES DE L 'EMEUTE


— Je ne suis pas et je ne peux pas être un sultan de protectorat. Ce serait contraire à tout mon passé, à mon besoin de liberté et d'indé­pendance. Je ne puis oublier, et tout mon peuple se le rappelle, que si je suis actuellement sultan, c'est précisément parce que je me suis posé à Marrakech en défenseur de mon pays contre toute intrusion étrangère. Je ne puis, sans forfaire à ma conscience, accepter et solliciter moi-même un joug contre lequel je me suis élevé dans une attitude qui m'a valu le trône. Je ne veux pas tromper la confiance que mon peuple a mise en moi. D'autre part, j'ai toujours été habitué à agir à ma guise, à faire tout ce qui me convenait, à dépenser sans compter l'argent qu'il me plaisait de prodiguer, à aller où bon me semblait sans avoir de comptes à rendre à personne. Mon père et tous les sultans du Maroc ont été habitués à cette autorité et à cette indépendance absolues. Je ne puis me résoudre à accepter un contrôle qui limiterait ma volonté et soumettrait mes actes à sa sanction. Non! vraiment, ce n'est pas possi­ble, je ne suis pas l'homme qu'il faut pour jouer !e rôle de sultan de protectorat. Il est inutile d'insister, ma décision est irrévocable.


Il ajoutait d'ailleurs que son abdication n'avait rien qui puisse gêner la France, puisque le Gou­vernement français s'était engagé à ne pas s'opposer à cette abdication et à lui permettre même de désigner son successeur (1).



_____

(1) On sait que cette affirmation était exacte, et que, depuis le 17 octobre de d'année précédente, M. de Selves, alors ministre des Affaires étrangères, avait pris l'engage­ment de consentir à l'abdication de Moulay-Hafîd et à la désignation par celui-ci de son successeur. M. de Selves avait d'ailleurs pris cette décision sans se rendre compte de sa gravité et sans que le Conseil des ministres fût appelé à en délibérer. Bien plus, ni M. Maurice Long, rapporteur de la commission de la Chambre, ni M. Barthou, président, ni M. Poincaré, rapporteur de la commission sénatoriale, n'avaient eu connaissance de cet engagement.



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210  
LES JOURNEES SANGLANTES DE FES

Il avait l'intention de désigner un de ses fils, âgé de 5 ans.
Ainsi l'Ambassade, dont l'arrivée était pro­chaine, se serait trouvée en présence d'un enfant de 5 ans pour signer un traité de protectorat !

Devant cette perspective, M. Gaillard insista encore très vivement.

— Le voyage de l'Ambassade est annoncé, lui dit-il ; vous ne pouvez pas abdiquer au moment où le ministre de France va venir ! Il est impos­sible qu'il ne trouve pas un sultan pour le rece­voir. Attendez au moins l'arrivée de M, Regnault et vous verrez ce que vous ferez ensuite.

Moulay-Hafîd finit par se rendre à ces raisons, ajoutant qu'il ferait tout ce qui dépendrait de lui pour que le ministre de France reçût l'accueil le plus cordial.

C'est dans ces conditions que l'Ambassade arriva à Fez.



211
LES CAUSES REELLES DE L'EMEUTE

Naturellement, les intentions de Moulay-Hafid avaient transpiré dans le palais et de là dans la ville, où elles furent diversement interprétées et déformées.

Le bruit ne tarda pas à courir que le Sultan voulait abdiquer pour ne pas livrer son pays aux infidèles. On savait qu'il devait quitter la capitale pour se rendre à Rabat, puis à Paris, et l'on disait couramment qu'il était prisonnier des Français. Moulay-Hafid eut le tort certain, après avoir lui-même lancé tous ces bruits, de les laisser courir dans le public. Cette interprétation inexacte, qui le posait en victime impuissante à s'opposer à une calamité nationale, ne pouvait que flatter sa popularité aux yeux du bas peuple. Là était le danger, et Hafid commit incontestablement la très grosse faute de ne pas s'en rendre compte.

La personnalité même de Moulay-Hafid est des plus complexes, et vouloir la définir en une seule formule nous paraît très difficile.

C'est réellement un caractère; mais, chez lui, l'intelligence se confond avec l'habileté, la vo­lonté avec l'entêtement et la franchise avec le désir de paraître sincère.

Souvent il a tenu la diplomatie en échec par ses arguments inattendus et non dénués d'à-propos, en les présentant avec un sens de la logique vrai­ment remarquable.



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Document hors-texte

Arrivée, à l'hôpital, du Pacha de Fez qui vient participer à l'hommage funèbre aux victimes de l'émeute.


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212
LES JOURNÉES SANGLANTES DE FEZ


Et, très certainement, si Hafid avait eu, pour défendre ses conceptions, une armée et une ma­rine puissantes, il eût passé pour le premier di­plomate de l'Europe (1).

Il est certain que si sa résistance dut céder devant la menace, c'est que cette menace était effective.
Qu'il eût été, à ce moment, en mesure de parler d'épée aiguisée et de poudre sèche, nul doute que ses arguments eussent prévalu, non pas seule­ment parce qu'ils auraient été appuyés par la force, mais simplement parce qu'ils étaient lo­giques.

Toutefois, la préoccupation dominante de Moulay-Hafid a toujours été de sauvegarder sa per­sonne et ses intérêts particuliers. Cette préoccupation, qui a toujours été le principal mobile de tous ses actes et de toute sa politique, contribue à le rendre beaucoup moins intéressant.


_________

(1) II suffît de relire le Livre Jaune de 1910, des pages 122 à 131, pour voir avec quelle élégante désinvolture il se joua des demandes de M. Regnault et de M. Merry del Val, alors ministre d'Espagne à Tanger.
De toutes les demandes que formula ce dernier, au nom de l'Espagne, Moulay-Hafid n'accéda qu'à une seule : la concession d'un terrain pour y établir un cimetière espa­gnol, ajoutant aimablement qu'il serait heureux que l'Espa­gne puisse l'utiliser le plus largement possible.
L'ironie était grossière, mais elle montre bien la tournure d'esprit de Moulay-Hafid.



213
LES CAUSES RÉELLES DE L'ÉMEUTE


A plusieurs reprises, nous eûmes l'occasion d'avoir de très longs entretiens avec lui, après les événements de Fez.

Il nous a toujours donné l'impression d'un ac­cusé présentant sa défense avec une très grande habileté et avec une ingéniosité telle qu'il n'y aurait pas eu, à notre avis, un seul jury de France pour le condamner, au cas — irréalisable — où il aurait été déféré à la Justice française.

Quand nous le vîmes, quelques jours seulement après les tragiques événements du 17, son regard ne brillait plus de la petite flamme de malice et de ruse qui sont une des caractéristiques de son visage mobile.
En acteur admirable, il a su se composer une physionomie triste et une attitude abattue, qui pouvaient d'ailleurs être des plus sincères.

Il parle avec volubilité et donne l'impression qu'il se livre en entier, sans réflexion, sans réti­cences.

Ses premières paroles sont pour dire, les larmes dans la voix, combien il déplore les événements qui viennent de se produire, et les termes lui manquent pour exprimer toute son horreur. Il a, du reste, fait connaître publiquement ses sentiments de réprobation dans une lettre chérifienne lue par son grand vizir à la population de Fez et aux Askris.


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