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Mémoire de la présence Française au Maroc à l'époque du Protectorat
 
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 HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.

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Paul CASIMIR





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MessageSujet: HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.   HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. - Page 8 EmptyLun 23 Juin - 17:25

214
LES JOURNÉES SANGLANTES DE FEZ


Il n'y a donc pas à douter des senti­ments qu'il ne craint pas d'afficher ainsi, publi­quement.

Le souci constant qui le guidera, pendant tous nos entretiens, sera de démontrer que le moindre soupçon de responsabilité ne saurait l'effleurer. II considère — tout comme M. Regnault — qu'il y a simplement eu une sédition militaire, et, par­tant de ce principe, il s'écrie :

— Comment voulez-vous que je sache quelque chose et puisse vous dire quoi que ce soit. Vous n'ignorez pas que les troupes chérifiennes échap­pent complètement à mon autorité depuis que les instructeurs français en ont pris la direction. Je n'ai plus aucune relation avec elles et ne connais même pas mes caïds et mes mokkadems.


Et il ajoute, avec un sentiment parfait de l'art scénique :

- Ne voyez dans ces paroles aucune récrimina­tion, aucune critique, mais une simple constata­tion qui montre, pour répondre à votre question, que l'état d'esprit des troupes chérifiennes m'é­chappait complètement et que je ne pouvais ni prévoir, ni réprimer la sédition qui a éclaté.

- Pensez-vous, demandons-nous, que la sédi­tion soit la cause unique des troubles? Un mécontentement général ne régnait-il pas dans la popu­lation de Fez et dans les tribus, provoqué par l'an­nonce de votre départ prochain que l'on disail être définitif ?



215
LES CAUSES RÉELLES DE L'ÉMEUTE


— Je ferai la même réponse, reprend posément Moulay Hafid. Les autorités françaises ont pris l'administration de la ville et celle des tribus, comme elles ont pris celle de mes troupes. Les caïds des tribus ont été destitués et remplacés en dehors de ma volonté. Je n'ai plus aucun contact avec les populations rurales, et j'ignore ce qu'elles pouvaient penser.

La conversation ayant pris un tour très libre, nous nous autorisons à « pousser » davantage Moulay Hafid en lui disant qu'on lui reproche d'avoir trop facilement laissé courir le bruit qu'il était dépouillé de toutes ses attributions, qu'il était le prisonnier des Français, que, victime de leur oppression, il était impuissant à réagir contre leur force. La propagation de ces bruits n'était-eIle pas de nature à compliquer la tâche de la France qu'il prétendait vouloir faciliter; et ne lui appartenait-il pas d'empêcher qu'ils s'accréditassent aussi facilement ?

Jamais pris au dépourvu, Moulay Hafid répond aussitôt, avec violence presque :

— Mais je ne suis pour rien dans tous ces bruits. Tout le monde ne voyait-il pas que ce n'était plus moi qui agissais, et que les ordres donnés n'émanaient plus que des autorités fran­çaises ?



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MessageSujet: HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.   HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. - Page 8 EmptyLun 23 Juin - 17:29



Document hors-texte

Instructeurs militaires français en poste à Fez et sa région en Avril 1912

Cliché "Le" Monde Illustré" du 27 Avril 1912.


HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. - Page 8 Bascan74


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MessageSujet: HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.   HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. - Page 8 EmptyLun 23 Juin - 17:38

216
LES JOURNÉES SANGLANTES DE FEZ


... " Est-ce moi qui ai montré tous les papiers officiels reçus par tous les fonctionnaires maghzen et tous les caïds, revêtus d'un cachet français au lieu du sceau chérifien ? N'était-il donc pas visible pour tout le monde, sans que j'aie besoin d'ouvrir la bouche, que je n'étais plus rien ?

L'état d'esprit des troupes, de même que celui des populations, m'échappait complètement. Je n'avais plus aucune autorité sur elles et il m'au­rait été impossible, en supposant même, comme on a voulu le prétendre, que je fusse prévenu de quelque chose, d'intervenir personnellement ".

— En admettant, pour un instant que cela soit exact, — nous permettons-nous d'insister puisque Moulay-Hafid se prête très obligeamment à notre inter­view, —- il n'en est pas moins vrai que le Sultan a en lui deux personnalités : celle du chef d'Etat qui a pu être annihilée par l'autorité française, ou combattue par les Marocains eux-mêmes, — et Allah sait si elle le fut en 1911 ! — et celle du chef religieux devant lequel s'effacent tous les dissen­timents intérieurs lorsqu'il est en péril. La preuve n'en est-elle pas que Sa Majesté, bien que dépouil­lée de toute autorité sur ses soldats, comme elle vient de le dire, a vu qu'elle était toujours consi­dérée comme le chef suprême de l'Islam dans ce
pays; les Askris, en effet, estimant qu'ils avaient à se plaindre de leurs officiers, ne sont-ils pas venus s'adresser à Elle pour se faire rendre jus­tice ?


217
LES CAUSES RÉELLES DE L'ÉMEUTE

— La distinction entre le chef politique et le chef religieux, à laquelle vous faites allusion, pouvait être vraie jusqu'à ce jour, mais il n'en est plus de même maintenant où tout est changé, et où la mentalité même de mon peuple se modi­fie. Quant aux Askris qui se sont adressés à moi, une très faible partie seulement est venue faire appel à mon pouvoir temporel, pendant que les autres se mettaient directement en révolte et mas­sacraient odieusement leurs instructeurs. Ceux-là, malheureusement, n'eurent pas recours à moi, car j'aurais très probablement pu les apaiser, de même que j'aurais certainement pu calmer ceux qui sont venus, s'ils n'avaient entendu les coups de feu que l'on tirait déjà à la caserne et en ville.

Vous voyez donc, nous expose encore très lon­guement Moulay Hafid, que je ne pouvais rien, absolu­ment rien; on ne peut par conséquent me repro­cher quoi que ce soit dans les circonstances der­nières, pas plus que dans le passé.

N'ai-je pas toujours fait tout ce que la France m'a demandé ? Si j'ai refusé quoi que ce soit, qu'on me le dise.



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MessageSujet: HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.   HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. - Page 8 EmptyLun 23 Juin - 17:44

Document hors-texte

Le général Brulard reçoit dans les jardins ( de l'hôpital Auvert ) les Européennes de Fez qui ont échappé au massacre.



HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. - Page 8 Bscan_24


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MessageSujet: HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.   HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. - Page 8 EmptyJeu 26 Juin - 11:24

218 
LES JOURNÉES SANGLANTES DE FEZ

" Mon intention est du reste d'écrire prochainement un livre dans lequel je remonterai dans l'histoire du Maroc jusqu'à Moulay Ismaël, non pour présenter un exposé général des faits retra­çant le règne de tous les sultans qui m'ont pré­cédé, mais simplement pour étudier le rôle qu'ils ont joué au point de vue diplomatique et pré­ciser leurs relations avec l'étranger."

« Je veux démontrer que ce n'est pas par moi que le Maroc a été démembré; je tiens à expliquer l'attitude que j'ai eue de tout temps avec la France, la nature de mes sentiments à son égard et les raisons qui m'obligent à me retirer après avoir assuré l'avenir du Maroc.

« Ce livre ne manquera probablement pas d'in­térêt et je vous promets de vous en donner la primeur... bien que vous n'ayiez pas toujours été très aimable pour moi, notamment en 1908, lors­que j'étais à Mechra-ech-Chair, sur l'Oum-er-Rebia. "

— Mais, interrompons-nous en riant, vous oubliez qu'à ce moment vous me traitiez à coups de canon et que, le 29 mars notamment, sur la limite des Medakras, un de vos projectiles a éclaté à quatre mètres de moi, me couvrant, ainsi que mon cheval, qui fut blessé, de terre et d'éclats de pierre ! II m'était difficile de vous con­sidérer alors comme un précieux ami !


219  
LES CAUSES RÉELLES DE L'ÉMEUTE



C'est au tour de Moulay-Hafîd de partir cette fois d'un franc éclat de rire.

— Oui, dit-il, j'ai précisément besoin d'expliquer quelle était l'attitude que l'on m'a forcé à prendre à cette époque. Mais je veux déjà vous indiquer ce que j'ai à répondre aux reproches que l'on me fait. Prenez un crayon et écrivez.

Et voici ce que nous avons pris, sous la dictée même de Hafid :

" On rappelle que je suis un lettré, ayant poussé à fond mes études de théologie. C'est exact; j'ai fait mon droit musulman et j'ai beau­coup travaillé la littérature, mais ce n'est nulle­ment une raison pour prétendre que ce sont des principes religieux qui m'incitent à abdiquer.

Si j'étais animé des sentiments fanatiques, comme on voudrait le faire croire, aurais-je appelé la France pour délivrer mon pays ?

II convient donc d'écarter les raisons de reli­gion et de fanatisme qui me pousseraient à abandonner le pouvoir, pour ne retenir qu'une question de besoin personnel de repos. J'avais déjà manifesté mon désir d'abdiquer avant la conclusion de l'accord franco-allemand. Je m'en vais, je vous l'ai déjà dit, pour continuer à vivre en bons rapports avec la France et précisément pour éviter des froissements que je sens inévi­tables avec le nouveau régime. Mais pourquoi faire tant de bruit autour de mon départ ?




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MessageSujet: HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.   HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. - Page 8 EmptyJeu 26 Juin - 19:23

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LES JOURNÉES SANGLANTES DE FEZ


" Les hommes passent et les institutions restent. N'en est-il pas de même chez vous ? Et depuis trois ans seulement que je suis sultan, n'ai-je pas eu affaire à quatre ministres différents des Affaires étran­gères : MM. Pichon, Cruppi, de Selves et Poincaré... sans parler des présidents du Conseil, qui ont été plus nombreux encore. Vos chefs d'Etat eux-mêmes ne changent-ils pas ?... Pourquoi donc s'étonner que les hommes, au Maroc, passent comme en France !...

On me fait un grief d'avoir un caractère inégal, d'être un jour souriant et le lendemain de mauvaise humeur. Quoi de plus naturel pour­tant ? Les événements ne sont pas toujours sem­blables. Un jour les nouvelles sont bonnes, le len­demain elles sont mauvaises. Je ressens et je traduis, forcément, des impressions différentes. Quant à aller jusqu'à prétendre gratuitement que je me livre à des excès d'intempérance, c'est là une pure calomnie et une infamie contre laquelle je proteste avec indignation.

On me jette encore à la tête mon attitude en Chaouïa. Et, puisque l'occasion s'en présente, je ne suis pas fâché de la préciser.

Oui, j'ai été momentanément l'adversaire de la France. Mais à qui la faute ?


221
LES CAUSES RÉELLES DE L'ÉMEUTE

N'étais-je pas, avant, son ami ? N'étais-je pas, antérieurement aux événements de la Chaouïa, en relations avec M. Regnault, par l'intermédiaire de M. Kouri, consul de France à Mogador ?

Les deux dernières lettres très amicales que j'ai adressées à M. Kouri sont restées sans ré­ponse.

Pourquoi donc a-t-on brusquement rompu les relations avec moi ? Ne sait-on pas que j'ai protégé les Européens qui se trouvaient à Marra­kech après le meurtre du docteur Mauchamp ?
Je demandais simplement, en 1908, à tra­verser la Chaouïa pour me rendre à Fez. Pour­quoi m'en a-t-on empêché, puisque M. Pichon prétendait vouloir rester neutre entre Abdel-Aziz et moi ? C'est alors qu'on m'a obligé à me battre pour passer. Et, même pendant cette période d'hostilité, me suis-je montré xénophobe ? N'avais-je pas dans mon camp, au milieu de mes soldats, M. et Mme Jourdan, M. Christian Houël et M. Vaffier-Pollet ? Leur a-t-on fait subir le moindre mauvais traitement ?

La France continuait à affirmer qu'elle vou­lait rester neutre entre mon frère et moi ; pour­quoi exigea-t-elle alors que toutes les tribus qui demanderaient l' « aman » (1) fissent leurs soumissions au nom d'Abdel-Aziz et non pas simple­ment à la France, comme je l'avais demandé ?



_____

(1) Le pardon.
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MessageSujet: HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.   HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. - Page 8 EmptyJeu 26 Juin - 20:38



Document hors-texte

A cheval, à gauche Mr. Bringau et son épouse, à droite, tués le premier jour de l'émeute.

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MessageSujet: HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.   HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. - Page 8 EmptyVen 27 Juin - 6:26

222  
LES JOURNÉES SANGLANTES DE FEZ
" Malgré cela, je n'en ai jamais voulu à votre pays, parce que j'ai toujours estimé qu'il y avait un malentendu entre lui et moi, malentendu pro­venant des intermédiaires, qui n'ont pas su faire comprendre mes véritables sentiments au Gou­vernement français, pas plus qu'on n'a su m'expliquer l'action de la France.

Je n'ai jamais proclamé la guerre sainte, et les écrits que l'on mie prête sont faux. La preuve en est que, pendant toute la durée de la campa­gne de Chaouïa, je suis resté en relations avec le général Drude d'abord, puis avec le générai d'Amade, cherchant simplement à négocier pour pouvoir passer.

On m'en a empêché, en violation même de la neutralité que l'on se plaisait à proclamer, et l'on m'a obligé à me battre pour entrer à Fez.

Personne, en France, n'a le droit de me tenir rigueur de cette lutte, car, dès que j'ai été à Fez, je suis entré immédiatement en relations avec le Gouvernement français et ai réglé, avant même d'être reconnu par les puissances, de nombreuses questions avec vous, notamment celles relatives à la mission militaire française, au régime de la région d'Oudjda, à la situation d'Abdel-Aziz, à l'évacuation éventuelle de la Chaouïa, etc....



223  
LES   CAUSES   RÉELLES   DE   L'ÉMEUTE

" C'est moi  qui  ai  demandé  ensuite que M. Regriauit vînt à Fez. "


Nous ne pouvons nous empêcher d'interrompre encore Moulay-Hafid pour lui faire remarquer que la mission Regnault de 1909, à laquelle il fait allusion, ne marcha pas très bien et que le mi­nistre de France se heurta souvent à une vive ré­sistance de sa part. Il y eut même un certain ultimatum —

— " Pardon ! reprend Hafid sans que nous ayons le temps de terminer notre phrase, je parle en ce moment de mon attitude vis-à-vis de la France seulement. Les résistances que vous rappelez sont uniquement relatives à l'application de l'acte d'Algésiras, notamment de l'article 60, qui ne fonctionne pas encore même aujourd'hui. Il ne s'agissait pas de questions concernant unique­ment la France, mais bien toutes les nations si­gnataires de l'acte d'Algésiras. J'ai eu, par contre, des difficultés spéciales avec l'Espagne, alors que je n'en ai jamais eu avec vous.

Je consentais volontiers à laisser guider mon pays par la France, qui est une nation forte et sage ; mais je ne voulais pas le livrer à l'Espagne, qui n'a jamais pu donner d'autre impression que celle de son impuissance dans le Rif, dont elle ne peut arriver à réaliser l'occupation, même à l'heure actuelle, à une faible distance de la côte. "



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MessageSujet: HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.   HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. - Page 8 EmptyVen 27 Juin - 6:38

224
LES   JOURNÉES   SANGLANTES   DE   FEZ

" Avec M. Regnault, j'ai réglé toutes les ques­tions qui me furent soumises, telles que celles dont je viens de vous parler, plus les questions relatives aux travaux publics par la nomination de l'ingénieur français Porche, au monopole exclusif d'instruction des troupes chérifiennes par la nomination du colonel Mangin, et aux finances par l'acceptation du principe d'un emprunt.

On a prétendu et affirmé dans les journaux français que j'étais le candidat de l'Allemagne. Je déclare formellement que cela est absolument faux. Jamais, à aucun moment, je n'ai fait appel à l'Allemagne. On trouvera, par contre, si l'on veut rechercher dans les documents du Maghzen, la preuve qu'il en fut autrement avant mon acces­sion au trône.
Abdel-Aziz avait concédé le monopole des mines marocaines aux Mannesmann. Quant à moi, j'ai simplement traité une affaire avec ces derniers, parce que j'avais besoin d'argent pour vivre et ne pouvais en trouver nulle part.

Je n'ai passé avec l'Allemagne aucun acte politique, ne lui ai concédé aucun travail, ni aucune partie quelconque de territoire.

Si j'avais été réellement soutenu ou inspiré par l'Allemagne, je n'aurais pas reçu M. Regnault à Fez et n'aurais pas manqué d'essayer de faire exercer  une pression contraire à l'action de la France. "




225  
LES CAUSES  RÉELLES DE L'ÉMEUTE



" Je proteste donc contre toute accusation d'avoir fait, à un moment quelconque, de la po­litique allemande.

Mais votre gouvernement ne sait-il pas tout cela ? Ne lui ai-je pas donné, dans des heures cri­tiques pour lui, la preuve la plus absolue et la plus éclatante de mon sincère attachement ? Oublie-t-on que j'ai résisté à maintes reprises à des sollicitations espagnoles et allemandes ? Ne lui en ai-je pas fait part ? Au moment même des incidents d'Agadir, n'ai-je pas encore repoussé ces mêmes suggestions espagnoles et alleman­des (1) ?

Comment donc serait-il possible de douter encore de mon loyalisme ?

On pourrait peut-être me reprocher d'avoir mis la France dans l'obligation de m'envoyer un ultimatum en 1909. Je l'ai fait volontairement, car il s'agissait, cette fois, d'une question financière. On m'imposait un emprunt international pour solder les dettes de mon prédécesseur. "

_____

(1) II est intéressant de constater, une fois de plus, d'après les déclarations mêmes de Moulay-Hafid, que « nos amis » les Espagnols ont toujours marché d'accord avec les Alle­mands lorsqu'il s'est agi de nous susciter des difficultés au Maroc.



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Document hors-texte

Evénements de FEZ. - 17-19 Avril 1912
FEZ. - Ruines des principales maisons du Mellah incendiées de la rue Ouest-Souk.


HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. - Page 8 Bscan_25


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226  
LES JOURNÉES SANGLANTES DE FEZ

" J'ai voulu être couvert par une mise en demeure. Pas plus. Du reste, mon acceptation s'est croisée avec l'ultimatum.

La France se serait demandé, en 1907, quel eut été le meilleur sultan, de mon frère Abdel-Aziz ou de moi ?

II ne m'appartient pas de répondre. On n'a qu'à voir quel est celui de nous deux qui a signé le plus d'accords avec la France et celui qui a le plus facilité votre tâche dans ce pays.

N'est-ce pas Abdel-Aziz qui a fait venir les ambassadeurs d'Allemagne, d'Angleterre et d'Es­pagne à Fez ? N'est-ce pas lui qui a demandé la conférence internationale qui vous a conduits à Algésiras ? N'est-ce pas lui qui a toujours cherché à entraver sournoisement l'action de la France ? N'a-t-il pas appelé d'autres puissances à son se­cours et l'influence anglaise n'était-elle pas maî­tresse absolue au Maroc, alors que vous étiez en lutte diplomatique avec l'Angleterre ?

Et c'est lui, cependant, que la France a sou­tenu contre moi !...
Oui, je le répète encore parce que cela me tient à cœur, j'ai pu être appelé momentanément à vous combattre ouvertement, dans les condi­tions que je viens d'indiquer, mais les Français n'ont-ils pas l'habitude d'estimer davantage un adversaire qui lutte à visage découvert pour défendre son pays et reste, malgré cela, sur le ter­rain de la cordialité, plutôt que celui qui fait sournoisement appel aux autres puissances pour combattre ceux dont il se dit l'ami ? "



227  
LES CAUSES RÉELLES DE L'ÉMEUTE

Moulay-Hafid s'arrête un moment et laisse échapper un geste qui veut dire : « Allah l'a voulu ainsi ».

— " Pour en revenir à la situation présente, re­prend-il au bout d'un instant, on m'a dépouillé de toute autorité, en ne me considérant même pas comme un Conseiller de gouvernement. Je ne récrimine pas, je ne cherche pas à me jeter dans les bras que me tendraient des puissances rivales de la France, je me retire."

Et Moulay-Hafid termine par cette figure :

— " On m'a lié les pieds et les mains, puis on m'a jeté à l'eau, et l'on voudrait maintenant me reprocher d'être mouillé ".

Mettant à part toute question de jugement sur la sincérité même de Moulay-Hafid, il faut re­connaître que toutes ses réponses sont d'une grande habileté. Malgré les questions les plus embarrassantes, poussées même parfois assez vivement, Moulay-Hafid ne se laisse jamais prendre au dépourvu et trouve toujours une réponse ou une explication satisfaisantes.



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MessageSujet: HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.   HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. - Page 8 EmptyVen 27 Juin - 7:04

228  
LES JOURNÉES SANGLANTES DE FEZ

Dans les très longs et très fréquents entretiens que nous avons eus avec lui, il nous est arrivé souvent de lui poser, à brûle-pourpoint, des ques­tions que nous avions méditées à l'avance et que nous considérions comme des plus gênantes, et jamais nous ne l'avons trouvé à court.

Sans la moindre hésitation, sans le moindre effort apparent de réflexion, la réponse venait immédiatement, raisonnable, logique, habile..., sinon satisfaisante.


La participation de M. Regnault à la signature
du traité de protectorat.


Moulay-Hafid, au moment de l'arrivée de M. Regnault à Fez, se plaignait vivement de l'attitude des autorités militaires à son égard.
Son ressentiment avait pour objet principal la personne du général Moinier, commandant en chef des troupes de débarquement.

La raison du désaccord, assez violent, qui surgit à ce moment entre le Sultan et le général Moinier vaut d'être connue. Elle montrera bien l'esprit qui régnait à la Légation de France à Tanger et les procédés auxquels on avait recours pour dis­créditer l'autorité militaire aux yeux du Sultan et du Maghzen.


229  
LES CAUSES REELLES DE L EMEUTE


Le général Moinier avait adressé des rapports privés à la Légation de France ; il signalait, comme un général français croyait pouvoir le faire en s'adressant à un ministre français, quelles difficultés lui causaient les agissements peu scru­puleux de Moulay-Hafid, qui cherchait à faire argent de tout, à vendre les biens Maghzen (1), à extorquer de grosses sommes aux candidats à di­vers emplois.

On pensera, sans doute, que la Légation de France à Tanger profita de ces renseignements pour soutenir le général Moinier et agir en consé­quence auprès de Moulay-Hafid.

Ce serait mal connaître les procédés de ceux qui dirigeaient à ce moment, avec une inconscience et une incompétence incroyables, notre politique marocaine.

On ne trouva rien de plus habile — et sans doute de plus amusant — que de faire traduire tous les rapports du général Moinier et de les remettre au Sultan.

II est bon de préciser qu'à ce moment M. Regnault était, comme par hasard, à Paris, et que la Légation de France était gérée par M. de Billy, premier secrétaire d'ambassade, chargé d'affaires. Mais M. Regnault pouvait impunément s'absen­ter, la Maison restait en de bonnes mains !


_____

(1) Les biens du domaine public.


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MessageSujet: HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.   HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. - Page 8 EmptyVen 27 Juin - 7:10

Document hors-texte

L'hôpital AUVERT où ont été transportés les blessés.
Cliché " Le Monde Illustré " , 27 Avril 1912.

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MessageSujet: HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.   HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. - Page 8 EmptyVen 27 Juin - 7:21

230  
LES JOURNÉES SANGLANTES DE FEZ

Dès que M. Regnault arriva à Fez, le 24 mars 1912, le Sultan lui renouvela son intention d'abdiquer après la signature du traité et se ré­pandit en récriminations violentes contre l'auto­rité militaire. On comprend maintenant pour­quoi !

M. Regnault, trouvant le terrain si bien pré­paré, n'eut aucune difficulté à se poser en sau­veur aux yeux de Moulay-Hafid, en se mettant immédiatement en opposition avec l'autorité mili­taire.

Il en profita pour tirer aussitôt, auprès du Gou­vernement, une très grande vanité de ses bonnes relations personnelles avec le Sultan. Celui-ci écrivit même au président du Conseil pour vanter les mérites éclatants de cet éminent diplomate, appelé aux plus hautes destinées.

M. Regnault se faisant recommander par Moulay-Hafid, quel triomphe !

Ces militaires, en arrivait-on à conclure, sont vraiment bien peu intelligents, et ce géné­ral Moinier n'est véritablement qu'un soudart maladroit. Faut-il qu'il ait été peu habile pour avoir réussi à se mettre mal avec un si bon sultan ! II n'a pas la moindre notion de la diplomatie. Heureusement que la France a la chance de pos­séder M. Regnault. Voyez la différence : il suffit à ce dernier de se montrer pour être aussitôt chaleureusement accueilli par ce même sultan.



231  
LES CAUSES RÉELLES DE L'ÉMEUTE

Quel homme intelligent ! Quel diplomate subtil ! Quel ministre merveilleux que ce M. Regnault ! Il rehausse à lui seul, s'il en était besoin, la diplo­matie française tout entière.
Certainement, tous les bureaux du quai d'Orsay devaient frissonner de fierté nationale à la pensée qu'un peu de cette gloire rejaillissait aussi sur eux....

Deux jours après son arrivée à Fez, M. Re­gnault était reçu en audience solennelle par le Sultan, qu'il faisait attendre trois quarts d'heure seulement (1) !

Le 27 mars, M. Regnault présentait au Sultan le traité de protectorat. Le 30 du même mois, soit trois jours après seulement, le papier était signé !

Nouveau triomphe,  qui lui valut, par radiogramme, la cravate de commandeur de la Légion d'honneur.-


_____

(1) La politesse des rois n'a jamais été celle de M. Re­gnault, qui ne pouvait arriver à l'heure à une cérémonie quelconque. Tout le monde n'était-il pas fait pour l'atten­dre ?

Hélas ! quand le général Lyautey fut là, on n'attendit plus M. Regnault. Il s'en aperçut le jour où un service funèbre devait avoir lieu, un matin à 9 heures, à l'hôpital militaire, en l'honneur de la mémoire de plusieurs officiers tués. Le Ministre arriva paisiblement à 9 h. 45 — les trois quarts d'heure de retard réglementaires.
Mais, cette fois, la cérémonie, présidée par le général Lyautey, avait commencé à l'heure exacte... et elle était presque terminée.




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LES JOURNEES SANGLANTES DE FEZ


Hélas ! des députés — ils sont parfois plus terri­bles que les enfants — ont réduit le rôle splendide de M. Regnault dans cette affaire à ses pro­portions véritables — celui d'un facteur qui re­met une lettre recommandée en demandant dé­charge au destinataire.

Nous lisons, en effet, à l'Officiel (1) :

M. BARTHOU, président de la commission des Affaires extérieures.
— M. Jaurès, à plusieurs reprises, a paru croire que la signature du traité avait été arraché au Sultan par une sorte de surprise. Mais les négo­ciations avec le Sultan pour l'acceptation du protec­torat sont antérieures au vote même par la Chambre et par le Sénat du traité du 4 novembre 1911.

M. Long disait dans son rapport : « Notre pro­tectorat au Maroc dépend de deux conditions, la pre­mière est l'assentiment du Maghzen ; or, l'assentiment du Maghzen a été donné, et ainsi cette première condition a été remplie.
Le 9 .novembre (1911), le Sultan accepte définitive­ment.

...Il ne faut, en effet, ni laisser dire sans protes­tation, ni laisser croire au pays que le protectorat a été imposé au Maroc, je ne dirai pas par violence, mais par surprise.
Il faut dire au contraire que ce protectorat a été l'objet de négociations qui ont commencé dès le mois d'octobre 1911.



_____

(1) Journal officiel du 1er juillet 1912, page 1850.


233
LES CAUSES REELLES DE L EMEUTE

Toutefois, on pourrait supposer que ces négo­ciations antérieures furent l'œuvre de M. Re­gnault et que l'honneur de la signature du traité lui revient quand même.
Il faut encore en rabattre.

Voici, en effet, ce qu'écrit Moulay-Hafid à M. de Selves, ministre des Affaires étrangères, le 9 novembre 1911 (1) :

Comme suite à notre lettre du 14 Doul Kaada 1329, relative à l'accord franco-allemand, nous avons l'hon­neur de vous annoncer que nous avons décidé de ra­tifier l'article 3 de cet accord (le seul qui restât en discussion) et de nous conformer à sa teneur, parce que nous avons pu nous pénétrer des bonnes dispo­sitions de votre gouvernement en ce qui concerne Notre Majesté et Notre Empire fortuné ; tant à cause des explications que nous a fourni le Taleb estimé Abd-el-Kader-ben-Ghabrit, que par suite d'autres in­dices qui nous ont confirmés dans les conditions où nous sommes à votre sujet.


Comme on le voit, le rôle très actif joué par M. Regnault dans les négociations qui ont amené la signature du traité de protectorat méritait bien une cravate rouge !


_____

(1) Journal officiel du 1er juillet 1912, page 1852.



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Document hors-texte

FEZ. - Rue du Mellah après les événements du 17 Avril.



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LES JOURNÉES SANGLANTES DE FEZ


II est vrai que M. Regnault, pour décider le Sultan à accepter le 30 mars ce qu'il ne pouvait plus refuser depuis le 9 novembre de l'année pré­cédente, alla jusqu'à lui accorder de fabuleux avantages pécuniaires. C'est ainsi qu'il le laissa s'emparer de tous les biens Maghzen qu'il lui plaisait de s'offrir, et le Gouvernement français fut obligé, quelque temps plus tard, de verser à Moulay-Hafid deux millions et demi (2.500.000 francs) pour qu'il consentit à se laisser dépos­séder de certains biens publics qui lui avaient été par trop scandaleusement attribués par M. Regnault.

Voilà donc dans quelles conditions supérieures d'habileté et de finesse M. Regnault réussit à « négocier » le traité de protectorat de la France sur le Maroc ; voilà comment son nom méritera de rester attaché à ce « grand acte ».


Comment fut signé le traité de protectorat.


Moulay-Hafid a donc signé le traité de protec­torat, tout en maintenant son intention d'abdi­quer après son voyage à Paris. Cette détermina­tion était tellement arrêtée dans son esprit que déjà il avait acheté une maison à Tanger, dans l'intention de se retirer dans cette ville pour y vivre en simple particulier. Il voulait ensuite voyager incognito en Allemagne, en Angleterre, en Turquie, en Egypte, en Algérie et aller faire le pèlerinage de La Mecque.


235
LES CAUSES RÉELLES DE L'ÉMEUTE

Tout cela, la Légation le savait et y consentait. Elle décida d'amener avec elle le Sultan à Rabat, puis, quelques semaines après, de le conduire à Paris.

C'était l'apothéose !!!

M. Regnault, dans des landaus officiels, exhi­bant à la France émerveillée un sultan en liberté, un sultan qu'il venait de dompter !...

Pour que le décor fût plus impressionnant et pour « corser » le programme du spectacle, on décida que plusieurs caïds, pris parmi les plus considérables — Glaoui, M'Tougui, Si Aïssa ben-Omar, Anflous, etc..., dont M. Regnault dressa soigneusement la liste -— accompagneraient le Sultan, avec une nombreuse suite.

Quel beau cortège, quel défilé imposant, der­rière la calèche sévère de M. Regnault cravaté de la Légion d'honneur !...

On avait simplement oublié de demander aux caïds en question s'ils consentiraient à participer à cette mascarade ; il est probable qu'on aurait eu la surprise, au dernier moment, de n'essuyer que des refus. On voulait prouver que le voyage du Sultan était approuvé par la population et l'on ne prenait même pas la précaution de s'assurer du sentiment des chefs de cette population !


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236
LES JOURNEES SANGLANTES DE FEZ


Cette dangereuse manière de procéder, nous la retrouvons dans la façon même dont le traité de protectorat a été signé, en dehors de toute consul­tation populaire.
Et nous touchons ici à un fait qui a une très grosse importance dans les événements dont nous recherchons impartialement toutes les causes occasionnelles ou déterminantes.

De même que le traité fut clandestinement signé, on voulut, après sa signature, le tenir secret.

M. Regnault, avec la méconnaissance la plus complète de ce qui l'entourait, s'était naïvement figuré qu'un événement de cette importance pou­vait rester ignoré, ne fût-ce que pendant quelques heures, d'un journaliste tant soit peu averti, et qu'on pouvait le cacher, pendant une ou plu­sieurs semaines, à une population en éveil.

On jugera, à ce trait, sa psychologie des per­sonnes et des foules.

Le soir même, naturellement, nous avions con­naissance du fait et nous pouvions le télégraphier au Matin, qui l'annonçait vingt-quatre heures avant le Gouvernement. M. Regnault, toujours suffisant, n'avait même pas pu concevoir qu'une nouvelle dont il avait décrété le secret pût être connue.



237
LES CAUSES RÉELLES DE L'ÉMEUTE

Aussi s'employa-t-il, avec des raffinements d'astuce absolument enfantins, à essayer de nous faire croire, pendant la soirée du 30 mars, que le traité de protectorat n'avait jamais été signé. Il alla même jusqu'à avancer sa parole d'honneur qu'il disait la vérité. Qui donc pourrait nous en vouloir de n'avoir pas modifié notre conviction, même après une telle affirmation ?

Il a été dit, à la tribune de la Chambre, que nous avions eu connaissance de la signature du traité par l'indiscrétion d'un agent du Maghzen.

Nous pouvons affirmer ici, avec la sincérité que nous apportons dans tout ce livre, qu'aucun agent maghzen, pas plus qu'aucun agent fran­çais d'ailleurs, ne nous a fait part d'un acte que M. Regnault, le Sultan, El-Mokri et Ben-Ghabrit étaient seuls à connaître, avec l'Hajeb, garde des sceaux du Sultan, que nous ne connaissons pas et que nous n'avons jamais vu.

Le lecteur n'exigera pas que nous dévoilions nos méthodes d'informations, qui peuvent, au besoin, nous servir encore ; mais nous l'étonnerons peut-être beaucoup en lui disant que le prin­cipal élément de confirmation nous vint précisé­ment de M. Regnault lui-même ! Très certaine­ment ne s'en est-il jamais douté, mais la façon involontairement — ou naturellement — mala­droite dont il s'y prit pour nous affirmer, sur l'honneur, que le traité n'était pas encore signé fut, pour nous habitué à le connaître, la confir­mation que nous cherchions.



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Document hors-texte

Le sultan du Maroc reçoit l'ambassadeur de France Monsieur Regnault.

cliché " Le Petit Journal ", Février 1909.

HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. - Page 8 Bascan79


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238  
LES   JOURNÉES   SANGLANTES   DE   FEZ


La clandestinité du traité fut plus qu'une erreur grossière de tactique, ce fut une faute des plus lourdes.

C'est ce que M. Maurice Long, avec son sens très avisé des choses marocaines, exprimait admi­rablement en disant (1) :

Etait-il possible quand l'objet de la mission venue pour signer le traité avait été annoncé au monde entier, de tenir le traité secret ? Je ne le crois pas, et d'ailleurs qu'on nous permette de le dire, ce qu'il au­rait fallu, c'était non pas chercher à la dernière mi­nute à dissimuler une signature comme dans l'ombre et le mystère, mais avoir pris d'avance les précautions politiques et militaires devant permettre de proclamer hautement, en pleine lumière et en pleine sécurité, l'acte solennel qui devait, aux yeux des populations marocaines, consacrer le protectorat de la France. (Applaudissements.)

C'est également ce qu'écrit le général Moinier dans son rapport :

Le Sultan, dit-il, demande que le texte de nos con­ventions avec lui reste longtemps secret, prêtant ainsi aux commentaires les plus fantaisistes, et nous avons eu la faiblesse de lui céder.



_____

(1) Journal officiel du 28 juin 1912, page 1840



239  
LES   CAUSES   RÉELLES   DE   L'ÉMEUTE

Nous trouvons encore cet avis exprimé dans le rapport du lieutenant-colonel de Lamothe, qui écrit :

..." L'annonce du départ du Sultan et du transfert de la capitale à Rabat ou Marrakech en même temps que l'amour-propre et la curiosité du Fasi étaient blessés par le secret gardé sur les négociations. Froissés d'être tenus à l'écart et de n'être pas consultés, ils se firent l'écho de bruits les plus fantastiques au sujet des causes de l'accord.

Ils avaient accueilli les velléités d'abdication de Moulay-Hafid par des moqueries et le souhait de le voir aller jusqu'au bout. Mais un revirement se pro­duisit bientôt. On se dit que le Sultan avait peut-être raison, et que, réellement, dans sa conscience de chef des croyants, il ne pouvait .souscrire aux conditions que nous voulions lui imposer.
Je ne rappellerai pas les bruits qui ont couru en ville, et que mes comptes rendus ont signalés en temps voulu (1).

Je me bornerai à ajouter que, peut-être, certaines intrigues étrangères firent beaucoup pour augmenter le malaise, et on peut en trouver les traces dans les dépositions que nous avons recueillies (2). "


_____

(1) Le service des renseignements avait donc bien signalé, «-en temps voulu », les bruits qui couraient en ville.
(2) Allusion  à   des  intrigues  allemandes  et  espagnoles ; c'est là un sujet que nous ne voulons pas entamer ici.



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240
LES JOURNÉES SANGLANTES DE FEZ


Les mêmes bruits couraient dans les tribus, et y trouvaient une créance d'autant plus grande que les esprits y sont plus frustes et plus ignorants.
Aucun de ceux, en effet, qui, par leur autorité ou leur influence, auraient pu préparer la popu­lation à comprendre et approuver le nouveau ré­gime ne furent prévenus ni consultés.
Les Oulémas et les Chorfas, qui sont, dans une certaine mesure, des conseillers du Gouver­nement et servent, en tous cas, d'intermédiaires autorisés et écoutés entre le Magbzen et le peuple, furent constamment tenus à l'écart de tout.

Les Oulémas sont des savants ; la population, qui a confiance dans leur sagesse et leur science, s'en rapporte généralement à eux.
Les Chorfas sont des descendants du prophète, qui jouissent d'une très grande autorité reli­gieuse.

Lorsque l'on a ces deux éléments pour soi, on est presque certain de faire adopter par le peuple toute mesure juste. Or, les Chorfas et les Oulé­mas, qui étaient, ainsi qu'on le verra plus tard, tout dévoués à la cause française, furent complè­tement négligés.
Cette façon de procéder était contraire à celle que le Sultan lui-même avait toujours adoptée lorsqu'il voulait accomplir un acte important, contraire aussi aux méthodes que nous avions toujours appliquées dans des circonstances analogues, notamment en Tunisie et au Dahomey.


241
LES CAUSES REELLES DE L'EMEUTE


Elle fut la cause certaine de la facilité dangereuse avec laquelle le peuple, non prévenu, non éclairé, non « travaillé », accueillit favorablement toutes les fausses nouvelles : « Le Sultan, disait-on, était prisonnier des Français; il n'était nullement d'accord avec eux et c'était pour le peuple, un devoir impérieux de se révolter et d'essayer de délivrer son khalife d'un joug qu'il n'acceptait pas. »

Telles sont les croyances qui s'accréditaient partout, aussi bien dans la ville de Fez que dans les Tribus.

Et, malgré les avertissements qui viennent de toutes parts à l'Ambassade, on permet à cette situation de se prolonger, on laisse les populations dans cette lourde et funeste ignorance sans leur donner un seul conseil, une seule parole de sagesse.

Dans des rapports très précis, que nous verrons plus loin, le service des renseignements signale cette dangereuse situation à M. Regnault.

Non seulement le service des renseignements, mais encore M. Gaillard, le colonel Mangin et de nombreuses personnalités, parfaitement au courant du mauvais état d'esprit de Fez et des environs, relatèrent des faits inquiétants.



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MessageSujet: HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912.   HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. - Page 8 EmptyVen 27 Juin - 9:01

Document hors-texte

FEZ. - Evénements du 17-19 Avril 1912

Les principaux rebelles ont été arrêtés et ligotés.
cliché " Le Monde Illustré ", 27 Avril 1912.

e HUBERT-JACQUES : Les journées sanglantes de fez, avril 1912. - Page 8 Bascan80


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242  
LES JOURNÉES SANGLANTES DE FEZ
Tous se heurtèrent à l'optimisme aveugle et souriant de M. Regnault, qui ne tint aucun compte de leurs avis.

Veut-on savoir de quelle façon M. Regnault accueillait les personnes autorisées qui, par leur situation, se trouvaient dans l'obligation de venir le renseigner ?
Voici un exemple qui nous dispensera d'en citer d'autres.

Le lieutenant-colonel Mangin, des troupes chérifiennes, arrivait à Fez vers le 8 avril, c'est-à-dire une huitaine de jours avant les événements. Il venait de Tanger, ayant accompli le trajet par petites étapes pour se rendre compte de l'état d'esprit des tribus, causer avec les caïds, prendre des renseignements sur les commencements d'effervescence qui lui avaient été signalés dans la région des environs de Fez.

Il fit part à son chef direct, le général Brulard, des symptômes alarmants qu'il avait rencontrés partout, du très mauvais état d'esprit des tribus et de l'imminence du danger; un soulèvement immédiat était probable.
Le général Brulard, fortement impressionné par ces graves révélations, engagea le lieutenant-colonel Mangin à aller communiquer ses impres­sions au ministre de France.


243  
LES CAUSES RÉELLES DE L'ÉMEUTE


Le lieutenant-colonel Mangin, connaissant sans doute M. Regnault, répondit qu'il ne savait comment le ministre accueillerait son intervention et qu'il ne pouvait pas aller le trouver sans en rece­voir l'ordre formel.

- Puisqu'il en est ainsi, lui dit le général Brulard, je vous donne l'ordre d'aller répéter à M. Regnault ce que vous venez de me dire.
Et le général accompagna lui-même le lieute­nant-colonel Mangin chez le ministre.

Toujours aimable et souriant, M. Regnault écouta sans interrompre une seule fois. Le lieute­nant-colonel Mangin lui affirma que la nouvelle de la signature du traité do protectorat serait très mal accueillie à mesure qu'elle se propagerait dans les tribus, et que le départ du Sultan pour Rabat ne s'effectuerait certainement pas sans don­ner lieu à des troubles graves.

Après avoir tiré de son cigare une bouffée de fumée odorante dont il contempla les volutes s'élevant lentement vers le plafond, M. Regnault, dès que le lieutenant-colonel Mangin eut terminé, lui répondit textuellement, avec son plus char­mant sourire :

Mon cher colonel, je vous remercie des renseignements que vous avez cru devoir m'apporter, mais je me refuse formellement à y ajouter foi, car Son Excellence El-Mokri m'a affirmé que la situation était absolument calme et que tout allait pour le mieux. Au revoir, mon cher colonel.


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244  
LES JOURNEES SANGLANTES DE FEZ


Cette réponse paraîtra tellement extraordinaire que nous sommes obligé d'affirmer à nouveau qu'elle est rigoureusement exacte.

Nous pourrions, du reste, en prendre à témoins le lieutenant-colonel Mangin, à qui elle a été faite, et le général Brulard, qui assistait à cet entretien.

Le lieutenant-colonel Mangin, voulant cepen­dant mettre sa responsabilité complètement à cou­vert, consigna dans un rapport écrit les rensei­gnements qu'il venait de donner au ministre. Celui-ci lui renvoya son rapport, après avoir écrit en marge, de sa main, l'annotation suivante :

« Tant que vous n'aurez que des renseigne­ments de cette nature à me communiquer, vous pourrez les conserver. »

Et M. Regnault continuera à affirmer après les événements, avec l'imperturbable sérénité qu'il apporte dans toutes ses déclarations, que jamais personne ne l'a prévenu de quoi que ce soit et que la révolte du 17 avril l'a surpris, comme tout le monde (1) !


_____

(1) M. Regnault écrivait encore, de sa main, en marge du rapport du commandant de Lamothe, après les événements, ces deux simples mots : Ineptie militaire (sic).



245  
LES CAUSES RÉELLES DE L'ÉMEUTE


Dans toute la région de Fez, on se préparait presque ouvertement à profiter du départ du Sultan et de l'Ambassade pour agir violemment.
Le service des renseignements avait appris, quelques jours avant les événements, que des émissaires de toutes les tribus des environs de Fez étaient venus dans la capitale pour se concerter et s'entendre sur le moment où devait éclater la révolte.

Quant aux tribus des Ouled-Djema et des Cherarda, elles avaient fait mieux : elles avaient envoyé à Fez tous leurs cavaliers, sans armes, pour ne pas trop attirer l'attention.

Un Français, M. Jauffray, qui a des mœurs, des coutumes et de la langue du pays une telle pra­tique qu'il passe pour un musulman, déclare qu'en traversant ces tribus, quelques jours avant l'émeute, il n'a pas vu un seul homme. Tous étaient à Fez, attendant les événements. Aussitôt que la révolte éclata, ils rentrèrent chez eux, au galop, pour chercher leurs armes et venir se joindre aux émeutiers.

La rébellion des Askris ayant été prématurée, il n'avaient pas eu le temps d'aller chercher leurs armes avant. On doit à cette circonstance heu­reuse que, les troupes françaises ayant rapide­ment pris le dessus, les insurgés du dehors, décontenancés de ce succès, ne purent entrer en ville.




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Document hors-texte

Le journal "L"ILLUSTRATION" publia rapidement les photos des officiers tués au cous des émeutes des 17, 18 et 19 Avril 1912.


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