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Mémoire de la présence Française au Maroc à l'époque du Protectorat
 
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 LE MAROC ET SES VILLES D'ART, TANGER, FES ET MEKNES

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Paul CASIMIR





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FÈS

ministres des finances, de notables commerçants Fasis, qui ne datent que de quelques années: palais qui enchantèrent Pierre Loti, quand il décri­vit Fès, et qu'on venait d'élever quand il les vit. Le Dar Glaoui, pied-à-terre du grand caïd de cette région, avec une petite cour à bassins octogonaux et de grandes vasques de marbre, une autre décorée de grands vantaux rutilants de bois peint; le Dar Menebbhi, ancien ministre du Makhzen, aujourd'hui le Collège musulman, avec un beau patio et sa

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Palais d'El Mokri.
Cliché Beaux-Arts.

large frise, si décorative, de bois peint et doré. Le Dar Jamaï, aujourd'hui Hôtel Transatlantique, palais du grand vizir au temps de Moulay Hasan, qui date de 1889, et dont le plan, avec ses jardins étagés, ses clôtures, ses bassins est particulièrement intéressant La maison de l'ancien grand vizir el Mokri et celle de son frère le mothasseb (cette famille s'honore à Fès de pratiquer la belle construction et de protéger les habiles ouvriers), sont peut-être les spécimens les plus intéressants de cette architecture moderne; leur patio, pavé de larges carreaux de marbre blanc, séparés par des faïences émaillées avec un bassin en étoile et une vasque de marbre blanc, est un vrai chef-d'œuvre. Un émail délicat habille ces belles et fragiles demeures qui, le soir, aux lumières, scintille doucement. Des


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FÈS SOUS LES DYNASTIES CHÉRIF1ENNES

salons de belle proportion, avec leurs plafonds richement peints, sont pleins de grâce et de délicatesse. Et d'autres plus récents, plus grands aussi, ne valent pas ces maisons élevées à la fin du XIX° siècle et dans les premières années du XX° (celle du mothasseb date de 1908). Ce type, de moins belle qualité, se retrouve dans beaucoup de maisons de la médina,

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Dar Jamaï (Hôtel Transatlantique).
Cliché Beaux-Arts.

au fond de ruelles très sombres, derrière des murs bien noirs, au bout de couloirs qui paraissent conduire plutôt à un magasin ou à une écurie. Le joli cadre des dîners marocains, des longues réceptions si courtoises, qu'embellissent parfois la danse ou la musique ! Maisons pleines de gens, plantureuses, remplies d'enfants, du rire et des regards de femmes qu'on devine aux étages supérieurs, derrière les moucharabiés et les élégantes fenêtres grillagées de fin treillage de fer. Et tel marchand d'huile ou de


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FÈS

tapis, qui a son échoppe au souq, vous recevra dignement dans un de ces petits palais.

Ces demeures, légèrement modifiées, nous les retrouverons aussi au Mellah, dans le si vieux Mellah de Fès qu'il est tout arabisé. Mais Fès, la ville « sans hommes » (on se souvient du mot d'el Bekri), la cité « castillanisée » du XVI° siècle, n'est-elle pas aussi une ville assez juive?

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Pavillon Sidi Mohammed ben Abdallah à Bou Djeloud.
Cliché Beaux-Arts
.



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Fès el Djedid et le Mellah.

Cliché Commandant Larribe, d'après Bertrand, éd. Paris.



CHAPITRE V


FÈS EL DJEDID

LA   VILLE   NEUVE   DE   FÈS

Fès est un monde. Nous n'essayerons pas de le décrire. Au moins faut-il indiquer le caractère des deux villes qui ont formé Fès et qui sont comprises aujourd'hui dans une même enceinte, y situer les monu­ments présentant quelque intérêt pour l'histoire de l'art que nous n'avons pas eu l'occasion de nommer encore. Bab Segma et la cour du vieux Méchouar, que borde d'un côté la Makina, forment l'entrée solennelle de Fès la Neuve, le cadre admirable des cérémonies de réception du sultan, avec le fond romantique des tours carrées de Bab Djedid, qui se profilent comme de vastes gradins.

Fès el Djedid, la " ville neuve " comme nous dirions chez nous, est, on l'a vu, une ville très ancienne. C'est une ville mérinide, née en 1276 des expéditions, des campements de troupes, et qui est demeurée la ville du makhzen, du gouvernement ( le palais et les jardins remplissent plus de la moitié de la ville ); et c'est aussi une cité bédouine, un marché perpétuel


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FÈS


avec les plaisirs et l'industrie qui suivent le soldat. Vide en l'absence du sultan, elle est tout à coup bourdonnante de monde et pleine d'un peuple jeune et bariolé. Fès el Djedid est traversée par une assez longue artère, droite et large, du nord au sud, de Bab Ed-Dekaken à Bab Semaïn, conduisant au Mellah, qui permet de vérifier les différents aspects que nous indiquons.

Le quartier des plaisirs s'étend à l'ouest (Moulay Abdallah) ; à l'est,

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Le Sultan Moulay Youssef recevant l'hommage dans le Mechouar (octobre 1916).
Cliché Commandant Larribe, d'après Bertrand, éd. Paris.


celui où habitaient des anciens prisonniers chrétiens qui, à l'époque de Moulay Ismaïl, logeaient dans une prison souterraine (Zebbalet en Ennesara, le fumier des chrétiens).

A l'entrée du quartier de Moulay Abdallah s'élève la grande mosquée de Fès el Djedid ( Djama el Kebir ), un des monuments les plus inté­ressants de Fès, Car elle fut fondée, en même temps que la ville, à la fin du XIII° siècle. Le minaret de briques de l'époque mérinide. robuste et imposant, est contemporain des tours de Notre-Dame. C'est dans cette mosquée, proche du Dar el Makhzen, que le sultan vient, depuis des siècles, faire la prière du Vendredi. Ici repose Abou Inan, fils du légen­daire sultan noir mérinide.


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FES  EL  DJEDID

Voici comment Ibn Khaldoun raconte la fondation de cette mosquée, au chapitre du sultan Abou Yousof Yacoub (1259-1288) :
« Quand la révolte fut étouffée et le Maghreb pacifié, Abou Yousof vit sa puissance consolidée, sa domination étendue sur toutes les parties de ce pays... le nombre des gens de sa suite et de ses visiteurs considérablement augmenté;

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Grande Mosquée de Fès el Djedid ( fin du XIII° siècle).  

Cliché Beaux-Arts.

il jugea donc nécessaire de bâtir une ville pour lui servir de résidence, aux gens de sa maison et aux grands officiers... Par ses ordres on commença la construction d'El Beled el Djedid (la ville neuve), immé­diatement à côté de Fès et auprès de la rivière qui traverse cette capitale. On en posa les premières pierres le 22 mars 1276 et on y employa une foule d'artisans et d'ouvriers... La ville, construite sur un plan dressé par le sultan lui-même, lui plut beaucoup et devint la résidence de la famille royale, On y avait élevé de grandes maisons et d'autres habitations


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FES

ainsi que des palais traversés par des courants d'eau ». On l'appelait aussi la ville blanche. La mosquée, datant de 1279, offre peu de traces de son décor ancien. Elle dut subir des embellissements, des agrandisse­ments sous divers souverains. Le sultan chérif Moulay er-Rachid (XVII° siècle) a laissé son nom sur l'inscription sculptée dans la biblio­thèque.

La mosquée communique avec les palais par une porte ouvrant sur la salle principale de prières, à l'est du mihrab, depuis l'époque d'Abd el-Aziz. Une étude complète de la mosquée, suivant l'érudit Alfred Bel, serait très précieuse pour la connaissance de l'art des pre­miers mérinides de Fès. La coupole qui précède le mihrab est ornée, dit-il, d'un très beau décor de plâtre sculpté et date certainement du XIV° siècle. La chambre des morts se compose de deux salles, l'une d'un admirable décor du XIV° siècle. Dans la salle à coupole, une grande pierre tombale en onyx de forme prismatique est entourée d'un catafalque de bois de cèdre. Les musulmans la désignent comme la tombe du sultan noir le mérinide; mais on ne sait guère qui est ce personnage légendaire ( Abul Hasan, fils d'Abou Saïd ? Abou Yacoub ? Abou Inan ? plutôt ce dernier puisqu'il fut enterré dans la « ville blan­che », au dire d'une histoire des Mérinides ). Dans une pièce voisine repose Mohammed Abou Saïd, fils d'un savant prédicateur, mort en 1359. Dans le sous-sol de la bibliothèque, on a retrouvé la stèle funéraire de la princesse mérinide Aïssa, fille du sultan Abou Farès, « la jeune fille sans tache ».

Quant à la bibliothèque, elle remonte à l'année 1668, et fut fondée par le sultan Er-Rachid, le maître de Taza, que Roland Fréjus, vint trouver au nom d'une mission commerciale marseillaise cette année-là. C'est lui qui établit, suivant le conte traditionnel, la fête des tolba, des clercs (on a déjà dit qu'ils choisissent parmi eux un sultan, sorte de roi des fous ; or ils se rendent à l'occasion de cette fête au mau­solée de Sidi Harazem, puis à Bab Fetouh, où est précisément enterré Er-Rachid).

Dans la grande rue de Fès el Djedid, on voit encore un autre minaret intéressant, celui de la mosquée rouge (Djama el Hamra), qui date de l'époque des Béni Merin; et l'on peut encore mentionner la mosquée de Lalla Griba dont la table des habous remonte à l'an­née 1408.

Quant à l'ancienne médersa el Méchouar, située à l'intérieur même du Dar el Makhzen, elle a été. suivant M. Henri Gaillard, réparée par


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FÈS EL DJEDID


Moulay Hasan et comme sur le minaret de la mosquée brillent des briques émaillées de couleur verte, on la nomme la mosquée verte (Djama el Akdhar). La mosquée médersa de Moulay Abdallah, construite au XVIII° siècle, sert de sépulture aux chorfa. Moulay Abdallah y a sa tombe

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Mosquée des Chrabliyn de l'époque mérinide sur la Taala.
Cliché Beaux-Arts.


dans une qoubba qui rappelle celle de Moulay Idris. Le minaret est tout à fait caractéristique de l'art de ce temps.

Le fondateur de la ville neuve de Fès y établit également les nombreux Israélites qui demeuraient dans le quartier d'el Qaraouiyin, et dont le fondouk Elihoudi a conservé le nom. Les israélites, nombreux à Fès, ont donc vécu, presque jusqu'à nos jours, assez mêlés à la population. Il est in­téressant de voir leur groupement proche le Dar el Makkzen, le juif ayant



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FÈS

été pour les sultans (le même fait est vrai pour le pape et le roi de France) un affranchi indispensable, un protégé tarifé précieux, dont le caïd bédouin est ici responsable.
Rien à signaler dans le Mellah, encore assez coloré, au point de vue de l'histoire de l'art. Les Israélites ont adopté, à quelques variantes près, tout le décor de la vie musulmane. Certaines demeures sont riches.


FÈS EL BALI (LA VILLE)

Dans un admirable petit livre (1), résultat de longues et pénétrantes observations, comme d'un bourgeois de la vieille cité, 1905, M. Henri Gaillard, ancien consul, a tracé l'esquisse définitive de la médina, la ville, qu'il a si justement qualifié de citadine, d'hadria mauresque. Nous en avons déjà décrit la plupart des monuments, et retracé, à l'aide des chroniqueurs, l'histoire. Nous la laisserons découvrir au promeneur, à l'artiste, nous contentant d'indiquer l'itinéraire de la grande Taala, la rue principale, qui descend vers les souqs et la Kaissaria, le marché couvert, et conduit à la cité, la ville du commerce qu'on n'habite pas, vers les pittoresques quartiers étages de l'oued avec ses vieux moulins.

C'est là qu'il découvrira tant de ruelles étroites, descendantes, si noires, qui semblent reproduire le tracé des anciens sentiers de la colline, où des poutrelles de bois portent l'encorbellement des maisons qui arrivent à se rejoindre presque et à ne laisser voir qu'un trait apparent du ciel, tant de venelles voûtées, angoissantes, où débouchent d'autres passages couverts sur lesquels ouvrent des portes soupçonneuses, cloutées (ces belles portes doubles à arcatures avec le marteau où se voit le symbole de la fécon­dation), tant de hauts murs très sombres où les ouvriers berbères ont tracé leurs ornements géométriques de primitifs. Signalons seulement, au point de vue monumental, l'intérêt que présente la porte de la qaçba des Filala (ancienne demeure des Almoravides) qui date de l'époque mérinide; l'admirable minaret de la mosquée des Chrabliyin (fabricants de pantoufles), avec son chatoyant décor polychrome qui date de la même époque, et sa petite fontaine.


Il faudrait dire quelque chose des fontaines de Fès, dont le type le plus monumental et le plus charmant ( XVIII° siècle) se voit au fondouk des Nejjarin (menuisiers), celle-là qui enchanta Pierre Loti. Élégants


(1) Une ville de l'Islam : Fès, 1905.

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FES EL BALI

monuments qui mériteraient une description particulière avec le relevé de leurs inscriptions dédicatoires ou poétiques. Nous en signalerons une autre, celle de Sidi Frej, qui date de 1436 et a été restaurée en 1679.

Et, dans la médina, il faudrait encore citer la mosquée de Bab Guisa

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Fontaine et souq des Nejjarin.
Cliché J. de la Nézière.

qui date du XVIII° siècle ; la décoration moderne de la mosquée de Si Ahmed Tidjani qui ne manque pas de caractère.

LES ARTISANS DE FES
Pas plus que nous ne décrirons la médina, nous ne tenterons de donner une idée des souqs et de la Kaissaria, incendiée dans le désastre du mois de juin 1918, au cours d'un été brûlant, et rétablie depuis. Le lecteur


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FÈS

nous saura peut-être gré de lui signaler la description qu'en fit Léon l'Africain vers 1500 (cette Kaissaria était encore tenue pour la « meil­leure » du Maroc par un anonyme portugais à la fin du XVI° siècle); il la vérifiera sur place dans son ensemble et pourra la rectifier dans le détail.

Des échoppes abritent encore des artisans qui conservent à Fès la tradition des ouvriers andalous. Elles sont l'écrin, souvent bien pauvre, de l'art vivant. Cet artisan fasi a été décrit par M. Pierre Ricard qui l'aime et est aimé de lui. La réputation de cet ouvrier est grande, et depuis des siècles on l'appelle dans toutes les autres villes marocaines où l'on parle avec ravissement des élégants travaux sortis de ses mains. C'est un homme qui n'est pas pressé, un bourgeois plutôt qu'un ouvrier, qui n'aime pas à se lever trop matin, un amateur laborieux chômant bien des fêtes, comme notre artisan du moyen âge. Il n'a pour ainsi dire pas d'outillage, pas de patrons; mais il a tout dans sa tête et dans ses mains. Le travail est d'ailleurs parfaitement diyisé entre lui et ses apprentis, quand il s'agit d'entreprises de chantiers. Cet artisan est un homme de famille, qui envoie ses fils à l'école coranique et ses filles chez la maî­tresse brodeuse ou la lingère. Toutes les formules qu'il reproduit sont men­tales ou graphiques, fixées par un usage immémorial, immédiatement adaptées à la volonté ou à la générosité du client, mais jamais créées ou
inventées. Il vit dans sa corporation, dans sa coutume, sous son chef l'amin, qui relève du prévôt des marchands (mothasseb). Suivant ce der­nier, Fès compterait vingt ateliers de zelliges, trente ateliers de peintres sur bois, vingt-cinq ateliers de plâtriers ciseleurs, cinquante tisserands de soie et quinze relieurs.

Parmi les industries indigènes de Fès, on peut compter comme rele­vant des industries d'art: les faïences, les zelliges, les tissus de soie, les reliures, la peinture, les arts du bois, la ciselure sur plâtre, les cuivres tournés et ciselés, les lanternes, les fers forgés, la sellerie, l'orfèvrerie et la broderie.

L'industrie des faïences a été particulièrement prospère jusqu'à la fin du siècle dernier et présente un grand intérêt. Elle a été étudiée, avec le plus grand soin, par M. Alfred Bel. C'est dans les pièces anciennes recueillies dans la collection du Musée du Batha ( pièces assemblées par M. Georges Mellier ), au Musée des Oudaïa à Rabat ( fonds Libert ), qu'il faut étudier cet art, charmant et délicat, qui, depuis le règne de Moulay Hasan, a connu une décadence profonde. Il est caractérisé surtout, aujour­d'hui, par une décoration monochrome bleue. Il n'en était pas de même aux époques anciennes où se voyait un décor polychrome, très influencé


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LES ARTISANS DE FÈS

à ses origines par les pièces hispano-mauresques, et aussi par celles de la Syrie et de la Perse, en souvenir, peut-être, du pèlerinage de la Mec­que. Le décor, si varié autrefois, très déformé aujourd'hui, est géométri­que, épigraphique, floral ; les formes reproduisent souvent celles de l'Eu­rope et parfois de la Chine. D'une façon générale les pièces les plus anciennes n'ont pas plus de cent cinquante ans d'âge. On verra au musée du Batha les poteries berbères de la région, dont l'analogie est frappante

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Souqs de Fès.
Cliché Beaux-Arts.
avec les vieilles pièces préhelléniques de Chypre, et qui ne présen­tent aucun rapport avec la céramique de Fès.

La municipalité de Fès et la direction des Beaux-Arts ont tenté une restauration de cet art ancien. Des modèles de la bonne époque ont été remis aux meilleurs maalemin qui ont été invités à les copier. Mais les citadins et les Berbères qui fréquentent les marchés préfèrent à ces pièces fragiles les ustensiles de fer émaillé importés d'Europe.

II faut visiter, dans le quartier des potiers à Fès, les ateliers des fehkarin, vers les remparts du sud-est, d'un aspect si antique dans leur décor d'oliviers; le tombeau de Monseigneur Mimoun le potier, leur saint, dont la légende rappelle celle de saint Nicolas. Car Sidi Mimoun était un


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FES

grammairien qui avait appris pour vivre le métier de potier. Tous respec­taient son savoir et la droiture de sa conduite. En dehors des heures de son travail, il enseignait aux enfants la grammaire. Or, un jour qu'il chauffait son four avec du doum, il vit un de ses élèves accourir vers lui, tout

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Faïences et plats de Fès.
Cliché Commandant Larribe. d'après Bertrand, éd. Paris.


en transes, poursuivi par quatre malandrins: il en avait blessé un. L'ap­prenti demanda à Mimoun de le cacher, et celui-ci lui montra la porte rougeoyante du four. Docile, le disciple entra dans la fournaise. Et quand les malandrins se présentèrent devant Mimoun. il leur montra son élève assis tranquillement au milieu des flammes. Ils comprirent le miracle, que Mimoun était un saint, et ils lui demandèrent pardon. Quant à son disciple, Omar, il sortit du foyer disant : " Monseigneur, il était temps


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LES  ARTISANS  DE  FÈS


que vous me retiriez de là, je crois que j'y serais mort de froid ! ". En effet il grelottait. Sidi Mimoun, le potier, fut enterré près de son atelier. Sa tombe est recouverte d'un méchant catafalque de bois.

C'est à Fès que l'art des zelliges est le plus florissant (1). La corpo­ration y est nombreuse et n'a pas trop souffert de la concurrence européenne. Mais la tradition des beaux ouvriers qui ont décoré de testir l'entrée de la médersa Bou Ananiya et des mosaïstes de la médersa el Attarin est tout de même perdue. La municipalité de Fès a fait récemment exécuter pour la porte du Medjles des panneaux de


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Poteries berbères.
 
Cliché Commandant Larribe, d'après Bertrand, éd. Paris.

zelliges très soignés et elle a obligé les bouchers de la ville à revêtir de faïence l'intérieur de leurs échoppes. Les carreaux de faïence, découpés au marteau par les zellij, étaient autrefois bleu turquoise et violet aubergine.

La corporation des plâtriers de Fès est importante et nous réserve une vraie surprise. Des ciseleurs sur plâtre, d'une habileté consommée, à l'aide d'un petit couteau, découpent, avec une rapidité déconcertante, des panneaux de plâtre où ils gravent d'admirables étoiles, des fleurons et des inscriptions, dans la matière fraîche. Précieuse dentelle dont les exemples se voient non seulement dans les médersas, mais aussi dans la demeure des particuliers. Ils savent également sculpter des chapiteaux,


(1) Un grand nombre de détails que je donne ici sont empruntés à un rapport de M. Galotti sur les arts indigènes, qu'il a bien voulu me communiquer et qui vient de paraître dans France-Maroc (N° 82, 83, 84, de 1923).


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FÈS

des ogives et des voûtes. Mais les maîtres capables de tailler dans le marbre les nids d'abeilles sont rares.

Les plâtriers anciens savaient également découper des panneaux de plâtre à jour pour recevoir des ornements de verre. Ainsi, comme nos cathé­drales, la médersa el Attarin et la Bou Ananiya ont possédé de véritables vitraux dont l'usage est aujourd'hui perdu ou exceptionnel. Ce sont ces habiles plâtriers qui sont les précieux auxiliaires de la Direction des Beaux-Arts dans l'œuvre de restauration des médersas que la France poursuit.

L'industrie du bois est encore très prospère à Fès où l'on compte plus de soixante maîtres charpentiers. Le rôle du bois, très développé dans les anciennes maisons de style andalou, qui étaient de véritables coffrets précieux, est d'ailleurs moins important dans la maison moderne comportant un riad avec jardin.

L'époque des Mérinides a connu à Fès des sculpteurs sur bois d'un rare talent. On admire leurs chefs-d'œuvre dans les médersas et les fondouks. Les éléments décoratifs qui entrent dans la sculpture sur bois sont l'acanthe, la pomme de pin où l'on a vu un souvenir de la grappe de raisin mais qui, suivant Mr. de la Nézière, serait la fleur de l'acanthe, la coquille qui est peut-être une déformation de la palmette, et naturelle­ment les beaux caractères coufiques ou andalous.

La ciselure sur bois s'applique aux plafonds, aux portes et aux fenêtres des cours, aux meubles enluminés ensuite au pinceau. Les meubles, qui demeurent assez rares, sont la table basse et ronde, le coffre, le lit de parade, la chaise et notamment la grande chaise de mariée d'une composition si originale, la petite armoire de boutique, l'étagère. Ces meubles peuvent être ciselés et enluminés. Mais on en fait aussi de marqueterie de bois fin, en cèdre, en arar, en citronnier. La nacre, l'ébène, la corne et l'écaille formaient parfois d'originales incrustations.

Le plus beau travail du bois se voit dans de merveilleuses char­pentes, identiques à la charpenterie andalouse du XIV° et du XV° siècles. Les plafonds sont de plusieurs types: plan horizontal orné d'ais et de poutrelles; plafond reposant à droite et à gauche sur un plan incliné; plan horizontal reposant sur un plan incliné qui repose lui-même sur un plan vertical; enfin, la koubba ou coupole. Tous ces types de charpente sont revêtus de panneaux ciselés et peints du plus gracieux effet. Ainsi l'intérêt des belles demeures réside parfois dans ses plafonds, comme si les maîtres voluptueux, pour qui elles furent conçues, avaient voulu embellir de leurs fantaisies une vie allongée pour la sieste et le plaisir. C'est le plus souvent couché sur le dos qu'il faut regarder la maison marocaine.


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LES ARTISANS DE FES



L'art de la peinture hispano-mauresque est encore vivant au Maroc, en particulier à Meknès. Mais les peintres capables d'exécuter les belles enluminures d'autrefois sont rares. Il y en a deux ou trois peut-être à Fès.

Les peintres peignent soit à la colle, soit à l'œuf. Les couleurs

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Un plafond de Fès (Médersa ech Cherratin).
Cliché J. de la Nézière.

franches sont appliquées sur le bois qui est ensuite verni. Le vernis ancien, particulièrement bon et résistant, donnait aux couleurs une patine chaude. Cet art a produit des chefs-d'œuvre, certains très près de nous. Les motifs décoratifs sont toujours les mêmes: l'entrelac géométrique composé de lignes droites et ayant pour centre une étoile (testir) ; l'entrelac de feuillages composé de lignes courbes (touriq).

Les chaudronniers de Fès fabriquaient autrefois au marteau non seulement


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FÈS
des marmites et des récipients, mais encore des plateaux de cuivre lourds, de grandes lampes à huile dites candil dont l'usage est complètement perdu et qui, par la forme, rappelaient les lampes antiques. Ce sont eux, sans doute, qui firent, il y a plusieurs siècles, les énormes lustres de la Qaraouiyine et les splendides portes de cuivre ajouré qui ornent l'entrée de cette mosquée, bien que ces portes passent chez les musulmans pour avoir été apportées d'Andalousie,

Le plus remarquable de ces travaux n'est pas à Fès. Car parmi les trésors d'art ancien du Maroc, le lustre de bronze de la grande mosquée de Taza (1) occupe certainement l'une des premières places.

Aujourd'hui, l'industrie des cuivres à Fès est entre les mains d'une vingtaine d'ouvriers musulmans, tourneurs et ciseleurs. Ils fabri­quent surtout des plateaux, des bouilloires, des braseros, des flambeaux, des cuvettes, des aiguières et des brûle-parfums, des couvercles pour les plats, et des godets pour les porteurs d'eau. On les a même vus, pendant la guerre, orner de ciselures les douilles d'obus. Aux motifs traditionnels de l'étoile et des fleurons, ils ajou­tent parfois des figures d'animaux assez gros­sières, chameaux, poissons, etc...

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Une lanterne de Fès.
Cliché Commandant Larribe, d'après Bertrand, éd. Paris.


Les orfèvres qui travaillent presque tous à Fès Djedid sont israélites. Ils ne valent pas ceux de Mogador et du Sous. Mais les anciens orfèvres de Fès, et surtout ceux de Meknès, ont donné autrefois de délicats et précieux bijoux.

Une des plus charmantes industries de Fès est celle des lanternes qui est entièrement entre les mains des musulmans. Elle est en voie de disparaître, par suite de l'éclairage municipal des rues et de l'importation des lampes à pétrole, pour le désespoir des amoureux du vieux Maroc.
Car les vieilles lanternes de cuivre étaient de petits chefs-d'œuvre. Celles que l'on fabrique aujourd'hui sont faites de fer-blanc, même celles destinées aux mosquées. Leur architecture générale, la disposition des


(1) La grande mosquée fut terminée en 1293 et le lustre y fut placé à cette date.


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LES ARTISANS DE FÈS



vitraux, le découpage ajouré du dôme dépasse tout ce que l'on peut imaginer (on les a admirés en faisant le tour du horm de Moulay Idris). Et c'est un enchantement de voir parfois un modèle ancien, le soir, dans la main des Fasis. Les lanterniers accusent leur clientèle d'être cause de la décadence de leur métier. Mais la vérité est que, pour un indigène, tout objet de luxe doit être européen. Et puis Fès vient d'être dotée de l'éclairage électrique...

La reliure a atteint à Fès, ville universitaire, un certain degré de per­fection. L'importation de livres venus de Beyrouth et du Caire tout reliés de toile ou cartonnés a toutefois réduit considérablement la fabrique et la vente des reliures indigènes. On ne compte plus à Fès que cinq à six relieurs faisant plutôt le métier de libraires. Le cuir dont ils usent est celui du bouc, préféré au mouton. Il est teint en diverses couleurs, mais surtout en rouge, et la dorure est obtenue au moyen de matrices en cuivre ou de bois très dur. Quelques-unes de ces matrices sont gravées d'étoiles ou de fleurs qui, combinées avec goût, ont produit parfois des œuvres intéressantes. Un des vieux maîtres relieurs est célèbre à Fès. Près d'el Qaraouiyin, Wladimir d'Ormesson a vu le vieil artiste vendre « les parfums et les livres ».

Sidi Driss Lakhalli, vieillard doux et poli,
Soigné comme il le faut pour un savant classique,
Au fond de ce placard, qui lui sert de boutique,
Vend des livres de choix au souk de Fès Bâli...
Parmi les industries d'art de Fès on peut encore classer la fabrication des harnachements et des sacoches dont la décoration est constituée par des broderies de soie, de fils d'argent et d'or exécutées par les femmes. Les étriers damasquinés sont l'œuvre des forgerons et les juifs y ajoutent les ciselures de métal précieux. Le travail des coussins et des plateaux de cuir écorché ou tréfilé de fils d'or et d'argent est pratiqué également à Fès. Mais Marrakech reste le centre de cette délicate industrie. Enfin, quelques musulmans de Fès, quatre ou cinq, exercent encore en bou­tique le métier de luthier. Ils fabriquent de petits violons indigènes, des cithares, des guitares incrustées de nacre et d'argent.

Les broderies de Fès sont faites par les femmes, à l'aiguille ou au métier. Les broderies anciennes sont merveilleusement fines; mais si les dessins d'aujourd'hui sont exécutés plus rapidement, ils ont conservé du moins, un grand caractère.

Et l'on peut encore citer parmi les industries d'art, les couteaux à manche de cuivre ou de corne, les peignes, les soufflets, les coffres de velours cloutés, les cages d'oiseaux.


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FÈS
L'industrie du tissu de soie est une spécialité importante de Fès. Mais certains changements dans la mode indigène, et aussi l'importation européenne, ont porté un grand préjudice aux tisserands. Les larges et épaisses ceintures de femmes ne se portent plus à Fès; et l'on en exporte seulement un petit nombre pour les femmes de notables à Rabat, à Tanger, à Tétouan, Ce sont déjà des pièces de musée.

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Broderie moderne de Fès.
Cliché France-Maroc.
Les ceintures et les rideaux offrent les tissus les plus intéressants de la fabrique de Fès. La ceinture est constituée par une chaîne en soie de 2 à 3 mètres de long et de 40 centimètres de large formant quatre rectangles de couleurs différentes. Entre les fils de cette chaîne, une trame de soie, d'argent ou d'or, est passée à la navette par l'ouvrier, déterminant les dessins les plus compliqués, tout à fait analogues, autre­fois, à ceux des peintures sur bois. Mais, au contact des tissus à ramages importés, ce dessin s'est profondément modifié. Quant à la matière, elle est restée merveilleuse.


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LE TOUR DE FES
Les rideaux sont tout en soie, ou plus généralement formés par une chaîne de soie et une trame de coton. Ce sont des tissus à bandes jaunes ou grenat d'une simple et sobre beauté. Les tisserands fabriquent aussi des foulards de soie (apani] de couleur jaune, verte, rouge, pour les

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Ceintures de Fès.
Cliché H. Laurens.


femmes des tribus; enfin des turbans pour les femmes, avec une lisière de fils d'argent, et des haïks.


LE TOUR DE FES


II faut maintenant gagner la cité des morts, ces grands et beaux cimetières de Fès, où nous avons encore à apprendre quelque chose de l'art. Abandonnant la cité à son activité, nous devons dénombrer les morts


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FÈS
qui couvrent les collines, dans l'un des plus beaux sites du monde, parmi les oliviers, les jardins: une merveilleuse promenade au temps passé qui m'a toujours fait penser à la Via dei Colli à Florence. Et ce sera aussi l'occasion de reconnaître quelques vieilles enceintes, les hauts remparts Almohades construits en 1204, de nobles portes, de contempler d'admi­rables échappées sur les deux villes.

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Marabout de Sidi bou Beker ben el Rabi.
Cliché Commandant Larribe, d'après Bertrand, éd. Paris.


On peut sortir, par exemple, par la porte guerrière de Bab el Mahrouq (début du XIII° siècle), là où, dit-on, un chef berbère rebelle fut brûlé (à ses merlons on accrochait jadis les têtes, suspendues par des cor­delières qui traversaient les oreilles), et gagner le cimetière à qui l'on donne parfois le nom de Sidi Bou Beker ben el Rabi, savant de Séville, fixé à Fès, professeur de l'Université qui mourut en 1148. Sur sa tombe une importante koubba fut élevée, avec une sorte de mirador, d'où les sages peuvent contempler un bien beau paysage et méditer aussi sur la fragilité des choses, non loin des silos qu'auraient creusés les Almoravides.
Bab el Guissa, où les tombes sont dispersées sous les coupoles croulantes des derniers Mérinides, est un lieu d'une beauté et d'une mélancolie


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LE TOUR DE FÈS

singulières, d'où l'on domine le grand panorama du Zahlar, des plantations d'oliviers et des jardins d'orangers d'où jaillissent de hauts peupliers, une charmante koubba à tuiles vernies, Sidi Abdallah Ettaoudi. C'est là qu'en 1912, en ouvrant la tranchée au moment de l'attaque de Fès par les tribus, nos soldats ont mis à jour la belle tombe prisma­tique de marbre, si délicate, avec son inscription en caractères andalous, qui est aujourd'hui au Musée archéologique; la stèle funéraire de la prin­cesse Zaineb Bent Omar (1335), une plaque rectangulaire avec une porte

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Cimetière de Bab Fetouh.
Cliché Beaux-Arts.

dont l'usage est complètement perdu; la stèle funéraire du vizir Abou Ali En Nacer, avec un décor hispano-mauresque et une inscription surmontée de merlons. Inscriptions coraniques qui se répètent d'ailleurs et nous disent :
« Je cherche un refuge auprès d'Allah !... Bénédiction sur la famille de Mohamed... Tout être aimé goûtera le trépas, mais vous rece­vrez vos récompenses au jour de la résurrection... Tout ce qui est sur la terre doit disparaître, mais il restera la face de ton Seigneur, majestueux et glorieux... Il n'y a de puissance et de force qu'en Allah, l'élevé, le grand, soldat et épée de la guerre sainte, c'est lui que les anges remplacent pour louer Allah quand il sommeille, ils sont toujours à ses côtés... »


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96
F E S
Et, quand on a traversé tant de jardins d'oliviers, dépassé un ancien aqueduc, aperçu dans la verdure les hauteurs de Fès-la-Vieille, le ravin qu'enjambe un vieux pont, l'on se retrouve encore parmi les savants et les sages défunts de Fès, au cimetière de Bab Fetouh (de la porte des vic­toires, une porte mentionnée déjà au XI° siècle, par où sortaient les sultans pour conduire leurs expéditions vers l'est, mais qui a été bien des fois reconstruite). Ce cimetière est un des beaux endroits de Fès, avec ses

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Bab Ed-Dekaken et l'oued Fès.
Cliché Beaux-Arts.

grandes échappées sur le Zahlar, ses tombes avec leur coupole qui for­ment parfois un petit sanctuaire, le plus souvent en forme de rectangle orné d'une porte, là où fut la tête du défunt. Sur le chemin conduisant à la mosquée des Andalous, on voit la Zaouia de Sidi Bou Ghaleb, avec ses murs blanchis à la chaux, son toit de tuiles vertes au milieu d'oli­viers séculaires. Là on honore la mémoire de Sidi Bou Ghaleb, ori­ginaire d'Andalousie, qui étudia et enseigna à Fès, savant commentateur des textes sacrés, mort en 1124, ami des chats qui vivent autour du mara­bout; et ce théologien passe pour guérir les malades qui se retirent dans les chambres de sa koubba. Près du msalla reposent les professeurs de la


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97
LE TOUR DE FÈS

Qaraouiyine, non loin des sept coupoles mystérieuses et miraculées qui couronnent les collines; et, sur un petit tertre isolé, proche de Bab Fetouh, s'élève le mausolée de Sidi Harazem, mort en 1164, savant éloquent, si éloquent même dans ses leçons à l'Université que la légende assure que les Djins assistaient, invisibles, à son cours. Aussi les personnes débiles

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Cascade de l'Oued Fès.
Cliché C.M.


d'esprit qui croient être tourmentées par les génies, viennent-elles cher­cher l'apaisement auprès de ce marabout, qui est aussi l'endroit où les étudiants désignent chaque année leur sultan.

Et puis, il nous faut gagner ce fond plein de verdure, de grands arbres, de chants d'oiseaux, où coule un bras de l'oued Fès; endroit frais, admirable, qui rappelle les beaux paysages des environs de Smyrne. Il a pour cadre des murailles guerrières : Bab Djedid, où une partie de l'enceinte date vraisemblablement du XII° siècle ; le rempart occidental


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98
FES


du Mellah et Bab Lamer qui remontent au temps des Béni Merin. Et la large brèche que l'on y remarque est un souvenir des guerres du temps de Moulay Abdallah.

Cette fraîcheur de l'eau et de la verdure dans un monde brûlant, une grâce exquise marquée ici dans l'utilité ou dans la force, cette paix dans un appareil guerrier qui est là comme pour nous rappeler que toute science est en péril, toute volupté et toute beauté un objet de convoitise, ramènent notre pensée vers la Florence du moyen âge, la pieuse cité, savante et industrieuse, celle des cyprès qui sont ici de souples peu­pliers, la belle et riche cité sur laquelle veillaient toute une armée de créneaux que nous montrent les vieux maîtres du Quattrocento, des enceintes semblables à celles que nous avons sous les yeux. Car la fleur du monde a toujours engendré le désir et la guerre, attiré la ruine.

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Boîte à Coran.
Cliché Beaux-Arts
.



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