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Mémoire de la présence Française au Maroc à l'époque du Protectorat
 
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 LE MAROC ET SES VILLES D'ART, TANGER, FES ET MEKNES

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Paul CASIMIR





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L'UNIVERSITÉ DE FÈS ET LES MÉDERSAS

Celle qui donne sur l'ancienne rue des Pierres, aujourd'hui dépavée, est d'un beau caractère. On voit sur le linteau de cèdre l'inscription dédicatoire sculptée en beaux caractères andalous. Les battants de cette porte étaient plaqués de cuivre, comme ceux d'el Attarin ; mais il ne reste rien de ce placage. Un couloir étroit, avec un admirable décor de

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Médersa Bou Ananiya, Intérieur.
Cliché Beaux-Arts.


majoliques et de plâtre, permet de faire le tour de la médersa. La grande cour, d'où l'on aperçoit le minaret, un admirable spécimen de l'époque mérinide aux émaux polis, avec sa grande frise de bois de cèdre, est peut-être le meilleur morceau de l'architecture du Maroc. La première impres­sion qu'elle nous donne c'est d'être un peu grise et l'on demeure affligé de bien des désastres, du délabrement de la médersa. Mais l'œil se satisfait bientôt des délicates harmonies, subtiles et variées qui jouent des marbres blancs, rosés, bleutés, aux zelliges dans les tons puissants verts


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FÈS
et noirs, des zelliges aux plâtres ciselés, des plâtres ciselés aux bois sculptés, et de là aux tuiles vernissées qui sont les émaux pâlis de la médersa. La grande porte de bois, dont le décor géométrique en étoiles est si vivant qu'il évoque pour nous de grandes fleurs, est très délabrée;

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Timbres de l'horloge de la Médersa Bou Ananiya.
Cliché Beaux-Arts.


les petites fenêtres sont celles des chambres d'étudiants, là où demeurent parfois d'anciens tolba qui ont acheté la clé de leur chambre.

Une vasque, large comme un petit bassin, est au centre du patio. Le sol est pavé de marbre blanc. L'oued Lemtyin traverse la médersa, sépa­rant le patio de la mosquée. Deux ponts permettent de le franchir. La mosquée comprend deux travées que recouvre un admirable plafond de bois ajouré; les colonnes et les chapiteaux de la mosquée sont d'un art


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L'UNIVERSITÉ DE FËS ET LES MÉDERSAS

admirable. Il n'a pas été possible de lire encore toutes les inscriptions de la médersa dont quelques-unes sont fort dégradées. Des versets du coran sont sculptés sur les poutres ; la borda sur le plâtre ciselé à l'intérieur de la grande porte donnant sur la Talaa. Des deux côtés de la qoubba, on lit sur les zelliges : « Je suis le cénacle de la science. Fais de moi ta demeure et tu deviendras, comme tu l'espères, un savant unique. »

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Médersa des Cherratin.
Cliché Beaux-Arts
.


Une solennelle porte de bois, recouverte de placages de bronze, avec un heur­toir ciselé, forme une entrée accueillante et une sortie aisée, très gaie aussi avec son étonnant plafond à stalactites, ses beaux zelliges que sur­monte une dentelle d'inscriptions et de rinceaux, d'admirables bordures épigraphiques à caractères noirs, à ceux qui viennent méditer ou prier. A main gauche de la porte, donnant sur la Talaa, en face de la médersa, on voit la grande salle pour les ablutions. Et, sur des consoles de cèdre sculpté, on aperçoit treize timbres de bronze. C'est un carillon, dont le méca­nisme d'horlogerie a disparu ainsi que les poids qui devaient frapper sur les timbres. Cette machine avait été montée, en même temps que la médersa, par un ouvrier de Tlemcen, Comme on n'en connaît plus le


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FES

fonctionnement, la légende raconte qu'un magicien l'avait édifiée, mais qu'un autre magicien juif en arrêta le mouvement.

Une médersa, postérieure à l'époque des Béni Merin, édifiée sur l'emplacement d'une médersa mérinide profanée, présente à Fès un gran­diose ensemble. C'est la médersa des Cherratin (fabricants de cordes), édifiée par Moulay er-Rachid en 1670. C'est la plus grande de toutes celles de Fès, car elle peut recevoir cent cinquante étudiants. Cette médersa est digne d'être vue, pour elle-même et aussi pour nous faire mieux sentir la délicatesse des collèges du temps des Béni Merin. Si la cour en est chatoyante et ornée d'une belle vasque, les proportions ne sont plus aussi justes. Cette médersa est trop haute, trop triomphale.
Elle vaut surtout par des détails charmants, en particulier par ses inscriptions sur les poutres qui présentent l'ornement en tresse caractéristique de cette époque; les plâtres ciselés ont presque disparu; un joli couloir et un plafond étoilé régnant autour du patio sont remarquables. Mais, d'une façon générale, la technique est partout inférieure.
Quelques autres médersas ne présentent plus que des fragments ruineux.

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Médersa des Cherratin, Heurtoir.
Cliché J. de la Nézière.



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Mosquée et minaret Moulay Idris (à l'horizon le Bordj Nord).
Cliché Beaux-Arts.



CHAPITRE III

LA VILLE SAINTE DE FÈS. - LA QARAOUIYINE
MOULAY IDRIS



Fès est la ville savante; mais elle est aussi la ville sainte du Maghreb. La vieille mosquée du quartier des gens de Kairouan, la Qaraouiyine a joué au Maroc le rôle de Notre-Dame de Paris au point de vue du déve­loppement des études. C'est à la fois une cathédrale et une université. Elle s'élève au cœur de la médina, proche le sanctuaire de Moulay Idris, au centre du commerce fasi, la grande bâtisse, édifiée d'un argent d' « origine très pure », dont on aperçoit de profondes perspectives à travers ses nombreuses portes.

La légende et l'histoire de la mosquée el Qaraouiyin ont été écrites par l'auteur du Rawd el-qirtas.

L'emplacement où s'élève la mosquée était, au temps des Idrissites, qui célébrèrent toujours les cérémonies du vendredi dans la mosquée des


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FES

Chorfa, un terrain nu appartenant à un homme originaire de Kairouan qui vint s'établir à Fès en même temps qu'un grand nombre de familles de cette localité. Originaire de Kairouan était également la famille de Mohammed el Fehery qui vint d'Ifrikyia avec sa femme, sa sœur et sa fille. Cette dernière, appelée Fathma et surnommée la mère des deux fils, était une sainte et vertueuse femme. Héritière d'une grande fortune, dont on ne s'était jamais servi pour faire du commerce, elle voulut la consacrer à une œuvre pieuse afin de mériter la bénédiction de Dieu : ainsi elle résolut d'élever une mosquée sur un terrain qu'elle acheta en l'an 859. On trouva les matériaux sur le sol même; Fathma fit creuser le puits qui existe aujourd'hui encore au milieu de la cour, passant à jeûner tout le temps que durèrent les travaux.

Cette mosquée primitive avait quatre nefs et son mihrab occupait la place située aujourd'hui sous le grand lustre ; son minaret était peu élevé.

Quant à Meryem, sœur de Fathma, elle aurait bâti la mosquée el Andalous avec les biens légitimes dont elle avait hérité de ses parents. Ces mosquées restèrent telles que les avaient construites les deux sœurs pendant le règne des Idrissites jusqu'à l'époque des Zenata. Ceux-ci, devenus, maîtres du Maghreb, enfermèrent dans une seule enceinte les deux adoua et les jardins qui les entouraient; ainsi ils reculèrent les limites de la ville, La population s'étant accrue, la mosquée des Chorfa devint insuffisante et les Zenata firent célébrer à la mosquée el Qaraouiyin, qui était plus spacieuse et qu'ils embellirent d'une chaire, les cérémonies du vendredi. Ce qui eut lieu en l'an 918.

Les choses restèrent en cet état jusqu'au temps où l'émir des croyants Abderrahman, roi d'Andalousie, fit reconnaître sa souveraineté à Fès dont il confia le gouvernement à un préfet choisi entre les Zenata, nommé Ahmed ben Abou Beker. Celui-ci, homme de bien et religieux, écrivit à l'émir pour lui demander de faire réparer et d'agrandir la mosquée el Qaraouiyin. L'émir lui envoya de fortes sommes provenant du cinquième butin fait sur les chrétiens. Abou Beker se mit aussitôt à l'œuvre; il fit élargir la mosquée du côté de l'orient, de l'occident et du nord, et éleva le minaret qui existe encore aujourd'hui, en forme de tour carrée, suivant les règles de l'architecture. Au temps des Mérinides on lisait ces inscriptions, gravées dans le plâtre et incrustées d'azur, sur la porte située à la façade du couchant : « Au nom de Dieu clément et miséricordieux! Louange à Dieu l'unique, le tout puissant ! Ce mina­ret a été élevé par Ahmed ben Abou Beker Saïd ben Othman el Zenéty.


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LA VILLE SAINTE DE FÈS. — LA QARAOUIYINE


Dieu très haut le conduise dans la vraie voie, lui donne la sagesse et lui accorde ses récompenses les plus belles ! Sa construction fut commencée le premier mardi du mois de radjeb, l'unique de l'année 344 (955 J.-C.), et fut entièrement achevée dans le mois de raby el tany, en 345 (956 J.-C.) » . On lisait également sur un des côtés de la porte:

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Mosquée el Qaraouiyin. Bassin central dans la cour principale.
Cliché Beaux-Arts.


« II n'y a de Dieu que Dieu, et Mohammed est l'apôtre de Dieu » ; et sur le côté opposé : « Dites, ô mes serviteurs, vous qui avez agi iniquement envers vous-mêmes, ne désespérez point de la miséricorde divine; car Dieu pardonne tous les péchés ! Il est indulgent et miséricordieux ! ».

Sur le sommet du minaret on plaça une pomme en métal doré, incrustée de perles et de pierreries; l'iman Ahmed ben Abou Beker fit sur­monter cette pomme de l'épée de l'iman Idris ben Idris, afin d'attirer sur


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FÈS

l'édifice la bénédiction du fondateur de Fès. Ainsi achevé, personne n'y toucha plus; les oiseaux, les pigeons et les étourneaux y établirent leur nid; et, bien que bâti de belles pierres de taille, l'édifice allait à la ruine quand le docte cadi, Abou Abdallah, eut la pensée de le réparer au temps de l'émir Yousof ben Abd el Maqq, en 1289; il bâtit en même temps la chambre des muezzins. On doit à El Mansour ben Abou Amer le dôme élevé à la place de l'ancien minaret, au milieu de la cour, où furent placés d'antiques talismans qui avaient pour vertu de préserver la mosquée de tous les nids de rats: un oiseau tenant dans son bec un scorpion devait éloigner ces animaux; un autre talisman, en forme de boule, chassait les serpents. Il fit également construire le Bit el Mostadhill (chambre ombragée) située au bord de la rivière et le bassin.

Au temps des Almoravides des agrandissements considérables furent faits par les soins du docte Mohammed ben Daoud qui réunit à cet effet une somme de 18.000 dinars et reconstitua les habous. Il ajouta un nou­veau terrain à celui de la mosquée, et y fit bâtir la grande porte de l'occident, nommée anciennement Bab el Fakharin (porte des potiers), et plus tard Bab ech Chemaïn (porte des vendeurs de cire). Mohammed ben Daoud assistait aux travaux, donna lui-même les mesures de hauteur, largeur et profondeur de cette porte; il y plaça de magnifiques battants sur de beaux gonds, de véritables chefs-d'œuvre. Il y fit graver ces mots sur le fronton intérieur : « Cette porte a été commencée et achevée dans le mois de dou'l hidja, l'an 1133... ».

Quand on creusa le sol pour établir le support des battants de cette porte, on découvrit une fontaine surmontée d'une voûte très ancienne; les travailleurs, pensant qu'il y avait là quelque trésor caché, commencèrent à la démolir. Or ils ne trouvèrent qu'un réservoir, rempli d'eau douce, dans lequel vivait une énorme tortue, d'une surface égale à celle du réser­voir en sorte qu'il était impossible de tirer dehors cet animal. Quand le cadi ben Daoud et les autres savants de la ville connurent cette décou­verte, ils décidèrent, dans leur sagesse, de laisser la tortue tranquillement à sa place ; ils rebâtirent la voûte telle qu'elle était auparavant:

" Glori­fions Dieu magnifique et puissant qui dispense, comme il lui plaît, les choses nécessaires à la vie clé ses créatures ! Il n'y a de Dieu que Dieu, vers lequel tout retourne. »

Cette grande porte fut détruite dans un incen­die qui partit du souq et qui consuma également le dôme qui lui était attenant. L'émir Abou Yousof les fit relever l'an 1203. Quelque temps après fut élevé le mihrab, ainsi que sa coupole, qui fut tout incrusté d'or, d'azur et d'autres couleurs; merveilleux travail

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LA VILLE  SAINTE  DE  FES.  — LA QARAOUIYINE

d'élégance et de précision, si riche que les fidèles ne pouvaient s'empêcher d'être distraits de leurs prières. Aussi, lorsque les Almohades entrèrent dans Fès, les fqihs de la ville, craignant que les nouveaux venus, qui n'étaient arrivés au pouvoir que par le mensonge et l'hypocrisie, ne leur reprochassent ce luxe de décor et de peinture, firent recouvrir tout le

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Mosquée el Qaraouiyin. Vue d'ensemble de la cour centrale avec le minaret Zénète.

Cliché Beaux-Arts.


dôme avec du papier enduit d'une couche de chaux, de sorte qu'il ne virent le lendemain qu'un dôme parfaitement blanc. A la même époque fut construite la chaire. Le cadi Abdallah ben Daoud, architecte habile, eut la gloire de paver la cour au-dessus de laquelle on étendait l'été une grande tente de coton; le bassin et la fontaine à jet d'eau, au milieu, faits de beau marbre blanc, furent conçus, en 1222, par l'architecte Abou Amrân Moussa. Au-dessus du bassin, on construisit, en marbre blanc,




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FES

fenêtre à grillage, merveille de l'époque, sous laquelle on grava, sur une pierre rouge, l'inscription suivante : « Au nom de Dieu clément et miséricordieux ! Que le Dieu très-haut répande ses bénédictions sur notre Seigneur Mohammed, car des rochers coulent des torrents, les pierres se fendent et font jaillir l'eau! ».

Telle était, au début du XIV° siècle, suivant l'auteur du Rawd el- qirtas, la grande mosquée el Qaraouiyin, avec ses 270 piliers formant 16 nefs de 21 arcs; dans ses vestibules, elle pouvait abriter 22.700 per­sonnes qui, le vendredi, entendaient ensemble la prière de l'iman, comme cela s'est vu aux époques florissantes de Fès. Quinze grandes portes étaient réservées aux hommes et, deux petites, exclusivement aux femmes. Le grand lustre, qui pesait 1.763 livres, avait 509 lampes ; dans la vingt-septième nuit de ramadan, où il est d'usage d'allumer toutes les lampes de la mosquée, 1.700 lampes rayonnaient au-dessus des fidèles. Ce n'est qu'aux époques d'abondance qu'on trouvait l'huile en quantité suffisante pour alimenter ces lampes; aux époques de disette on se conso­lait en répétant la parole du sage : « Ce n'est point le feu que nous ado­rons, mais c'est Dieu. »

Le messaouda (sanctuaire) fut commencé par le fqih vertueux Abou Mohammed Ychekour, qui fit faire la chambre souterraine, dont les parois, en pierre et en terre, soutenaient une voûte en marbre recouverte de plâtre.

A l'intérieur il y avait des coffres-forts contenant les capitaux de la mosquée, les revenus des habous, des livres qui furent parfois volés, malgré qu'ils fussent sous une triple serrure, comme cela arrivait aussi chez nous. Le grand bassin et les lieux aux ablutions furent achevés à la fin du XII° siècle; la chambre aux ablutions fut surmontée d'une magnifique coupole en plâtre.

La chaire qui était en usage au XIV° siècle était faite de bois précieux incrusté d'ivoire; on la devait à un iman poète qui vécut au milieu du XII° siècle. Beaucoup de célèbres prédicateurs, versés dans la connais­sance du temps et des astres, y prononcèrent des sermons, doctes et reli­gieux.

Léon l'Africain, au début du XVI° siècle, nous dit que chaque nuit brûlaient 900 lampes, chaque arc ayant la sienne; 150 candélabres, à grands chandeliers de bronze, pouvant recevoir 500 lampes, provenant du métal des cloches prises sur les égiises chrétiennes, suivaient la ligne médiane de la mosquée cathédrale. Il nous a laissé un tableau intéres­sant de la vieille université : « Dans ce temple, auprès des murailles, il


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LA VILLE  SAINTE  DE  FÈS.  — LA  QARAOUIYINE

y a des chaires de toute qualité, là où les maistres et docteurs montent pour instruire le peuple de la loi spirituelle et temporelle; et pour ce faire, commencent avant la pointe du jour, ce qui ne se fait qu'en temps d'été, sinon depuis huit heures du soir; et durent leur leçon jusqu'à une heure

LE MAROC ET SES VILLES D'ART, TANGER, FES ET MEKNES - Page 3 Fscan_57

Plan de la Qaraouiyine, dressé par M. Jourdan.

1.  Médersa el Attarin. — 2. Makama du  Cadi. — 3.Bab  el Maqçoura. —  4. Notaires. — 5. Rue des Adouls. — 6. Bab ech Chemain. — 7. Bab el Adoul. — 8. Rue des Sbitriyn. — 9. Djamael gnaiz. — 10. Minbar, 11. Mihrab. — 12. Bibliothèque. — 13. Jardin du Cadi. — 14. Rue Sbalouiat. — 15. Mosquée des femmes. _ 16. Bab el Médersa. — 17. Médersa Mesbaya. — 18. Bab el Ouard. — 19. Bab el Hafa. — 20. Rue Bou Touil. — 21, Latrines. — 22, 23. Fontaines.

et demi de nuit. Leur coutume est, outre ce, de lire tant aux sciences morales comme spirituelles et concernantes la loi de Mahomet. Mais en été la leçon ne se fait que par gens privés et peu renommés. Les autres sont faits par gens pleins de savoir, d'autorité et bien expérimentés en la loi, dont chacun est fort bien salarié, outre ce qu'on est tenu les four­nir de livres et de chandelles... »

La célèbre bibliothèque, dans une salle


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FÈS

à gauche du mihrab, a contenu 20.000 volumes; on en a recensé seule­ment 1.700 en 1915.

Nous ne devons pas pénétrer dans la Qaraouiyine, ni dans aucune autre mosquée du Maroc. Mais on peut s'en donner une idée en en faisant le tour, en jetant les yeux sur un plan dû à la collaboration de deux artistes indigènes. Ce ne sont pas, au surplus, ces arcades, très simples, très nues, d'aspect lourd, qui retiendront notre attention, ni le minaret zénète (X° siècle), une simple tour carrée dont la hauteur est égale au périmètre de la base; mais bien la cour avec sa fontaine d'ablutions, sa grande
vasque de marbre blanc où bouillonne l'eau de l'oued, ses deux remar­quables kiosques, qui se font face et abritent des fontaines, d'un type qui rappelle ceux de la Cour des lions à l'Alhambra de Grenade. Leurs bases sont constituées par de fines colonnes de marbre supportant des arcs de plâtre ciselé, couronnés par une frise de bois sculpté à auvent, et supportant un lourd toit pyramidal de tuiles vertes. La coupole au pied du minaret qui abrite la fontaine est due au sultan Saadien Abdallah ech Cheikh, mort en 1624 à la suite d'excès de boissons alcooliques. On y remarque des colonnes corinthiennes gainées du style très caractérisé de la Renaissance. La grande vasque de marbre était un cadeau du sultan Saadien el Mansour(1588) ; on y lisait des vers précieux gravés sur ses bords, qu'el-Ifrani a rapportés. Le pavillon qui lui fait face, avec de simples colonnes de marbre, est purement de l'époque mérinide. Un très curieux écran de bois peint (l'hanza), isole la cour de la salle de prières. Il y a là un ensemble charmant où l'eau, le marbre, les tuiles mêlent leurs reflets, et qu'il faut voir, à la fin des brûlantes journées d'été, quand les oisifs et les étudiants viennent s'étendre sur les dalles, quand les enfants y folâtrent.

Un docte poète, cadi d'Azemmour, l'a célébré :

" Mosquée el Qaraouiyin, noble nom, dont la cour est si fraîche par les plus grandes chaleurs ! Parler de toi me console, penser à toi fait mon bonheur ! Assis auprès de ton admirable jet d'eau, je sens la béati­tude: et, avant de le laisser tarir, mes yeux se fondraient en pleurs pour le faire jaillir encore ! ».

On se souvient du « portail des libraires » que l'on trouve dans nos cathédrales, à Rouen entre autres. Des échoppes de relieurs, de libraires, de notaires sont adossées au mur ouest de la mosquée cathédrale. Elle a aussi son quartier saint, son cloître.

La Zaouia de Moulay Idris est le sanctuaire le plus vénéré peut-être de tout le Maroc. Il s'élève, non loin de la Kaissaria, sur le terrain des


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LA VILLE  SAINTE  DE  FÈS.  — MOULAY  IDRIS

Kermouda, là où Idris avait planté sa tente et construit une mosquée. En 1308, ce sanctuaire avait déjà été reconstruit suivant son plan primitif par le mufti el Hadj el Moubarek (Rawd el-qirtas). Mais la Zaouia que nous voyons aujourd'hui date seulement du règne de Moulay Ismaïl qui, en 1720, fit démolir l'ancienne qu'il agrandit sur ses quatre faces.

LE MAROC ET SES VILLES D'ART, TANGER, FES ET MEKNES - Page 3 Fscan_58

Mosquée el Qaraouiyin. Pavillon aux ablutions.

Cliché Beaux-Arts.


Et Moulay Abd er-Rahman, en 1820, édifia la mosquée que nous voyons, dont l'élégant et svelte minaret, recouvert de briques vernies de couleur verte, domine tout le quartier. Une vaste qoubba abrite le tombeau du saint qui est recouvert d'un baldaquin de bois sculpté à incrustations de cuivre et d'or.

Les rues qui aboutissent à la Zaouia, fermées  par une barrière de bois, forment une enceinte sacrée que l'on nomme le horm ,et qui était


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62
FES
autrefois interdite aux chrétiens. Quand on a quitté la place Ennedjarin pour pénétrer dans le couloir principal qui conduit à l'une des portes de la mosquée, on est vraiment isolé de notre monde, perdu dans la foule des pèlerins et des mendiants, qui font un contraste très vif avec le luxe

LE MAROC ET SES VILLES D'ART, TANGER, FES ET MEKNES - Page 3 Fscan_59

Mosquée de Moulay Idris. Le tronc des offrandes.
Cliché Ct. Larribe, d'après Bertrand, éd. Paris.


un peu criard du mausolée du saint; on est au cœur de l'islam. Il faut parcourir ce couloir, passer sous ses voûtes d'ombre, voir la petite porte de bois, sorte de placard qui marque l'entrée du tombeau d'une femme de la famille des Idrissites, et contre laquelle viennent s'appuyer les femmes et y prier. Un peu plus loin, le couloir aboutit au vestibule de la mosquée ou grouille la foule des mendiants et des croyants, des gens de la campagne surtout. Dans l'arc central du portail, d'une assez belle


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LA VILLE SAINTE DE FÈS. - MOULAY IDRIS



ordonnance de lignes et d'une polychromie chatoyante, une inscription célèbre la gloire d'Allah et du prophète. Le vestibule, fermé par une sorte de gigantesque paravent de bois rouge, est d'une richesse d'orne­mentation un peu lourde, mais d'une extraordinaire couleur, avec ses

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Mosquée Moulay Idris.
Cliché Beaux-Arts.


lampes, ses lustres; du plafond peint descend un grand et beau lustre offert, dit-on, par Abd el-Aziz. Le sol est pavé de zelliges. Une baie laisse entrevoir, dans une pénombre mystérieuse, plus belle encore quand tombe le soir et qu'une multitude de lampes et de veilleuses accrochées au dôme forment des guirlandes de lumière dorée, quand l'encens monte dans ce scintillement, la foule prosternée qui semble quelque fantastique apparition. On passe encore sous une haute arcade, et, contre le mur de

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FÈS
gauche, où sont scellées les tombes de Moulay Idris et de Sidi el-Amrani, on voit le tronc des offrandes. II est entouré d'un panneau de moucharabié peint; une large fenêtre grillagée l'encadre, supportée par deux gracieuses colonnettes de marbre rosé; une bordure de zelliges brille à sa base. Trois grandes veilleuses à l'huile. qui pendent de l'auvent, piquent, le soir, leurs points tremblants. Et les pieux Fasis, les pèle­rins, s'approchent pour embrasser la sainte muraille et glisser leur

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La petite rue contournant la mosquée Moulay Idris.
Cliché Beaux-Arts.


offrande dans le tronc de Moulay Idris. Puis le couloir passe sous une voûte décorée d'un beau plafond dont la paroi est formée de panneaux de plâtre peint et ciselé: de ce plafond de bois sculpté, orné d'un soleil peint, pendent de grosses lanternes découpées à verres de couleurs. Tout près une charmante fontaine à auvent abrite une grosse lanterne. Parallèlement est la petite rue où se tiennent les marchands de parfums et de bibelots, de chapelets, de cierges auxquels est attachée la bénédiction du saint. Une autre entrée du sanctuaire retient encore nos regards: une ouverture ogivale dont la décoration est faite de plâtres sculptés et peints avec un soubassement de zelliges de tons les plus délicats. Un portique à auvent de bois donnait accès à la Kaissaria, qui est le marché aux étoffes.


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LA VILLE SAINTE DE FÈS. — EL ANDALOUS


II faut maintenant revenir sur nos pas, au portail du vestibule prin­cipal, nous engager dans une ruelle obscure où se trouve le Dar el Qitoun, le refuge des femmes malheureuses. En face, par deux grands por­tiques, on aperçoit la vaste cour de la mosquée, de forme carrée, au milieu de laquelle jaillit une gerbe d'eau, avec sa double rangée de

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Mosquée El Andalous.
Cliché Beaux-Arts.

colonnes de marbre. En continuant à parcourir les sinuosités de cette ruelle, on rencontre un joli portail de bois sculpté et le petit bassin d'où sourd une eau miraculeuse. Puis le couloir devient sinistre; on descend des marches inégales et polies, et l'on parvient à la dernière porte de la mosquée, la plus grande, masquée en partie par un panneau de bois dont la partie inférieure donne passage au souq des fabricants de tresses, de broderies d'or et d'argent. Il est charmant ce petit souq d'El Mdjaladin,


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FÈS

où d'énormes pieds de vigne grimpent jusque sur le toit des boutiques, et qui termine dans un lieu apaisé et marchand la promenade mystique et féerique, la vision inoubliable des couloirs de la cité sainte. Mais il est aussi comme le symbole de la sagesse pratique de Fès.

Il est un autre monument religieux de Fès auquel sont rattachés de vénérables souvenirs, l'oratoire de Meryem, sœur de Fathma, et qui pré­sente également un intérêt artistique véritable. C'est, dans le quartier haut, de l'autre côté du fleuve, la mosquée el Andalous, dans l'adoua des Andalous, ennemis des gens de Kairouan. La mosquée remonterait en effet au IX° siècle et possède un minaret zenète du même type que celui d'el Qaraouiyin. Les textes disent qu'ils furent conçus par le même archi­tecte. C'est à en-Nasser l'Almohade, qui fit reconstruire les fortifications de Fès, que l'on doit la haute porte nord, d'une imposante majesté, d'un si grand caractère, et dont les consoles étagées à stalactites de bois et les frises superposées d'arcades composent un décor ancien très intéressant (XIII° siècle). Mais les revêtements de mosaïque des tympans du grand arc, ainsi que la boiserie des portes, sont modernes.

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Faïence de Fès.
Cliché Beaux-Arts.



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Palais du sultan. Jardin de la ménagerie.
Cliché Commandant Larribe, d'après Bertrand, éd. Paris.



CHAPITRE IV

FÈS SOUS LES DYNASTIES CHÉRIFIENNES



Fès, restée au pouvoir des Mérinides jusqu'en 1550, tomba après un long siège dans la puissance d'el-Medhi, fondateur de la dynastie saadienne. La ville de Fès, déchue de son rang de capitale du Maroc, avait perdu son privilège de conférer par acclamation l'investiture royale. Elle demeura en proie à une complète anarchie et ne retrouva son rang de capitale qu'en 1660 : la malédiction du cheik Sidi Djelloul s'était abattue sur elle. Quelques constructions de bastions de pierre, bâtis par des esclaves chrétiens à l'européenne, des forts destinés plutôt à mater la ville qu'à la défendre, voilà ce que les Saadiens ont légué à Fès. Un des chérifs, Moulay er-Rachid , prédécesseur de Moulay Ismaïl, eut cependant moins de goût pour Marrakech que ses prédécesseurs. C'est lui qui campa ses tribus guich dans la grande Qaçba des Cheraga, emplacement traditionnel des camps; on lui doit également le pont des quatre arches sur l'oued Sebou (1668). Rentré à Fès après une campagne victorieuse dans le Sous, il fait frapper de la monnaie. On le voit assister aux


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FES

leçons de la Qaraouiyine et il entreprend de construire l'importante médersa des Cherratin (Ez-Zayyani et Kitab el-istiqsa). Moulay Ismaïl, son frère, avant d'être proclamé sultan, y avait terminé un palais. Mais il n'aima jamais Fès, et, dès son élévation, il rappela à Meknès tous les ouvriers et les esclaves qui y travaillaient. Fès se dépeupla alors. Quant à Moulay Abdallah, son fils (1727-1757), il s'intéressa davantage à Fès qu'il ravagea et détruisit en partie tout d'abord, en 1730, au cours d'un règne très troublé qui vit souvent aux prises les gens de Fès et de Meknès. On lui doit la mosquée qui porte son nom (là où est son tombeau); et il y adjoi­gnit, pour les étudiants de Fès el Djedid, la médersa qui existe encore (Kitab el-istiqsa}. Mais la ville était alors si troublée qu'il construisit dans la campagne, à Dar Debibah, une maison, tout à la fois ferme et château, que Moulay Hasan restaura. Par tradition, les chérifs se con­tentèrent d'agrandir à Fès les monuments religieux, de faire construire quelques médersas.

Il faut arriver au XIXe siècle, au règne du grand bâtisseur Moulay Sliman, pour constater des travaux importants faits à Fès. On lui doit des améliorations de voirie, et aussi la construction de belles mosquées de l'époque moderne (Resif, Diouan, Ech-Chrabliyin, zaouia et coupole de Bou Ghaleb). C'est le dernier grand sultan du Maroc, Moulay Hasan, qui devait donner à Fès l'aspect qu'elle a conservé, reliant les deux villes, la ville militaire et la cité maure, si souvent aux prises, par le couloir fortifié de Bou Djeloud. Il entreprit d'immenses travaux au Dar el Makhzen, reconstruisit et répara tous les palais, auquel il adjoignit d'im­menses enclos fortifiés, l'aguedal et le nouveau méchouar (le vieux méchouar, avec ses remparts de pisé, présente seulement quelques sites pittoresques). Enfin, près de la porte Bab Segma, il fit construire la fabrique d'armes dirigée par des officiers italiens et connue sous le nom de Makina : imposante bâtisse pour laquelle on dut détourner l'oued Fès.

Quelques vues donneront une idée suffisante du Dar el Makhzen, résidence actuelle du sultan; où l'on ne pénètre pas. Les dernières additions, dues à Moulay Hafid qui y fit beaucoup travailler, sont inachevées. Le motif le plus intéressant est un salon, situé dans le pro­longement d'une grande pièce d'eau sur laquelle Moulay Hafid avait fait mettre une petite barque. Le pavillon proche de la mosquée, donnant sur un jardin, qui a été restauré ou édifié par Moulay Hasan, présente quelques beaux morceaux, une vue charmante sur les jardins d'orangers et de citronniers où chantent les oiseaux. On voit aussi dans le Dar el Makhzen une grande et curieuse ménagerie pour les lions et les panthères.


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FÈS SOUS LES DYNASTIES CHERIFIENNES

D'une façon générale les décors sont partout très riches, trop riches; les revêtements, les mosaïques de faïences sur les seuils et les murs, les lourdes colonnes trapues, sans bases, habillées de mosaïques polychromes, accablent et lassent, et tant de galeries s'étendant à perte

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Dar Adeiel.
Cliché J. de la Nézière
.


de vue, sur les cours et les jardins. L'art andalou a perdu sa fleur, et cela dès le temps de Hafid.

Bou Djeloud (demeure actuelle du Résident}, le Dar Batha (cercle militaire et musée), que l'on peut visiter, sont des spécimens infiniment plus intéressants de l'art de la fin du XVIII° siècle et du XIXe siècle.

Bou Djeloud était au temps de Moulay Abdallah (1729-1757) un simple jardin, propriété du fastueux Amin Adeiel, celui-là qui avait fait construire


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FES
la belle maison où sont installés les Beaux-Arts; il devint propriété de Sidi Mohammed ben Abdallah qui y fit construire un pavillon d'un grand caractère en 1786, là où sont plantés les arbres de Judée. La porte du jardin date de 1790-1792 et porte le nom de Moulay el-Yazid. Or Moulay Sliman (1795-1822), le long de l'oued, en face de la vieille et bizarre

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Jardins de Bou Djeioud.
Cliché Ratel.


fontaine que les enfants nommaient l'ogresse, fit édifier un autre charmant pavillon. Ce sultan n'avait connu que la défaite devant les Berbères turbulents toujours soulevés contre le Makhzen. Dégoûté des luttes mili­taires, pleines de trahisons, lassé par ces montagnards, « il avait remis cette affaire entre les mains de Dieu ». Moulay Sliman s'était retiré à Fès. Sage, comme Candide il avait résolu de cultiver son jardin. II y passait de longues heures, plantant des oliviers, cultivant de ses mains les plates-bandes, en récoltant lui-même les légumes qu'un nègre allait


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FÈS SOUS LES DYNASTIES CHÉRIFIENNES


vendre à la ville. Car un sultan observateur de la loi ne doit pas avoir de fortune personnelle. Il portait des pantalons rapiécés, avait pour chaîne de montre un cordon de laine. Sur ce banc il allait s'asseoir; à cette fon­taine il lavait ses mains terreuses. Et Moulay Sliman habitait un pavillon du Dar el Beida que fit détruire Hafid. Tel est le père des jardins de

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Dar el Beida. Entrée du cabinet de travail du Résident général.
Cliché Commandant Larribe, d'après Bertrand, éd. Paris.


Bou Djeloud. Moulay Abder-Rahman (1832-1859), son neveu, qui encouragea et fit la guerre sainte contre les chrétiens, ajoute deux pavillons an jardin; son fils, Sidi Mohammed, élève le pavillon près de la noria. Ainsi, jusqu'au règne de Moulay Hasan, il n'y eut à Bou Djeloud que des pavillons isolés où les sultans venaient, quittant le Dar el Makhzen, passer les beaux jours, dans de petites qoubbas, dans des kiosques, au bord de l'oued où la noria geint et finit par dormir, dans ce paysage enchanteur


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FÈS
que limitent de vieux murs derrière lesquels tremble un peuplier où s'agite une palme. Et chacun respecte l'ouvrage de son père, le guerrier celui du sage pieux, y fait des visites de commémoration, le laisse aller à la ruine.

Moulay Hasan (1873-1879) conçoit, lui, un vaste édifice pour y donner des audiences officielles, à l'écart du Dar el Makhzen: il fait cons­truire le Dar el Batha, avec sa cour solennelle, sa pièce d'eau et son beau jardin encadré de dalles zelligées. On lui doit aussi la construction du

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Dar Batha.
Cliché Beaux-Arts.

joli pavillon de bois sur la séguia. Enfin il commence le petit palais que termina son fils, Moulay Aziz. Quant au Dar el Beida, le grand patio que traverse l'oued, il est dû à Moulay Hafid. Cette très jolie chose sortit de terre, paraît-il, en cinquante jours. Et, chaque soir, on apportait des sacs de douros pour faire la paye des ouvriers.

L'ensemble de Bou Djeloud est un enchantement ; mais aucun archi­tecte ne l'a conçu. Personne n'en a fait le plan. Il est sorti de terre, comme les fleurs qui le parfument: pavillons retirés, où le sage et le voluptueux trouvent leur plaisir, jardins commodes pour la promenade du harem, lieu unique pour respirer l'automne et le printemps.

Ces jardins sont venus de Perse, à travers la Syrie, l'Egypte et l'Afrique


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73
FÈS  SOUS  LES  DYNASTIES  CHÉRIFIENNES

du Nord; cadres secrets de la volupté, enclos de murailles, où l'éclat des fleurs, et surtout des parfums, est serti par les faïences et les eaux. Séville et Grenade en ont conservé les souvenirs les plus anciens et les ont prati­qués jusqu'au XVII° siècle. Mais la tradition en est vivante ici. La cour du Batha, Bou Djeloud et la Bahia de Marrakech en présentent les types les plus architecturaux. Un réservoir d'eau, qui alimente les rigoles, est toujours


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Dar Menebbhi (Collège musulman).
 
Cliché Beaux-Arts.

placé dans la partie haute de ces jardins (c'est parfois une noria). Ils sont divisés en rectangles, sans aucune recherche des grands partis pris, sans souci de réserver des vues, comme dans nos jardins à la française. Des allées de zelliges les segmentent; des cyprès noirs y font paraître les fleurs plus brillantes; des kiosques, souvent en bois peints, s'élèvent parfois à l'extrémité ou au croisement des allées.

On a déjà noté la prospérité de Fès dans les dernières années du XIX° siècle. Il faudrait décrire (mais comment se borner ici) bien de charmants petits palais, beaucoup de riches, demeures d'amins, de


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