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Mémoire de la présence Française au Maroc à l'époque du Protectorat
 
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 VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR

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Paul CASIMIR





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MessageSujet: VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR   VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR EmptyDim 14 Sep - 9:02

VOLUBILIS

LE GUIDE DU VISITEUR

par

Raymond THOUVENOT

____________



Note préliminaire hors-texte:


Les différentes sous-rubriques de la rubrique "VOLUBILIS" ont pour but de présenter de la façon la plus cohérente possible les trèsors de cette cité antique et permettre au lecteur de préparer, en cas de besoin, une visite in situ. Même si le recours à un guide local est appréciable, ne serait-ce que par sa connaissance de la topographie des lieux, entre autres,  il est utile de préparer et sélectionner les monuments que l'on ne veut pas manquer.

Une visite à Volubilis c'est, à minima, une journée complète.... Aussi le guide préparé par Raymond THOUVENOT, Inspecteur du service des Antiquités au Maroc dans les années 40,  sera un outil indispensable ; nous le reproduirons donc, ici, dans son intégralité ( une cinquantaine de pages ), en y ajoutant, de ci de là, quelqes photos imageant les sujets traités par Raymond THOUVENOT.


Dernière édition par Paul Casimir le Lun 6 Oct - 8:47, édité 2 fois
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MessageSujet: VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR   VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR EmptyJeu 25 Sep - 16:18



PLAN DE VOLUBILIS

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MessageSujet: VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR   VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR EmptyLun 6 Oct - 8:45



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MessageSujet: VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR   VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR EmptyLun 6 Oct - 8:52


VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR Guide_13


Raymond THOUVENOT

Inspecteur des Antiquités du Maroc



VOLUBILIS


(GUIDE DU VISITEUR)


EDITIONS FÉLIX MONCHO

RUE DE LA MAMOtJMIA

- R A B A T -





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MessageSujet: VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR   VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR EmptyJeu 9 Oct - 16:08

page 3
VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR

VOLUBILIS






(GUIDE DU VISITEUR)

________

VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR Guide_15


Lorsque l’empereur Caligula eût fait mettre à mort, en 40 ap. J.-C,, le dernier roi de Maurétanie, Ptolémée, fils de Juba II, dont le royaume s’étendait de l’Océan Atlantique jusqu’à l'oued El Kébir (un peu à l’Est de Djidjelli), il y avait longtemps que Rome possédait et l’Espagne conquise par Scipion, le futur Africain, en 206 av. J.-C., et l’Afrique carthaginoise (146 av. J.-C.). Elle s’était refusée à annexer le reste de l’Afrique du Nord (sauf la Numidie), qui lui semblait de peu de rapport et dont les habitants restaient encore trop barbares. L’empereur Auguste, après un essai de quelques années, s’était borné à y fonder, après le municipe de Tanger, trois colonies : Julia Constantia Zilis (Arzila), Julia Valentia Banasa, sur le moyen Sebou, et Julia Campestris Babba (dans la région d’Ouezzane), et avait fait du reste un royaume protégé qu’il avait confié à Juba II . Ce fils de l’adversaire malheureux de César, qu’il avait fait élever dans son palais et qu’il avait marié à Cléopâtre Séléné, fille d’Antoine et de la célèbre Cléopâtre d’Egypte, remplit fidèlement son rôle de roi vassal, tout comme Cottius dans les Alpes et Hérode le Grand en Judée.


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MessageSujet: VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR   VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR EmptyVen 10 Oct - 8:57

page 4

Mais deux générations après, le pays s'était suffisamment assimilé la civilisation gréco-romaine pour cesser d’être un simple état tampon, une marche protectrice de l’Afrique proconsulaire et de la Bétique : par la force des choses il subissait l’attraction du bassin méditerranéen qui constituait une forte unité politique, économique et culturelle, et devait entrer tout naturellement dans cet orbis romanus qui réunissait alors tout le monde civilisé de l’hémisphère occidental. L’empereur Claude (41-54 ap. J.-C.), suivant probablement le plan de son prédécesseur, divisa le pays en deux provinces : Maurétanie Césarienne, nommée ainsi d’après sa capitale Iol Caesara (Cherchel), et Maurétanie Tingitane (de l’oued Kiss à l’Océan) du nom de la ville la plus importante et la plus anciennement connue, le port de Tanger, et correspondant à peu près à notre Maroc septentrional.

LE VOLUBILIS PRÉROMAIN. — Volubilis, à ce moment, était déjà une ville relativement ancienne et importante. Si les chasseurs et les pêcheurs de l’époque paléolithique lui avaient préféré les forêts de l’Atlas et les plages du littoral, les néolithiques, par contre, cultivateurs et éleveurs déjà sédentaires, avaient immédiatement saisi les avantages du lieu et y avaient fondé un établissement.


page 5

C’était en effet une hauteur à la surface triangulaire, abrupte des deux côtés et dont il suffisait de barrer la base par un fossé et une levée de terre pour être en sûreté contre les attaques des bêtes et des hommes. Rattachée d’un côté au massif du Zerhoun-Tselfat, de l’autre elle domine la plaine. L’oued Khroumane et son petit affluent l’oued Fertassa, qui en baignent le pied, donnent de l’eau en toute saison. Dans la plaine voisine, où les marnes et les argiles tertiaires alternent avec les alluvions : terres noires avec quelques plaques de cailloutis, la terre est fertile et se prête merveilleusement à la culture des céréales et au jardinage. Sur les pentes du massif du Zerhoun, la,vigne, l’olivier et le figuier trouvent des terrains favorables, et les calcaires gris et jaunâtres ravinés par l’érosion fournissent d’excellente pierre à bâtir. Le climat est salubre : à 395 m. d’altitude il gèle et neige très rarement. Les étés sont chauds mais les nuits en général fraîches, sauf quand souffle le chergui (vent d’Est brûlant) qui fait monter le thermomètre à 45° à l’ombre et peut durer de trois jours à trois semaines.



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MessageSujet: VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR   VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR EmptyVen 10 Oct - 9:20



VOLUBILIS

Site remarquable classé au Patrimoine de l'UNESCO





Une vidéo très bien illustrée qui dit l'essentiel en quelques minutes :



http://www.rts.ch/emissions/court-du-jour/2030367-maroc-volubilis.html



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MessageSujet: VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR   VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR EmptySam 11 Oct - 8:59

page 6


Les pluies tombent en automne ( en octobre et début de novembre) où elles facilitent les labours, mais surtout à la fin de l’hiver et au début du printemps (février et mars) où elles sont ardemment souhaitées et attendues, car d'elles dépend la récolte. Sur les friches ou dans les chaumes paissent des troupeaux de vaches, de moutons, de chèvres qui procurent encore aujourd'hui aux habitants nourriture et vêtement.

Ce que nous ont laissé les hommes de ces âges lointains est, il est vrai, fort peu de chose : ce sont les restes de leur outillage consistant surtout en hachettes de pierre volcanique noirâtre, originaire du Rif semble-t-il, et qui leur servaient d'armes et d’outils pour cultiver la terre et débiter le bois, des galets ronds et une dalle plate pour affûter ces hachettes, des morceaux de silex utilisés comme grattoirs et dont, à une époque moderne, on a ingénieusement fait des pierres à briquet ou à fusil, enfin des fragments de poterie grossière.

A l’époque historique l’importance de Volubilis s’accrut. Sous les rois maures indépendants, successeurs de Bocchus, l’allié infidèle de Jugurtha et l’ami de Sylla, de simple village agricole il devint centre commercial : il se trouvait en effet à la limite des pays civilisés, en relations faciles avec Tanger et Lixus où s’étaient établis des marchands carthaginois, et peut-être même phéniciens, dès la fin du premier millénaire avant Jésus-Christ, et il dut s’y développer un marché fréquenté à la fois par les laboureurs des environs et les pasteurs plus ou moins nomades descendus de l’Atlas.

page 7

Une colonie de Carthaginois y élit même domicile, peut-être des émigrants fuyant la ruine de leur patrie détruite par Rome en 146 av. J.-C., soit tout simplement des agents avancés envoyés par les comptoirs de la côte. Toujours est-il que des inscriptions en néo¬punique (c'est l’écriture employée par les populations punicisées après la chute de Carthage) y attestent l’influence de la grande colonie tyrienne. De même le nom de Bostar, porté par un de ses principaux citoyens aux environs de l’ère chrétienne. Elle s’y marque aussi par l’existence de suffètes, nom que portaient les juges ou magistrats suprêmes à Carthage et dans ses colonies et qu’adoptèrent à son exemple plusieurs villes africaines.

Peut-être même Volubilis servit-il de capitale aux rois maures. Si son nom paraît dériver d’un mot berbère signifiant « laurier-rose », plante dont les buissons touffus colorent de larges bandes mauves les rives de l’oued, on l’a aussi ingénieusement rapproché de celui de Volux, le fils du roi Bocchus, qui alla chercher Sylla pour négocier la livraison de Jugurtha, et, si l’hypothèse de M, J. Carcopino est juste, il aurait été la résidence de Juba II quand il se rendait dans la partie occidentale de son royaume.


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MessageSujet: VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR   VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR EmptySam 11 Oct - 9:10




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Buste de Caton d'Utique.


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MessageSujet: VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR   VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR EmptySam 11 Oct - 9:17

page 8

Nous attribuerions alors à cette période les chapiteaux ioniques du palais situé sur la grande voie Nord-Est, qui ressemblent à ceux du Tombeau de la Chrétienne, à l'Est de Tipasa en Algérie, et les chapiteaux en grès grossier et de dessin assez fruste qui sont certainement antérieurs aux beaux chapiteaux corinthiens qu'a répandus partout l’art impérial romain. Ceci expliquerait aussi qu’aucune des monnaies frappées à cette époque par les villes avec des légendes néopuniques ne puisse être attribuée à Volubilis, à moins de l’identifier avec l’énigmatique Sémès, la présence d’un atelier de frappe royal excluant toute émission autonome de la ville.


L’annexion romaine. — Quoi qu’il en soit, pendant le long règne de Juba II (de 25 av. J.-C., à 23 ap. J.-C.) et celui de son fils Ptolémée (23-40 ap. J.-C.), l’influence romaine avait dû imprégner profondément Volubilis. On le vit bien lorsqu’éclata la révolte d’Aedemon, qui nous est connue par quelques lignes de Pline l’Ancien et par une inscription découverte par M. L. Châtelain en mai 1915. Lors de la suppression du dernier roi, cet Aedemon, qui était un de ses affranchis, provoqua un soulèvement contre Rome, soit pour venger son maître, soit dans l’espoir de se tailler quelque principauté en embrouillant le règlement de la succession.

page 9

Il gagna à sa cause les tribus restées indépendantes dans la montagne et dans le désert, et pour le réduire l’empereur Claude dut envoyer successivement ses meilleurs généraux dont Suetonius Paulinius, le futur conquérant de la Grande- Bretagne, et Hosidius Geta. Or les gens de Volubilis ne se contentèrent pas de refuser leur concours aux rebelles ; ils levèrent un corps de troupes auxiliaires dont ils confièrent le commandement à un de leurs concitoyens nommé M. Valerius Severus et dont l’action fut sérieuse, car il semble avoir subi quelques pertes, mais valut en revanche à la ville des avantages substantiels de la part de Rome reconnaissante. Sans doute les gens de Volubilis, sédentaires et déjà profondément civilisés, jugèrent-ils qu’ils n’avaient rien à gagner à faire cause commune avec des sauvages pillards, et préférèrent-ils la protection de Rome qui leur assurait la paix et l’aisance. Les villes nord-africaines, six siècles plus tard, ne devaient pas raisonner autrement quand elles préférèrent la soumission aux conquérants arabes à une alliance inquiétante avec les berbères nomades de la Kahena. L’insurrection réprimée, Volubilis obtint de l’empereur Claude, grâce à l’habileté de son ambassadeur M. Valerius Severus, une série d’avantages que rappelle l’inscription gravée sur la base de la statue que lui élevèrent après sa mort ses concitoyens et dont sa veuve, Fabia Birra, tint à honneur d’assumer la dépense.


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MessageSujet: VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR   VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR EmptySam 11 Oct - 9:23


VOLUBILIS


Buste de JUBBA II

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MessageSujet: VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR   VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR EmptySam 11 Oct - 9:29

page 10

C’était d’abord la constitution de la ville en municipe doté du droit de cité romaine complet, avantage envié que ne valaient en général à ses bénéficiaires qu’une longue fidélité et une latinisation complète. Aux Volubilitains l'Etat romain abandonnait gracieusement les biens de leurs concitoyens morts à la guerre et restés sans héritiers, biens qui auraient dû légalement lui revenir. Il accordait le droit de contracter légalement mariage avec des femmes non citoyennes — sans doute des indigènes non naturalisées — ce qui donnait aussi le droit de cité complet aux enfants nés de ces unions qui auraient dû suivre la condition de leur mère et rester pérégrins. Au municipe l’empereur accordait encore des incolae, des habitants, c’est-à-dire des groupements indigènes placés désormais sous sa dépendance, ce qui accroissait son importance politique et sociale et surtout son territoire et ses revenus, enfin une immunité de dix ans, c’est-à-dire une remise d’impôts pendant ce laps de temps, sans doute pour lui permettre de relever les ruines dues à la guerre — comme on en accordait d’habitude aux cités victimes de quelque cataclysme.


page 11

Pour remercier l’empereur Claude de sa générosité, les Volubilitains lui élevèrent une statue dont la dédicace nous a été conservée, contresignée par le gouverneur de la province, M. Fadius Celer.

C’est qu’en effet Volubilis semble bien avoir été la capitale de la province de Maurétanie occidentale ou Tingitane. Nulle part au Maroc on n’a retrouvé autant de monuments et d’inscriptions officiels. Sans doute à Tanger est-il impossible de fouiller, car la ville moderne est juste au-dessus de la ville antique ; mais les inscriptions que le hasard nous a conservées ne mentionnent, outre l’empereur Claude, bienfaiteur de la ville, que Dioclétien et Maximien (285-305 ap.
J.-C.).

LE VOLUBILIS ROMAIN. — Volubilis, capitale probable de la province romaine, dut vivre une existence paisible et heureuse : ni guerres, ni tremblements de terre, ni incendies, ni autres calamités ne donnèrent aux historiens anciens l’occasion de citer son nom. Nous savons seulement par les fouilles qu’il se développa et se couvrit de monuments. C’est surtout sous la dynastie africaine des Sévères qu’il s’embellit. Sous Caracalla (211-217) on construisit l’Arc de Triomphe et probablement la basilique ; Macrin dédia le Capitole.


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MessageSujet: VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR   VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR EmptySam 11 Oct - 9:36

page 12

. Plus tard, sous Gordien III (238-244), le procurateur faisait rebâtir le somptueux palais où il résidait. Sous Probus (276-282) c’est à Volubilis que le procurateur renouvelle les traités d’alliance avec la puissante tribu des Baquates qui nomadisait de Meknès à Oran. Mais à la fin du III° siècle, tandis que les empereurs devaient batailler sur le Rhin, sur le Danube et en Orient, les barbares du Rif et de l’Atlas mal soumis se révoltèrent et s’emparèrent définitivement du Maroc oriental. Il est vraisemblable que le gouverneur se replia alors sur Tanger avec ses services. Volubilis vit en même temps se tarir le commerce qui, autant que l’agriculture, avait fait sa prospérité quand les temps étaient paisibles et favorables aux échanges pacifiques et que les relations étaient faciles avec l’Orient industrieux. Il tomba au rang de simple forteresse frontière.

Mais la vie romaine y persistait. Les monnaies frappées par les empereurs du IV° siècle y parvenaient toujours, signe qu'il participait à la vie économique générale du monde romain. Nous possédons trois épitaphes, dont la dernière, datée de 655 ap. J.-C., est contemporaine donc des successeurs de Dagobert, rédigées en latin et qui reproduisent les mêmes formules que les épitaphes chrétiennes de Tlemcen et de Lamoricière : les relations subsistaient donc avec le reste de l’Afrique latine.

page 13

Il vécut en somme pendant deux siècles la vie que menèrent quelques années seulement après avoir été séparées de l’Empire les cités romaines de Grande-Bretagne avant l’invasion des Angles et des Saxons, et celles de la Gaule du Nord avant celle des Francs.

Nous n'avons aucune preuve, sauf quelques maisons détruites, que les Vandales y passèrent. De même les quelques monnaies byzantines qui furent trouvées dans les fouilles ne prouvent pas que la reconquête de Justinien s’étendit de Tanger et de Ceuta jusque là.

VOLUBILIS APRÈS LA DOMINATION ROMAINE. — Il est probable que Volubilis se trouva sur la route d’Oqba ben Nafi et qu’il y introduisit l’Islam, mais c’est là aussi, si l'on en croit El Bekri (X° siècle) et Ibn Khaldoum (XV° siècle), que se réfugièrent aussi les Aureba (habitants chrétiens et plus ou moins latinisés de l’Aurès occidental) en fuite devant l’invasion arabe, et que vint s’établir en 788 Idris, descendant d’Ali, neveu de Mahomet, proscrit par les Abbassides de Bagdad. Mais lorsque son fils Idris II eut décidé de construire pour la nouvelle dynastie ainsi fondée une capitale qui lui fût propre, il se transporta à Fès, où devait déjà exister d’ailleurs une agglomération latine, et emmena avec lui la plupart des Volubilitains.


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MessageSujet: Re: VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR   VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR EmptySam 11 Oct - 9:40



VOLUBILIS


VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR Baasca24


L'arc de triomphe de Caracalla


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MessageSujet: VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR   VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR EmptySam 11 Oct - 9:46

page 14

Volubilis, que l’on connaît dès lors sous le nom de Oulili, est décidément abandonné; là se fixent pourtant au début du X° siècle les Rahedis espagnols — ces gens des faubourgs de Cordoue expulsés en 878 par El Hakem, le troisième émir ommeyade de Cordoue.

Léon l’Africain, au XVI° siècle, décrit ses ruines sous le nom de Ksar Pharaoun, car le Pharaon, adversaire de Moïse, est le monarque païen auquel les musulmans attribuent souvent les monuments antérieurs à l’Islam — mais ne paraît pas y être venu lui-même, car il les confond avec Moulay-Idris.

Au XVIII" siècle, le sultan Moulay Ismaïl les exploita pour bâtir son palais de Meknès, et son exemple dut être suivi par les particuliers. Elles ne seront plus visitées que par de rares voyageurs comme l’Anglais John Windus en 1721, le baron autrichien Ferdinand von Augustin en 1830, surtout les Français Charles Tissot en 1874 et La Martinière en 1889 et 1891. C’est le maréchal Lyautey qui, en 1915, décida d’y commencer des fouilles systématiques que, depuis cette date, continue le Service des Antiquités, suivant un rythme qui ne dépend que des crédits.


page 15


VOLUBILIS MUNICIPE ROMAIN


Il est malheureusement impossible de suivre à Volubilis l'évolution des institutions municipales depuis l’annexion en 40 ap. J.-C. jusqu’à la disparition de l’Empire en Occident à la fin du V° siècle. Nul doute qu’elles n’aient été très différentes à ce moment de ce qu’elles avaient été à leur début, probablement sclérosées comme ailleurs devant la centralisation croissante.

Les monuments, les inscriptions, les monnaies ne nous les font connaître qu’à la belle époque de l’Empire, de la fin du I° siècle au milieu du III°, surtout de l’avènement de l’Africain Septime Sévère (193 ap. J.-C.) à la mort de Dèce (251), période qui paraît avoir été l’apogée de l’Afrique romaine.
Nous ne savons pas jusqu’où s’étendait le territoire de Volubilis : sans doute jusqu’à Silda ou Gilda (Sidi Slimane), à Aquae Dacicae (au Nord du Tselfat) et Tocolosida (6 km. au Sud de Volubilis), ce qui fait une belle superficie. La ville elle-même était entourée d’une enceinte de 2 km. 600 qui enserrait une surface de 40 hectares, non pas tout entière bâtie il est vrai, mais il y avait aussi des faubourgs extra muros.



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MessageSujet: VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR   VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR EmptyLun 13 Oct - 17:41

page 16

La population pouvait s'élever à 10 ou 12.000 âmes. Le fonds en était formé par des Africains romanisés, la plupart portant les trois noms, marques de la cité romaine, et qu’il nous est impossible de distinguer des Latins de naissance. De Rome même ou d'Italie devaient seuls venir le personnel des bureaux du gouverneur, au moins les chefs, des commerçants, des agents d’affaires. Il s’y ajoutait des anciens soldats de toute origine qui s’y fixaient après leur congé, des provinciaux venus des provinces voisines, des commerçants orientaux plus ou moins hellénisés, des Juifs enfin dont nous ignorons totalement la date, même approximative, d’arrivée. Tout ce monde devait parler latin sauf quelques Orientaux : aucune parmi les rares inscriptions en libyque ancien trouvées au Maroc ne provient de Volubilis.

Le municipe était administré par des magistrats élus : les deux duumviri jure dicundo qui présidaient le sénat local, rendaient la justice et dirigeaient l’administration. Au-dessous d’eux, deux édiles surveillaient les travaux publics, le ravitaillement, la police. A la différence des villes d’Italie, d’Espagne, de Gaule, il ne s’est point rencontré de questeur, magistrat préposé spécialement à la gestion des finances publiques. Les magistrats sortis de charge et aussi tous les futurs magistrats constituaient le conseil des décurions qui prenait le nom de senatus comme à Rome, ou d’ordo et devait compter une centaine de membres.

page 17

L’ordo figure comme représentant la cité sur la plupart des inscriptions officielles. Le peuple au contraire est passé sous silence ; pourtant nous savons que son activité resta très vivace en Afrique et en Espagne, et que le corps des citoyens y était fort agité au moment des élections.

La population vivait surtout de l’agriculture ; on ne trouve pas trace d’industrie importante comme les forges et la céramique des villes gauloises, les mines d’Espagne, la poterie de luxe de Campanie, les verreries de Syrie ou d'Egypte. La source sulfureuse de Moulay-Idris, qui avait été captée à l’époque romaine dans un bassin circulaire à degrés, n’a pas donné naissance non plus à un vaste établissement thermal comme on en trouve en Espagne ou en Gaule. Par contre, dans la campagne environnante, nombreuses sont les maisons isolées qui ne peuvent avoir été que des exploitations agricoles; construites en bonne pierre de taille, elles n’étaient pas seulement le séjour temporaire d’ouvriers agricoles saisonniers ou d’esclaves, mais certainement l’habitat permanent de paysans sédentaires aisés.

Elle vivait aussi du commerce, car nombreuses sont les boutiques dégagées par les fouilles.






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MessageSujet: VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR   VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR EmptyLun 13 Oct - 17:44



VOLUBILIS


VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR Guide_17

Statuette de vieil artisan.


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MessageSujet: VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR   VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR EmptyMar 14 Oct - 9:40

page 18

Qu’y vendait-on ? Sans doute, avec des denrées alimentaires, les produits de l'artisanat local : étoffes de laine, poteries grossières, mais aussi tous les articles fabriqués par les grands pays exportateurs : poteries, tissus et vins de luxe, bijoux, parfums, œuvres d’art, livres peut-être, venus de tout le bassin méditerranéen et débarqués surtout à Tanger d’où on les acheminait à Volubilis par charroi et bêtes de somme. Volubilis jouait donc le rôle que jouent à l’heure actuelle les souks de Fès ou de Meknès qui reçoivent de Casablanca tous les produits de l’industrie européenne ou américaine, qu’ils détaillent ensuite non seulement aux populations environnantes mais aussi aux montagnards et aux lointains habitants des oasis qu’ils maintiennent ainsi en relation avec le monde civilisé.

La vie intellectuelle et morale nous échappe davantage. Si l’on en juge par l’extérieur, la romanisation s’était opérée à fond dans le domaine des croyances, car nous ne trouvons aucune trace des divinités indigènes comme c'est le cas en Gaule, en Espagne, en Afrique proconsulaire, en Numidie et même en Maurétanie césarienne. On ne les y découvre même pas déguisées sous un nom et des attributs latins comme le Baal-Saturne ou la Tanit-Juno-Caelestis d’Afrique, ou le Teutatès-Mercure de Gaule.


page 19


Les seuls dieux auxquels le peuple de Volubilis ait adressé ses prières sont ceux du Panthéon gréco-romain : Jupiter, Junon, Minerve (la triade adorée au Capitole de Rome), Mercure, Vénus et le héros Hercule (dont certaines aventures étaient localisées en Tingitane, comme la lutte avec Antée et le rapt des pommes d’or des Hespérides). Il s’y joignit quelques divinités exotiques comme Isis originaire d’Egypte, Cybèle et Attis d’Asie Mineure, enfin Mithra de Perse, adoré par le centurion commandant un détachement de soldats venus de Grande- Bretagne (inscription devant le musée).
Les mystères de Dionysos, si on en juge par les statues de Bacchus et de Silène et les mosaïques, devaient aussi rassembler un certain nombre de fidèles. A quoi est donc due cette absence de dieux nationaux, dans nos documents tout au moins ? Est-ce à la pauvreté de leurs adorateurs, incapables d’élever de coûteux monuments en pierre ? C’est peu probable car, ici comme ailleurs, les autochtones se sont enrichis. Ou à ce que leur conception du divin, encore rudimentaire, s’est effacée devant un anthropomorphisme qui leur a paru supérieur, devant une mythologie dont les fables les ravissaient ? C’est plus probable. Une dédicace aux « nymphes et au génie des lieux » laisse supposer un culte des sources, qu’on rencontre chez tous les primitifs et qui subsiste encore chez certaines populations berbères.



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Mais surtout chaque famille adorait les dieux protecteurs de son foyer : dans presque toutes les maisons s’élevait un autel de pierre, rectangulaire ou cylindrique, haut ou bas, orné ou non, sur lequel le père de famille faisait chaque jour brûler un peu d’encens en l’honneur des Lares. Le municipe lui-même témoignait son loyalisme en adorant la déesse Rome et le « génie » protecteur de l’empereur. Un flamine pour les hommes, une flaminique pour les femmes, choisis parmi les grandes familles, présidaient à ce culte dont les manifestations constituaient une sorte de fête nationale. Les petites gens célébraient des cérémonies du même genre au sein d’associations semblables à celles du reste de l’Empire, et leurs dignitaires, souvent des affranchis, formant un comité de six membres, étaient très fiers de rappeler leur titre de sévir Augustalis,

Enfin le christianisme fit son apparition à Volubilis, amené sans doute par des missionnaires venus de Tanger. Nous n’en avons que de faibles traces, mais il a certainement existé une communauté chrétienne qui était toujours vivace à la fin du VIII° siècle lors de l’arrivée d’Idris, et dont le lieu de réunion devait se trouver dans le quartier bas non encore fouillé.


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On voit donc que ce municipe, malgré tout modeste, qui était en tout cas bien loin d’égaler les centres grandioses de Timgad, Tipasa et Cherchel, Italica et Hispalis (Séville), pour ne parler que des provinces voisines, vécut intensément pendant plus de six siècles sa vie romaine dans le sein du grand empire. Même il eut la chance, autant que nous pouvons en juger, de rester longtemps à l’écart des guerres civiles et des invasions barbares. Il nous reste maintenant à parcourir les vestiges matériels qui s’en offrent encore à nos yeux.


VISITE DES RUINES



LE REMPART. — L’enceinte de Volubilis, que traverse tout d’abord le visiteur, est l’œuvre de l’empereur Marc-Aurèle (161-180 ap. J.-C.) si on en croit l’inscription de la porte Nord-Est et la trouvaille d’une monnaie de Faustine la jeune, femme de cet empereur, dans la maçonnerie d’une tour. Tandis qu’il lui fallait guerroyer sur le Danube et réprimer la révolte d’Avidius Gassius en Syrie, les tribus du Rif, qui n’avaient jamais été entièrement soumises mais seulement encerclées et contenues, car leurs montagnes ne valaient pas la dépense d’une conquête et d’une occupation permanente, en avaient profité pour passer l’eau et se livrer à des incursions dans la province espagnole voisine de Bétique.


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VOLUBILIS

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Sens de la visite (itinéraire proposé par R. THOUVENOT).

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Peut-être avaient-elles aussi menacé la Maurétanie, et c’est ce qui aurait forcé Volubilis à s'entourer d'une muraille.

Elle est de forme irrégulière, car elle entourait une ville déjà existante à laquelle elle dut s’adapter. Elle fut bâtie vite, car elle est constituée de matériaux communs : un noyau de blocage grossier entre deux revêtements de moellons taillés et alignés en files horizontales.
Tous les 40 m. à peu près une tour en demi-cercle outrepassé fait saillie et permet de battre la courtine. Six portes à une, deux ou trois baies en arc (plus une petite poterne) assurent la communication entre ville et campagne. Elles sont pourvues de parements en gros blocs bien taillés, parfois ornées vers l’extérieur de demi-colonnes ; les crapaudi nes des gonds sont surélevées pour former chasse-roues. Elles sont encadrées chacune par deux tours et se prolongeaient à l’intérieur par un passage voûté ou une chambre de garde dont il ne reste pas grand’chose. Le mur, étant donné son épaisseur de 1 m. 60, ne devait pas monter à plus de 8 m. de hauteur, ce qui est peu mais suffisant pour déjouer les tentatives d’escalade de pillards qui n’étaient sans doute pas munis d’échelles.


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Cette enceinte, qui n’entourait d’abord que l’éperon Ouest et le quartier Nord-Est, fut agrandie par la suite pour englober aussi toute la rive gauche du petit oued, sans doute par suite d’une extension de la ville. Pour franchir la vallée, l’architecte l’appuya sur de petits ponceaux formés d’ouvertures étroites, mais largement ébrasées à l’extérieur et à l’intérieur, ce qui empêchait un homme de s’y glisser mais assurait le passage des eaux au moment des grandes pluies.

Cette enceinte, très différente de celles de Gaule et de l’Espagne du Nord plus massives, s’apparente, par contre, à celles d’Italica et Carteia dans l’Espagne du Sud et de Tipasa en Maurétanie césarienne, comme elle construites en moellons noyés dans un mortier très dur avec un revêtement en petit appareil, pour résister sans doute aux mêmes ennemis.


LA VILLE. — La visite de la ville elle-même commence par l’éperon méridional, celui sur lequel s’établit la population primitive, car les maisons y sont petites, mal construites, mal alignées. Elle débute par une huilerie où, malgré la disparition de l’outillage, on suit encore la marche de la fabrication. On mettait d’abord les olives sur la dalle plate, où un cylindre de pierre mené à la main en va-et-vient brisait la pulpe. La purée ainsi obtenue était chargée dans des paniers plats, en jonc ou en osier, qu'on empilait sur l'aire voisine.


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Leur sommet formait le point d’application d’un long levier en bois dont l’extrémité du petit bras était prise entre quatre montants verticaux dont on voit encore les trous d’encastrement, et maintenue par des chevilles à la hauteur voulue. L’extrémité du grand bras était fixée à un cabestan solidement retenu à la hauteur du sol par un lourd contrepoids de pierre. Un jeu de poulies complétait l'installation. Dès que la pression s’exerçait, l’huile commençait à dégoutter des paniers et se rassemblait dans la rigole d’où elle était conduite dans deux réservoirs à parois tapissées de fin mortier, récipient double correspondant sans doute à deux qualités d’huile. Un tube de métal à la base de chaque réservoir permettait de soutirer le liquide dans des amphores dont on a trouvé l’une encore en place sous le bec du tube (elle est actuellement au musée) . Peut-être la pièce en contrebas servait-elle de boutique pour la vente au détail autant que de magasin. Entre la presse et le mur il y a place pour un petit escalier de bois permettant de circuler facilement d’un étage à l’autre. Devant l’aire, une cour, munie d’un hangar dont le toit était soutenu par un pilier, permettait d’amasser une provision d’olives suffisante.

Telle est l’installation qui se répète avec quelques variantes à Volubilis en une cinquantaine d’exemplaires. Le reste des pièces de la maison était réservé à l’habitation. La base des murs est en maçonnerie, la partie supérieure en pisé, peut-être de la dernière époque de Volubilis.


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Sur cet éperon qu'ils trouvèrent déjà occupé, les architectes romains ne purent établir leur réseau de rues en damier. Ils se bornèrent à percer deux grandes voies à peu près parallèles sur les bords du plateau et à les unir par des transversales alignées tant bien que mal, souvent coudées par la nécessité de respecter des bâtisses importantes, tandis que des venelles descendaient sur la pente.

Le pavage témoigne d’une époque de pauvreté et de décadence : dalles irrégulières d'origine hétéroclite, où on reconnaît même des restes de meules de moulins et où on distingue par endroits l'usure due aux roues des chars. A droite et à gauche existent des restes de boutiques et de pressoirs. Sur la gauche, des chapiteaux aux éléments classiques : oves, canthares, dauphins, mais à l’exécution barbare, proviennent de quelque édifice important et ont dû servir de matériaux de remploi à la dernière époque de la ville. Sur la droite, des amorces d'escaliers extérieurs en pierre prouvent l'existence d'un étage.


Dernière édition par Paul Casimir le Mer 15 Oct - 6:29, édité 1 fois
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Plan de la maison à l'Ephèbe.


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La Maison a la Mosaïque d'Orphée. — Elle fait exception dans ce quartier, car elle occupe à elle seule presque tout un îlot. On y entre par une grande porte aux montants ornés de pilastres et comprenant deux baies, l'une plus grande pour les litières, l'autre étroite pour les piétons. On passe du vestibule dont la gauche était occupée par la loge du portier, dans un petit atrium clos sur trois faces. Le fond en est occupé par un bassin carré; aux angles, des amphores enterrées recueillaient les poissons quand on le vidait pour le nettoyer. Par devant, une mosaïque en noir sur blanc représente un dieu debout sur un hippocampe, tandis que semblent lui faire cortège des animaux marins de toute sorte : poissons, coquillages, cétacés. La grande pièce qui occupe la partie méridionale est le tablinum, là où le maître de maison se tenait de préférence pour recevoir ses clients, d’affaires ou politiques. Elle est pavée d’une mosaïque dont le sujet central représente Orphée jouant de la lyre au milieu de tous les animaux. Le sujet était connu dans tout le monde romain : on le retrouve en Gaule, en Afrique et au Maroc même à Tanger. Notre mosaïste, pour le principal personnage, a reproduit un modèle de bonne qualité, mais il a copié les animaux tels quels d’après un cahier de modèles, sans se soucier de les mettre à l’échelle ou de les adapter à son sujet.

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Les arbres élégamment stylisés qui délimitent les compartiments sont la partie la mieux réussie. Deux sujets accessoires complétaient la décoration figurée ; le seul survivant représente des Amours dirigeant des attelages de monstres marins. Dans les écoinçons, des oiseaux, perdrix et canards, encadrent des paniers remplis de fleurs et de fruits : peut-être faut-il y chercher une signification religieuse.

Du tablinum, le maître de cette maison pouvait passer directement dans son huilerie : c’était une grosse affaire, car elle comprenait un double pressoir dont l’huile coulait dans trois citernes. Les olives étaient broyées non sur une dalle mais dans deux vasques circulaires où les cylindres tournaient autour d’un axe vertical. Le contrepoids d'un des pressoirs est encore en place, enfoncé dans le sol. Une deuxième porte menait du tablinum aux appartements privés. C’étaient d’abord trois salles au sous-sol chauffé, puis un salon d’été s'ouvrant en face de quatre fontaines et deux chambres à mosaïques, la seconde étant une chambre à coucher, comme l’indique la mosaïque du fond dont le dessin, beaucoup plus simple, était destiné à être caché par le lit.

Un escalier assez raide monte à une cour (ou un jardin) entourée d’une galerie autrefois à colonnes et sur laquelle ouvre une chambrette pavée d’une mosaïque représentant de grosses campanules stylisées.


________

Note hors-texte : on pourra voir les photos du plan et de trois des mosaïques principales de la Maison d'Orphée dans le sujet "Mosaïques de VOLUBILIS", rubrique " A LA DECOUVERTE DE VOLUBILIS, en page 2 du site : mosaïque de l'atrium, mosaïque des dauphins et mosaïque du tablinum.



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MessageSujet: VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR   VOLUBILIS : LE GUIDE DU VISITEUR EmptyMer 15 Oct - 6:36

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Le côté septentrional de la maison est occupé par des pièces d’habitation dont l’une est un triclinium ou salle à manger, pavé de mosaïque, Les lits sur lesquels s’étendaient les convives étaient rangés le long des murs, la partie centrale laissée libre pour le service avait reçu une décoration plus compliquée : des dauphins jouant dans les flots. On notera que la mosaïque du pourtour est singulièrement proche, pour le dessin et les tons, des tapis zaïans actuels. La dernière pièce avant la sortie est la cuisine ; on reconnaît l’emplacement du foyer, la niche des dieux lares, le réservoir d’eau et le tuyau d’évier qui évacuait les eaux sales dans les latrines, d’où elles filaient à l’égout de la rue.

Cette maison est aussi pourvue d’une installation de bains avec son entrée spéciale. Sur une salle centrale ouvrent deux piscines froides, le fond incliné vers la bouche de vidange pour faciliter le nettoyage ; en face l’étuve sèche tiède d’où l’on passait dans l’étuve chaude et enfin dans le bain de vapeur où l'air était maintenu au degré de chaleur et d'humidité convenable par deux réservoirs d’eau installés sur deux foyers. C’était le même air chaud qui circulait dans tous les locaux, dans les sous-sols et dans des tuyaux de terre cuite insérés dans les murs, l’étuve tiède étant naturellement celle où il était à bout de course avant d'être évacué dans la cheminée dont nous n’avons plus malheureusement aucun vestige.

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Une dernière petite salle après le bain de vapeur permettait les soins accessoires : massage, épilage, séchage, et ménageait la transition avec l’air extérieur. Cette installation considérable ne devait pas servir uniquement au propriétaire et à sa famille mais aussi à ses amis et peut-être aux membres de quelque association religieuse ou professionnelle dont il faisait partie.

On notera que cette demeure a dû se constituer par la réunion de plusieurs maisons, comme le prouvent la diversité des niveaux, la disposition des gros murs et des portes; elle serait la preuve de l’enrichissement d’une famille de fabricants d’huile, probablement d’origine indigène.

Dans la même rue s’ouvre la porte de service des thermes publics dits de Gallien (à cause d’une dédicace à cet empereur qui y a été retrouvée en réemploi). Ils sont établis sur le même plan que les thermes privés mais à une plus grande échelle. De la rue qui les domine on reconnaît d’abord les locaux de service, les deux foyers qui supportaient des chaudières de bronze, l’escalier qui permettait aux employés de surveiller la chauffe, les fonds des réservoirs d'eau chaude dans l'étuve humide.



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