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Mémoire de la présence Française au Maroc à l'époque du Protectorat
 
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 Le jardin et la maison arabes au Maroc de Jean Gallotti

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Paul CASIMIR





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MessageSujet: LE JARDIN ET LA MAISON ARABES AU MAROC - Jean GALLOTTI - 1926   Le jardin et la maison arabes au Maroc de Jean Gallotti - Page 4 EmptyJeu 20 Mar - 10:11

page 76, page blanche,
page 77

CHAPITRE   VII



LE   BOIS


Les Marocains ont fait, à la belle époque de leur art, un grand usage du bois.
La nature leur en offrait les moyens. Pour l'Afrique du Nord, en effet, le Maroc est un pays de forêts. Les hautes montagnes de l'Atlas et beaucoup des vallées encaissées, creusées par les oueds dans la plaine, en sont encore cou­vertes en partie.
L'architecture s'en est ressentie, mais la décoration en a profité plus encore. Une mosaïque et une sculp­ture spéciales ont dû leur épanouis­sement à ce présent du sol.

Le jardin et la maison arabes au Maroc de Jean Gallotti - Page 4 Cscan_99  Le jardin et la maison arabes au Maroc de Jean Gallotti - Page 4 Cscan100

Le jardin et la maison arabes au Maroc de Jean Gallotti - Page 4 Cscan101 Le jardin et la maison arabes au Maroc de Jean Gallotti - Page 4 Cscan102
La matière était faite pour tenter l'artisan. Deux essences précieuses, le cèdre et l'arar (1). croissant abondamment


_____

(1) Le cèdre est surtout employé dans les régions de Fez et de Meknès, et l'arar ou thuya dans la région de Rabat. Ces deux essences ont l'avantage d'être à la fois odori­férantes et imputrescibles. On trouve, au sommet de la Koutoubia (fin du XIIe siècle), à Marrakech, des poutres de cèdre exposées à la pluie et qui sont presque intactes. L'arar, plus dur et plus cassant, résiste mieux encore à l'humidité, mais l'excès de résine qu'il contient le rend impropre aux boiseries décorées au pinceau, car la peinture s'y écaille.

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MessageSujet: LE JARDIN ET LA MAISON ARABES AU MAROC - Jean GALLOTTI - 1926   Le jardin et la maison arabes au Maroc de Jean Gallotti - Page 4 EmptyJeu 20 Mar - 10:16

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s'adres­saient à ses instincts les plus intimes, pour l'inviter au tra­vail. Le cèdre sur­tout, docile à l'outil et délicieusement parfumé, plaît à sa nature voluptueuse et ennemie de l'ef­fort . L'arar, plus dur, plus malaisé, est d'une couleur exquise, d'un brun rosé comme la chair rougissante d'une jeune mulâtresse. Son odeur est si fine, si fraîche, qu'on en fait des gobelets où l'eau pure prend comme l'arôme d'une invisible liqueur.

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La qualité de ces bois suffit à relever la condition du charpen­tier qui, rien qu'à les toucher, sent un désir d'art s'éveiller en lui. Dressés ou couchés en madriers irréguliers, parmi quelques troncs de lentisque ou de citronnier, près de la théière bourrée de menthe ou de la cruche d'argile, ils éloignent des ateliers musul­mans cette vulgarité que les planches de sapin, côtoyant le litre de vin rouge et le tabac caporal, donnent à ceux de chez nous. Dans une ville marocaine, c'est l'odorat qui vous guide vers le quartier des menuisiers.



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MessageSujet: LE JARDIN ET LA MAISON ARABES AU MAROC - Jean GALLOTTI - 1926   Le jardin et la maison arabes au Maroc de Jean Gallotti - Page 4 EmptyVen 21 Mar - 8:34

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Et, dans ces étroites échoppes, les solives sont comme des ra­meaux, les copeaux qui s'envolent à la course du rabot font penser à des pétales.

Je demande donc au lecteur de se pla­cer par la pensée dans cette atmo­sphère aimable, si différente de celle qu'on respire dans nos scieries et nos fabriques, pour lire avec moins d'ennui les pages qui vont suivre.
Ces arts du bois sont si particuliers par les détails de leur exécution, ils sont, en outre, si menacés par l'introduction des procédés modernes, que je ne puis me défendre de les décrire avec quelque précision, avant que la pratique en ait été perdue.
J'adopterai pour cela l'ordre que nous indique la composition même de la maison, en étudiant successivement : les plafonds ; les boiseries intérieures ; les linteaux et les revêtements ; les auvents et les balustrades; les portes et les fenêtres.

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LES   PLAFONDS
Les Marocains ont plusieurs vocables pour désigner les diffé­rentes formes de plafonds, tels que : le bissât, la berchla, la jefna, la



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MessageSujet: LE JARDIN ET LA MAISON ARABES AU MAROC - Jean GALLOTTI - 1926   Le jardin et la maison arabes au Maroc de Jean Gallotti - Page 4 EmptyVen 21 Mar - 8:52

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coubba. Mais on ne peut s'en tenir à cette classification. Elle présenterait l'inconvénient de réunir, dans un même groupe, des plafonds à poutrelles apparentes, équarries et assemblées et d'autres faits d'une ossature grossière revêtue de panneaux décoratifs, c'est-à-dire des ouvrages d'un intérêt technique très différent.

J'étudierai donc séparément ces deux genres et reviendrai, à propos de chacun, sur les noms indigènes, que je pourrai ainsi plus facilement expliquer.

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LES PLAFONDS A CHARPENTE APPARENTE. — Ce sont ceux qui se rapprochent le plus des anciens chefs-d'œuvre de nos maîtres charpentiers, bien qu'ils portent encore la marque du génie musulman : amour de l'effet, prédominant le souci de la solidité, le goût du fini et la virtuosité purement manuelle.

Ils constituent, à proprement parler, la charpenterie d'art. Elle était la même en Andalousie qu'au Maroc, et elle avait si vivement impressionné les Espagnols qu'un auteur, du début du XVII° siècle, en a recueilli et exposé les principes, après le ban­nissement des derniers morisques, dans un livre qui est peut-être le seul ancien traité technique relatif à une industrie musul­mane que l'on possède en occident (1).
Ces plafonds se présentent le plus souvent sous l'aspect d'un simple plan horizontal, ce sont alors des bissât (2).


_____


(1) Compendio del Arte di Carpenteria par Diego Lopes de Arenas. Séville, 1632.

(2) Le plafond horizontal est d'une exécution fort simple. Elle consiste à poser, d'un mur à l'autre, tous les 20 cm. environ, des poutrelles (gaïsa) qu'on recouvre ensuite d'un plancher de légères voliges (ouerqa). Parfois aussi, des poutres maî­tresses soutiennent les solives longitudinales.
Le plafond est complété à l'intérieur de la salle par une baguette (tekfif), qui court le long du mur sous les poutrelles et, souvent aussi, par une frise de bois (izar) fig. 23.
Dans la berchla, les solives, exactement de même grosseur et présentant le même écartement que dans les plafonds horizontaux, sont disposées en chevrons et réunies, environ aux deux tiers de leur longueur, par une poutrelle horizontale for­mant entrait. Celle-ci (hammar) et la partie inférieure des chevrons (guelmouz) sont ensuite recouvertes extérieurement d'un voligeage jointif qui fait office de pannes, en sorte que, vu d'en bas, le plafond présente un peu la forme de l'intérieur d'une carène.

L'habitude étant de disposer les chevrons à angle droit, l'augmentation de la portée obtenue par ce système est égale à la différence de longueur entre le grand côté et chacun des petits côtés d'un triangle rectangle isocèle.
Quand la berchla est de petites dimensions, la couverture extérieure peut être une terrasse, mais, dans le cas contraire, il est nécessaire de faire un toit (fig. 24 et 25).
(Pour la forme de celui-ci voir planche 7, et remarquer la disposition des rangs de tuile correspondant à celle des poutrelles de la berchla.)

Mais, une difficulté se présente pour couvrir les deux extrémités des pièces, généralement allongées, au-dessus desquelles sont posées les berchla. Parfois, et notamment dans les mosquées, les extrémités de la nef se terminent sur un simple pignon. C'est là une solution inélégante, rare dans les habitations. Le plus sou­vent la charpente conserve, au-dessus des petits côtés de la salle, la même incli­naison qu'au-dessus des grands côtés.


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MessageSujet: LE JARDIN ET LA MAISON ARABES AU MAROC - Jean GALLOTTI - 1926   Le jardin et la maison arabes au Maroc de Jean Gallotti - Page 4 EmptyVen 21 Mar - 9:02

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Quant à la berchla, c'est, en son principe, un expédient pour augmenter la largeur des pièces sans augmenter la longueur des bois. Au lieu de jeter des solives, une à une, d'un mur à l'autre, on les dispose par paires se raccordant  bout à bout en forme d'A , et on les relie par des entraits.


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Pratiquement, la charpente est alors réalisée comme l'indique la figure 24, qui donne le profil d'une des petites fermes posée sur une sablière reposant elle-même sur le mur.

Souvent la partie horizontale formée par la suite  des entraits est recouverte de panneaux comme ceux que j'étudie plus loin.



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MessageSujet: LE JARDIN ET LA MAISON ARABES AU MAROC - Jean GALLOTTI - 1926   Le jardin et la maison arabes au Maroc de Jean Gallotti - Page 4 EmptyVen 21 Mar - 9:11

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Le jardin et la maison arabes au Maroc de Jean Gallotti - Page 4 Cscan108

En regardant avec soin la planche 30, on comprendra l'ingéniosité avec laquelle les arti­sans raccordent les solives à l'intersection des plans inclinés, aux deux extrémités des salles. Cette disposition, dont le principe consiste à laisser, dans chaque trapèze, les poutrelles parallèles entre elles, au lieu de les faire con­verger vers le haut, est plus nettement encore mise en évidence dans la photographie d'un plafond octogonal formant coubba (pl. 31)

La première complication décorative, dans les charpentes appa­rentes, consiste à clouer, derrière les poutrelles, des voliges décou­pées, se détachant en relief sur un fond plat. Ce procédé, extrê­mement employé, est appelé par les Marocains Et-tla ou EL-masrouj.

Mais ce n'est là qu'un mode de décoration bien grossier auprès de la grande mosaïque de bois ou tebïa.

Elle consiste ici à poser sur les solives, ou à intercaler entre elles, des baguettes correspondant aux éléments de faïence des gros traits de zellijs du premier genre (voir chapitre V). A l'endroit où elles recoupent les solives, celles-ci reçoivent une entaille au ciseau, de façon à ce que la surface de l'ensemble reste sur un même plan. On obtient ainsi un entrelacs rectiligne. Dans les creux restant entre les traits, viennent s'insérer des ais à bords biseau­tés, ayant des formes d'éléments de testirs tels que la croix, le sceau de Salomon, le peigne, etc... Par endroit, les inter­valles sont laissés vides. On peut voir l'application de ce procédé en examinant la planche 31

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Telles sont les charpentes apparentes, dé­crites beaucoup trop sommairement. Je crains que ces quelques lignes n'en donnent pas une idée suffisamment brillante et que les photo­graphies mêmes soient impuissantes à le faire.



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MessageSujet: LE JARDIN ET LA MAISON ARABES AU MAROC - Jean GALLOTTI - 1926   Le jardin et la maison arabes au Maroc de Jean Gallotti - Page 4 EmptyVen 21 Mar - 9:21

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Tout compte fait, pourtant, elles constituent une des branches les plus remarquables de l'art marocain. Sans doute, si on les compare aux puissants ouvrages qui soutenaient les toits de nos anciens palais et de nos cathé­drales, paraissent-elles bien frêles.

Il n'y faut chercher ni la force ni la majesté. Mais ce sont des beautés tout autres qui font leur prix. Com­plétées par la grande mosaïque de bois et par l'enluminure, elles expriment, entre les meilleures solutions du problème de la couverture et les caprices de l'orne­mentation la plus recherchée, un accord, dont la perfection n'a peut-être jamais été dépassée.

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Au point de vue archéologique, leur valeur est plus grande encore. Et, sans doute, l'auteur du Compendio, que je citais plus haut, avait-il le pressentiment de leur disparition, quand il recueillait, auprès des élèves des derniers morisques, les secrets qu'il voulait confier à la garde de ses feuillets. Il ignorait que, de l'autre côté du détroit, pendant trois siècles encore, des arti­sans musulmans continueraient à pratiquer un art qu'il voyait mourir. Aujourd'hui, il nous est donné de retrouver ces arti­sans l'outil en main. Il faut espérer que le contact de nos méthodes leur sera moins funeste que le furent pour leurs ancêtres andalous les proscriptions de Philippe IL

LES PLAFONDS RAPPORTÉS. — Il n'est pas surprenant que les Marocains, pour qui l'œuvre d'art est, avant tout, un décor, un placage sans consistance, ajouté, pour lui donner un charme tout sensuel, à une fragile architecture, aiment à faire usage des pla­fonds rapportés.
Ici, les charpentes deviennent invisibles et sont faites de poutrelles



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MessageSujet: LE JARDIN ET LA MAISON ARABES AU MAROC - Jean GALLOTTI - 1926   Le jardin et la maison arabes au Maroc de Jean Gallotti - Page 4 EmptyVen 21 Mar - 9:28

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grossières ou de simples perches. Au-dessous s'étendront des panneaux de bois reposant, par les bords, sur les murs et sur les frises, et qui auront tout juste la résistance suffisante pour se soutenir eux-mêmes. Ils ne porteront rien. S'ils ne font qu'un seul plan horizontal, ils formeront un bissât (pl. 33); et s'ils sont, au contraire, disposés en plans successifs, passant du vertical, sur les côtés, à l'horizontal, au sommet, ils formeront une jefna ou auge (pl. 53 et fig. 72). Une jefna sur plan circulaire ou poly­gonal formera une coupole ou coubba (pl. 82 et fig. 73).

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Quant aux panneaux eux-mêmes, ils sont faits et ornementés de di­verses manières.
De ceux qui sont unis et simplement rabotés il y a peu de choses à dire.
Ce sont de simples sur­faces offertes aux pein­tres décorateurs, collaborateurs indispensables des charpentiers.

Le système dit : et-tla ou el-masrouj, dont j'ai parlé plus haut, est ici aussi très employé. Le plus souvent les planches découpées du plan infé­rieur déterminent des vides allongés terminés, à leurs extrémités, par des courbes ou des an­gles. Les planches du dessus couvrent ces vides.


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MessageSujet: LE JARDIN ET LA MAISON ARABES AU MAROC - Jean GALLOTTI - 1926   Le jardin et la maison arabes au Maroc de Jean Gallotti - Page 4 EmptyVen 21 Mar - 9:36

page 85

Et le plafond offre ainsi une surface moulurée, dont des teintes plates, de cou­leurs différentes, viennent accentuer les reliefs, à moins que chaque partie évidée ne fasse l'objet d'un motif peint isolé.
Souvent on ciselle légèrement la surface du panneau, de manière à indiquer un des­sin, qui sera peint ensuite et qui aura ainsi un certain relief (pl. 52).

La grande mosaïque de bois, enfin, per­met de réaliser des plafonds rapportés presque aussi somptueux que les beaux ouvrages de charpente apparente. N'ayant plus alors à s'intercaler parmi des solives, elle devient en tout point comparable à la mosaïque de faïence. Reproduisant les classiques testirs, elle se compose de plaques de bois, véritables zellijs, que l'on cloue sur un fond en planches. Le trait ou qatlb est, lui-même, figuré à l'échelle, au moyen de baguettes qui séparent les plaques (1).

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Elles sont généralement biseautées. Les sceaux de Salomon sont souvent creusés d'une rose sculptée, à huit pétales, inscrite au milieu des huit branches. Les baguettes des traits du testir portent en creux des filets ou khitaïn, comme en ont aussi les poutrelles des charpentes, mais plus nombreux et plus rappro­chés. Dans les très beaux ouvrages anciens, les plaques étaient en outre ciselées de fins entrelacs floraux.

Quel que soit le genre de plafonds employés, mais surtout avec la mosaïque de bois, on décore souvent les parties horizon­tales, d'une chechiat-el-mqarbés, ou alvéole à nids d'abeille.
Les coupoles à nids d'abeille peuvent, à la rigueur, se classer


_____

(1) Ces baguettes sont posées par fragments élémentaires qui, comme forme, dif­fèrent assez notablement de ceux dont se servent les zellaïjia.


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MessageSujet: LE JARDIN ET LA MAISON ARABES AU MAROC - Jean GALLOTTI - 1926   Le jardin et la maison arabes au Maroc de Jean Gallotti - Page 4 EmptyVen 21 Mar - 9:40

page 86

dans la catégorie des plafonds rapportés. En effet, une cou­pole de cette nature n'est jamais qu'un ornement et ne constitue pas une charpente. J'ai déjà parlé des mqarbes, aux chapitres IV et VI, mais d'une façon très succincte et j'attendais, pour y revenir, d'en arriver à l'industrie du bois, les menuisiers étant par excellence les artisans de ces ingénieux décors.

LES NIDS D'ABEILLE. — Rien n'est plus particulier à l'art musulman. Qu'un voyageur venu d'Europe en aperçoive quelque panneau dans une maison indigène et c'est pour lui, immédiate­ment, l'évocation de Grenade, du Caire ou de la Perse, avec tous leurs prestiges, avec les mille visions qui s'attachent à leurs noms. Tout l'Islam ou, plutôt, tout ce qui, dans l'Islam, a pu tou­cher notre romantisme, à travers le prisme de notre littérature, semble nicher, comme un essaim de rêves, dans les rayons de ces stalactites et les ombres de ces alvéoles suspendues aux nefs et aux ogives des palais.

C'est un motif si séduisant que beaucoup de nos architectes ne peuvent résister à la tentation de l'utiliser dans leurs construc­tions. Malheureusement, il arrive souvent que ce qu'ils font exé­cuter ne ressemble guère à de véritables mqarbes. Il n'y a à cela rien de surprenant. Non seulement ces décors n'ont nulle parenté avec aucun de ceux qu'on emploie en Europe mais, comme tout dans l'art musulman, ils sont l'objet de formules précises qui ne permettent ni de les interpréter, ni de les composer par à peu près. Il est d'ailleurs difficile, même en les examinant avec attention, de les analyser, d'y découvrir les éléments fondamen­taux et de retrouver les lois qui président à leur élaboration.

Pour le faire, ayant à restaurer un plafond de mqarbes, je demandai, un jour, au menuisier indigène qui y travaillait, d'en reconstituer une partie et de m'en apporter les pièces démontées, pour les remonter devant moi.
Il me présenta dix-huit calles en bois, découpées à la scie,



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MessageSujet: LE JARDIN ET LA MAISON ARABES AU MAROC - Jean GALLOTTI - 1926   Le jardin et la maison arabes au Maroc de Jean Gallotti - Page 4 EmptyVen 21 Mar - 10:02

page 87

qu'il assembla avec des pointes et il composa ainsi un panneau de nids d'abeille d'environ 30 cm. de large sur 40 cm. de haut. Je pus me rendre compte alors que le nombre des formes de calles se réduisait à sept. Chacune, bien entendu, avait son nom : siroualia, chaïra, denbouq, cherbia, anzaq, etc. L'artisan m'assura que tous les mqarbes étaient faits avec ces sept formes, ce que depuis j'ai pu constater.
J'ai reproduit ici le morceau de plafond ainsi composé (fig. 74) et les sept calles fondamentales dessinées séparément (fig. 76) (1).

Lorsqu'il s'agit de réaliser un plafond tout entier au moyen de ce système, les menuisiers juxtaposent et super­posent, en les clouant entre eux, une série de panneaux, composés comme celui qui est ici figuré, et obtiennent ainsi une voûte alvéolée dont l'aspect d'ensemble se rapproche plus ou moins de l'intérieur d'une pyramide ou d'une hémisphère. Ex­térieurement cette voûte n'a besoin d'aucune charpente et se soutient toute seule. Par contre, elle-même ne porte rien et une couverture indépendante  est toujours placée au-dessus pour protéger l'édifice.

Le jardin et la maison arabes au Maroc de Jean Gallotti - Page 4 Cscan113

Fig. 81

Auvent et balustrades dans un bazar.


_____

(1) Les numéros 1, 3 et 4 sont découpés dans des prismes à section triangulaire iso­cèle, à peu près équilatérale ; le n° 7 a pour section un triangle rectangle ; les n° 2 et 6 pour section un losange ; le numéro 5 un rectangle. Tous ces éléments sont des encorbellements dérivant plus ou moins delà trompe d'angle classique, employée en Orient, dès avant l'Islam, pour réaliser l'octogone dans les coupoles sur plan carré.



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MessageSujet: LE JARDIN ET LA MAISON ARABES AU MAROC - Jean GALLOTTI - 1926   Le jardin et la maison arabes au Maroc de Jean Gallotti - Page 4 EmptySam 22 Mar - 7:06

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Ces quelques explications suffiront, j'espère, à donner une idée de ce que représentent d'ingéniosité, de science traditionnelle et surtout de labeur patient, les décors à mqarbes. Certains, comme ceux qui sont au mausolée des Saadiens, ont une surface consi­dérable. Quand on songe aux milliers de petits prismes qui ont dû être découpés à la main et ensuite assemblés là, on reste con­fondu. Certes le résultat, l'effet obtenu est ce qui compte avant tout dans l'œuvre d'art, mais devant un ouvrage d'artisan, le pro­cédé intéresse aussi la critique. Comme devant les ciselures sur plâtre, qui n'ont rien de commun avec des moulages, comme devant les zellijs, qui n'ont rien de commun avec des carreaux peints, devant les nids d'abeille nous ne devons pas oublier le mérite manuel. Et ainsi, laissant au charme vague, dont nous pénètrent ces féeriques décors, s'ajouter l'admiration pour une patience ingénue, dont notre temps serait incapable, nous serons émus d'une manière plus complète par leur archaïsme et leur étrangeté.

Je pense avoir dit l'essentiel sur les plafonds de bois. Est-il nécessaire d'ajouter que les luxueux ouvrages de mosaïque et de mqarbes sont rares dans les habitations particulières ? Sans doute, à mesure que la maison se rapproche du palais, a-t-on plus de chance d'y trouver des exemples de travaux plus précieux. Cer­taines maisons mérinides, encore debout à Fez, suffisent, comme les descriptions que les écrivains arabes nous ont laissées du fameux Badl à Marrakech, à nous prouver que les plus patients ouvrages ont, à certaines époques, participé au décor de l'habi­tation, mais c'est encore aux mausolées, aux mosquées et aux médersas que nous devons demander les meilleurs exemples de ces chefs-d'œuvre.



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MessageSujet: LE JARDIN ET LA MAISON ARABES AU MAROC - Jean GALLOTTI - 1926   Le jardin et la maison arabes au Maroc de Jean Gallotti - Page 4 EmptySam 22 Mar - 7:13

page 89

LES BOISERIES INTERIEURES

Les plafonds et les frises sont presque toujours les seules boi­series que l'on trouve à l'intérieur des pièces. Pourtant la pré­sence de ces sortes d'alcôves nommées Behou, dont j'ai parlé au chapitre I, pose quelquefois un problème qui n'est résolu que par le menuisier. Il est nécessaire, en effet, que les solives des plafonds trouvent un appui au-dessus de l'ouverture de l'alcôve.
La solution la plus simple est d'y jeter un linteau. On verra, sur la planche 12 et, plus loin, planches 110 et 113, comment, com­plétée par la pose de deux encadrements en bois se terminant par des consoles, elle a permis de réaliser d'assez riches décors. Le même motif se retrouve au-dessus de certaines fontaines (pl. 17).

Je signale aussi les portes de placards, jolis ouvrages ciselés et peints qui, souvent, mettent une tache gaie sur la blancheur des parois.


LES LINTEAUX ET LES REVÊTEMENTS

LES LINTEAUX. — J'ai déjà parlé des grands linteaux de por­tiques au chapitre II.

Ils sont généralement formés de deux grosses poutres horizon­tales superposées, prenant appui sur des corbeaux en bois, qui sont eux-mêmes posés sur des consoles en maçonnerie et en plâtre ciselé, élargissant le sommet des piliers (pl. 16).

La poutre supérieure n'est, le plus souvent, qu'un trompe-l'œil réalisé par une planche encastrée dans le mur.
Presque toujours, à la bonne époque, les corbeaux gardent un profil rectangulaire (pl. i3, 15, 16). Il faut pourtant mentionner ceux qui surmontent les baies du cloître de la Médersa Es-Sahrij à Fez ( pl. 34 )







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MessageSujet: LE JARDIN ET LA MAISON ARABES AU MAROC - Jean GALLOTTI - 1926   Le jardin et la maison arabes au Maroc de Jean Gallotti - Page 4 EmptySam 22 Mar - 17:29

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superbes blocs de bois où les palmettes tradition­nelles sont disposées avec une fantaisie qui ferait presque croire, au premier abord, que l'on n'est pas en présence d'un ouvrage musulman.


LES FRISES. — Les linteaux sont, en quelque sorte, complétés par les frises de bois, qui courent sous les galeries du premier étage et sous les auvents couronnant les murs (pl. 15). Ces frises, lorsqu'elles sont sculptées, comme dans les médersas, portent, presque toujours, soit des arcatures encadrant des touriqs ou des coufis, soit de longues inscriptions cursives à rinceaux.
Mais, dans la plupart des maisons, à Dar Adiel à Fez par exemple, les boiseries ne présentent d'autre ornement qu'une baguette guillochée, réappliquée, qui les borde et les coupe, par place, d'un motif rectiligne (pl. i3).


LES REVÊTEMENTS. — Parfois des revêtements descendent autour des fenêtres ou dessinent, au-dessus de la travée centrale des portiques, de grandes ogives qui sont peut-être un souvenir des liwans orientaux. Il en est ainsi à la Médersa Bou Anania (XIV° siècle) et à la Médersa Ech-Charrâtin, à la Médersa Ben Youssef (XVI°) ou encore dans la petite douira Er-roukham , au Palais du Sultan à Marrakech (XVIII° siècle).


LA SCULPTURE. — Ces revêtements, définitivement abandonnés aujourd'hui, étaient toujours entièrement sculptés.
Le touriq, la lahka, la coquille, la pomme de pin, se combi­naient et s'entrelaçaient pour y animer le bois d'une sorte de vie géométrique.

La sculpture, cependant, même aux plus belles époques, resta toujours superficielle. Mais, pour ne pas porter les motifs franchement dans l'espace, elle ne laisse pas de les mettre vigou­reusement en valeur. Elle y arrive par un soin attentif à répartir



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le décor sur des plans nettement distincts. En outre, l'habitude d'accentuer les croisements des éléments d'un même plan, en les faisant chevaucher l'un sur l'autre, donne beaucoup de mouve­ment aux entrelacs. La franche opposition des pleins et des déliés, dans les palmettes à tiges enroulées, à côté de la rigidité des motifs à barre comme la lahka ou le coufi, ou de la simplicité des caractères cursifs, évita la monotonie de l'ensemble. Enfin, un modelé spécial des lobes des palmettes, concaves, avec un côté en saillie prolongeant la tige et des nervures perpen­diculaires, achève l'éton­nante impression de légè­reté, de fini, en un mot de perfection décorative qui se dégage de ces frises, de ces revêtements et de ces linteaux. Plaqués contre les murs et sans fortes saillies, ils laissent à l'ar­chitecture la noblesse de ses grands plans simples, tout en l'étoffant d'une matière chaude et douce
et en y mettant l'enchan­tement de jeux de valeurs aux caprices infinis (pl. 34, 35, 36).

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Le plus beau morceau de sculpture sur bois que j'ai pu admirer se trouve à Fez, à l'entrée d'un fondouk, dans une ruelle sombre qui longe la grande



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mosquée Qaraouïine. Il dépasse pour la force du modelé ceux qu'on trouve dans les médersas.

Après ce qui vient d'être dit, on comprendra sans peine dans quel sens s'est produit la décadence de la sculpture depuis l'époque mérinide (XIV°) qui en a marqué l'apogée. Vue de très haut, l'évolution si peu sensible de l'art décoratif au IMaroc paraît se caractériser par la fixation des motifs sous les Almohades, qui leur donnent toujours de grandes dimensions, puis par l'amenui-sement, l'affouillement, le fini sous les Mérinides et, enfin, une exécution relâchée durant les dynasties suivantes. Elle aboutit de nos jours à la disparition presque totale d'un art trop diffi­cile pour les artisans et trop coûteux pour ceux qui les paient.

Comme pour la ciselure sur plâtre, c'est en profondeur et non en surface que se produit la simplification. Le dessin, en projec­tion, reste aussi compliqué. Seulement, les fonds remontent, les plans sont moins marqués, le modelé des feuilles s'aplatit, s'efface; enfin, on en arrive à l'apparence d'une découpure réappliquée.

Malgré cette décadence et l'abandon des grands revêtements, on trouve encore au Maroc un bon nombre de menuisiers capables de reproduire les anciennes sculptures. Livrés à eux-mêmes, ils commencent, en général, par simplifier le modèle, selon la ten­dance que je viens de signaler ; mais, pour peu qu'on leur montre les défauts de leur ouvrage, ils se rééduquent très vite. La restaura­tion des monuments historiques permet de le constater chaque jour.



LES AUVENTS ET LES BALUSTRADES

LES AUVENTS. — On a vu que, dans les dars à linteaux et à revêtements, un auvent à la génoise couronnait les murs de la cour à la place de la corniche (1) (pl. 15 et 35).


_____

(1) Pour constituer l'encorbellement, une solive horizontale, scellée dans la maçonnerie, fait au dehors une saillie qui peut atteindre près d'un mètre. Une deuxième poutrelle, plus courte, soutient la première et complète le corbeau (fig. 76), qui se raccorde, à la base, avec une ou deux colonnettes verticales clouées sur une frise de bois.
Les corbeaux sont rapprochés, de 20 cm. à peu près. Ils sont reliés entre eux par de petites voûtes en bois, qui viennent s'ouvrir, à leur extrémité, dans les découpures ogivales d'un lambrequin, placé immédiatement au-dessous des tuiles ; celles-ci reposent sur un lit de mortier soutenu par des planches posées oblique­ment entre la partie supérieure du mur et le bout des corbeaux (pl. 17 et 57).



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Ce genre d'auvents, surtout employé pour les patios, l'est aussi pour les porches, les loggias ou les fontaines. Il exige alors la présence de larges consoles généralement profilées selon le motif dit rakhoui et quelquefois ornées de nids d'abeille
(pl. 43).


LES BALUSTRADES. — Très souvent, nous l'avons vu, les cours intérieures des dars comportent, sur un ou plusieurs côtés, une galerie au premier étage.

Les balustrades, aujourd'hui presque toujours en fer forgé, étaient autrefois en bois (fig. 81). Il y en a encore dans presque toutes les vieilles maisons. On y trouve, à côté d'ouvrages simples faits de colonnettes plus ou moins fines (pl. 36, 37 et 39), l'applica­tion d'une branche spéciale de la menuiserie indigène : l'art des cloisons ajourées.
La planche 34 permet d'en saisir le principe. Une ossature de légères traverses enserre et maintient une sorte de filet de bois à mailles très serrées, sur lequel vient s'appliquer un décor géomé­trique en tébïa.

Ce fond à jour est composé de baguettes carrées, qui ont été tournées de manière à donner une suite de cubes et de pirouettes alternées. Les baguettes sont reliées ensemble par des toupies venant s'ajuster, au moyen de deux tenons, dans des mortaises creusées dans les cubes.
Pour réaliser le décor géométrique, différent sur les deux faces, la méthode est celle que j'ai décrite pour la mosaïque des plafonds à panneaux,



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avec cette différence qu'ici les intervalles laissés entre les traits de l'entrelacs ne sont pas remplis et laissent voir le fond ajouré.


LES   PORTES   ET   LES   FENÊTRES


Les   Marocains ont  ignoré   le  système   des vantaux mobiles à gonds ou à paumelles. Pour les portes de pe­tites dimensions, ils se servent quelquefois d'un châssis scellé dans la ma­çonnerie, auquel ils relient les battants, d'une manière définitive, avec des clous doubles (fig. 82). Il est probable que ce procédé est relativement moderne. Il diffère, en tous cas, complètement de celui qu'on trouve dans tous les édifices anciens, qui est le plus fréquent même dans les maisons du XIX° siècle, et qui reste le seul en usage pour les grandes portes. Je veux dire le système du pivot sur crapaudine (1).

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(1).  Ce procédé  est  bien anté­rieur à l'lslam. Venu d'Orient, il est probable qu'il remonte à la plus haute antiquité. On trouve des crapaudines de portes de palais dans les vestiges les plus anciens des civilisations Chaldéennes, à l'aube des temps his­toriques. Cf. La Mésopotamie et Les civilisations babyloniennes et assyriennes, par L. Delaporte.





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Ici pas de châssis (1). Les deux vantaux pivotent, à leur base, sur une pierre, et sont maintenus, en haut, par une pièce de bois nommée rtej, percée d'un trou et scellée dans le mur (2). En s'ou­vrant ils découvrent l'ouverture qui est presque toujours ogivale (pl. 40 et 42), en se rabattant ils la cachent entièrement, ne présentant au regard qu'un grand placard de bois rectangulaire (pl. 41).

Le jardin et la maison arabes au Maroc de Jean Gallotti - Page 4 Cscan116

LES PORTES DE COUR. — Ce système entraîne


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1. Pour les petites ouvertures on peut se contenter d'une porte à un seul battant établi selon le même principe.

2. Les Européens qui font des ouvertures ogivales dans leurs maisons sont souvent très embar­rassés par le système de portes et boiseries à adopter. Je tiens donc à insister sur ce principe : L'ouverture ogivale se ferme avec une porte rectangulaire posée, extérieurement, à plat sur la paroi (fig. 83 et 84). Toutes les autres solutions, même si on les trouve dans les maisons indigènes, sont européennes ou inspirées par des modèles européens.



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naturellement la nécessité de faire de très grandes portes. Celles qui donnent sur les cours intérieures ont fréquemment deux mètres de large sur près de quatre mètres de haut et peuvent dépasser ces dimensions. On conçoit que l'on hésite à tirer et à pousser sans cesse de pareils monuments. Dans la journée, au moins, elles sont presque toujours ouvertes et rabattues sur le mur extérieur. On les ferme pourtant, pendant les grands froids et les très grosses chaleurs, et c'est ce qui a obligé à les percer elles-mêmes de portillons.

Les verrous sont faits d'une barre de fer rond, qui peut avoir jusqu'à 40 mm. de diamètre et 1 mètre de long avec, au milieu, une tige de fer aplatie descendant perpendiculairement et venant s'en­gager dans une petite serrure carrée (figure 84).
La barre glisse entre des bagues faites à la façon des clous doubles. Les pointes sont enfoncées dans une traverse et rabat­tues de l'autre côté. Elles sont ensuite recouvertes par des bandes de cuivre ou de fer plat. Il est ainsi impossible de les arracher sans les briser.
Verrous, bagues, serrures sont souvent niellés d'argent et même, quelquefois, d'or.

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La menuiserie des portes a atteint autrefois une perfection dont les ouvrages modernes sont bien éloignés.
Je puis citer parmi les plus beaux spécimens la porte de la collection Libert (1), actuellement


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(1). Je demande au lecteur de m'autori­ser à rappeler ici le nom du peintre Li­bert, artiste passionné, venu au Maroc Oriental, avec les premières troupes d'occupation, installé à Fez au lendemain des massacres et qui fut certainement le premier qui découvrit l'intérêt des objets d'art ancien : faïences, broderies, reliures, bois sculptés, etc... que cachait Fez à cette époque. Sa remarquable collection de faïences anciennes (actuellement au musée de Rabat) et de vieux bois, fut ache­tée en 1916, par le Maréchal Lyautey, pour les musées du Maroc. Libert mou­rait peu de temps après.


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au musée de Fez et qui pro­vient d'une maison privée. Une autre que j'ai pu voir, également dans une maison particulière de Fez, vers 1916. Une autre, plus petite, à la Médersa Ben Youssef à Marrakech. Enfin celles qui ornent la cour de la Mé­dersa Bou Anania à Fez.


LES RTEJS. — Je ne dirai que quelques mots des rtejs, qui sont toujours plus ou moins décorés et qui, sou­vent, se compliquent en amu­sants édifices.
Les indigènes aiment beau­coup traiter ce détail avec recherche et l'on pourra voir, ça et là, sur les photographies, com­ment ils le font. Le rtej s'élève, s'évase vers le haut et prend l'as­pect d'un petit kiosque, coiffé d'une coupole. Celle-ci, parfois, simule un vrai toit, avec des tuiles vertes (pl. 42).
Elle peut aussi être incurvée comme un dôme et dorée.


LES PORTES SUR RUE. — II me reste à dire quelques mots des portes sur rue. Bien qu'il soit de règle de leur donner une grande humilité et que, souvent même, on cherche à les dissimuler dans

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la plus étroite des ruelles qui bordent la maison, on en trouve pourtant qui sont traitées avec une certaine recherche. A Marrakech, surmontées d'une sorte d'im­poste, où des baguettes guillochées font des cadres à des ciselures, et coiffées d'un auvent de tuiles vertes à corbeaux et à consoles finement travaillés, leur présence étonne quelquefois au fond des impasses, sur des murs à l'aspect misérable (pl. 43). A Rabat, elles sont souvent précédées d'une entrée couverte (fig. 85 et 86).

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Mais, dans l'immense majorité des cas, elles ne se composent que d'un chambranle rectangulaire, d'environ 1 m. 50 sur 2 m. à 2 m. 50 de haut, derrière lequel se rabat un seul et lourd battant, où s'ouvre un portillon, qui peut être légèrement cintré à la par­tie supérieure.

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Parfois, elles s'or­nent de grandes pentures de fer forgé, en forme de fourches ou de tridents contour­nés, qui ne sont en réalité que des serre-joints, puisqu'il n'y a pas de gonds (fig. 87 et 89). En outre, on trouve toujours deux heurtoirs, l'un sur le portillon, l'autre, au-dessus, pour les cava­liers. Ils sont formés d'un gros anneau de fer à section carrée, monté sur un support


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de forme hémisphérique. Le tout est orné de guillochures au ciseau (fig. 91).
Mais ce qui constitue l'ornement principal, ce sont les clous, dont les grosses têtes rondes s'alignent en suivant le cadre et les traverses de la face intérieure (fig. 85, etc.).

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Ce n'est pas là une mode particulièrement marocaine, mais elle paraît pourtant propre à l'art musulman. En Espagne, dans le midi de la France, jusqu'en Provence, la présence des portes cloutées est considérée comme la trace du passage des Maures. Au Maroc, elles n'offrent pas de fines arabesques comme à Tunis. Au contraire, il semble bien que la pure tradition maghrebine veuille des alignements réguliers de clous très gros. L'usage ancien était même de considérer chacun comme un objet d'un inté­rêt suffisant par lui-même. A Marrakech on en voit encore fré­quemment dont la tête a 5 cm. de diamètre. Elle est forgée en forme de rose ou de coupole côtelée, très bombée, avec huit coups de burin frappés sur le fer pour marquer les côtes (1).

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Moins les maisons sont anciennes, moins les clous sont gros et moins ils sont travaillés. Enfin, depuis le com­mencement du siècle, les Marocains adoptent de plus en plus l'usage de revêtir entièrement leurs portes d'entrée de plaques de fer blanc, fixées avec des pointes à têtes plates, ce qui est d'un effet fâcheux.


_____

(1) A Tolède, sur les portes de plusieurs monu­ments, construits par les Musulmans, il en est de plus ouvragées encore, qui ont près de 10 cm. de haut et autant de large, côtelées et creuses à l'in­térieur, si bien qu'on pourrait, en les arrachant, s'en servir comme de gobelets.



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MessageSujet: LE JARDIN ET LA MAISON ARABES AU MAROC - Jean GALLOTTI - 1926   Le jardin et la maison arabes au Maroc de Jean Gallotti - Page 4 EmptyDim 23 Mar - 13:59

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L'étude des serrures indigènes serait amusante, mais dépasse­rait le cadre de ce livre, Elles n'ont, en général, pas moins de 20 cm. de long sur autant de large. Quant aux clefs, elles sont en proportion et pèsent souvent plus d'un kilogramme.


LES    FENÊTRES
Les fenêtres, dont la présence n'est de règle que sur les cours intérieures et seulement dans les maisons les plus confortables, n'ont pas inspiré d'ouvrages de menuiserie bien remarquables.
Elles se composent d'un châssis, encastré au ras du parement exté­rieur du mur, et de contrevents en bois dont les motifs peints font toute la beauté (pl. 44, 45, 55).
Les vitres, jusqu'à la fin du siècle dernier, étaient inconnues.

Si le travail du bois n'offre ici rien de notable, par contre, l'usage des grilles, dû à l'habitude d'enfermer les femmes, a donné lieu à des travaux de ferronnerie intéressants. Un réseau de barres croisées forme de petits cadres rectangulaires où s'insèrent des volutes. Elles ont des formes variées.
Une des plus originales, et celle qui, sans doute, a le caractère musulman le plus marqué, figure une petite ogive, avec des retombées recourbées en spirale (pl. 46). Parfois, les motifs se compliquent et l'on verra, sur la planche 44, qu'ils peuvent être

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MessageSujet: LE JARDIN ET LA MAISON ARABES AU MAROC - Jean GALLOTTI - 1926   Le jardin et la maison arabes au Maroc de Jean Gallotti - Page 4 EmptyDim 23 Mar - 14:06

page 101

l'œuvre de véritables artistes. Ces grilles, autrefois en fers à section car­rée, sont toutes, aujourd'hui, en fers ronds, souvent trop minces, ce qui nuit à la vigueur de l'effet.

Le jardin et la maison arabes au Maroc de Jean Gallotti - Page 4 Cscan124 Le jardin et la maison arabes au Maroc de Jean Gallotti - Page 4 Cscan125


J'ai déjà répété que la maison maro­caine ne comporte pas d'ouvertures ex­térieures. Et c'est ainsi que nous ne trouverons pas, au Maroc, de ces moucharabiehs qu'on admire en Egypte et en Arabie. Exceptionnellement, il peut arriver pourtant que certaines pièces du premier étage aient de très petites fenêtres sur rue. Ce ne sont en général que d'étroites ouvertures ayant moins d'un mètre de haut. Le plus souvent elles sont fermées par une claire-voie en menuiserie, à œillets en sceau de Salomon. Mais, dans le nord, et surtout à Rabat, on remarque des manières de petites échauguettes en bois, formant un demi-cylindre en saillie, percées seulement de quelques trous et sur­montées de merlons découpés à la scie. Ce sont de vrais postes de guet, d'où l'on peut voir, sans aucun risque d'être vu et qui, plus encore que les hautes murailles aveugles, donnent au passant l'impression de côtoyer un monde caché, hostile et inaccessible (fig. 68 à 71, 92 et 93).

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