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Mémoire de la présence Française au Maroc à l'époque du Protectorat
 
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 Promenades à Marrakech

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Paul CASIMIR





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MessageSujet: Promenades à Marrakech   Promenades à Marrakech - Page 5 EmptySam 20 Sep - 10:57


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Promenades à Marrakech - Page 5 Promen42

Dessin de Théophile-Jean DELAYE

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MessageSujet: Promenades à Marrakech   Promenades à Marrakech - Page 5 EmptyDim 21 Sep - 18:43

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Le progrès a voulu que toute cette rive de l’oued N’Fis fût submergée par l’eau que retient en aval le barrage fait pour l’irrigation des terres, près du pont de la route ; de sorte que le village fut sous l’eau. Mais, auparavant, il a été reconstruit sur la berge plus élevée dans ses mêmes formes, mêmes dimensions, mêmes caractères, avec des maisons toutes semblables aux autres, de sorte que les habitants du village disparu se sont trouvés, comme en rêve, tranportés dans une demeure neuve et disposée comme celle qu’ils avaient quittée. Mais le temps qui, dans la vie des Marocains, ne compte pas, met vite une patine sur leurs demeures et en fait de vieilles choses dans ces régions ensoleillées où le vent soulève des poussières rouges.

Au bout de la route, au pied des monts, se dressent les deux agglomérations berbères d’Amisniz, la kasba du Caïd et le village. Le village, avec sa mosquée et le minaret qui sont de construction plus récente, est d’apparence assez misérable sur les pentes du ravin ; il a un mur d’enceinte qui devait le préserver des incursions des montagnards, comme de celles des gens de Marrakech. Tout laisse voir, en effet, qu’ici il y eut des luttes de pouvoir ; près de la kasba du Caïd sont les ruines de la kasba de celui qui avait commandé avant lui, car il ne doit en rester aucun souvenir. Amismiz, au pied de l’Atlas, tenait les chemins de la montagne par la vallée du N’Fis à son débouché dans la plaine et par une vallée adjacente qui rejoint le N’Fis à Tinesk.

Un peu avant Amismiz, aperçue de la route est la kasba fièrement campée sur un éperon formé par la rencontre de deux ravins, du caïd Hadj Omar el Sektani ; nous y avions été reçus en 1920. C’est un château d’allure défensive flanqué aux quatre angles de tours en pyramides quadrangulaires, construit près des décombres d’un premier village ruiné par les hommes du Sultan. En effet, Hadj Omar, vieillard à barbe blanche, portant un long chapelet à gros grains car il a fait le pèlerinage de la Mecque, avait été incarcéré avec quelques autres chefs de la région, sous le règne de Moulay Hassan par raison politique, dans un cachot où il fut oublié pendant sept ans ; les mauvais jours sont passés pour lui.


★ ★

SIDI RAHAL est à 58 kilomètres environ de Marrakech, en direction de Demnat. Sidi Rahal, le patron du lieu auquel il a laissé son nom, était contemporain de Sidi Bel Abbès le grand patron de Marrakech. Son tombeau, près de la kouba de Sidi Daoud, domine de son toit aux tuiles vertes la zaouia et le petit village de masures basses et de huttes de chaume au-dessus des deux autres agglomérations, kasba et mellah, qui sont sur la rive droite de l’oued R’Dat ; une source sort au pied du tombeau et le vendredi, l’eau déborde de son lit, disent les affiliés. Sidi Rahal fait en effet des miracles.



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MessageSujet: Promenades à Marrakech   Promenades à Marrakech - Page 5 EmptyDim 21 Sep - 18:51

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A son départ pour l’Orient, où il allait faire acte de piété et comme il devait traverser le désert, on lui dit qu’il trouverait sur ses pas des serpents qui l’empêcheraient d’avancer ; il répondit :

« Celui qui prie avec une foi sincère , n’a rien à craindre. »

Poursuivant son voyage à travers les chaudes régions, pour lui l’air devenait froid et dès qu’il avait les pieds sur la tête d’un serpent, l’animal disparaissait. Depuis, les descendants de Sidi Rahal, et tous ceux d’alentour de son mausolée se disent ses descendants, manient le feu sans se brûler, boivent l’eau bouillante qu’ils assurent devenir froide dans la bouche, charment de leurs chants et du tambourin, ou de la flûte les serpents. Les charmeurs de serpents et les joueurs de feu de la place Djemaa-el- Fna de Marrakech tiennent leur pouvoir de Sidi Rahal, leur patron.

A l’est de Marrakech, à 80 kilomètres est DEMNAT; on y arrive de vallon en vallon par un chemin bordé d'oliviers et de haies de plantes grimpantes. Les maisons sont faites de terre battue ; la kasba du Caïd est une forteresse qui commande les chemins de la montagne des Entifa et autres tribus connues pour leur indépendance ; il y a quelques années, pour répondre au chef de Demnat qui leur avait interdit l’accès du marché, elles avaient coupé en montagne l’eau, assoiffant ainsi les gens et les arbres.

A 4 kilomètres en amont, est la caverne de YIMI N’IFRl d’où sort un torrent qui a creusé un ravin profond et sauvage, en passant sous une large et épaisse voûte qui est comme un pont naturel. Des hautes colonnes de rochers où elles nichent, s’échappent des corneilles en groupes intenses; leurs cris rappellent les bruits des sacs de noix sèches qu’on agiterait fortement. L’encombrement des énormes pierres a formé de petits bassins d’eau où le vendredi viennent se baigner les femmes qui sont à l’abri des regards sous la haute voûte rocheuse ; une autre source est en aval de la gorge, les femmes aussi bien musulmanes que juives qui veulent obtenir une fécondité par les vertus sacrées de la fontaine, font là des sacrifices en égorgeant des poulets.

Il y a une légende sur la grotte de l’Yimi N’Ifri que rapporte Edmond Doutté dans son livre EN TRIBUS. Imi N’Ifri dit en langue berbère « Entrée du Gouffre » ; avec une telle appellation, une légende, en effet, s’imposait : les génies sont les habitants ordinaires des cavernes ou des sources. Celui d’Imi N’Ifri était un jeune génie à sept têtes qui désespérait les habitants de la région en coupant l’eau et les assoiffant, mais aussi en enlevant les filles en âge de mariage ;



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MessageSujet: Promenades à Marrakech   Promenades à Marrakech - Page 5 EmptyMar 23 Sep - 20:53

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il avait, en raison de ce dernier geste, le nom de " ravisseur des fiancées ". Le génie voulait qu’on lui livrât, chaque année, une fille vierge et les habitants, pour avoir leur tranquillité, s’exécutaient ; après quoi, le génie s’endormait pour une année. Mais au réveil, il lui fallait une autre fille ; ainsi, avec la suite des années, chaque famille notable ayant livré une de leurs filles, arriva le moment où toutes avaient fait le sacrifice ; allait venir donc le tour du chef de Demnat. Il ne put se résigner à abandonner sa fille unique au génie de l’Imi N’Ifri ; il appela à son aide un homme réputé par sa force et son intrépidité qui, sans hésiter, alla à la caverne et coupa une des sept têtes du génie endormi; le génie disparut dans un puits ; l’homme l’y suivit, gagna un souterrain où il se perdit, mais la pointe de son sabre qui le guidait le long de ce sombre couloir s’engagea dans une porte ; il y frappa. Derrière cette porte étaient les sept filles enlevées aux familles notables de Demnat ; la plus âgée, seize ans, et la plus perspicace sentit là le salut. Elle ouvrit la porte et introduisit l’homme, puis lui désignant un énorme sabre suspendu au plafond de la caverne, elle dit : « C’est le propre sabre du génie et ce n’est que par lui qu’il peut être tué, car, même lui aurait-on coupé les six autres têtes, il n’en mourrait pas, si ce n’est par son propre sabre. » Le génie intervint à ce moment et voyant son énorme sabre agité facilement par l’homme, il perdit contenance et fut frappé d’un formidable coup qui l’anéantit. De son corps, sortirent des milliers de vers qui donnèrent naissance à des oiseaux noirs plus petits que les corbeaux et qui sont les corneilles que nous avons entendues en pénétrant dans la caverne de l’Imi N’Ifri.

En 1912, Si Madani el Glaoui, le plus grand seigneur et caïd du Maroc, chef de la puissante famille berbère des glaoua, commandait à la fois Marrakech et les tribus de la plaine et de la montagne jusqu’aux confins du Tafilalet où les chemins sont gardés par les châteaux-forts imposants par leur architecture guerrière : kasba Sidi Madani, au débouché des sentiers qui descendent dans la plaine en longeant la rivière du N’Zat ; kasba d’Aghabalou, perchée sur un rocher qui domine en amont de la même vallée plus resserrée ; de l’autre côté des monts, kasba de Telouet, fief familial et, plus avant dans le sud, à l’entrée des chemins du Tafilalet et de Tombouctou, kasba d’Ouarzazate qui prend ici le nom de Taourirt, et bien d’autres plus ou moins importantes au milieu de villages ou aux confluents de vallées. Toutes ces kasba sont de véritables bourgades fortifiées, laissées sous le commandement des lieutenants du Caïd, ses khalifats, et dont les donjons crénelés sont des postes de guet ou de garde pour veiller sur le pays et arrêter, le cas échéant, une incursion ennemie ; les khalifats du Caïd sont souvent ses propres frères ou autres parents. Ces demeures, seigneuriales et défensives, sont encore de vastes magasins où le chef accumule et tient en réserve les approvisionnements des denrées de toutes sortes, orge, blé, pour servir à l’entretien des harka, ainsi que les munitions de guerre ; les harka, troupes de cavaliers et de fantassins levées sur les gens des tribus pour le compte du Caïd, font la police et des tournées d’impôts en allant dans les villages de son commandement ; elles poussent, à l’occasion, des incursions dans les territoires des Caïds voisins pour disputer un bout de terre cultivable ou calmer une autorité grandissante ; elles viennent encore renforcer une mehalla chérifienne, troupe du Sultan, quand elle passe la montagne.




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MessageSujet: Promenades à Marrakech   Promenades à Marrakech - Page 5 EmptyMar 23 Sep - 21:01

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Telouet est la kasba principale qui porte aussi le nom de ses chefs, Dar Caïd Glaoui, considérée comme le berceau des Glaoua ; elle fut reconstruite presque entièrement par le père de Si el Madani, le Caïd Mohamed el Mezouar ; elle était commandée par un glaoui mort récemment, neveu de Si Madani, Si Hammou au profil d’aigle, aux yeux fiévreux qui prit le titre de Caïd pour mieux marquer l’ampleur de son autorité.

On ne peut tenter une description de Marrakech sans parler de la famille des CHEFS GLAOUI, tant leur rôle fut et demeure important dans la région et dans l’empire du Maroc.

El Madani avait servi la cause du jeune Sultan Abd el Aziz, élevé à Marrakech par Bâ Ahmed, son ancien précepteur, devenu régent d’empire. En 1903, il partit à la tête d’une harka de 1.500 montagnards du Haut Atlas, afin de repousser dans la région d’Oujda le prétendant au trône, Bou Hamara, « père de l’ânesse », «le Rogui», ou maître de l’heure, comme il en surgit toujours dans les moments troubles du Maroc. L’influence européenne avait agi sur le jeune Sultan ; alors un Rogui prêche la guerre sainte contre l’étranger, excuse pour prendre le pouvoir. Maître de Taza où il s’était fait proclamer Sultan, Bou Hamara menaçait Fès. La campagne menée contre lui ne fut pas heureuse et Si el Madani qui la dirigeait dut passer en Algérie et regagner le Maroc par Oran ; du moins connut-il ainsi ce qu’avait fait la France en pays voisin et il sut s’en souvenir en d’autres circonstances. A Fès, où il resta pendant six mois, il lui fallut compter avec la morgue et la rapacité des chefs du nord. Cependant, pour le récompenser de ses services, le Sultan Abd el Aziz lui remit, contre douros bien entendu, le territoire entre Marrakech et Telouet. Mais le Caïd Goundafi, voisin de montagne du Glaoui, reçut aussi et de pareille sorte du Sultan partie de ce même territoire. Alors de 1905 à 1906, ce fut la lutte d’influence et d’accaparement au cœur même de la montagne entre les hommes du Glaoui que commandait le jeune El Hadj Thami, frère de Sidi el Madani, et ceux du Caïd Goundafi. Nous avons pu voir, au cours de nos excursions dans le Haut Atlas combien les combats avaient été rudes et meurtriers, tant sont nombreux, dans la Réraïa et dans la haute vallée du N’Fis, les cimetières de guerre que marquent des pierres dressées près des villages restés en ruine.



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MessageSujet: Promenades à Marrakech   Promenades à Marrakech - Page 5 EmptyMar 23 Sep - 21:06

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El Madani rompit en 1906 avec le Sultan Abd el Aziz qui régnait comme un enfant à Fès. Aidé de cet autre grand Caïd de la montagne, Abd el Malek el M’Tougui et avec les fonds indispensables qu’il tenait du juif Iachoua Corcos contre hypothèques sérieuses sur les revenus des terres, il tenta, d’abord, sans résultat, de lancer à la conquête du pouvoir le frère aîné du Sultan, Moulay Hafid, son khalifat à Marrakech et son représentant pour la région du Sud.

Moulay Hafid fut sultan malgré lui. Tandis qu’il sortait, le troisième vendredi d’août 1907, de la mosquée Koutoubia où le Caïd avait dit la prière en son nom, il fut entouré de cavaliers glaoua descendus sur commande de la montagne en nombre imposant ; les fortes voix berbères l’acclamèrent : « Dieu bénisse ton règne, Seigneur Moulay Hafid » ; et fut déployé au-dessus de sa tête le parasol qui est le signe de l’autorité au Moghreb. Ainsi, Moulay Hafid fut reconnu Sultan de Marrakech et prétendant à l’empire Chérifien par la volonté de Si el Madani el Glaoui qui voulait son pays indépendant ; mais, comme il le jugeait trop faible, pour se rétablir et se défendre par lui-même, il ménagea les relations avec la France en raison du voisinage de l’Algérie où, lors de sa campagne d’Oujda en 1903, il avait apprécié nos bienfaits. Fin politique, il rallia aussi à la cause du nouveau Sultan, les grands Caïds du Sud, El M’Tougui, El Abdi et El Goundafi dont il fit des Vizirs, restant lui-même grand-Vizir pour diriger l’Empire; de son fils aîné, il fit au surplus un ministre de la guerre de dix-huit ans.

Mais les grandeurs passent vite et Moulay Hafid, jaloux de la puissance de son grand-Vizir et travaillé par les gens du Nord qui voulaient aussi des charges fructueuses, renvoya en disgrâce tous ces chefs du Sud à Marrakech où il remplaça Si el Hadj Thami, Pacha de la ville, par un de ses familiers. Les événements marchent. En 1912, un nouveau prétendant sorti du Sous, El Hiba, encore un « maître de l’heure », entre à Marrakech et huit de nos compatriotes sont retenus prisonniers. Si Thami Glaoui, de nouveau Pacha de la ville sous le règne de Moulay Youssef, remplaçant son frère Hafid détrôné, est resté fidèle à notre cause, car il ne sent pas solide ce nouveau chef de guerre ; il put protéger les prisonniers au moment critique où les hommes du Sous, aux vêtements bleus, massacraient et pillaient dans la ville. Il les remit, dès son entrée à Marrakech le 7 septembre 1912, au Colonel Mangin qui venait de culbuter, la veille, à Sidi Bou Othman, les troupes d’El Hiba.

En 1914, la guerre européenne éclate et le Maroc a lié sa fortune à celle de la France; c’est donc l’heure de la loyauté , telles furent les paroles de Si el Madani au nom des grands Caïds du Sud, dont il fixait ainsi l’attitude.



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MessageSujet: Promenades à Marrakech   Promenades à Marrakech - Page 5 EmptyMar 23 Sep - 21:12

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Inconsolable de la mort de son fils, Abd el Malek, qui commandait en son nom une harka contre les insoumis en Atlas qu’avait réunis Sidi Mah, Si el Madani Glaoui s’éteignit doucement à Marrakech entouré de ses frères et des tolbas qui furent ses compagnons dans les actes de piété. Il est inhumé dans la mosquée de Sidi Ben Sliman, un des sept patrons de Marrakech. Il avait été surnommé le Fqih, « le lettré », et ce titre était pour El Madani la reconnaissance à la fois de son savoir et de sa simplicité.

Quelle était l’origine des Seigneurs Glaoui ?

Les Mesouari, nom familial et non plus territorial, se sont illustrés dès la dynastie almohade où l’un d’eux avait suivi les troupes du Sultan en Andalousie. La Sida Messaouda, mère du grand Sultan de la dynastie sâadienne Ahmed el Mansour el Dehbi, était dès leurs ; c’est elle qui fit construire la mosquée de Bab Doukkala en 965 de l’hégire. Comme le rapporte l’inscription portée sur la stèle de marbre à la tête de sa tombe dans la nécropole des princes sâadiens, Lalla el Messaouda était fille du Cheikh de pure souche, notable des tribus Ouzqita, Ahmed Ben Abdallah Ben El Hassan El Ouzqiti El Azhgi El Ouarzazati.

Sous le Sultan alaouite Moulay Ismaïl, un Mezouar eut le commandement des tribus de Feïda et du Djebel Dern et il en fut ainsi jusqu’à Si el Madani.

A la mort de Si el Madani, El Hadj Thami, Pacha de Marrakech, prit aussi le commandement des territoires Glaoua et Ouzqita et Ouarzazati au Sud de l’Atlas, où commande son frère aîné, le Khalifa Si Hammadi.
Si El Hadj Thami el Glaoui qui nous aida dans la pacification du Sous en prenant la direction de ses harka, reste le grand personnage de Marrakech. Ses palais sont somptueux, ses jardins enchanteurs.




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MessageSujet: Promenades à Marrakech   Promenades à Marrakech - Page 5 EmptyMar 23 Sep - 21:21

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On voit ainsi, par ses monuments, son cadre de jardins, ses coutumes, son histoire, ¡’importance qu’a prise Marrakech au point de vue touristique. Le programme poursuivi de jour en jour par la Société d’Hivernage comprend l’édification, à l’ouest des remparts et près des jardins d’Hartsi et de Ménara, d’un nouveau quartier de repos, villas regardant les neiges de l’Atlas ; le Casino, pour distraire les hivernants à l’heure actuelle achevé en tant que travaux de maçonnerie ; il se trouve dans le cadre de verdure que lui font de hauts eucalyptus et des palmiers. Au fur et à mesure de l’exécution du programme, Marrakech se transformera à l’extérieur de la Médina, et elle deviendra, dans un avenir proche, une grande station d’hivernage et de sports.

La route du Drâa, grâce aux efforts combinés de nos troupes assurant la sécurité dans les confins algéro-marocains, en liaison avec le Service des Renseignements du Maroc collaborant avec ceux de la Mauritanie et du Soudan, a été poussée plus avant dans le Sud ; elle ouvre à nouveau, par Tindouf, la vieille route de Tombouctou, celle des caravanes du Sultan Sâadien, El Mansour el Dehbi, qui allaient chercher le sel dans le Soudan et l’or et des esclaves sur les bords du Niger.

En octobre et novembre 1935, date qui doit marquer, ce chemin du Soudan, entre le Niger et le Drâa, fut repris pour la première fois depuis trente ans par une caravane qu’un commerçant français de Tombouctou a équipée. Elle comprenait trente-deux chameaux chargés de tentures et d’aromates, d’épices du Soudan, d’huiles et de graisses dont les nomades sont acheteurs, de l’encens qui se vendit à Marrakech. La caravane passa par Araoune, les salines de Taoudeni, Om el Asel, Chekria, Tindouf, suite d’étapes d’une quarantaine de jours. Par le cours du Drâa, elle gagna Marrakech. Au voyage de retour, les plateaux de cuivre et autres objets travaillés à Marrakech, le sucre, le thé et diverses denrées de consommation formèrent le chargement pour un trafic de distribution en cours de parcours ou à destination des bords du Niger.

Quand à la fin du XI° siècle, Abbou Beker revint du Soudan à Marrakech pour redemander à son cousin l’Almoravide Youssef Ben Tachefin, le pouvoir qu’il lui avait confié pendant son absence, celui-ci le traitant en égal, lui refusa ; il était suivi au surplus d’une armée nombreuse qui devait mieux appuyer sa résolution. Toutefois, dans le but de maintenir la paix avec les gens du Soudan, il offrit en retour à Abbou Beker mille chameaux chargés d’étoffes, provisions de bouche pour qu’il n’en manquât pas dans le Sahara et la caravane de mille chameaux partit pour le Soudan, portant les choses rares et précieuses qui viennent de Marrakech.



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MessageSujet: Promenades à Marrakech   Promenades à Marrakech - Page 5 EmptyMar 23 Sep - 21:25

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★ ★


Le grand Atlas est encore une masse sombre dont la ligne de crêtes se détache peu dans le ciel nuageux. Le tout est gris, la montagne comme le ciel, d'un gris bleu un peu différent cependant, puisqu’on les distingue l’une de l’autre. Il est 7 heures.

Une clarté rose à travers un trou de nuage ; un rose qui devient rouge de nlus en plus, s’étire comme des fusées de feu, lentement à travers les nuages qui en prennent la teinte. C’est la minute rouge.

Presque insensiblement, le rouge tourne au jaune ; d’abord un jaune d’or, puis un jaune cuivré ; la minute jaune.
La teinte perd de sa vigueur, de sa puissance ; elle s’anémie; elle est maintenant jaune de soufre et les nuages sont comme couverts de vapeurs tournant au vert.

Vapeurs en effet, car les nuages fondent peu à peu et à travers eux le soleil, boule pâle qu’on peut encore regarder, grossit et monte et brille — et l’on ne peut plus le fixer. Ses rayons écartent les nuages pour qu’il puisse mieux paraître et tout s’éclaire ; brusquement la montagne prend ses couleurs vraies ; la neige des sommets est respendissante.

Lever de soleil de Noël sur Marrakech.

Les derniers bruits de la fête nocturne ont cessé dans la ville qui reprend son rôle de grand marché de la plaine et de la montagne.



Casablanca, le 25 octobre 1936.



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FIN DE LA REPRODUCTION DE CET OUVRAGE

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