| | A LA DECOUVERTE DE VOLUBILIS | |
| | |
Auteur | Message |
---|
Paul CASIMIR
| Sujet: A LA DECOUVERTE DE VOLUBILIS Sam 30 Aoû - 16:59 | |
| MOSAÏQUES DE VOLUBILIS
PAR
Louis CHATELAIN
Chef du service des Antiquités du MAROC
__________
L'un des résultats les plus importants des fouilles de Volubilis au cours de ces dernières années est la découverte de fort belles mosaïques localisées en deux ensembles, la Maison d'Orphée et la Maison de l'Éphèbe. Alors que les premiers dégagements mettaient au jour soit de rares tableaux de dimensions restreintes comme la Scène de pêche (1) ou la Scène de cirque (2), soit de curieux dessins géométriques trop fragmentaires ou assez mal conservés (3), nous avons maintenant beaucoup mieux à offrir à nos visiteurs. I
La Maison d'Orphée est un imposant quadrilatère situé dans la partie Sud du plateau des ruines, à gauche, c'est-à-dire à l'Ouest, de la voie pavée (ou cardo maximus) qui conduit de l'Huilerie au Forum. L'entrée principale et les entrées secondaires donnent sur un court tronçon de voie décumane (ou voie Est-Ouest), au Sud des Thermes dits de Gallien (4). _____ (1). L. Chatelain, Inventaire des mosaïques du Maroc, 8. (2). Ibid., 9. (3). Ibid., passim. (4). A cause de l'inscription élevée à cet empereur et trouvée lors du déblaiement de ces thermes (L. Chatelain, Bull. archéol du Comité, 1927, p. 169). | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: A LA DECOUVERTE DE VOLUBILIS Sam 30 Aoû - 17:17 | |
| L. CHATELAIN
Mosaïques de Volubilis
Repérée dès 1915, elle fut en 1926 l'objet de sondages multiples et son dégagement complet ne fut terminé qu'en 1928. Elle se compose d'une cour spacieuse et d'un vaste tablinum, flanqués à droite de pièces d'habitation et d'une série très complète de bains privés (1), bordés à gauche par des communs et notamment par un pressoir. Le long de la voie cardinale, au sud des bains et avant d'accéder, en contre-bas, à l'habitation, on observe les traces d'un péristyle ou mieux de deux portiques qui formaient un angle droit et entouraient à demi une autre cour. En avant du tablinum et en arrière d'un grand bassin rectangulaire placé au milieu de la cour principale s'étale une mosaïque dont le motif central est le char d'Amphitrite tiré par un cheval marin ; à gauche, en dessous et à droite, des poissons et des crustacés qui ne sont pas représentés à l'échelle : on reconnaît une torpille marbrée, une langouste, une rascasse, un poulpe, une murène ou orphie, un rouget ou barbet et deux dauphins allégoriques (planche I) (2). Un autre tableau représente neuf dauphins qui semblent se poursuivre dans l'eau et dont l'exécution est des mieux réussies (planche II). Plus loin, en bordure d'un étroit bassin allongé, deux dauphins et deux perdrix rompent avec la monotonie des dessins géométriques. Mais le tableau le plus important est celui qui forme le pavement du tablinum, grande salle de réception d'environ 80 mètres carrés. Exhumée en fort mauvais état, incomplète et défoncée, cette mosaïque a dû être à peu près entièrement remontée et restaurée (3). _____ (1). Ces derniers ont été étudiés par M. Thouvenot (Congrès des Hautes Études marocaines, 1933). lors d'une récente visite de Volubilis, (2). Je suis heureux de remercier M. le professeur Gruvel, l'éminent naturaliste du Muséum, d'avoir bien voulu nous aider à rectifier ou à préciser plusieurs identifications, (3) Il est malheureusement impossible d'en prendre une photographie d'ensemble. | |
| | | Paul CASIMIR
| | | | Paul CASIMIR
| | | | Paul CASIMIR
| Sujet: A LA DECOUVERTE DE VOLUBILIS Dim 31 Aoû - 7:52 | |
| L. CHATELAIN
Mosaïques de Volubilis Au centre, Orphée est assis et joue de la lyre. Autour de lui, répartis en huit compartiments constitués par des arbres au feuillage épais, une riche collection d'animaux, oiseaux perchés sur les branches ou quadrupèdes marchant dans une prairie. Les deux premiers compartiments (1) sont en cours de restauration. Le troisième contient deux oiseaux perchés et cinq quadrupèdes, dont un monstre ailé. Sur le suivant, on distingue un paon, un pivert et deux petits oiseaux ; deux quadrupèdes, dont un cerf couché, et les traces d'un troisième. Dans le cinquième, on dénombre quatre oiseaux perchés, — parmi lesquels peut-être encore un pivert, — un singe assis, un quadrupède ailé, plus petit que celui du troisième compartiment, un cheval, un cervidé. Le sixième nous représente de nouveau quatre oiseaux perchés et autant de quadrupèdes, au nombre desquels un éléphant est seul reconnaissable. Des oiseaux perchés, encore au nombre de quatre, et cinq quadrupèdes composent le septième ; parmi les oiseaux, un hibou est facile à identifier et, parmi les quadrupèdes, un tigre. Le huitième compartiment offre à nos regards trois oiseaux et un singe perchés, un cheval, un rhinocéros. Autour du cercle, un entrelacs de tresses entre deux lignes de frettes. A gauche et en haut de l'ensemble, deux canards autour d'un vase. En dépit de la très délicate et très habile restauration entreprise par M. Charles Ogiez, cette mosaïque est assurément fort incomplète. Elle ne laisse quand même pas de pouvoir être en partie restituée, par la pensée du moins, en ce qui concerne le personnage unique et l'animateur ou plus exactement le charmeur des huit groupes d'animaux. _____ (1) Nous les énumérons dans le sens des aiguilles d'une montre, | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: A LA DECOUVERTE DE VOLUBILIS Dim 31 Aoû - 8:26 | |
| Hors texte
Mosaïques de VOLUBILIS
Maison d'Orphée. Mosaïque du Tablinum
Photographie tirée du livre " Volubilis, une cité du Maroc antique " de Jean-Luc Pannetier, publié chez Maisonneuve et Larose en 2002. Voir in rubrique " Revues et Livres 4 ", sous-rubrique " Notes de Lecture" tout le bien que nous disons de cet ouvrage.
Dernière édition par Paul Casimir le Dim 31 Aoû - 8:48, édité 1 fois | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: A LA DECOUVERTE DE VOLUBILIS Dim 31 Aoû - 8:43 | |
| L. CHATELAIN
Mosaïques de Volubilis
C'est qu'en effet diverses publications nous révèlent un certain nombre de vastes compositions décoratives en mosaïque où apparaît Orphée au milieu d'animaux. Au Maroc même, à Tanger, en septembre 1880, lors de la construction de l'église espagnole de la rue Es Siaghin, on mit au jour à environ un mètre au-dessous du sol actuel une mosaïque qui représentait Orphée jouant de la lyre au milieu d'un cercle d'animaux. La découverte fut signalée à la Société des Antiquaires de France par l'un de ses correspondants de passage à Tanger, M. Jules de Laurière (1), et ce dernier s'aida des quelques indications à lui fournies par l'architecte et d'autres témoins de la trouvaille, car il ne put voir la mosaïque : détruite, selon lui, ou recouverte de plâtre et enfouie sous la construction, selon La Martinière (2). Des animaux, — parmi lesquels M. de Laurière cite seulement un cheval et un ours, — étaient disposés autour du dieu, dans des compartiments. Une quinzaine d'années auparavant, aux environs de Constantine (3), on avait découvert une composition en trois tableaux, qui ne fut pas non plus conservée. L'un d'eux représentait un cerf, un chameau, un éléphant, un tigre, une panthère, un sanglier, un paon. Un autre, un personnage jouant de la lyre, sans doute Orphée, devant divers animaux tels que des tortues, des serpents, un porc-épic, un chat, un lion. _____ ( 1). Bull. de la Soc. des Antiquaires de France, 1881, p. 97-98, séance du 12 janvier. — Cf. A. Heron de Villefosse, Ibid., 1883, p. 319-320. (2). Souvenirs du Maroc (Paris, Pion, 1919), p. 14. — Cf. L. Chatelain, iniventaire des mosaïques du Maroc, n° 1. (3) En janvier 1865, au Coudiat Ali (propriété Chaville).—Voir la bibliographie dans de Pachtere, Inventaire des mosaïques de l'Afrique, p. 53, n° 221, à qui nous empruntons la description. | |
| | | Paul CASIMIR
| | | | Paul CASIMIR
| Sujet: A LA DECOUVERTE DE VOLUBILIS Dim 31 Aoû - 9:14 | |
| L. CHATELAIN
Mosaïques de Volubilis
Mais sur une mosaïque des environs de Cherchel, trouvée en 1883 (1) et malheureusement transportée en France, le costume d'Orphée se précise pour la première fois. Le dieu est « coiffé d'un bonnet phrygien, couleur de pourpre ; il est vêtu d'une tunique à manches longues et étroites, de couleur bleue, et de braies ajustées de la même couleur. Un manteau violet recouvre ses genoux et ses pieds sont chaussés de brodequins rouges » ( Héron de Villefosse ). Quant à la nomenclature des animaux, elle est digne d'être rapprochée de celle de Volubilis : le perroquet, le rossignol, l'autruche, le cheval, le chacal, le tigre, l'hyène, la gazelle, l'antilope et la panthère. Ne rappelons que pour mémoire la mosaïque du comte d'Hérisson, découverte en Tunisie et non conservée (2), que signala Héron de Villefosse, ainsi que la caricature d'Orphée en singe, trouvée à Sousse et transportée au Louvre (3). Mais il convient d'accorder une mention particulière à la fort belle composition exhumée à Oudna, l'ancienne Uthina, dans les thermes de la villa des Laberii (4) ; parmi les animaux que charme Orphée, on distingue un cheval, une brebis, un loup, un taureau, un perroquet. En France, il faut citer, — outre celles de Vienne (5) , d'Aix (6), de Lyon (7 ) et de Saint-Romain en Gall (8), — deux fort belles compositions découvertes dans la forêt de Bretonne (Seine-Inférieure) et à Blanzy (Aisne), conservées l'une au Musée de Laon et l'autre au Musée archéologique de Rouen. Ces deux dernières valent qu'on leur consacre quelques instants d'attention. _____ (1). Dans la propriété Durand (ancienne propriété Piétrini). — Voir Heron de Villefosse, Bull, des Antiq. de France, 1883, p. 320-321 (croquis, p. 320), et De Pachtere, Inventaire, p. 106, n° 440.
(2). Bull. des Antiq. de France, 1883, p. 321.
(3). Bull, des antiquités africaines, 1887, p. 380. -— Marbres antiques du Louvre, n° 1798.
(4). La Blanchère et Gauckler, Musée Alaoui, p. 29, pl. VIII.
(5). Plusieurs exemplaires. — Voir Stark, Stadtleben, Kunst u. Altert. in Frankreich, p. 572, et Rev. archéol., 1860, I, p. 128 ; Congrès archéol. de France, 1879, p. 361.
(6). Waagen, Archàol. Anzeiger, 1856, p. 206*.
(7). Ibid., p. 199*.
(8). Comarmond, Descr. des antiq. de la ville de Lyon, p. 690, 4. (Les références des notes 1-4 sont empruntées à Gruppe, art. Orpheus, dans Roscher, III, 1. col. 1191.)
Dernière édition par Paul Casimir le Dim 31 Aoû - 9:27, édité 1 fois | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: A LA DECOUVERTE DE VOLUBILIS Dim 31 Aoû - 9:26 | |
| L. CHATELAIN
Mosaïques de Volubilis
La mosaïque de la forêt de Bretonne représente, au centre, Orphée assis, jouant de la lyre et entouré d'animaux ; aux quatre angles, les Saisons. Un certain nombre d'archéologues se sont évertués à décrire cet ensemble, mais se sont moins souciés de définir les animaux — un lion lancé à la course est, paraît-il, excellemment rendu, — que de restituer ou d'identifier les quatre Saisons. Comme celle de Volubilis, la mosaïque de Blanzy a des compartiments, mais au nombre de deux seulement, formés par des arbres ; d'un côté, le cheval, le cerf, l'éléphant ; de l'autre, le sanglier, l'ours, le tigre ; en haut, un paon et quelques oiseaux dans les arbres. L'auteur du catalogue, Ed. Fleury, observe que le dieu ne porte pas le bonnet phrygien, mais le couvre-chef des guerriers thraces, en peau de renard, qui est aussi parfois la coiffure des Amazones scythes. Il décrit ainsi l'habillement d'Orphée : « Le grand manteau thrace appelé zeira et rougeâtre de ton enveloppe le divin musicien et se rattache sur l'épaule par une riche agrafe. La tunique, serrée à la taille par une ceinture, est verte. Les jambes sont ceintes d'une étoffe rouge enfermant la botte thrace en peau de faon d'un brun verdâtre et ornée sur le cou-de-pied par un bijou brillant. | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: A LA DECOUVERTE DE VOLUBILIS Dim 31 Aoû - 9:31 | |
| Hors texte
Plan de la Maison d'Orphée.
Document extrait du livre " Volubilis, une cité du Maroc antique " de Jean-Luc Pannetier, publié chez Maisonneuve et Larose en 2002. Voir in rubrique " Revues et Livres 4 ", sous-rubrique " Notes de Lecture" tout le bien que nous disons de cet ouvrage. | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: A LA DECOUVERTE DE VOLUBILIS Dim 31 Aoû - 9:54 | |
| L. CHATELAIN
MOSAÏQUES DE VOLUBILIS
La tête est d'un beau style. Les yeux extatiques sont pleins de pensée. » La même minutie attentive décrit les mains et leur fonction : « Les mains ne sont pas d'un dessin très pur, bien que le mouvement des doigts s'indique d'une façon très reconnaissable. De la main gauche passée derrière la lyre décacorde et pourvue d'une boîte harmonique, Orphée pince deux cordes à la fois, tandis que sa droite agite le plectrum dont il frappe une troisième corde. » Mais cette mosaïque est pourtant incomplète. Il reste, formant le pendant au groupe d'Orphée, des poissons, parmi lesquels « deux dauphins, deux huîtres, un coquillage tourné en spirale, deux poissons au museau arrondi, une espèce d'anguille de mer ou un congre ». Et Fleury suppose que la partie disparue représentait, au milieu de poissons et de crustacés, soit Amphitrite, la reine des mers, soit Arion charmant les monstres marins. Si les ensembles de Cherchel et de Blanzy nous font connaître dans tous ses détails le costume d'Orphée, il nous faut encore demander à d'autres compositions des points de comparaison avec les animaux, et notamment à trois mosaïques découvertes en Italie, l'une près de Civita Vecchia, à Santa Marinella, en 1840 (1) l'autre à Pérouse, en 1876 (2), et la troisième à Palerme, sur la Piazza Victoria, en 1869 (3). La première représente à la fois des insectes, des lézards, des grenouilles et des animaux féroces ou sauvages, un loup, un rhinocéros, une girafe. La seconde réunit le corbeau, la biche, le cygne, le cheval, le buffle, le sanglier, le lièvre, le daim, la panthère, la chèvre. _____ (1). Bull. dell'Instituto di corrisp. archeol., 1840, p. 115.
(2). Guardabassi, Bull dell Inst., 1876, . p. 234.
(3). G.-B.-F. Basile, Sull'antico edifizio délia piazza Victoria in Palermo, 1874, pl. IV
| |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: A LA DECOUVERTE DE VOLUBILIS Dim 31 Aoû - 13:32 | |
| L. CHATELAIN
Mosaïques de Volubilis Enfin, celle de Palerme offre, elle aussi, une collection très variée : l'alouette, l'âne, l'écureuil, le perroquet, le taureau, le loup, le serpent, la panthère, le cerf, la tortue, le lézard, le lapin, la cigogne, le paon, l'antilope, le tigre, l'autruche, le corbeau. Cette riche nomenclature, fournie surtout par les deux mosaïques de Pérouse et de Palerme, valait la peine d'être rappelée pour nous aider à dénommer les oiseaux et les quadrupèdes non encore identifiés de la grande mosaïque d'Orphée à Volubilis. II
La Maison de l'Ephèbe, ou plus exactement la Maison de l'Ephèbe couronné de lierre, n'est guère moins vaste par ses proportions que la Maison d'Orphée. Elle est connue depuis fort moins longtemps : au moment où nous recherchions, mes collaborateurs et moi, aux abords de l'Arc de triomphe de Caracalla, tous les restes de statuaire et d'architecture susceptibles de nous aider à compléter la consolidation de l'imposant édifice, nous eûmes la grande joie de découvrir, à 40 mètres environ à l'Ouest du pilier septentrional, l'admirable statue de bronze dont le résident général, M. Lucien Saint, a bien voulu annoncer lui-même à l'Institut, à l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres, la résurrection (1). C'est, à vrai dire, un ensemble beaucoup moins soigné comme style d'architecture, ou plus modestement comme type de construction, que la Maison d'Orphée. _____ (1)- Comptes rendus de l'Açad. des Inscr., 1932, p. 58-59. — L. Chatelain, L'Illustration du 5 mars 1932. — Et. Michon, Monuments Piot, t. XXXIII, 1933, p. 1-16. — Cf. Ch. Picard, Gazette des Beaux-Arts, 1933, p. 207-208 ; Revue des Études grecques, 1933, p. 133. | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: A LA DECOUVERTE DE VOLUBILIS Dim 31 Aoû - 13:38 | |
| L. CHATELAIN
Mosaïques de Volubilis Planche III VOLUBILIS. Maison de l'Éphèbe. Mosaïque de la Néréide. | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: A LA DECOUVERTE DE VOLUBILIS Dim 31 Aoû - 13:46 | |
| L. CHATELAIN
Mosaïques de Volubilis La disposition elle-même est moins originale. A gauche et à l'Ouest d'une grande cour, on remarque des salles indistinctes et assez mal conservées, parmi lesquelles la pièce où gisait notre Éphèbe ; mais au fond, au delà d'une autre cour aux vastes proportions, un fort beau tablinum ; à droite, des pièces beaucoup plus petites et un curieux bassin à pans coupés. Les salles et les couloirs étaient pavés de mosaïques, toutes en fort mauvais état aujourd'hui, quelques-unes même méconnaissables. Le soin et la patience éclairée qu'a témoignés notre conducteur des travaux, M. Dauriac, ont réalisé de l'ensemble du tablinum une fort belle restauration. Nous décrirons plus tard les différents motifs de décoration des autres pièces (1), mais il est dès maintenant possible de définir la composition qui formait le pavement de cette salle, dont les dimensions sont à peu près aussi vastes que dans la pièce correspondante de la Maison d'Orphée. Le motif principal du pavement du tablinum se compose de quatre médaillons circulaires, placés aux quatre angles, reliés entre eux par quatre médaillons ovales, le tout encastrant au centre un médaillon octogonal à pans convexes. Il est bordé par une quadruple rangée de grecques, d'entrelacs, de grecques encore et de peltes (pl. III). Les huit médaillons représentent des poissons, disposés par paires aux quatre angles et par unités dans les ovales. L'octogone central figure une néréide sur un cheval marin passant à droite. La nymphe, à demi assise sur la croupe du monstre, les jambes croisées, est vue presque de face ; les bras étendus tiennent les deux extrémités d'un voile que le vent soulève en demi-cercle au-dessus de sa tête ; de sa coiffure descendent sur les épaules des tresses de cheveux ou de perles ; le bras droit, au poignet et au-dessus du coude, se pare d'un bracelet. _____ (1). On y admire surtout une grande variété de poissons et, dans l'un des couloirs, les restes d'un tigre attelé à un char.
| |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: A LA DECOUVERTE DE VOLUBILIS Dim 31 Aoû - 13:53 | |
| L. CHATELAIN
Mosaïques de Volubilis
Planche IV VOLUBILIS. Maison de l'Éphèbe
Mosaïque de la Néréide. Motif central. | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: A LA DECOUVERTE DE VOLUBILIS Dim 31 Aoû - 14:03 | |
| L. CHATELAIN
Mosaïques de Volubilis En dessous du groupe, entre les jambes de la nymphe et celles de sa monture, un dauphin nage en sens inverse (pl. IV). Ce motif se répète deux fois dans le tablinum ; les médaillons ovales, aussi bien les verticaux que les horizontaux, séparent alternativement le tableau central de la néréide. Ces différentes représentations de poissons et de crustacés étaient fréquentes dans les riches demeures de l'antiquité romaine. L'un des tableaux le plus justement admirés est celui de la Maison du Faune, à Pompéi. On y voit, au centre, un poulpe s'emparant d'une langouste ; en haut, une girelle, une torpille, un pagel, un gade, une murène, un murex brandaris ; à gauche, un sparoïde et une daurade ; à droite, un scorpène, un galeus, un mullus ; au-dessous, une hirondelle de mer sur un rocher, puis un sparoïde, un pecten, un labre, un bar et un spare (1). _____ 1. Niccolini, Le Case ed i mojiumenti di Pompéi (Naples, 1854-1891), t. II, pl. 2. Cité d'après Duruy, Hist. des Romains, t. II, p. 220, n° 2 ; Identifications de M. Vaillant, du Muséum.
____________________ FIN DE CET ARTICLE | |
| | | Paul CASIMIR
| | | | Paul CASIMIR
| Sujet: A LA DECOUVERTE DE VOLUBILIS Lun 1 Sep - 9:49 | |
| PROTECTORAT DE LA RÉPUBLIQUE FRANÇAISE AU MAROC GOUVERNEMENT CHERIFIEN
DIRECTION GÉNÉRALE DE L'INSTRUCTION PUBLIQUE DES BEAUX-ARTS ET DDE ANTIQUITÉS
_____
PUBLICATIONS DU SERVICE DES ANTIQUITES DU MAROC
SOUS LA DIRECTION DE LOUIS CHATELAIN
_____
FASCICULE 1
R. THOUVENOT - Les Thermes dits de Gallien à VOLUBILIS.
PARIS LIBRAIRIE ORIENTALISTE PAUL GEUTHNER 12, rue Vavin
___
1935 | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: A LA DECOUVERTE DE VOLUBILIS Lun 1 Sep - 9:54 | |
| LES THERMES DITS DE GALLIEN
A VOLUBILIS
PAR
Raymond THOUYENOT (1)
CONSERVATEUR DE VOLUBILIS
__________
On sait la place importante que tenaient les bains dans la vie romaine. Toutes les cités de l'Empire à l'exemple de Rome possédaient des établissements de bains publics, nombreux et bien installés ; les particuliers, de leur côté, pour peu qu'ils eussent un peu de fortune et disposassent de tant soit peu de place dans leur demeure, ne manquaient pas d'y installer des thermes privés. A Volubilis, nous avons la chance de posséder les deux catégories de bains : deux établissements publics et trois privés, jusqu'à présent. Nous allons nous occuper du premier de ceux-là, le mieux déblayé et le mieux connu. Ces thermes, que nous appelons les thermes de Gallien, à cause de l'inscription en l'honneur de cet empereur qui y fut trouvée (2), couvrent une surface de 900 mètres carrés à peu près, dans le quartier où se dressent la plupart des bâtiments officiels. ______ (1). Les photographies et plans ci-joints sont l'œuvre de M. R. Dauriac, conducteur de travaux à Volubilis, à qui je suis heureux d'adresser ici mes vifs remerciements.
(2). L. Chatelain, Bull. archéol. du Comité, 1927, p. 169 :
imp CAESARI p. LICINIO GALLIENO PIO FELICI AVG PONT MAN P P TRIB POT III COS II PROCOS RESP VOL EX DEG ORDINIS POS | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: A LA DECOUVERTE DE VOLUBILIS Lun 1 Sep - 10:33 | |
| R. THOUVENOT Ils s'étendent entre la rue qui mène au Forum et une ruelle ou passage privé, qui pouvait sans doute se fermer sinon par une porte, au moins par une barre, une chaîne ou quelque autre procédé semblable à ceux en usage au Moyen Age, à l'Est ; la rue qui longe la Maison d'Orphée, au Sud, et un pâté de maisons particulières ayant toutes des boutiques sur le devant, au Nord. On y entre du côté Ouest par une grande rue parallèle à celle qui mène au Forum (1) (voir le plan, fig. 1). La porte était large : 3 mètres. Son emplacement est aisément reconnaissable grâce à son seuil de pierre, épais de 1 mètre, qui appelait nécessairement un encadrement semblable. Nous ne connaissons pas exactement le niveau de la rue, car elle semble bien n'avoir pas été dallée ; aussi ne peut-on savoir s'il y avait un perron ; il semble qu'on devait monter au moins une marche d'escalier, celle-ci étant d'ailleurs constituée par le seuil lui-même. La tranche antérieure, soigneusement équarrie et polie, était faite pour être en vue et non point enterrée sous la pierraille de la rue. Pourtant elle ne semble avoir été non plus ni rongée par les intempéries, ni usée par les passants, tant son arête est encore vive. Le vantail n'était pas nécessairement double, malgré la largeur assez forte de 3 mètres. On voit encore le ressaut qui l'arrêtait sur le seuil et, au bas du montant, l'encoche carrée où venait s'encastrer la saillie du gond (2), axe autour duquel pivotait la porte (pl. I, fig. 2). _____ (1). L'orientation est donc conforme au précepte de Vitruve (1. V, ch.x). « D'abord, l'emplacement doit être choisi le plus chaud possible, c'est-à-dire à l'opposé du septentrion et de l'aquilon. Les bains chauds et tièdes spécialement doivent recevoir leur jour de l'occident d'hiver ou, si la nature de l'emplacement s'y oppose, au moins du midi » (trad. Choisy). 2. Cette large mortaise rectangulaire prolongée par une feuillure oblique recevait le gond de la porte soit directement, soit indirectement par l'intermédiaire d'une crapaudine de bronze, comme on en a retrouvé une ailleurs. C'est par la feuillure qu'on introduisait le pivot dans sa loge. Dans les morceaux du seuil encore en place, il n'y a pas trace d'encoche pour recevoir une crémone. Un fragment trouvé à côté présente ce trou caractéristique, mais ses dimensions ne correspondent pas tout à fait à celles du seuil ; s'il appartenait à cette porte, il ne peut provenir que du linteau.
| |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: A LA DECOUVERTE DE VOLUBILIS Lun 1 Sep - 10:38 | |
| R. THOUVENOT - Les Thermes dits de Gallien à VOLUBILIS.
Planche I - Fig. 2
Fig. 2 - On voit des grands dés de pierre qui devaient supporter les piliers.
| |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: A LA DECOUVERTE DE VOLUBILIS Lun 1 Sep - 10:41 | |
| R. THOUVENOT - Les Thermes dits de Gallien à VOLUBILIS.
Fig. 1 - PLAN.
Dernière édition par Paul Casimir le Mer 15 Oct - 6:38, édité 1 fois | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: A LA DECOUVERTE DE VOLUBILIS Lun 1 Sep - 10:48 | |
| R. THOUVENOT
Cette belle entrée au gros appareil régulier fait contraste avec le mur de façade. Celui-ci est construit en maçonnerie très ordinaire. Sans doute les lits de moellons sont assez correctement alignés, noyés dans un mortier très homogène. On n'a pas lésiné sur la quantité plus que sur la qualité, puisque le mur a 0 m 60 d'épaisseur, mais on trouverait sans peine ailleurs, — je ne dis pas en Proconsulaire, mais en Césarienne et à Volubilis même, — du petit appareil dont les éléments sont mieux taillés et les rangs mieux alignés. A côté de cette belle porte, ce gros œuvre fait un effet un peu choquant. Il est probable, d'ailleurs, qu'il était revêtu de crépi à l'extérieur et de stuc à l'intérieur, enduits que le temps a fait tomber. Cette porte mène à l'extrémité d'une grande salle A, que nous pouvons appeler salle d'attente ou salle des pas perdus. C'est un grand vestibule rectangulaire (13 mètres X 8 mètres) qui s'allonge vers la gauche. Il est pavé de larges dalles de pierre, de couleur gris bleu, qui ne proviennent pas du Zerhoun, mais ont dû être tirées des carrières proches de Meknès. Ces dalles sont des rectangles aux dimensions parfois considérables : 1 m 50 X 0 m 85. Bien que leurs dimensions ne soient pas identiques, l'œil ne souffre pas de cette irrégularité : on est frappé surtout de la justesse des joints et de la solidité de l'ensemble, qui a tenu presque partout sans grand dommage. Cette vaste salle était couverte probablement par un plafond plat ; les fouilles n'ont révélé aucune trace de voûte : claveaux, concrétion, briques ; or, il est peu vraisemblable que, même construits en matériaux légers, les arcs disparaissent sans laisser quelques débris plus ou moins cintrés. | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: A LA DECOUVERTE DE VOLUBILIS Lun 1 Sep - 10:55 | |
| LES THERMES DITS DE GALLIEN A VOLUBILIS Il faut donc supposer un toit à charpente. C'est pour éviter de donner aux poutres une trop longue portée qu'on avait dû dresser au centre trois piliers presque carrés (0 m 60 X 0 m 62) alignés, à trois mètres à peu près les uns des autres, sur lesquels reposaient les têtes des poutres (fig.3). Fig. 3
Le mur de gauche est aussi correctement construit que celui de la façade en maçonnerie de moellons taillés, tous à peu près de mêmes dimensions, mais non rigoureusement équarris. Il a la même épaisseur, mais nous avons la chance de posséder ici une plus grande hauteur de muraille ; aussi pouvons-nous constater avec quel soin l'architecte a établi sa maçonnerie. | |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: A LA DECOUVERTE DE VOLUBILIS | |
| |
| | | | A LA DECOUVERTE DE VOLUBILIS | |
|
Sujets similaires | |
|
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |