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Mémoire de la présence Française au Maroc à l'époque du Protectorat
 
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 La Féerie Marocaine

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Paul CASIMIR





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MessageSujet: La Féerie Marocaine   La Féerie Marocaine - Page 8 EmptyMer 25 Sep - 16:28

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INTERIEUR DE LA MOSQUEE KARAOUINE.


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MessageSujet: La Féerie Marocaine   La Féerie Marocaine - Page 8 EmptyJeu 26 Sep - 20:36

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- Porte de la Médersa Bou Anania.

où les morts riches, dit-on, dorment au cœur de la ville, et aux heures de la prière, ces voix de la rue, de l'école, des femmes,   du muezzin qui, à  mi-chemin du ciel se croi­sent...

Pourtant, j'écoute la leçon... Tandis que de souk en souk, de couloir en cou­loir, j'ai l'im­pression de suivre quelque fantaisiste arabesque, j'apprends... qu'ici se te­nait le marché aux esclaves, qu'il n'y a plus de mar­ché, mais qu'il y a des marchands... qui vendent clandestinement les beaux nègres du Sous... Les négresses, elles, s'offrent souvent d'elles-mêmes. Et combien en rencontrons-nous dans ces ruelles qui attendent ! Défendu l'esclavage ? Mais les Tharaud nous disent toutes les joies d'être esclave!... Comment, concubine, entremetteuse, nour­rice, les unes négresses de lit, les autres, négresses de dot, elles

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MessageSujet: La Féerie Marocaine   La Féerie Marocaine - Page 8 EmptyJeu 26 Sep - 21:13

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- Une rue de Fez.
- Femmes dans une vue de Fez.

servent les plaisirs du maître et de sa femme, et n'aspirent nullement à notre liberté...

Maintenant, du haut de cette galerie de bois, je plonge dans l'une de ces merveilleuses médersas... qui, comme la ville, ne peuvent se décrire... Papillons piqués dont l'aile se dé­colore, qu'on tue avec les mots comme tout ce qui est beau.
Même sensation de dentelle, de broderie, de lingerie fine, d'art si ténu, gracile qu'il semble féminin, que m'ont donné là-bas, les palais andalous, ces Alcazars, cet Alhambra, qui sur la terre d'Espagne, gardent aux exilés du Maghreb leurs demeures. Auvents

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MessageSujet: La Féerie Marocaine   La Féerie Marocaine - Page 8 EmptyJeu 26 Sep - 21:18

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- Médersa Bou Anania.


dentelés qui courent en frise le long des cours, riches dallages d'onyx et de marbre, jeu miroitant des mosaïques qui s'irisent, arcades tuyautées où pendent des stalactites, magie persane nourrie de notre air d'Occi­dent. Et tout cela... pour servir de décor à ces Sorbonnes arabes, mi-collèges, mi-cloîtres, et si semblables à nos universités médiévales où de futurs imams, cadis, secrétaires de ministres, viennent s'initier aux secrets de la théologie et du droit. Ils vivent là des aumônes des riches de la ville, autrefois dix ans, maintenant trois, ces Tolbas à qui leur renommée ensuite tient lieu de diplôme, plus tard, et qui, rentrés dans leur province, y devien­dront, en plus de leurs fonctions so­ciales, astronomes, poètes et voire même alchimistes.

Médersas Attarine, Seffarine, Bou Anania, noms qui chantent ! Mais la reine de toutes est la Karouïne, reine par la splendeur et le rayonnement, elle, sœur d'El Azhar (1) et de la mosquée de Cordoue, dite la « ca­thédrale » du savoir musulman. Parée par toutes les dynasties


(1) El Azhar, la grande Université mu­sulmane du Caire.


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MessageSujet: La Féerie Marocaine   La Féerie Marocaine - Page 8 EmptyJeu 26 Sep - 21:20

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UNE RUE DE FEZ.

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MessageSujet: La Féerie Marocaine   La Féerie Marocaine - Page 8 EmptyJeu 26 Sep - 21:27


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- Fez. Les Souks.


qui se suivent de fontaines, de faïences et de marbres rares, trop fardée même, dit-on, aux yeux des Almohades qui badigeonnent de chaux son mihrab luisant d'or, sous ses nefs — ornées jadis de plus de neuf cents lampes — des savants désintéressés et subtils enseignent encore, accroupis sur des nattes... comme ils enseignaient il y a plus de cinq cents ans... vingt sciences ! L'un d'eux, jugeant impure la mosaïque offerte par la favorite du sultan, refusa toujours d'y poser le pied... Il nous est défendu même d'y jeter les yeux ! Ce nid de philosophes, d'historiens, de juristes, dont le mystère se double d'être en même temps mosquée, garde, bien loin de notre civilisation illusoire, son secret. « Depuis sa fondation, dit le Rouqh El Quirtas, Fès s'est toujours montrée accueillante envers les étrangers ». Est-ce à l'ombre du mina­ret auguste de Karouïne qu'en mai 1912, pendant qu'on massacrait, les bourgeoises fasis, juchées sur leurs terrasses, encourageaient le meurtre en lançant leurs youyous ?

*
**

Contraste  frappant  entre  la  ville  lumineuse,  réfléchissant  le soleil par mille points brillants, l'accrochant aux faïences turquoise
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MessageSujet: La Féerie Marocaine   La Féerie Marocaine - Page 8 EmptyJeu 26 Sep - 21:34

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des minarets, aux tuiles émeraude des mosquées, telle que nous l'avons vue du toit de l'Attarine... et ce monde souterrain, sombre et frais comme un puits, où nous circulons, des heures et des heures, sous les claies de roseaux au milieu de ces spectres... Pas de place du marché comme à Marrakech ou Meknès. La vie commerçante se concentre dans les souks. Rues : de la Cordonnerie, de la Teinturerie, des Orfèvres, chaque corporation a son syndic et son souk... Nous sommes ici en plein moyen âge, dans un vieux Paris maghrébin. Jamais de prix fixe... Le marchandage, en Afrique, est l'âme du commerce. Et nous nous éterniserons chez le vieux Larachi qui nous regarde, muet, tapi dans sa tanière, manier ces beaux buvards, sacs, babouches, en fin cuir filali, délicatement ciselé, souple... souple comme la conscience de ce vieux matois, qui semble, sans rien rabattre, nous en faire cadeau. Et tous ces riches marchands en niche sont ainsi, possédant là-bas, au bord de l'oued leur jardin, avec leurs esclaves, leurs chanteurs et ces kiosques où ils prennent le thé à « l'heure de la médisance », où, plus en sécurité que dans l'étable à mules, quelque couple amou­reux vient parfois s'ébattre... Et nous en rencontrons peut-être, sans le savoir, de ces bourgeoises fasis au don facile, qui sous l'anonymat de ces haïks tous pareils courent à leurs rendez-vous, tandis qu'on les croit à la Caisseria en train de discuter le prix d'une étoffe.

Dans quoi marchons-nous... On glisse à chaque pas... c'est, paraît-il, dans le sang des poulets que jamais on n'égorge à l'intérieur des maisons... Comme il est nécessaire, ce vacuum brutal qui toutes vannes ouvertes, et à l'heure où les ruelles contiennent le plus de foule, lâche dans les jambes de tous l'eau de l'oued !
Les passants, les chameaux, les petits ânes, les moutons (nous sommes tout près de l'Aïd El Kébir) que chaque acquéreur pousse entre ses jambes, comme les Bretonnes, leurs petits porcs... Et n'ont-ils pas émigré aussi en Bretagne, ces moucharabiehs y qui deviennent les lits-clos... comme tant de légendes qui font le va-et-vient, que l'on retrouve ici maquillées à l'arabe. Mais que font toutes ces femmes debout contre cette plaque qui se frottent au mur, s'y caressent le visage... L'étroit tunnel ici s'orne comme un palais, les plus belles mosaïques chatoient dans l'ombre. La foule se presse... les marchands ambulants offrent des chapelets, des dattes, toutes choses bénites d'être vendues ici-même, Une porte en fer à cheval laisse deviner

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MessageSujet: La Féerie Marocaine   La Féerie Marocaine - Page 8 EmptyJeu 26 Sep - 21:37

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Objectif Som-Berthiot

LA MOSQUEE DES ANDALOUS.

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MessageSujet: La Féerie Marocaine   La Féerie Marocaine - Page 8 EmptyVen 27 Sep - 9:02

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Objectif Som-Berthiot

LA FONTAINE NEJJARINE.

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MessageSujet: La Féerie Marocaine   La Féerie Marocaine - Page 8 EmptyVen 27 Sep - 9:09

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- Mosquée de Moulay-Idriss. Le tronc aux offrandes.

des ors, des étendards, des tapis aux tons chauds, des tentures soyeuses, ces lampes qui ont l'air de bayadères au repos. N'avancez pas!... Jadis même des barrières fermaient ce corridor d'accès interdit aux Juifs et aux Chrétiens... Nous touchons au cœur mystérieux de la ville... Nous sommes au sanctuaire de Moulay Idriss.
Ce Moulay Idriss est bien le personnage le plus vivant de Fez, que supplie le malade, qu'invoqué le voyageur, dont se réclame le mendiant... A dix ans, ne savait-il pas, d'un bout à l'autre et par cœur, le Coran ?... N'est-ce pas à cause de lui que la ville de Fez est toujours « le centre de la sagesse, de la science, de la paix, pôle et cœur du Maghreb ». Et n'est-ce pas aussi — et seulement — parce que Monseigneur Idriss conduisait son cheval, qu'en 1912 le général Moinier put entrer dans Fez ?

Lors de la maladie du maréchal Lyautey, les Oulémas et les Imams lui apportèrent de l'eau de Moulay Idriss et deux cierges. S'il guérissait, que sa première visite soit pour Moulay Idriss ! « La seconde », répondit le maréchal, « car la première sera pour mon église à moi ». On lèverait même pour lui le « horm » de la mosquée. Mais le maréchal n'a pas accepté. D'autres, après lui, pourraient revendiquer le même droit... Il s'est contenté d'y poser son pied... et de jeter chaque année cinq cents francs dans le tronc, « cinq cents francs d'or, spécifie t-il, pièce par pièce... »
Et je songe à cela sur cette place Nej arrine, cette place, me dit mon guide, que le maréchal aimait... Sur la place Nejjarrine et à Bon Jeloud.

*
**


C'est derrière les fe­nêtres du Dar Jamaï que j'ai peut-être le mieux compris Fez.

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MessageSujet: La Féerie Marocaine   La Féerie Marocaine - Page 8 EmptyVen 27 Sep - 9:13

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- Moulay-Idriss. Le mur aux offrandes.

Hostile dans ses mosquées, distante dans ses souks, farouche, fanatique aux abords de ses portes, sous lesquelles tout ce qui passe prend une allure guerrière, plus défendue contre nous par ses traditions que par ses murs, ce n'est que dans l'intimité de l'une de ses demeures que le sourire de Fez se laisse deviner et surprendre.
Sommes-nous capables, nous, gens d'aujourd'hui, prisonniers de l'immédiat et de la vitesse, de comprendre cette molle vie africaine, la même toujours depuis quelque mille ans, dont le principal charme est de se vivre cachée au fond de ces palais tout ombre et fraîcheur, dans l'idéale formule que chante Baudelaire : luxe, calme et volupté.

Le rêve de tout Fasi : posséder un patio, avec des bosquets autour d'une fontaine, un patio ou deux selon ses moyens, et une allée discrète qui conduit au harem. Et là, retour d'Europe, où il a apprécié comme personne les commodités de l'avion et de l'auto, retrouver les délices de faire bâtonner ses esclaves, d'entendre rire ses femmes, d'offrir le thé à ses doctes amis, de tout oublier, tandis qu'une jeune négresse gratte cette sorte de guitare dans la triple symphonie, savamment combinée, des couleurs, des odeurs et du chant du jet d'eau.

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MessageSujet: La Féerie Marocaine   La Féerie Marocaine - Page 8 EmptyVen 27 Sep - 9:18

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- Fontaine au palais Jamaï,
- Près du sanctuaire de Moulay-Idriss.

Bien plus solide encore contre les assauts du dehors que sa muraille de boue sèche et de brique, ce fin grillage, léger comme la « blonde »de Grenade, comme l'enveloppante mantille des belles Sévillanes, frère jumeau, semble-t-il, de la « reja » andalouse, qui se dresse en ce mo­ment entre la ville et moi... Il court du parquet jonché de chauds tapis à cette voûte arquée comme l'ogive des grandes portes, pas plus orgueilleuse dans sa courbe de nef que jadis cette voûte en poil de chèvre des tentes qui furent les palais des rudes Almoravides. Dans l'ombre feutrée, les divans, les coussins, les tables basses se devinent, perdent leur individualité...

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MessageSujet: La Féerie Marocaine   La Féerie Marocaine - Page 8 EmptyVen 27 Sep - 9:23

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Objectif-Som-Berthiot

FEZ. PALAIS JAMAI.


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vivent d'une vie collective... comme sous le capuchon des burnous tous pareils... comme sous la cagoule des Nazarenos à Séville, ces hommes...
Il fait si frais, si sombre que c'est dans l'eau même que je crois être, au fond d'une de ces mers où vivent les sirènes, dans cette eau qui dehors, dans la vasque de marbre, bat seule en ce moment les pulsations de l'heure... Et c'est elle, maintenant qui semble prisonnière, derrière ce quadrillage arachnéen de fer, la ville toute rosé entre les cyprès noirs, comme une grande fleur pâle qui meurt avec le jour... à l'heure où les jeunes gens, ceux à la mode d'hier, vont promener aux vergers leurs oiseaux en cage... où mon guide, cité devant le cadi pour m'avoir amenée non chez tel marchand, mais chez l'autre, court chez ses amis clabauder ses griefs... où le conteur de Bab Guissa, prouvant qu'il n'y a sous le soleil d'Islam rien de nouveau, commence :
« Au temps d'Haroun Al Raschid, ou du Sultan Noir : Histoire du Guide et des Marchands... »

Or ce nom de Jamaï, posé en fronton sur ce palais tranquille, évoque l'une des plus sombres histoires du Maghreb... Une histoire vieille d'il y a quelque vingt ans.
Au temps de Ba Ahmed et d'Abd ul Aziz, deux partis se dressent en face l'un de l'autre, l'un représenté par ce même Ba Ahmed qui ne doit qu'à lui-même sa richesse et le pouvoir, l'autre mené par deux « grands » de Fez, de famille " Maghzen ", le ministre de la guerre et un grand Vizir: les frères Jamaï. Pour se rendre compte de ce qu'est un grand Vizir, il n'y a qu'à parcourir le Rawdat en Nisrin (Le Jardin des Eglantines) où, après le nom de sa mère et son portrait physique, vient pour chaque sultan, la liste de ses vizirs. Il n'y a également qu'à savoir ce qui se passe aujourd'hui, comme hier, où le titre de Grand Vizir déchaîne tant d'intrigues... Toujours est-il que sur l'insti­gation du perfide Ba Ahmed, dont la raison d'état faisait un Richelieu, les deux frères, brusquement déchus de leurs fonctions, après avoir été offerts à la risée de tous, allèrent goûter de la Bastille marocaine, c'est-à-dire moisir dans la prison de Tétouan dont l'un ne sortit qu'au bout de dix ans, mort, tandis que l'autre, enfin relâché, mais mutilé, aveugle, supplia ses amis au moment de mourir de lui remettre ses fers... « afin, dit-il de se présenter devant son Dieu dans l'état où il vécut quatorze ans, afin de pouvoir lui demander la justice que son

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MessageSujet: La Féerie Marocaine   La Féerie Marocaine - Page 8 EmptyDim 29 Sep - 7:51

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Objectif Som-Berthiot
- Bananiers au Palais Jamaï.


Sultan lui a refusée, et afin d'obtenir que sa miséricorde lui ouvre les portes du paradis... » pendant que le troisième frère, heureusement oublié, menait sa vie paisible et sans histoire, au fond de ce palais de féerie, qu'est aujourd'hui l'hôtel Transatlantique.

II. _ LA LÉGENDE DORÉE

Les Tolbas, qui sont la Bohême de l'Islam, ont à Fez, une fois par an, leur carnaval qui rappelle les « congés » de nos collèges religieux. Ils élisent, pour un règne d'en­viron dix jours un sultan dont la souverai­neté, achetée aux enchères, jouit de tou­tes les préro­gatives de son homonyme chérifien. Un échange de visites se fait entre les deux cours. C'est une occasion de cortèges, de ripailles, de tam-tams et

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MessageSujet: La Féerie Marocaine   La Féerie Marocaine - Page 8 EmptyDim 29 Sep - 7:57

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- Palais Jamaï.


de youyous... et aussi d'am­nistie, car l'élu obtient pour quelqu'un de sa tribu le pardon de ses péchés et le plus souvent de ses crimes. Et c'est au tombeau de Sidi Harazem qu'est procla­mé en grande pompe ce sul­tan.

Ce Sidi Harazem fait partie de la pléiade de saints, minis­tres d'Allah, le Clément-Sans-Bornes et qui comme les saints de bien d'autres pays, sont encore bien plus vénérés que Dieu même. Les uns, imitateurs de l'ascétisme chrétien, le pratiquent jusqu'au Perinde ac cadaver des Jésuites, le parfait ouali, mystique et extatique, devant être vis-à-vis de son directeur spirituel, « comme un cadavre entre les mains du laveur ».
Et ceux-ci bénéficient de la Baraka, pouvoir surnaturel qu'ils tiennent d'Allah lui-même. Mais d'autres oualis, plus populaires

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Objectif Som-Berthiot.

- Palais Jamaï. Le salon arabe.


encore, cousins germains de notre saint Christophe ou de saint Antoine, sont en relations plus directes avec notre humanité misérable pour lui venir en aide, chacun à sa façon. Chaque ville, chaque corporation, chaque circonstance a son saint, et chacun a aussi son Moussem, sa grande fête qui rappelle les pardons bretons, et la semaine sainte de Séville. II y a les saints guérisseurs, et le paludisme, la syphilis, les rhumatismes, la variole trouvent auprès d'eux leur remède aussi bien que la stérilité, l'hystérie, la possession diabolique, la folie... C'est Sidi Bou Nakhela, Monseigneur -le-Palmier, qui débarrasse des névralgies, à condition de lui offrir un mouton avec cette prière : « Une tête pour une tête, Monseigneur-le-Palmier. » Et c'est Sidi Bou N' Naas qu'on prie contre l'in­somnie, Sidi Bou N' Naas, Monseigneur-qui-fait-dormir. Il y a des saints contre les sangliers et contre l'avortement...

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- Près de Bou Anania.


contre et pour les voleurs, c'est-à-dire qui les protègent ou les font découvrir, des saints sourciers. Les uns, comme Daniel, bravent les lions dans la fosse, les autres passent dans le feu sans se brûler. D'autres excitent ou peuvent calmer la mer selon qu'il s'agit de faire sombrer la flotte ennemie ou de faire entrer dans le port un navire bien chargé, Sidi Bou Selam, patron des Djebalas eût même le privilège d'emmener la mer avec lui et il l'aurait conduite jusqu'à Fez... pour que les jeunes filles de la ville puissent s'y laver les mains sans l'inter­vention d'une autre sainte qui transporta magiquement ces jeunes filles près du saint. Certains mar­chent sur l'eau, changent les pierres en rosés ou en miel, et les feuilles de cactus en mets succulent... comme Sidi Ben Aïssa, le grand saint de Meknès, pa­tron des Aïssaouas, Ben Aïssa qui, chas­sé de la ville par le sultan jaloux, en­traîna à sa suite toute la

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population, sans ouvrir une seule porte... et qui avait aussi ses supercheries, comme les fakirs hindous, comme le Mahdi Ibn Toumert qui, en oraison au sommet de la montagne, ses disciples en bas, priait devant des outres gonflées au préalable, pour faire croire à tous que les anges l'écoutaient ! Si Ouezzane, Rabat, Marrakech Meknès ont leurs saints, chérifs, marabouts de toutes sortes, Fez, à ce point de vue ne se trouve pas en reste... Après Moulay Idriss, leur grand Vizir, viennent tous ces oualis du cimetière Bab Fetouh, dont les koubbas ornent ce coin de la ville... Sidi Bou Ghaleb, patron des coiffeurs, dont le corps, quand on ouvrit sa tombe se trouva double et put reposer, en même temps à Fez et à El Ksar; Sidi Mimoun, patron des potiers, qui renouvelle pour l'un de ses élèves le miracle de saint Nicolas; Sidi Bou Djida, le marabout galant, dont la galanterie, pour faire taire les maris jaloux de ses succès oratoires auprès de leurs épouses, fut de se changer en femme... Et n'y a-t-il pas aussi ce patron des libraires qui grava sur un seul grain de blé, le nom d'Allah mille fois... et ce Sidi Fedouhl...

« Un jour », dit la chronique, « Sidi Fedouhl se promenait dans Tetouan en compagnie de son ami Sidi El Hadji El Arbi, chérif d'Ouezzane, quand il entra au marché des esclaves au moment où une belle Soudanaise était en vente.
— Si j'avais de l'argent, murmura El Hadj, j'achèterais cette femme, dussè-je après être pauvre toute ma vie.
Sans hésiter, Sidi Fedouhl lui répondit :
— Vends-moi comme si je t'appartenais, et avec l'argent que je te rapporterai, tu pourras t'acheter la femme que tu désires.
Et tant insista Sidi Fedouhl, qu'El Hadji, après quelques scru­pules, vendit son ami et acheta la jeune fille. »

Et, toujours selon la chronique, Sidi Fedouhl fut sanctifié comme le modèle des amis... et Sidi El Hadj El Arbi, comme le modèle des amants.
Quant à Sidi Harazem, patron des étudiants, il était, paraît-il si éloquent, si éloquent, que les Djinns eux-mêmes assistaient à ses cours, et que c'est près de son tombeau que les pauvres possédés viennent encore chercher la guérison et la paix.

Pourtant, aux yeux du touriste, pour qui la nature vaut plus que les légendes, Sidi Harazem présente un mérite plus grand que

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- Sidi Harazem. Le tombeau du saint.
- Jeunes Berbères à Sidi Harazem.

celui de continuer à enchanter les Génies... c'est de posséder aux environs de Fez un second tombeau, enfoui celui-là, dans un coin solitaire, en pleine montagne, comme n'en choisirent jamais dans les Thébaïdes d'Orient, aucun Paphnuce ou Siméon Stylite. Rien de ces paradis artificiels qui sont en Afrique les jardins des villes auxquels ressemble cette minuscule oasis comme une Parisienne à quelque belle Bé­douine !... On di­rait que l'un de ces génies qui furent jadis, paraît-il, ses élèves, a volé à Marrakech un coin de sa palmeraie...

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MessageSujet: La Féerie Marocaine   La Féerie Marocaine - Page 8 EmptyDim 29 Sep - 8:23

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SIDI-HARAZEM. PRES DU TOMBEAU DU SAINT.

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- Sidi-Harazem. Le caïd et ses femmes.


pour venir l'incruster dans ce Maroc du nord. Dans l'eau qui court et chante sous la voûte ombreuse, les palmiers fantaisistes entrelacent leurs reflets, créent des arcades, des frises, des colonnes, des volutes... comme si la nature, disciplinée, elle aussi, dans cette oasis qui a des charmes de forêt vierge, voulait tracer elle-même l'esquisse idéale, l'éternelle formule de l'art musulman... Partout dans ce silence, des yeux nous épient... les yeux de gazelle de ces femmes berbères qui coulent, comme des panthères ou des lianes, dans l'ombre, et qui maintenant, autour de leur caïd, forment, cruche au dos, ce groupe biblique.

*
**

Est-ce à Sidi Harazem que je dis adieu au Maroc...
Est-ce ce soir, dans cette autre pénombre, bien plus lourde de mystère, où flotte si troublante cette odeur de jasmin, où tant de fantômes glissent le long de ces murs tandis que dehors, derrière ce grillage, la ville s'abîme, lunaire, sous les peupliers noirs !...

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Des images montent, des noms chantent... Toujours ces minarets et toujours ces créneaux... et toujours, plus fort que tout ce parfum voluptueux, qui grise comme un haschisch, comme le kif, cet artificiel paradis africain qui donne les femmes et les rêves que l'on veut...
Almoravides, Saadiens, Mérinides, Alaouites, kasbas redoutables et patios accueillants, beau pays qui somnole, où, contre la vie étale depuis tant de siècles, l'assaut de nos vaines agitations ne peut rien, qui nous garde un passé, des traditions, une foi que notre époque si facilement renie... dont le symbole est, plus que le croissant, ce serpent qui mord sa queue ; l'éternité... et où nous pourrons nous réfugier demain, loin de nos décors et de nos lois éphémères, dans le rêve immuable qui berce et qui enchante...
Seulement :
Un commerçant de Rabat, en 1912, écrivait : « Tout est désordre au Maroc. Ce pays est comparable à une femme qui ne serait pas en puissance de mari. Il lui faut un mari.,, »
Et la France est venue.
Ce qu'ils admirent ? Des conquérants, des saints, ceux qui, à la croisade comme à la guerre, sont des chefs...
Oui, là-bas, dans les vergers de Fez, erre l'ombre de Maïmonide et celle d'Averroès, l'Islam lettré, mystique, le théologien, le philosophe.
Mais aussi :
Sous la souquenille noire et la calotte du Juif, pieds nus, cachant dans son sac en poils de chèvre son sextant, bravant onze mois le danger et l'injure pour nous donner sa Reconnaissance au Maroc, celui que plus tard, baisant le bas de sa robe, les enfants du Hoggar appelleront : le Marabout...
Et celui-ci, que j'entends encore :
« Vous ne me pardonnerez pas de ne pas témoigner devant vous de ce que le Maroc doit à ces troupes parmi lesquelles je suis né et j'ai vécu toute ma vie. Elles sont là-bas, en' avant, muraille mouvante et vivante derrière laquelle, telles ces terres reconquises sur la mer, s'avance chaque jour un peu plus le défrichement matériel, moral et social de ce pays dont la barrière de leur poitrine est la garantie de la sauvegarde... Certes, il ne s'agit pas ici de soif de conquête. Notre seul but, notre seul dessein est de conserver la paix... Si le Maroc à demi soumis a pu, aux heures critiques rester pour la France

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- La Makina de Fez.


une force et un réservoir, que sera-ce le jour où, entièrement pacifié, il la libérera de toute emprise militaire, et pourra porter au décuple le contingent de ses ressources. Ce jour là, il sera la grande réserve toute prête, celle qui impose le respect des traités et garantit à la patrie une paix glorieuse. Que cette pensée vous porte dans la rude tâche qui vous attend, sans répit dans le bled... »

Et ceci, pour mettre au bout de ces pages sur le Maroc, comme des étendards aux voûtes d'une mosquée, les noms de Charles de Foucauld et du maréchal Lyautey.

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- Une rue à Taza.


TABLE  DES  MATIERES



Chapitre I.   _ .......... L'ARRIVÉE  AU  MAROC .................... 9

Chapitre II.  _ ..........OUEZZANE-LA-SAINTE . ...................13

Chapitre III._ .......... RABAT. _ SALE . CHELLA ..................25
....................I. — La Ville des Cigognes ...........................25
....................II.— La Ville des Juifs. ................................35
...................III.— La Ville des Pirates ..............................45
...................IV.— La Ville des Génies ...............................52

Chapitre IV. _ SAFI   LA  MÉCONNUE ........... .....................65

Chapitre V. _ MARRAKECH ...............................................75

....................I. _ Marrakech la Saadienne .........................75
...................II. _ Marrakech la Saharienne.........................87
..................III. _ Marrakech l'Andalouse .........................111

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