LE MAROC

... à effacer totalement l'empreinte de la colonisation romaine au Maroc
Les ruines de Volubilis, mises à jour par Lyautey, ce grand artiste apparenté aux colonisateurs romains, dépouillent peu à peu leur robe de terre pour offrir aux conquérants modernes la grande leçon des conquérants antiques.
Car Volubilis est une grande leçon de confiance dans les destinées d'un pays. Sans souci de la région hostile, ni de l'éloignement de la mère patrie, les colons romains édifièrent au cœur du Maroc une ville qui aurait, comme Rome, mérité d'être éternelle.
Si l'on ajoute par la pensée, aux pierres encore debout, celles ...

... qu'on découvre dispersées à chaque pas dans le Maroc, au palais de Moulay Ismaël de Mecknès, au seuil des maisons particulières de Fez, dans les somptueuses demeures de Marrakech, on peut se faire une idée de l'ensemble de cette ville devenue la carrière de marbre et de pierre où le Maroc tout entier a puisé les chapiteaux, les fûts, les colonnes, les sculptures qui embellissent ses plus beaux monuments.
Les fouilles permettent de reconstituer non seulement le plan de la ville mais également sa vie.
Quel charme dans cette huilerie où sont encore intacts les constructions, les canalisations, les pierres entre lesquelles on broyait les fruits, le sol sur lequel on les étendait, les cuves faites d'un ciment inégalé et jusqu'à une amphore qu'on pourrait croire abandonnée depuis la veille par un esclave en fuite.

Quelle impression de noblesse dans ce forum, centre de la cité, dans cet arc de triomphe, daté de l'an 207, marquant l'étape des légions au service de la cause nationale, monument somptueux pareil à tant d'autres disséminés à travers le monde connu mais particulièrement émouvant ici, au cœur du pays le plus barbare de la terre.
Quelle activité le long de cette voie romaine, large et cimentée qui, il y a dix-neuf siècles, suivait, entre Volubilis et Tanger, un chemin plus rationnel que notre fameuse voie ferrée Tanger-Fez, à nous imposée par les traités internationaux.
Volubilis ! échantillon trop mutilé mais encore éloquent de l'œuvre romaine ! Quand on circule, à la nuit, dans tes pierres calcinées par le soleil et par le feu, on se demande si l'on ne rêve pas dans les ruines de Pompéi ou sur les voies qui longent le Tibre...
Pour peu qu'un Berbère en djellaba passe en courant, on se demande si ce n'est pas un courrier romain attardé en ces lieux et fuyant vers Tanger pour annoncer à ses frères la grande désolation de Volubilis, capitale romaine de l'antique Mauritanie.

Vers l'an 780 de notre ère, fuyant la persécution de ses frères musulmans, Moulay Idriss Ben Abd Allah Ben El Hassane, Ben Ali, descendant direct du Prophète, s'arrêta à Volubilis, devenue Oulili, depuis le départ des Romains.
Dans la cité encore florissante, il prêcha aux païens, aux chrétiens et aux juifs, la pure doctrine de Mahomet.
Cette date marque la naissance de l'Islam au Maroc et justement dans les lieux choisis par les Empereurs de Rome, pour être une capitale, une citadelle où, normalement, le christianisme aurait dû s'implanter, comme dans le reste du monde romain.
Fez et Ouezzan, villes saintes, n'approchent pas, comme réputation ni comme antiquité, la ville de Moulay Idriss où repose le petit-fils du Prophète, celui qui porta des terres lointaines de la Mecque la « lumière islamique ».
Quand on sait l'origine de la ville de Moulay Idriss, on comprend la vénération dont les Arabes et les Berbères l'entourent. La haine des ...

... ennemis du grand saint le poursuivit jusque dans cette retraite glorieuse et, en Orient fut décidée sa mort. Les ennemis choisirent pour accomplir leur œuvre, un juif. Celui-ci feignant de se convertir à l'Islamisme, devint l'intime de Moulay Idriss, l'empoisonna et s'enfuit.
Cet acte de barbarie jeta le pays dans la consternation. Premier apôtre du Coran, le saint fut inhumé dans la ville qui porte son nom et où il avait coutume de venir souvent prier à l'écart.
Là, depuis l'an 800, il reçoit, sous la terre de sa kouba, l'hommage des foules dont les invasions, les révolutions, ou les jalousies des sultans ne purent arrêter le flot pressé et bruyant.
L'empoisonnement de Moulay Idriss est certainement à l'origine de la haine que professent les Marocains pour les Israélites, instruments de ce crime, et pour leurs coreligionnaires algériens qui en avaient été les instigateurs.
La descendance de Moulay Idriss confirma la gloire de l'ancêtre en créant la dynastie des Idrissides dont le saint le plus vénéré, après Moulay Idriss Ier, fut Moulay Idriss le fils, fondateur de Fez et patron incontesté de cette ville qui abrite son tombeau sous une magnifique mosquée.

Ainsi donc, nous avons vu Marrakech redevable de sa puissance et de sa beauté à la dynastie saadienne, nous avons vu Mecknès enrichie par Moulay Ismaël, un des premiers Alaouites; Moulay Idriss et Fez doivent aux Idrissides, leur existence et leur parure.
Comment les cités marocaines ne seraient-elles pas, au premier chef, villes d'Islam, puisque leurs premières pierres furent posées par de saints descendants de Mahomet et que la puissante aristocratie actuelle transmet, depuis des siècles, le sang du Prophète par les innombrables lignées des chérifs.
A Moulay Idriss, citadelle islamique, les étrangers ne peuvent normalement séjourner. Sous les oliviers de la proche montagne du Zérhoun, la ville s'offre, à flanc des montagne, pittoresque à souhait, animée comme une grande cité, avec ses marchands de bondieuseries qui proposent aux pèlerins les cierges peints de Moulay Idriss, les chapelets de Moulay Idriss... les nougats de Moulay Idriss.
Moulay Idriss ! Continuellement, ce nom revient dans la rue, dans ...

... les souks, dans les serments, sur les lèvres des paralytiques et des infirmes accroupis le long des murs car il n'y a pas, en Islam, de lieu saint ni de pèlerinage, sans la nuée encombrante, vociférante, grouillante, des mendiants obstinés.
Ceux-ci, au nom de leur protecteur, — il n'est pas, disent-ils, de plus grand saint que lui — dispensent les spécialités de leur patron aux âmes généreuses.
Aux femmes, ils prédisent des enfants mâles nombreux, aux hommes du bled d'abondantes récoltes, aux Européens la Baraka, la bénédiction sans réserve du petit-fils de Mahomet, couché en ce lieu qu'il anime en plein XXe siècle, de ses miracles et de son impérissable souvenir.

L'ISLAM n'est pas seulement une religion, c'est une loi civile, une doctrine morale, presque une race humaine. Des Indes à l'Atlantique en passant par Constantinople, la Syrie, l'Egypte, la Lybie, la Tunisie, l'Algérie, le Maroc, la foi de Mahomet tient sous son emprise des millions d'âmes, courbées dans le complet abandon de leur individualité.
Cette grande force, hier somnolente, aujourd'hui remuante, des Européens ont cherché à la comprendre; des livres par dizaines ont été publiés et nous n'avons pas fait un pas dans la connaissance de la pensée musulmane. Pour la connaître à fond, il nous faudrait être nés ...

... sous sa loi, avoir été formés par elle ou tout au moins en devenir des disciples absolus. Certains l'ont essayé et l'attirance de cette religion a été telle qu'ils ont été conquis totalement. Prisonniers de ce qu'ils croyaient conquérir, ils n'ont même pas tenté de juger leur propre évolution. Oubliant qu'ils voulaient être des juges, ils sont devenus des partisans.
De l'avis unanime, dans la famille mahométane, les peuplades marocaines sont celles qui ont gardé les prescriptions coraniques avec le plus d'intransigeance, le plus de volonté, le plus d'acharnement. Et, dans ce vaste empire du Moghreb, il n'est pas de ville plus parfaitement, plus unanimement, plus totalement musulmane que Fez.
Devant la Turquie chaque jour plus moderne, devant l'avachissement des peuples frères, les Marocains sont les derniers indépendants. Ils le prouvent surtout en entretenant à Fez une des plus brillantes universités d'Islam où se transmettent, par les écrits, surtout oralement, les commentaires des livres saints.
De tout le Nord africain et souvent même de l'Egypte et des Indes, ...

... les jeunes mahométans viennent suivre les cours de l'Université Karaouïne. L'enseignement, comme toute chose ici, est original.
Est élève qui veut, est maître qui s'impose.
Les élèves, quel qu'en soit le nombre, vivent dans les médersas, moitié lieu de prière moitié habitation, où les artistes de tous les temps ont accumulé des merveilles d'architecture et de sculpture. Là, l'étudiant, le Tolba, n'a à s'occuper que de travailler intellectuellement et de prier.
La chambre qu'il occupe ne lui coûte aucun loyer et, chaque matin, il trouve derrière sa porte de quoi subsister pour la journée, un pain et quelques vivres, offerts par les confréries religieuses et acquis au moyen des revenus des biens de mainmorte ou Habous.
Le Tolba ne connaît pas évidemment le luxe et la fortune mais ...

... il vit... et, en Islam, tout est là. La situation ne doit d'ailleurs pas être mauvaise puisqu'on compte trois à quatre mille bénéficiaires de ces libéralités pieuses et que certains d'entre eux prolongent leurs études... jusqu'à leur mort.
S'il n'est pas difficile d'être étudiant, il n'est pas plus difficile d'être professeur... Tout le monde peut essayer. Il suffit de prendre son tapis de prière, de s'accroupir et d'enseigner. Les étudiants vous écoutent. Si votre enseignement, votre philosophie, votre éloquence leur plaisent, ils reviennent et forment un groupe qui varie entre dix et cinq cents. Dans le cas contraire, ils font le vide autour de la nouvelle chaire dont le titulaire n'a qu'à plier bagages et à chercher une autre situation.
Dans l'Université de Fez, on n'étudie que le Coran car tout découle de lui : arts, astronomie, législation, politique. C'est le livre universel dont l'imagination de ces grands rêveurs que sont les Marocains arrive à tirer les plus extraordinaires leçons.

Cela n'empêche pas de véritables savants de se révéler à l'ombre des Médersas ou sous les voûtes blanches de Karaouïne. Leur collaboration avec la France a vu se juxtaposer deux peuples, elle n'a pas fait naître une race ni dévier une croyance.
L'Islam marocain de 1928 est le même que celui de l'an 800. Rien n'a changé dans la ville que fonda, au IXe siècle, l'arrière-petit-fils du Prophète, ni les mœurs, ni les costumes, ni les méthodes de travail, ni les corporations, ni l'art, ni le commerce, ni les souks, ni les rues, ni les mosquées, ni les habitations privées.
C'est donc en plein Moyen Age que nous sommes projetés quand nous franchissons le seuil de la Médina clé Fez, la porte de cette ville arabe inviolée. Des hasards miraculeux ont conservé à la cité son caractère islamique sans mélange. Dans les autres villes du Maroc, les Juifs d'abord, les Européens ensuite se sont installés dans les maisons ...

... primitives. Fatalement ces demeures se sont transformées, les fenêtres se sont ouvertes plus largement, les rues elles-mêmes se sont souvent élargies. A Fez, rien de tel. Les sultans, pour éviter les conflits, ont parqué les
Israélites dans le Mellah — un des plus pittoresques du monde — séparé nettement de la ville ancienne. Quant aux Européens, avec son sens artistique et ethnique profond, le maréchal Lyautey, désirant garder intacte la belle Médina, a créé pour eux une ville nouvelle. Ainsi, les hôtels fastueux, les cafés à lumière trop crue, les succursales des magasins parisiens n'ont pas déshonoré les demeures millénaires des musulmans. Allah a gardé à l'abri des incursions du progrès une ville née de l'inspiration directe du Prophète. Il a voulu conserver dans leur cadre les merveilleuses mosquées où, depuis onze siècles, les générations de croyants se succèdent pour le prier. Si vous enleviez de ces rues l'électricité, le téléphone et les phonographes, vous auriez sous les yeux Fez d'il y a cinq cents ans.

Fez El Bali ! Fez le vieux !... c'est la prière des mosquées, la chanson plaintive  des travailleurs,  le  bruit monotone  de  l'eau,  le commerce affairé des fondouks et des souks, c'est le grouillement de la foule blanche, le soleil des terrasses et l'ombre pénétrante de la rue, les sculptures des médersas, le luxe des intérieurs ...

... la richesse des bourgeois et la sordide pauvreté des aveugles et des mendiants.
C'est tout cet ensemble qui enchanta Loti et ce sont ces mêmes choses qui bercèrent l'orgueil naissant d'Abd-el-Krim et de tous les insurgés. C'est ce charme insoupçonné qui retient les poètes, exalte les peintres, étonne les voyageurs.
Fez ! Pays où l'on prie, pays où l'on travaille, pays où l'on étudie, pays où les profanes que nous sommes, aussi bien que les Arabes et les Berbères vivent du passé et se nourrissent de lui.
Étonnante Médina, dernier refuge du monde où l'on n'ait pas à se garer des autos, où l'on entend, cinq fois par jour, l'appel à la prière que lancent en plein ciel, du haut des minarets, les muezzins, gardiens de la flamme religieuse et de la tradition.
Quand on aborde la ville, on ne distingue d'abord qu'un vaste ...

... océan de toits blancs serrés les uns contre les autres, enchevêtrés, pressés autour des mosquées, car Fez s'est développée dans ses remparts sans les déborder.
Du haut des collines qui l'enserrent, le spectacle est magnifique. Allez au nord de la ville, auprès des tombeaux des Mérinides, seuls restes d'une dynastie éteinte. Asseyez-vous au pied des arceaux qui abritent les corps des sultans célèbres du XIIIe siècle. Ces murailles ne sont plus aujourd'hui que des nids pour les oiseaux mais dans leur vétusté, elles conservent un aspect impressionnant de grandeur. Trône vermoulu de guerriers magnifiques, ces tombeaux dominent encore de la haute colline la ville qui trembla devant des maîtres puissants... devenus poussière qu'emporte le vent.
De là, Fez vous apparaîtra, tout entière, encerclée de remparts, piquée de minarets, blanche, blanche encore, blanche jusqu'à l'obsession. De là, vous saisirez parfaitement les trois grandes caractéristiques de la cité.
Vous verrez Fez ville sainte, avec la profusion de ses lieux de prière, de ses rendez-vous d'étudiants et, si vous savez attendre la chute du soleil, vous entendrez jeter aux quatre points cardinaux la prière par excellence : « Allah ackbar. » « Dieu seul est grand. »

Fez ville guerrière. Ceinturée d'une double muraille, dominée par des forteresses, elle a une allure belliqueuse.
Fez capitale. On découvre de vastes palais, les immenses jardins des sultans et les fameux « dars » où les siècles ont accumulés d'inappréciables trésors.
Vous ne pourrez retenir un cri d'admiration pour toutes ces splendeurs jetées à vos pieds, ni un cri d'angoisse devant cette immensité qui prie.
Descendez et voyez. Vous pourrez aimer la ville immortelle des sultans, vous n'arriverez pas à la comprendre car nous sommes d'un autre siècle et la transition nous aveugle quand, arrivant de l'Europe du XXe siècle, nous sommes projetés dans une ville moyenâgeuse, figée dans son costume et dans ses mœurs, dans une ville qui garde jalousement son âme millénaire, son âme inviolée.

L'impression dominante du ...

... voyageur arrivant dans la Médina a été traduite par Pierre Loti, dans les dernières lignes de son livre « Maroc ».
« Oh ! Moghreb sombre, écrit-il, reste bien longtemps encore muré, impénétrable aux choses nouvelles; tourne bien le dos à l'Europe et immobilise-toi dans les choses passées.
« Dors, continue ton vieux rêve, afin qu'il y ait au moins un dernier pays où les hommes fassent leur prière. Qu'Allah conserve au peuple arabe ses songes mystiques, son immuabilité dédaigneuse et ses haillons gris. Qu'il conserve aux musettes bédouines leur voix triste qui fait frémir, aux vieilles mosquées l'inviolable mystère... et le suaire des chaux blanches, aux ruines. »
Le poète a vu juste! Fez est une ville de prière, une ville sainte, une capitale religieuse, un pèlerinage perpétuel. Nos villes françaises du Moyen Age ont eu, elles aussi, ce même caractère. Tout y était fonction de la divinité et du culte d'un saint local. Tout y était constamment ...

... prière, depuis le travail et l'étude jusqu'aux jeux et aux plaisirs. Sur le seuil des églises toulousaines, les mendiants tendaient la main au nom de saint Saturnin, premier évêque de la cité, à Tours ils invoquaient saint Martin, apôtre des Gaules, à Limoges, saint Martial, fondateur de la ville... à Fez, c'est le nom de Moulay Idriss qui revient en obsédant refrain, sur les lèvres des aveugles, dans les cris des enfants, dans les discours des personnages officiels, dans le serment des vieillards.
En l'an 808, venant de la Mecque, ville sacrée, porteur de la croyance, du livre et de la parole de son ancêtre le Prophète Moulay Idriss créait cette cité qui, après des siècles, garde intacte sa « Kouba », son tombeau miraculeux.
Depuis que le saint repose au cœur de la Médina, sa « baraka », sa bénédiction s'étend sur les âmes et sur les choses. Le tombeau de Moulay Idriss — et cela donne bien une idée de la vénération de la foule — est le seul lieu d'asile de tout le Maroc. Les commerçants faillis, les voleurs, les assassins, les traîtres peuvent s'y réfugier. Quand ils ont passé le seuil de la mosquée, ils sont intangibles. La police française et celle du ...

... sultan s'arrêtent sur la porte où Moulay Idriss accueille le criminel, le nourrit par le revenu de fondations pieuses et le protège contre la justice humaine. L'homme peut rester là tout le temps qu'il lui plaît, il est sacré comme le lieu lui-même.
Étrange survivance du droit d'asile de nos cathédrales !
Le contact du sanctuaire avec l'extérieur se fait par le mur aux offrandes. Là, on a le spectacle du défilé le plus étonnant de l'Islam; les misères les plus sordides succèdent au faste des puissants.
Au fond d'un couloir qui fait communiquer les deux portes principales de l'édifice, éclairé le jour par une lumière toujours tamisée et la nuit par des lampes mystérieuses, le mur aux offrandes est certainement le point le plus vénéré du Maroc. Il n'est pas une famille venant du bled qui n'apporte dans le trou ménagé dans le mur un douro ou un cierge multicolore.
Hommes et femmes viennent s'imprégner de la bénédiction. Ils déposent leurs aumônes en touchant ou en baisant les boiseries qui ...

... environnent le tombeau du saint. Dans le creux des bois usés par le frottement de millions d'êtres humains, on découvre des multitudes de dents que les croyants apportent à leur bienfaiteur en hommage ou en reconnaissance d'un bienfait.
A ce sanctuaire, les sultans font hommage des « beïas », textes par lesquels les villes et les tribus acceptent leur souveraineté. Ces documents ont parfois plus d'un mètre de long et sont ornés d'enluminures. Après l'offrande, ils sont suspendus aux voûtes de la basilique.
C'est aussi à cette mosquée que les visiteurs étrangers déposent avec l'offrande de pièces d'or, l'assurance de leur respect pour l'Islam.
Au mur de Moulay Idriss, le maréchal Lyautey venait jeter, dès son arrivée dans la capitale religieuse, vingt pièces d'or. Le président Millerand, le roi des Belges, l'ambassadeur des Etats-Unis n'ont pas dérogé à cette règle des usages locaux et à cette « finesse » de diplomatie.

... très sculptés, les lampes votives, les tapis, les brûle-parfums, les dentelles, les étoffes précieuses, les reliures, et enfin, de nos jours, les pendules les plus formidables et les plus compliquées dont on entend depuis le seuil les mille sonneries.
Tout ce quartier de Moulay Idriss, présente une originalité qui déconcerte le passant, qui fait la joie des Arabes du bled et qui effraie ceux qui scrutent l'âme musulmane.