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Mémoire de la présence Française au Maroc à l'époque du Protectorat
 
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 Pour comprendre l'Art Musulman dans l'Afrique du Nord et en Espagne

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Pierre AUBREE
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MessageSujet: Pour comprendre l'Art Musulman dans l'Afrique du Nord et en Espagne   Pour comprendre l'Art Musulman dans l'Afrique du Nord et en Espagne - Page 2 EmptyMer 23 Jan - 8:13

page 29
Pour comprendre l'Art Musulman dans l'Afrique du Nord et en Espagne - Page 2 Art_0219

... appliqués surtout aux tombeaux, nous indiquent quel soin il prenait de ses morts. Quoique beaucoup moins développé qu'en Europe, son sentiment artistique est manifeste. Ses représentations animées sont rares : ce fait sera constant dans la période historique, exception faite toutefois pour les époques durant lesquelles la Phénicie, l'Italie et Byzance exerceront leurs influences.


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MessageSujet: Pour comprendre l'Art Musulman dans l'Afrique du Nord et en Espagne   Pour comprendre l'Art Musulman dans l'Afrique du Nord et en Espagne - Page 2 EmptyJeu 24 Jan - 10:53

page 30
Pour comprendre l'Art Musulman dans l'Afrique du Nord et en Espagne - Page 2 Art_0310

CHAPITRE II
Période antique.
PÉRIODE LIBY-PHÉNICIENNE.
- Fondée vers la fin du IXe siècle avant notre ère, Carthage, colonie de Tyr, devient une métropole qui importe d'Asie des étoffes, armes et outils de bronze, verroterie et bijoux, échangés contre le blé et les fruits africains. A la faveur de cette situation, elle peut annexer une partie de la Tunisie, fait accompli au Ve siècle. Puis elle étend son hégémonie sur les côtes barbaresques et jusqu'en Sicile, Sardaigne et Baléares où elle fait rayonner la civilisation des villes phéniciennes de Tyr et de Sidon. L'un de ses navigateurs, Hannon, franchit même les colonnes d'Hercule et fonde quelques comptoirs sur la côte atlantique.
Pour juger de l'art de l'époque, on manque de documents. Les murailles d'enceinte, les citadelles, les temples, les grands édifices publics, les palais fondés par les Phéniciens ont été détruits. Il ne reste guère que des mausolées. S'il en est d'énigmatiques, comme le Medracen (Constantine) et le Tombeau de la Chrétienne (Alger, fig. 14), qui conservent le caractère des vieux tumulus, celui de Dougga (Tunisie) montre que des éléments asiatiques, égyptiens et même grecs entraient dans l'art liby-phénicien.
Elevé pour abriter la dépouille d'un prince berbère ou phénicien, probablement à une époque voisine de la destruction de Carthage, c'est-à-dire vers le IIe siècle av. J.-C., ce monument se rapproche du type égyptien sur dé (fig. 15). On releva, sur l'une de ses faces, une inscription bilingue, libyque et phénicienne, donnant les noms des constructeurs. Sur un soubassement ...


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MessageSujet: Pour comprendre l'Art Musulman dans l'Afrique du Nord et en Espagne   Pour comprendre l'Art Musulman dans l'Afrique du Nord et en Espagne - Page 2 EmptyJeu 24 Jan - 10:57

page 31
Pour comprendre l'Art Musulman dans l'Afrique du Nord et en Espagne - Page 2 Art_0311
FlG. 15. - TOMBEAU LIBYCO-PUNIQUE. (IIe siècle avant J.-C.) Dougga, Nord tunisien.

... carré, de six degrés, repose un socle quadrangulaire orné aux angles de pilastres ioniques. Au-dessus, trois autres degrés soutiennent un nouveau massif cubique dont les flancs étaient décorés de huit colonnes ioniques cannelées et engagées, et les angles cantonnés d'autres colonnes. Au-dessus de l'entablement, de style phénicien, qui surmontait ces colonnes, trois degrés, cantonnés de dés portant des cavaliers, servaient de base à un troisième étage décoré de quadriges en bas-reliefs, et coiffé probablement d'une pyramide ; celle-ci était flanquée, aux angles, de femmes ailées. Le monument avait une hauteur de 12 mètres.
Les documents les plus abondants et les plus sûrs de la civilisation carthaginoise ont été recueillis par l'exploration des nécropoles situées aux abords des cités antiques. Ceux de Carthage, dus surtout aux recherches du R.-P. Delattre, sont particulièrement instructifs.
Les inscriptions, trouvées par milliers, mais peu variées, sont presque toutes des dédicaces religieuses. Elles relatent les noms et professions des habitants et figurent les dieux : Melkart, le héros voyageur ; Echmoun, le Dieu sauveur, l'Esculape des Grecs et des Romains ; Tanit, souvent confondue, à tort ou à raison, avec l'Astarté tyrienne, la déesse de l'Agriculture, Déméter ou la Cérès antique ; Baal Hammon ou Moloch, dieu cruel et sanguinaire, représenté sous les traits d'un homme âgé aux cornes de bélier, assis sur un trône soutenu par deux béliers, et auquel on offrait des sacrifices humains.
Le tombeau consistait en une simple fosse creusée dans le roc; ou en une large chambre aménagée au fond d'un puits vertical et étroit; ou en un lourd sarcophage de pierre, déposé ...



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MessageSujet: Pour comprendre l'Art Musulman dans l'Afrique du Nord et en Espagne   Pour comprendre l'Art Musulman dans l'Afrique du Nord et en Espagne - Page 2 EmptyJeu 24 Jan - 11:00

page 32
Pour comprendre l'Art Musulman dans l'Afrique du Nord et en Espagne - Page 2 Art_0312
FIG. 16. — MASQUE PUNIQUE. Carthage. Musée du Bardo.
FIG. 17. — LA PRÊTRESSE CARTHAGINOISE. IVe siècle av. J.-C. Musée Lavigerie.

... sur le sol, ayant la forme d'un temple grec avec un couvercle imitant un toit à double pente, avec frontons aux extrémités ; ou encore en une vraie maison souterraine avec porte tournant sur des gonds, et faîtage de dalles contrebutées. Auprès du défunt, on déposait des objets familiers : une lampe, une patère, deux fioles, deux urnes et autres pièces diverses : vases de parfums originaires de Chypre ou de Corinthe, ornés de peintures de style archaïque grec ; bijoux et pierres précieuses ; rasoirs ciselés ; scarabées ; amulettes en forme d'insectes, sans doute importées d'Egypte ; masques (fig. 16) rappelant les masques funéraires trouvés à Mycènes, à l'expression réaliste, grimaçante et laide.
Des couvercles de sarcophage trouvés à Sainte-Monique, près de Carthage, portent en relief des images peintes des morts. La plus saisissante est celle d'une prêtresse (fig. 17), tenant de la main droite une colombe, de la main gauche une cassolette à offrandes ; la tête est couverte d'un voile que surmonte une dépouille d'épervier ; sur les épaules, est jetée une pèlerine consistant en trois bandes d'étoffe superposées; le corps est vêtu d'une tunique légère qu'enveloppent, en bas, deux grandes ailes croisées ; les yeux sont ouverts ; l'expression est fine et calme ; l'œuvre fut rehaussée de couleurs.
Une autre image figure un prêtre barbu, levant une main dans un geste de prière, tenant de l'autre une cassolette à offrandes ; il est vêtu d'une longue tunique, sur laquelle est jetée une sorte d'épitoge tombant de l'épaule gauche. Enfin, une femme, dans une attitude de douleur, la tête couverte d'un voile qu'elle écarte de la main, est de style et de costume purement grecs. ...

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page 33
Pour comprendre l'Art Musulman dans l'Afrique du Nord et en Espagne - Page 2 Art_0313
FIG- 18. _ SIGNES DE TANIT. Période liby-phénicicnne.

... Mais il s'agit ici d'un art très complet, de l'art d'une élite sans doute. Il en existait un autre, plus primitif, plus répandu et plus populaire, qui a pu être étudié sur des milliers de stèles, notamment dans les images de la divinité principale de Carthage, qu'on appelait Tanit Pêne Baal.
Le signe de Tanit (fig. 18) est figuré par un symbole généralement composé de trois éléments : 1° un triangle complet, ou bien un trapèze ; 2° immédiatement au-dessus, un cercle souvent incomplet, ayant l'aspect d'un croissant retourné ; 3° entre les deux premières figures, une
barre horizontale formant deux bras latéraux, parfois se coudant, arqués, vers le haut. Tous les traits sont doubles.
L'image complète fait penser à une femme qui serait vêtue d'une longue robe et lèverait les bras. Elle est sculptée, soit au-dessus d'une inscription punique, soit au-dessous, tantôt isolée, tantôt accompagnée d'une main, d'un caducée, de boutons de lotus, de rosaces ; elle est propre aux Phéniciens d'Occident et ne paraît pas remonter au delà du IVe siècle.

PÉRIODE ROMAINE. Historique. — A Carthage abattue succède Rome qui, du IIe siècle avant notre ère au Ve siècle après, étend et assure sa domination sur les provinces d'Afrique (Tunisie), de Numidie (parties orientale et centrale du département de Constantine), de Maurétanie Césarienne (reste de l'Algérie) et de Maurétanie Tingitane (Maroc septentrional). Ses soldats et ses colons d'une part, ses sujets indigènes romanisés d'autre part, bâtissent chacun le type de cité qui répond le mieux à son genre de vie. On distingue ainsi les villes militaires comme Lambèse et Timgad, dues aux légionnaires, des villes indigènes, édifiées par des princes autochtones romanisés, comme Cherchel l'ancienne Caesarea, et Constantine, l'antique Cirta.

Style gréco-romain. — L'art ne se distingue pas alors par ...
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page 34
Pour comprendre l'Art Musulman dans l'Afrique du Nord et en Espagne - Page 2 Art_0314
FIG. 19. — LE PRAETORIUM ROMAIN. Lambèse (Constantine), IIe siècle. Photo Bougault.

... une très grande originalité. Les artistes sont parfois honorables, mais dépourvus de « génie créateur ». Rome transplante de toutes pièces, jusqu'à ses frontières, le style de la métropole dit « gréco-romain ». On en connaît les signes distinctif s : ordres grecs empilés les uns au-dessus des autres ; combinaisons de l'arc et de la colonne, que n'avaient jamais employées les Grecs. Presque toujours somptueux et robuste, quoique parfois illogique, ce style ne traduit pas moins un idéal de majesté et de grandeur. Il ne semble pas, en outre, avoir subi sérieusement l'influence de son devancier, le style punique, trop peu vivace pour s'imposer aux vainqueurs ou pénétrer leur art. Cependant, les méthodes italo-grecques subissent quelques modifications imposées par les ressources locales, les nécessités du climat et les influences de provinces voisines, telles la Syrie et la presqu'île ibérique.

Architecture militaire. — Le camp romain devait se trouver à proximité de sources, s'élever sur un terrain en pente douce et bien découvert, comporter une enceinte percée de quatre portes ; la tente du commandant en chef se dressait au centre.
A Lambèse, on a non seulement retrouvé le camp primitif de la IIIe légion Auguste, mais encore le camp permanent construit dès la première moitié du IIe siècle pour surveiller les populations de la région aurésienne avoisinante. C'est un rectangle de 500 mètres de long sur 400 de large, limité par un rempart de pierre. Deux voies perpendiculaires le traversent. Les quatre portes à double passage, l'un pour les voitures, l'autre pour les piétons, sont flanquées chacune de deux tours. A l'intersection des deux voies, à l'endroit même assigné à la tente, s'élève une haute bâtisse rectangulaire, nommée prœtorium (fig. 19), construite en belles pierres de ...


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Pour comprendre l'Art Musulman dans l'Afrique du Nord et en Espagne - Page 2 Art_0315

... taille, percée sur les quatre faces de larges ouvertures en plein cintre, ornée de pilastres à chapiteaux corinthiens et de colonnes dégagées couronnées par un avant-corps, que relie à l'entablement un décrochement du mur. L'entrée de la façade principale est accostée de deux niches, elles-mêmes flanquées de deux colonnes.
Aux abords de cette noble ruine, sévère et solide, où se tenaient peut-être les réunions officielles présidées par le commandant en chef, se trouvaient des salles de dépôt pour les enseignes, des salles d'archives, des magasins d'armes, des chapelles où l'on vénérait les effigies des empereurs et les divinités militaires, des locaux où s'assemblaient des sociétés amicales, des bains, des hôpitaux, des prisons, des écuries.
On connaît la cérémonie du triomphe chez les Romains : rendre à un homme des honneurs presque divins, lui tendre la coupe des hymnes en présence de tout un peuple, inventer pour lui des fêtes sans pareilles afin que des images plus belles accompagnent son ivresse, s'associer dans le même moment à la joie qui gonfle son cœur, prendre part à sa louange... L'Afrique du Nord est riche d'édifices qui magnifiaient cet événement. Ce sont les arcs de triomphe. Les plus simples se composent d'une seule baie en plein cintre montée sur deux piédroits. Le décor, très sobre, présente une base moulurée, une archivolte, une corniche ou un entablement complet. D'autres, plus ouvragés, ont leurs pieds-droits flanqués de pilastres simples ou doubles. Ailleurs, des colonnes engagées, précédant les pilastres, complètent le thème initial.
L'arc de triomphe de Caracalla, élevé en 216 à Djemila, l'ancienne Cuicul, est formé d'une baie que surmontent un entablement et un attique à inscription. La baie est flanquée de deux couples de pilastres précédés d'autant de colonnes. Celles-ci encadrent des niches semi-circulaires creusées dans les pieds-droits. Au-dessus de chaque pied-droit, un fronton triangulaire servait de couronnement aux avant-corps.
L'arc de triomphe de Timgad s'ouvre par trois arches monumentales. Les deux couples de colonnes corinthiennes, qui décorent la façade, supportent des frontons courbes. Ceux de Khamissa et de Zana présentent la même particularité. Celui de Tébessa, qui date de 214, est le plus complet ...

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Pour comprendre l'Art Musulman dans l'Afrique du Nord et en Espagne - Page 2 Art_0316

... de tous : placé, comme le Praetorium de Lambèse, à l'intersection des deux voies, il a quatre faces analogues de 11 mètres de côté, percées chacune d'une grande baie. Le vide central était couvert d'une coupole établie sur plan carré et portée par quatre trompes d'angle.

Architecture civile. Les villes. — En s'installant en Berbérie, les Romains se contentèrent souvent d'entourer les centres déjà prospères, ou jouissant d'une bonne situation géographique, d'une enceinte en pierres de taille fortement cimentées, ou en moellons bruts reliés par un mortier médiocre.
Ailleurs, ils créèrent des villes de toutes pièces, calquées sur l'ordonnance générale des camps. C'est le cas de Timgad, fondée par ordre de Trajan en l'an 100, et élevée d'un seul coup par la main-d'œuvre militaire.
La cité avait la forme d'un carré aux angles légèrement arrondis, presque parfait, de 357 mètres sur 324, établi et divisé avec toute la rigueur administrative de l'époque. Ses quatre portes, établies sur piédroits décorés de pilastres et de colonnes engagées, étaient pourvues de corps de garde. Les portes est et ouest étaient réunies par le decumanus maximus, bordé de portiques ; les portes nord et sud par le cardo (fig. 20).
Vers l'intersection était aménagé le forum, centre de l'activité civique, long de 50 mètres et large de 43, au dallage légèrement incliné pour faciliter l'écoulement des eaux, décoré de statues reposant sur des socles dont l'emplacement est encore visible. Entouré de portiques à colonnes, ce forum donnait directement accès aux édifices publics.
C'étaient, à l'ouest, la curie, lieu de réunion du conseil municipal, salle rectangulaire surélevée, largement ouverte par une colonnade sur une petite cour ; puis une tribune, rostra, sorte d'estrade d'où les orateurs parlaient aux citoyens assemblés ; enfin, un petit temple probablement dédié à la Victoire, précédé d'un portique à colonnes.
A l'est, se trouvait la basilique, grand local rectangulaire à une seule nef, large de 15 mètres, couvert d'une charpente, dont les entraits reposaient sur des pilastres flanquant les murs longitudinaux. A l'une des extrémités de la nef, une plateforme servait de tribunal ; à l'autre, étaient aménagées trois ...

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page 37
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FIG. 20. — PLAN D'UNE VILLE ROMAINE. D'après le Service des monuments historiques.

... salles contiguës, dont celle du milieu, en hémicycle, contenait une statue. Ce monument servait de prétoire et de bourse.
A l'angle nord-est, des latrines publiques, très aérées, comportaient un bassin central et, sur le pourtour, 25 larges sièges munis d'appuis en forme de dauphins. Derrière, des boutiques fermaient le côté sud.
Sur le flanc d'un mamelon, se trouvait un petit théâtre, construit au milieu du IIe siècle et pouvant contenir 3 500 personnes. ...


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page 38
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FIG. 21. — THÉÂTRE ROMAIN (166-169). Dougga (Tunisie).

... Destiné aux représentations scéniques, il se composait de gradins étages, où prenaient place les spectateurs, d'une plate-forme semi-circulaire pour l'orchestre et quelques places réservées, de la scène rectangulaire, surélevée, communiquant avec l'orchestre au moyen d'escaliers. En dehors, le long du côté externe de la scène, un portique de 16 colonnes formait la façade du monument : il servait sans doute de promenoir. La figure 21 représente le théâtre de Dougga. L'amphithéâtre d'El Djem, elliptique, est presque aussi grand que le Colisée de Rome ; il servait aux combats
de gladiateurs.
Unique en son genre, le marché de Timgad est d'une remarquable ordonnance. Il remonte au IIIe siècle. La façade principale, qui s'élève sur une place, est précédée d'un portique. Sur l'axe, une porte conduit dans une grande cour rectangulaire, entièrement dallée, entourée d'une colonnade et pourvue d'un bassin central. Dans la partie antérieure de la cour, c'est-à-dire derrière le mur de façade, sont aménagées des logettes qui servaient de boutiques aux marchands. Du côté opposé, sept autres boutiques étaient disposées en hémicycle. Des pieds-droits, portant chacun un entablement complet, s'inséraient entre les cellules, et des arceaux, surmontés d'un plein mur, les réunissaient ; au-dessus des entablements, des colonnettes, posées en encorbellement sur des consoles richement décorées, recevaient elles-mêmes une extrémité des poutres dont le pignon élevé sur la partie droite de l'hémicycle soutenait l'autre extrémité. Dans chaque boutique, une grande dalle de pierre, fixe et horizontale, servait à l'étalage ; pour pénétrer dans son échoppe, le marchand devait se glisser sous cette dalle.
Dans la seconde moitié du IIe siècle et au début du IIIe siècle, Timgad s'agrandit au delà du premier périmètre : les ...
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page 39
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... nouveaux quartiers n'eurent plus alors la régularité primi tive (fig- 20).

Les thermes. — Les Romains construisirent de vastes éta- blissements de bains partout où ils s'installèrent, ne manquant pas d'utiliser les sources thermales qui se trouvaient î leur portée. A elle seule, la Timgad ancienne comptait plu; d'une douzaine de thermes. Les grands thermes nord, par exemple, mesurent 88 mètres de long sur 66 de large et comprennent plus de 30 salles. La façade principale est orientée vers l'est. Sur le front nord se trouve le frigidarium, ou salle de bains froids, avec trois piscines, flanquée de deux autres grandes salles utilisées sans doute comme promenoirs. Du frigidarium, on passe dans le tepidarium, local de transition, légèrement chauffé par des hypocaustes, circulations ménagées dans le sous-sol, puis dans le caldarium ou salle d'étuves et de bains chauds, avec trois bassins. Aux angles sud-est et sud-ouest, deux pièces, se terminant par des hémicycles, paraissent avoir été des gymnases. Les chambres plus petites devaient être des vestiaires, des bureaux pour le personnel, etc.

Les ponts. — Le remarquable réseau de routes, longeant la mer ou pénétrant dans le pays, amena la création de ponts dont il reste peu de spécimens. Quoiqu'ayant été l'objet d'une restauration inopportune, le pont d'El Kantara (nord de Biskra), construit dans un site admirable, à l'entrée du désert, avait grand air avec son arche de 10 mètres, sa voûte à :rois nervures, ses caissons ornés de rosaces, son appareil à Bossages, sa clef de voûte d'amont sculptée d'une tête de cheval. Les ponts de Constantine, établis sur la gorge sauvage du Rummel, étaient également dignes de remarque.

Les aqueducs. — Pour l'alimentation des villes en eau, les Romains avaient des ingénieurs, spécialement chargés des travaux de recherches et d'adduction, qui construisirent les aqueducs parfois considérables. L'aqueduc principal le Cirta (Constantine) avait 35 kilomètres de développement ; ...
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FIG. 22. — AQUEDUC ROMAIN. Cherchel (Alger). Photo Lévy et Neurdein réunis.

... celui de Caesarea (Cherchel), 28 kilomètres ; celui de Carthage, amenant l'eau du Zaghouan, avait 132 kilomètres.
On construisit deux sortes d'aqueducs. L'aqueduc de Bône, qui franchit une allée profonde, se compose d'une seule série de hautes arcades ; la masse de la construction est en blocage ; la brique forme des arases dans les piles, garnit les intrados des voûtes et revêt les tympans suivant cet appareil en diagonale, dit opus reticulatum, dont les architectures byzantine et romane ont fait plus tard de si curieux emplois.
Le grand aqueduc de Cherchel (fig. 22), qui traverse une large vallée, se composait de trois étages superposés d'arcs d'entretoisement ; la base est en pierres de taille à bossages, les arcs en briques, le haut en blocage. L'aqueduc de Zaghouan comporte souvent deux étages d'arcs.

Citernes, fontaines et nymphées. — A leur arrivée aux abords des agglomérations, les eaux étaient ordinairement emmagasinées dans de vastes citernes. A Cherchel, celles-ci au nombre de six, avaient 20 mètres de long, 6 mètres de large, 8 mètres de haut. Celles de Dougga étaient plus importantes encore.
Deux sortes de voûtes étaient employées dans ces constructions : la voûte d'arête posée sur piliers isolés, et la voûte en berceau, établie sur des arcs surmontant ces piliers ou sur ...
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... des murs pleins parallèles; ces murs divisaient le réservoir en une série de cellules rectangulaires contiguës, comme on en voit à Dougga et à Carthage.
A l'intérieur des villes, la distribution de l'eau se faisait au moyen de fontaines et de nymphées qui contribuaient à la décoration des rues et des places. Tipaza présente quelques vestiges d'une fontaine en hémicycle ornée de colonnes, qui date du IIIe ou du IVe siècle.
Le château d'eau ou nymphée de Zaghouan est un hémicycle de 30 mètres de large, bâti sur une plate-forme en arrière d'un bassin presque ovale. Il recueillait les eaux de la source pour les transmettre au fameux aqueduc qui les conduisait à Carthage. Au centre de la courbe, un temple, en forme de grande niche cintrée, contenait jadis la statue de la divinité protectrice de la source. Les deux ailes étaient pourvues de colonnades ; des niches aménagées dans les parois abritaient des statues.

Les maisons. — Les habitations construites par les Romains en Berbérie furent souvent remaniées, puis ruinées. Le type classique en a cependant pu être déterminé à Timgad (fig. 23). Il se rapprochait probablement davantage de la maison grecque, mais n'était pas très éloigné de la maison métropolitaine. Son patio quadrangulaire, à ciel ouvert, entouré de portiques, orné de treilles et de plantes, communiquant avec la rue par un vestibule, remplaçait l'atrium. Des appartements et des pièces à destinations diverses s'ouvraient sur les quatre côtés de ce patio. Les riches demeures comportaient une succession de vastes cours ornées de bassins, autour desquelles se disposaient de nouveaux logis. L'entrée était quelquefois conçue de telle sorte que l'intérieur fût caché à la vue des passants. Il ne semble pas que la façade reçût d'autre décoration que celle des portiques.
Il y eut enfin des habitations souterraines. A Bulla Régla et à Dougga, certaines maisons sont creusées dans le sol et leur premier étage est au niveau de la rue : cette disposition était sans doute adoptée pour lutter contre la chaleur.

Les villas et les installations rurales. — La maison de campagne ...
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FIG. 23. — MAISON ROMAINE. Timgad. D'après R. Gagnât et V. Chapot : Manuel d'Archéologie romaine
(Ad. Picard éditeur.)

... était conçue à peu près sur le même plan que l'habitation urbaine, mais occupait, vu les grandes disponibilités de terrain, une superficie plus grande. II en existait de fort somptueuses. D'autres prirent les allures de châteaux-forts. Une enceinte en pierres de taille entourait la villa. Les entrées étaient flanquées de tours carrées et pourvues de doubles portes (fig. 29). Dans la cour se groupaient, pour la nuit, les troupeaux et les bêtes de somme. Des installations rurales ont été trouvées en divers endroits. Les huileries sont les parties qui ont le mieux résisté. On en voit à Bir Sgaoun, à Mdaourouch, à Volubilis, etc.

L'architecture religieuse. Les temples. — On a retrouvé trois types de temples païens. Le capitole de Timgad est du premier type. Situé sur une éminence dominant admirablement la ville, il se composait d'une immense cour, bordée de portiques, de 105 mètres de long sur 62 de large. Au fond et au delà d'un autel, sur une haute plate-forme à laquelle on accédait par un bel escalier de 38 marches cachant des chambres voûtées, se dressait le temple proprement dit. Six gigantesques colonnes cannelées, de 14 mètres de hauteur et de 1 m. 44 de diamètre à la base, couronnées de chapiteaux corinthiens monolithes de 1 m. 58 de haut, formaient le majestueux portique antérieur. D'autres portiques se retournaient sur les deux faces latérales du temple. La salle intérieure, rectangulaire, devait être divisée en trois chapelles contenant chacune l'une des divinités en honneur : Jupiter au centre, Junon à gauche, Minerve à droite. L'ensemble était d'une incomparable grandeur.
De dimensions plus modestes, le temple de Tébessa (fig. 24, IIIe siècle) comportait également une cour quadrangulaire, un escalier d'une vingtaine de marches, un portique antérieur de ...
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FIG. 24. — TEMPLE ROMAIN, IIIe SIÈCLE. Tébessa (Constantine). Photo Soler.

... quatre colonnes lisses surmontées de chapiteaux corinthiens, une colonne et un pilastre sur les côtés latéraux, une frise archi-travée décorée de bucranes, d'aigles tenant des serpents dans leurs serres, un attique sur socle avec des Victoires, des divinités diverses, des cornes d'abondance croisées, des guirlandes. Le sommet du monument a disparu ; on ignore comment celui-ci était couvert.
Consacré à Esculape et à sa compagne Hygie, le temple de Lambèse est de conception différente. Il n'en reste malheureusement que la substructure. Sur l'axe de l'édifice, en forme d'hémicycle, s'élevait le sanctuaire du dieu et de la déesse dont les statues s'érigeaient dans une abside. Les deux ailes étaient occupées par des chapelles dédiées à Jupiter Valens et à Silvain. Aux abords, on a découvert d'autres chapelles consacrées à d'autres dieux.

Les mausolées. — On connaît deux principaux genres de mausolées païens. Les uns n'ont qu'un rez-de-chaussée ; le plus souvent carrés et de dimensions réduites , percés de portes ou de fausses portes, couverts soit de berceaux appareillés ou monolithes, soit d'une pyramide, soit d'un fronton triangulaire profilé par une charpente de bois et de tuiles, ils comportaient une salle dont le sol, le sous-sol, et les niches recevaient les morts ou leurs cendres.
Les mausolées à étage se composaient d'une chambre sépulcrale voûtée ou couverte de dalles ; au-dessus s'érigeait un édicule en forme de temple avec portique antérieur, et couronné, comme les mausolées plus simples, d'une voûte en berceau, d'un toit à fronton ou d'une pyramide.
Le mausolée de Kasrine a trois étages pourvus chacun d'un parement de pierre ; le dernier était surmonté d'une pyramide que terminait un coq et qu'entouraient douze colonnes. La façade principale du rez-de-chaussée porte une inscription ...
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Fig. 25. — CHAPITEAU CORINTHIEN. Époque romaine. Capitole de Timgad.D'après A. Ballu.
Fig. 26. — CHAPITEAU COMPOSITE. Époque romaine. Forum de Timgad. D'après A. Battu.

... de 110 vers où se lit l'éloge du monument. Dans la voûte cylindrique, on a cru reconnaître une persistance des cupulœ puniques ; dans le fronton triangulaire, un apport gréco-romain ; dans les pyramides enfin, une influence orientale.

La décoration. — Les sculpteurs de l'Afrique romaine utilisent les éléments traditionnels de la métropole. Toutefois, comme dans tous les arts importés par les militaires et les colons, leur facture est souvent maladroite et leurs œuvres inutilement surchargées. Celles-ci intéressent néanmoins l'archéologue parce qu'elles marquent la transition entre les arts gréco-romain et byzantin.
L'ordre dorique est peu employé. L'ordre ionique est rare; on ne le trouve guère que dans quelques vestiges influencés d'art punique ; il se mélange alors à des éléments d'origine égyptienne. Avec ses couronnes de feuilles d'acanthe, l'ordre corinthien est par contre très répandu (fig. 25). Formé du corinthien, auquel s'ajoutent les volutes et le coussinet de l'ionique, l'ordre composite est assez fréquent (fig. 26).
Voici les éléments de quelques types de chapiteaux. Certains, comme ceux du théâtre de Philippeville, n'ont qu'un seul rang de feuilles d'acanthe au heu de deux. D'autres, d'Announa, près de Hammam Meskoutine, portent des volutes sortant de la couronne d'acanthe au lieu de s'échapper de l'intérieur du coussinet et s'enroulant de dehors en dedans pour se relier par un rameau terminal. Il en est encore qui se réduisent à deux moulures et à un gros bourrelet entièrement garni de fleurs étalées et d'enroulements d'acanthes. ...


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FIG. 27. — STATUE ROMAINE. Apollon de Cherchel (Alger). Musée de Cherchel.
FIG. 28. — STATUE ROMAINE. Vénus de Cherchel (Alger). Musée d'Alger. Photo Geiser.

Deux tendances se font sentir dans l'exécution : d'une part la simplification du modelé, la forme réduite à des surfaces d'épannelage donnant l'impression d'un travail seulement ébauché ; d'autre part l'amincissement des reliefs profondément entaillés de fentes et de trous, et qui en exagèrent la maigreur.

La statuaire. — « Statues de dieux dans les cellœ des temples, statues honorifiques d'empereurs et de familles impériales à l'intérieur et à l'extérieur des édifices, sur les forums et sur les portiques, statues de magistrats municipaux, statues de particuliers ornant les monuments qu'ils avaient'fait construire, répliques de statues antiques dans les thermes et les villas : telles sont les œuvres dont on a exhumé les débris » (G. Marçais). Si elles ne pèchent pas par la quantité, elles laissent presque toujours à désirer par la qualité. Ceux qui les recherchent ne s'attachent plus à l'étude du modèle vivant ; ils se contentent de copies de modèles connus ou d'adaptations assez gauches de compositions anciennes. « La monotonie des attitudes, les erreurs de proportions, l'alourdissement des extrémités, la banalité ou la laideur des masques,\la sécheresse des drapenes^sont les défauts habituels. »
Certaines œuvres ont cependant de la valeur. Par exemple : une statue de dame romaine à Constantine; des têtes d'Hadrien et d'Agrippine, à Philippeville ; deux sarcophages à bas-reliefs de Tipaza, un ensemble d'un très haut intérêt à Cherchel.


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Capitale de Juba, de ce curieux prince grécisé et romanisé, Caesarea reçut des œuvres d'art où toutes les époques de la statuaire grecque sont représentées. L'art archaïque se retrouve dans une cariatide à l'attitude hiératique, aux tresses minces, aux draperies à plis serrés et rigides. Le siècle de Périclès, peut-être de Phidias, est représenté par quelques belles figures, majestueuses et calmes en particulier un Apollon (fig. 27). Praxitèle et ses élèves ont fourni des modèles d'un grand nombre de statues, d'un Bacchus colossal, d'une Vénus rappelant la Vénus du Capitule (fig. 28), etc. A l'école de Pergame appartiennent des têtes d'une expression puissante. L'imitation des Alexandrins a donné naissance à tout un monde de figures souples et jeunes, de demi-dieux aux formes efféminées.

Pavements et revêtements. — Nous ne sommes pas très bien renseignés sur les dallages. Beaucoup ont été détruits. Quelques vestiges indiquent néanmoins que des marbres de diverses couleurs, découpés en plaques, décorèrent maintes constructions romaines d'Afrique.
Par contre, très nombreux sont les revêtements de mosaïque composés d'une multitude de fragments de marbre, de pâtes colorées, voire de terre cuite, utilisés dans les thermes et les maisons particulières. Largement, mais harmonieusement traités, les sujets sont surtout ceux de la mythologie : dieu Océan coiffé d'algues et flanqué de Néréides et de chevaux marins, Neptune et Amphitrite sur leur char, Vénus sortant de l'onde, amours de Jupiter (épisodes d'Europe et du taureau, de Danaé et de la pluie d'or, etc.), inspirés sans doute de tableaux célèbres.
Plus réalistes sont les scènes cynégétiques, sportives ou agricoles. Les animaux tels que lions, panthères, hyènes, chevaux, taureaux, oiseaux, poissons, reptiles, s'encadrent dans des compartiments dont les bordures se composent de feuillages, de grecques, de figures géométriques, d'entrelacs (fig. 29).

La peinture. — Fragile, la peinture n'a pas souvent résisté. On en a cependant trouvé une, plus curieuse que belle, àSousse Elle représente un cabaret antique. Un personnage imberbe, vêtu d'une tunique blanche à parements bleus, debout derrière ...


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FIG. 29. — MOSAÏQUE ROMAINE. Une exploitation agricole, IVe siècle. Tabarca (Tunisie septentrionale). Musée du Bardo.

... une table sur laquelle sont placés plusieurs verres, se dispose à servir des clients ; des vases de formes diverses sont rangés sur une étagère; devant lui un buveur brandit sa coupe. Cette peinture, naïve, en rappelle d'autres de Pompéi.

PÉRIODE CHRÉTIENNE. Historique.— L'influence païenne commence à décroître en Afrique dès la deuxième moitié du IIIe siècle et va s'affaiblissant jusqu'au début du Ve. En revanche, le christianisme fait de grands progrès. Les évêchés se multiplient. L'église fournit d'éminents apologistes chrétiens, dont Tertullien, saint Cyprien, saint Augustin sont les plus fameux.
Mais tune telle activité religieuse n'est pas sans réagir sur les croyances et sur les cultes païens antérieurs. Aussi a-t-elle, au point de vue des richesses artistiques, de regrettables résultats. « Les statues des divinités furent brisées, reléguées dans des oubliettes ou portées dans des lieux profanes ; à Caesarea, on les fit servir à la décoration des thermes. Parfois les païens les enfouissaient dans des cachettes en attendant des temps ...


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... meilleurs » (S. Gsell). Dans le second quart du Ve siècle, la Berbérie est occupée sans résistance par les Vandales. Guidés par Genséric, ceux-ci détruisent les ouvrages de défense des villes. De nombreuses cités romaines souffrent également des déprédations des indigènes que s'associent les envahisseurs.
Cette domination est heureusement de courte durée. Après le sac de Rome (455), le royaume vandale tombe en décadence et Justinien peut faire réoccuper l'Afrique. Bélisaire s'acquitte de cette tâche avec un plein succès (533-534) et son successeur, Solomon, achève son œuvre en réorganisant le pays.
Byzance ne recouvre pourtant qu'une partie des possessions romaines d'Afrique. A l'exception de quelques ports, elle ne dépasse guère, en direction ouest, la région de Sétif. Rapidement, trop rapidement même, elle reconstruit forteresses et enceintes, utilisant les matériaux de l'époque antérieure.

Architecture militaire. — « Au centre des plaines, de grandes citadelles surveillent tout le pays avoisinant ; à l'entrée des vallées ou au débouché des gorges, des redoutes interdisent le passage ; sur les collines, des tours de vigie observent l'approche de l'ennemi pour transmettre la nouvelle de l'invasion ; partout des fortins offrent un refuge aux populations des campagnes. Contre l'ennemi du dehors, deux lignes de places fortes au moins opposent leur barrière ; pour contenir celui du dedans, des forteresses occupent tous les points stratégiques ; chaque ville se clôt de remparts, chaque route se hérisse de tours, et au lieu du système si simple de l'époque romaine, qui limitait a la zone frontière les travaux de fortification, la province tout entière se couvre de citadelles » (Ch. Diehl).
Le type le plus complet de l'enceinte byzantine est représenté à Tébessa. C'est une muraille en pierres de taille, haute de 8 mètres, épaisse de 2, traçant un rectangle de 320 mètres sur 280. Quatre grandes tours cantonnent les angles. Onze autres tours font extérieurement saillie sur les courtines et deux d'entre elles, très rapprochées, défendent l'une des portes. Ces tours ont parfois jusqu'à 17 mètres de hauteur. Elles sont à trois étages. La salle inférieure est couverte d'une voûte appareillée. La salle du premier étage est couverte d'un plancher ou d'une voûte ; deux échauguettes sont accolées à la tour à cette hauteur ...


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FIG. 30. RUINES D'UNE BASILIQUE CHRÉTIENNE. Tébessa (Constantine).

...; les portes donnent sur le promenoir constitué par une retraite ménagée dans la partie supérieure du mur, ou par des arcades reposant sur des pieds-droits qui doublent l'intérieur de ce mur, ou encore par des dalles jetées sur des corbeaux engagés dans la construction. Le deuxième étage porte la terrasse, qu'on atteint par un escalier intérieur ; des meurtrières sont percées dans les murs.
La forteresse n'est qu'une réduction de l'enceinte. Quadrangulaire, elle ne comporte que des tours aux angles, ou à la fois aux angles et sur le milieu des courtines.
Le fortin est complètement dépourvu de tours, il contient souvent une citerne et des celliers.
Lorsque ces ouvrages sont construits avec soin, ils se composent de deux parements en pierres de taille, dont l' intervalle se remplit d'un blocage de moellons et de matériaux divers, noyés dans un mortier. Ils peuvent alors atteindre 3 mètres de large. Quand l'épaisseur diminue, le blocage disparaît et la muraille entière est en pierres de taille. Mais, le plus souvent, les ouvrages, exécutés hâtivement, se composent alternativement de pierres de grand appareil et de pierres posées en délit, entre lesquelles se place une maçonnerie de moellons.

Architecture religieuse. — C'est en Tunisie que l'évolution de l'art chrétien se présente avec le plus de netteté. On y distingue une période latine, où persistent les procédés romains, puis une période correspondant à peu près à l'occupation vandale, déjà marquée par une certaine décadence et des analogies avec l'art syrien, enfin une période byzantine où s'affirment les formules grecques. En Algérie, la chronologie des monuments est trop indécise pour qu'on puisse établir de semblables divisions. ...


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... Au Maroc, l'art chrétien ne paraît pas avoir laissé de traces.
Le type des églises africaines est la basilique rectangulaire, couverte en charpente, dérivée de la basilique civile romaine. Son grand axe est orienté d'est en ouest. Sa façade, tournée vers l'ouest, rarement pourvue de portiques, comporte soit une simple galerie, soit un vestibule fermé ; elle est percée d'une porte principale, parfois flanquée d'autres portes plus petites. Ces ouvertures sont arrêtées par des linteaux droits au-dessus desquels un évidement semi-circulaire forme décharge, fait déjà constaté dans les temples païens d'Afrique et les édifices syriens. D'autres portes, percées dans les côtés de l'église, y donnent également accès.
La salle a de une à neuf nefs, les basiliques à trois nefs étant toutefois les plus répandues. Dans ce dernier cas, les deux colonnades supportaient des arceaux clavés surmontés d'un mur percé lui-même, vers les combles, de fenêtres destinées à éclairer la grande nef, plus haute que les nefs latérales. Ces colonnades se composaient de supports cylindriques souvent empruntés à des édifices anciens, ou de simples piliers quadrangulaires. La nef centrale était couverte d'un toit à deux pentes, les autres recevaient un toit à une seule pente.
Sans transept, la salle est terminée par un mur droit, interrompu sur son axe par un renfoncement que prolonge une abside semi-circulaire. L'autel était placé soit à l'intérieur, soit en avant de l'abside. Entouré d'un espace réservé aux prêtres et d'un niveau légèrement plus élevé que celui des nefs, était limité par une barrière ou cancel.
Deux murs, prolongeant les côtés de la salle, sont souvent réunis par un mur de fond tangent à l'abside ou n'en laissant saillir qu'une partie. Extérieurement, l'église présente la forme d'un rectangle, les deux salles aménagées de part et d'autre de l'abside servant de sacristies.
Ainsi comprise, l'église d'Afrique n'a ni atrium, ni transept, son vestibule est clos par des murs, son abside est masquée par des sacristies. Elle ressemble beaucoup plus à l'église de Syrie :t d'Egypte qu'à celle de Rome.
Cependant, la basilique de Tébessa (fig. 30) possède, à l'entrée, un atrium à portique pourvu d'un phiala ou bassin central ...


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FIG. 31.— PLAN D'UNE BASILIQUE CHRÉTIENNE. Carthage.

... pour ablutions, un baptistère à immersion et une chapelle latérale trifoliée. A l'extérieur, des cellules, s'ouvrant au dehors, furent ultérieurement adossées le long des murs latéraux. A l'intérieur, au-dessus des bas-côtés, on construisit des tribunes.
Les basiliques de Carthage sont également remarquables. Celle de Damous El Karita est une vaste construction, à neuf nefs, coupée par un large transept et précédée d'un atrium en forme d'hémicycle, entouré d'un portique sur lequel s'ouvrait, au nord, une chapelle tréflée. Celle qui avoisine Sainte-Monique (fig. 31) comporte : un atrium à péristyle, avec une construction souterraine, une citerne et un puits; une importante salle hypostyle à quatorze travées et à sept nefs dont la plus importante a conservé les bases de son ciborium; une abside presque entièrement masquée par les sacristies.
D'autres édifices africains doivent encore être signalés. La basilique d'Orléansville (324) a ses cinq nefs séparées par des piliers quadrangulaires ; son abside est prise dans un cadre rectiligne. La basilique du Dar El Kous, au Kef (Tunisie), a ses bas-côtés voûtés en arête ; sa curieuse abside, creusée de cinq niches circulaires, et recouverte par une demi-coupole à côtes, rappelle les dispositions de certaines églises de Constantinople. La basilique de Siagu, à trois nefs, est pourvue d'un déambulatoire faisant le tour de l'abside, d'un autel au milieu du chœur et d'un baptistère octogonal. Une chapelle de Tabarca, à trois nefs, a son abside en fer à cheval.


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FIG. 32. —SCULPTURES CHRÉTIENNES. Musée d'Alger. Photo de l'auteur.

La décoration. — Souvent prélevée dans des édifices plus anciens, la décoration architecturale des basiliques chrétiennes manque d'originalité. Son adaptation hâtive aux monuments nouveaux provoqua tantôt le sectionnement des colonnes trop longues, tantôt l'insertion, au sommet ou à la base des colonnes trop courtes, de blocs cylindriques ou de piédestaux prismatiques.
Lorsqu'elle dut recevoir des retombées d'arcs, ou des entablements secondaires, comme à Timgad ou àTigzirt, la surface supérieure du chapiteau, devenue insuffisante, se vit couronnée d'un bloc en forme de tronc de pyramide renversé, sorte de coussinet dit imposte, d'origine syrienne, peut-être même persane. Lorsqu'enfin les colonnes durent supporter les entraits, ou poutres transversales des nefs, des consoles engagées d'une part dans le mur, avançant d'autre part sous les entraits, furent insérées entre ces entraits et les extrémités supérieures des colonnes.
L'ornementation de ces nouveaux organes est obtenue, non par des moulures, mais par des reliefs très faibles entourés de vides assez profonds, déjà connus à l'époque romaine. Quand elle existe sans provenir de matériaux plus anciens, lamoulura-tion, molle, est formée de boudins figurant des cordes ou portant d'anciens motifs abâtardis. Dans les chapiteaux, tous les ordres sont représentés. Le corinthien et l'ionique sont cependant les plus fréquents (fig. 32). Le premier est traité, comme à l'époque romaine, avec de faibles reliefs mis en valeur par des entailles profondes ; on le rencontre encore avec des reliefs en épannelage, c'est-à-dire composés de grandes surfaces dépourvues de modelé. Le second, déjà en faveur à l'époque phénicienne, est ramené à deux volutes ...


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FIG. 33.— LAMPE CHRÉTIENNE AVEC CHRISME. Musée  de Carthage. D'après un Père Blanc.

... séparées par des oves déformées, ou par quelque ornement vaguement inspiré du remplissage définitif.

L'ornementation. — Les motifs d'ornementation peuvent être répartis en trois groupes. D'ahord les motifs d'origine païenne : feuilles d'acanthe, rosaces, palmettes, rinceaux, dans les reliefs les plus saillants ; oves, rais de cœur, perles et pirouettes, sur le corps des moulures ; tous éléments de forme bâtarde et d'exécution médiocre. Ensuite les motifs d'origine chrétienne, à portée plus symbolique, de facture plus défectueuse encore ; vigne sortant du calice, figures ailées représentant les quatre évangélistes, Daniel dans la fosse aux lions, âne de Balaam, traités en relief très faible. Enfin les combinaisons géométriques : cercles et rosaces ; étoiles à huit pointes, réseaux, imbrications, digitations, etc. (fig. 32) ; chrismes, ou monogrammes, où la croix et quatre lettres grecques s'entremêlent de façon  différente suivant les époques (fig. 32 et 33), toujours fort peu saillants.
En dehors des scènes qu'elle représente, la mosaïque chrétienne renferme, dans ses bordures et ses bandeaux, une foule de motifs divers, qui auraient bien pu servir de modèles aiix sculpteurs sur pierre : méandres, damiers, imbrications, réseaux, grecques, postes, feuilles juxtaposées, etc. Si ces revêtements sont d'un coloris harmonieux, la matière en est pauvre : les cubes de marbre se mélangent à des pâtes colorées et même à de vulgaires morceaux de brique.


*********************************


La suite de cet ouvrage peut être consultée par les membres inscrits


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