Ce Maroc bien aimé
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Mémoire de la présence Française au Maroc à l'époque du Protectorat
 
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 Les Grands Equipements.

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Pierre AUBREE
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Page de couverture


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Les Grands Equipements. 17-sws14

Réalités Marocaines
DIRECTEUR  :    Albert    MONNET

SOMMAIRE

LES GRANDS TRAVAUX D'ÉQUIPEMENT


- Préface, par M. Georges Girard, Directeur des Travaux Publics......10

- Les Plans d'Equipement du Maroc, par M. Charles FELICI, Directeur du Commerce et de la Marine marchande......12

- Le Financement des Grands Travaux, par M. Emmanuel LAMY, Directeur des Finances......14

- Quelques aperçus sur le rôle des Bureaux d'Etudes, par M. Serge GOBIN, directeur du Bureau d'Etudes Molinié......16

- Le Laboratoire et les Grands Travaux d'Equipement, par M. DELARUE. Directeur du Laboratoire d'Essais et d'Etudes......17

- LES   PORTS   DU   MAROC......23  

- La Signalisation des côtes du  Maroc......121  

- Les principaux travaux du Laboratoire Central d'Hydraulique de France au Maroc, par M. Pierre GERLIER, Directeur général adjoint......127

- ELECTRICITÉ......133
     
- Les Nouveaux Equipements Thermiques......155  

- Grands Barrages ; Hydro-Electricité ; Périmètres d'irrigation......173

- Le Problème de l'Alimentation en Eau des Centres Urbains......291

- LA   ROUTE   MAROCAINE......304 

- LE RAIL......317    

- L'Equipement Aéronautique du  Maroc......322  

- LES TÉLÉCOMMUNICATIONS

- L'Office des Postes, Télégraphes et Téléphones......324

- La Technique téléphonique au service du Maroc......331  

- L'équipement Technique de Radio-Maroc, par M. François GOURE, Ingénieur en chef des Télécommunications ; chef des Services techniques de Radio-Maroc......337

- Un Equipement d'Avant-Garde :  la Télévision......341  
L'Union  Routière du  Maroc......344

JUIN 1954 NUMÉRO : 6


Avant - Propos


EN 1951, dans son numéro « HYDRAULIQUE - ELECTRICITÉ », notre revue dressait un inventaire consciencieux des efforts accomplis par la France pour doter le Maroc d'un élément indispensable à la vie économique d'un pays moderne : l'Electricité. Cette étude mettait également en relief l'importance des équipements hydrauliques en cours d'aménagement pour l'irrigation prochaine des zones à valoriser.
Aujourd'hui, nous dressons un bilan complet de l'équipement réalisé depuis dix ans par les différentes Directions du Protectorat pour permettre au Maroc d'exploiter ses richesses, d'acquérir une autonomie économique et d'augmenter considérablement le bien-être de ses habitants.
Mais, durant cette période, l'effort des techniciens ne s'est pas seulement porté sur les équipements d'infrastructure ; hôpitaux, dispensaires, écoles, logements ont également été construits en grand nombre et les dépenses consacrées à ces réalisations sociales représentent une part importante des budgets de ces dernières années.
Une prochaine étude permettra de se rendre compte que, malgré les exigences de sa propre reconstruction, la France a soutenu l'effort gigantesque demandé par la modernisation des territoires d'Outremer et démontré ainsi l'intérêt qu'elle portait au mieux-être des peuples placés sous sa protection.
E. F.

PUBLICITE-EDITION FONTANA-MAROC
Tél.   :   441-17    -    C. C. P.   Rabat  31.258 CASABLANCA       (MAROC) Rue  de  Beauvais     -     Boîte  Postale  2105





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- page 10

Les Grands Equipements. 18-sws13

LES GRANDS TRAVAUX D'ÉQUIPEMENT DU MAROC
préface de     Monsieur      Georges      GIRARD
Ingénieur en chef des Ponts et  Chaussées, Directeur   des    Travaux  Publics au Maroc.

1944 - 1954 : Dans le développement du Maroc, la période correspondante s'est ouverte alors que la guerre se poursuivait. Les meilleurs de ses enfants étaient aux Armées; le pays avait dû restreindre sa consommation, en même temps qu'il s'efforçait de produire davantage pour fournir aux combattants les approvisionnements dont ils avaient besoin. Les travaux d'infrastructure étaient ralentis ou arrêtés, afin de ne pas gêner l'effort de production qui absorbait toute la main-d'œuvre et l'énergie disponibles.
La guerre a épargné le Maroc; mais elle l'a laissé avec une infrastructure usée; routes, chemins de fer, installations portuaires, avaient été utilisés à pleine capacité sans que les matériels et installations aient pu recevoir les entretiens strictement nécessaires.
Les installations de production d'électricité ne satisfaisaient plus aux appels de courant. Il avait fallu réglementer l'usage de l'électricité par un régime de coupure et de restriction qui dura jusqu'en 1952. Des années de sécheresse extraordinaire en 1944 et 1945 ajoutèrent encore à ces difficultés. Elles firent apparaître que les adductions d'eau dans les grandes villes et les centres n'étaient plus à l'échelle de la croissance des besoins de ceux-ci.
Commencée sous le signe des restrictions des ressources et de l'expansion des besoins, alors que partout dans le monde les produits étaient rares, la période dont l'étude est présentée par les Editions FONTANA a été marquée ensuite par un afflux de population et de capitaux, par un accroissement brutal et considérable des demandes de services de toutes sortes.
Après les efforts accomplis, fût-ce avec des moyens de fortune (utilisation des surplus, des moteurs d'unités navales, etc.), pour répondre aux circonstances difficiles nées de la guerre, il fallut réaliser, avec des moyens puissants, des infrastructures nouvelles, établies selon des programmes d'une ampleur jamais encore rencontrée pour répondre à un essor économique considérable qui se proposait aussi d'assurer de meilleures conditions de vie à une population en constant accroissement.
Dès 1945, un plan d'équipement embrassant une période de dix ans était dressé sur les instructions de M. le Résident général PU AUX; il devait par la suite servir de guide aux programmes successifs de travaux et notamment aux deux plans quadriennaux d'équipement : celui de 1948 à 1952, et celui de 1953 à 1956, ce dernier encore en cours d'exécution.
Il est bon de rappeler que le plan de dix ans s'appliquait à un Maroc dont la pacification n'avait été réalisée que dix années auparavant, et dont certaines régions n'avaient encore connu aucun travail d'envergure.
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page 11

Les Grands Equipements. 19-sws13

L'examen de ce qui a été fait au cours des dix années passées fait ressortir l'ampleur des résultats acquis. Les voies de communication, routes et chemins de fer sont aujourd'hui restaurées et leur développement depuis dix ans est très notable. Ce sont elles cependant qui ont le moins bénéficié de l'accélération des travaux de l'après-guerre; et elles sont maintenant insuffisantes pour desservir correctement un trafic qui augmente sans cesse. Les installations maritimes ont été considérablement agrandies et peuvent, actuellement, faire face, dans la plupart des cas, à un trafic qui a cru dans d'énormes proportions. Il n'est, pour s'en rendre compte, que de considérer les travaux accomplis à Casablanca, à Safi, à Agadir, à Port-Lyautey.
Malgré des allocations de crédits dérisoires, des dizaines de terrains d'aviation permettent de desservir les diverses parties du Maroc.
Les mois d'été ne voient plus se renouveler les périodes si pénibles des coupures d'eau. Des travaux très importants ont, pour presque toutes les villes, augmenté dans des proportions considérables les quantités d'eau mises à la disposition de leurs habitants.
Mais c'est peut-être en matière de travaux d'hydraulique agricole et d'électricité que les plus grands efforts ont été accomplis et que l'Etat, il faut le souligner, a pris les plus gros risques. De grandes dépenses ont été effectuées pour ces travaux. Aujourd'hui, barrages et canaux de tête morte, qui constituent la part improductive des équipements hydrauliques, sont terminés pour les réseaux entrepris. L'eau arrive en tête des périmètres à irriguer et, au cours des années à venir, la mise en service de nouveaux casiers d'irrigation viendra valoriser l'effort précédemment effectué et appeler à la vie d'immenses régions jusque là désolées et arides. Des centaines de milliers d'hectares sont dominés par les ouvrages exécutés et leur équipement peut se poursuivre à une cadence que régleront seules les ressources budgétaires.
En matière d'électricité, les grands travaux du plan PUAUX arrivent aussi à leur terme, et la mise en exploitation prochaine du complexe de l'oued El Abid va doubler les ressources en énergie dont dispose le Maroc et assurera pour quelques années le courant nécessaire à tous les consommateurs industriels ou urbains.
Sur le plan social, les efforts entrepris pour assurer aux populations musulmanes et Israélites des habitations décentes ont déjà produit leurs effets. Des milliers de logements décents et conformes à l'hygiène ont été construits; et, dans les banlieues des villes, de nouvelles cités remplacent peu à peu les villages de bois et de tôle, dont le procès n'est plus à faire.
1944 - 1954 : Les bienfaits de l'œuvre d'équipement accomplie par la France au Maroc pendant ces dix années sont bien dans la ligne de ceux que notre pays avait déjà apportés ici avant-guerre. En ces quelques années, cette œuvre a fait franchir au Maroc une étape aussi grande que celle franchie dans la totalité des décades précédentes.
De même que leurs devanciers, ingénieurs, entrepreneurs, cadres et ouvriers ont donné à cette œuvre le meilleur d'eux-mêmes. En confrontant, dans ce livre, les résultats acquis par leurs efforts, ils puiseront, je l'espère, de puissants motifs d'espoir et d'énergie pour poursuivre les tâches de demain. Car rien n'est terminé. L'exploitation sans cesse plus poussée des richesses du sol et du sous-sol, condition de vie pour la population, nécessitera de nouveaux aménagements de l'infrastructure, de nouveaux travaux d'irrigation ou de drainage, de nouveaux équipements électriques.
De nouvelles demeures, toujours plus confortables et plus nombreuses, seront à édifier pour ceux que nourriront ces nouvelles richesses; de nouveaux aménagements urbains à réaliser pour des villes de plus en plus prospères.
La tâche ne peut que s'amplifier avec le progrès suscité par celle qui l'a précédée. L'avenir est encore plein de promesses pour la grande famille des Bâtisseurs.
Rabat, le 17 juin 1954.

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Les Grands Equipements. 20-sws13

LES PLANS D'EQUIPEMENT DU MAROC
par M. Charles FELICI
DIRECTEUR DU COMMERCE ET DE LA MARINE MARCHANDE

LES grands travaux d'équipement et d'une façon générale les investissements des secteurs public et semi-public (collectivités locales, sociétés concédées) se réalisent au Maroc depuis 1949 dans le cadre de programmes quadriennaux.
Le premier plan d'équipement et de modernisation, dit « Programme d'équipement à long terme », aura porté sur les années 1949, 1950, 1951 et 1952, le second s'étend sur la période allant de 1954 à 1957 inclus, l'année 1953 ayant été considérée comme un exercice de transition.
La nécessité de tels programmes, qui permettent de regrouper des projets pour lesquels le cadre annuel du budget apparaît comme trop restreint, découle à la fois de l'ampleur des tâches à accomplir et de la limitation des ressources disponibles.
Au lendemain de la dernière guerre mondiale, le gouvernement s'est trouvé placé, comme l'indique M. Girard, devant la nécessité de réaliser des infrastructures nouvelles considérables en matière de communications, d'énergie et d'hydraulique. Avec le problème de la qualification professionnelle et celui posé par la pénurie de matériaux de construction, il y avait là des « goulots d'étranglement » — termes inélégants certes mais expressifs — pour l'économie marocaine, qu'il convenait de faire disparaître en priorité, et ce fut le principal objectif du premier plan d'équipement. L'action menée en ce qui concerne les grands travaux d'infrastructure a porté ses fruits, et, si des efforts demeurent indispensables, les retards ont été, dans l'ensemble, comblés.
C'est pourquoi le deuxième plan a pu être orienté davantage vers les investissements à caractère directement productif. L'élévation générale du niveau de vie que particuliers et pouvoirs publics doivent s'attacher à promouvoir est en effet conditionnée par l'augmentation des productions.
Cette dernière seule permettra de :
— faire face à l'accroissement démographique aggravé par l'exode rural, en procurant à la main-d'œuvre, aussi bien rurale qu'urbaine, un travail régulier et rémunérateur ;
— assurer une couverture plus grande des besoins de la consommation et l'alimentation de ventes à l'extérieur telles qu'elles réduisent le grave déficit actuel de la balance commerciale ;
— dégager des ressources financières susceptibles d'être affectées aux investissements tant économiques que sociaux. Or, dans l'état actuel des choses, les recettes budgétaires tendent à ne pouvoir couvrir que les dépenses de fonctionnement dont la charge est croissante compte tenu notamment des réalisations sociales.
Toutes ces raisons militent en faveur des investissements ayant un effet rapide sur la production et ouvrant de larges possibilités d'emploi. Or, il ne semble pas qu'au Maroc les secteurs minier et industriel soient susceptibles, pendant la période d'application du deuxième plan, d'un essor suffisant à cet égard. La production minière, par ailleurs très sensible à la conjoncture internationale, devra surtout être orientée vers l'exportation de produits semi-finis sinon finis. Beaucoup d'industries luttent difficilement contre certaines concurrences : le statut international du Maroc les prive de moyens de défense. Celles qui étaient surtout orientées vers l'exportation ont à poursuivre l'œuvre en cours de concentration des entreprises et de réorganisation professionnelle.
Dans ces conditions, une place primordiale doit être réservée à l'agriculture, dans le cadre du deuxième plan. En effet :
1" elle regroupe près des 4/5"1"s de la population du Maroc ;
2" elle est susceptible de progrès considérables, notamment en matière de rendements ;
3" elle représente la principale source de richesse du pays et son expansion conditionne celle des autres secteurs économiques, et plus particulièrement de l'industrie.
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Les Grands Equipements. 21-sws13

Le programme d'équipement agricole en cours est axé sur trois problèmes majeurs :
— la défense et la restauration des sols ;
— la transformation des techniques en cultures en se c ;
— le développement des irrigations.
Rappelons que le Service de la défense et de restauration des sols n'a été créé qu'en 1949 et que l'œuvre à accomplir est considérable puisqu'elle porte sur plusieurs millions d'hectares.
Les travaux de correction et d'aménagement de terrains, destinés à lutter contre les érosions pluviale et aérienne, se matérialiseront par l'ouverture de banquettes de niveau, la plantation d'arbres fruitiers, la mise en place de brise vents. Par ailleurs, les travaux d'amélioration et de restauration pastorales par des mises en défens et des traitements appropriés doivent prendre une grande extension. Au total, durant la période quadriennale envisagée, ce sont plus de 150.000 hectares qui doivent être traités.
La transformation des techniques en cultures en sec se traduira par la mise en œuvre simultanée de plusieurs moyens : ristournes sur les prix pour favoriser la diffusion des semences sélectionnées, des engrais, du petit matériel aratoire ; exécution de travaux à façon extensive par les moniteurs agricoles (avec l'aide des S.I.P. et des exploitations-pilotes) et de façon intensive par les agents des Secteurs de Modernisation du Paysanat ; crédit agricole ; formation professionnelle rurale.
Le développement des irrigations est également lié à l'utilisation des moyens qui viennent d'être cités. D'autre part, il convient d'accélérer au maximum l'équipement des surfaces irrigables dominées par les canaux principaux dans les grands périmètres : 50 à 60.000 hectares supplémentaires doivent être mis en eau durant la période 1954-1957. Une superficie du même ordre sera irriguée par des ouvrages de petite et moyenne hydraulique. Travaux de forages, d'équipement pastoral (points d'eau, bains parasiticides) et d'assainissement seront amplifiés.
Ce programme d'équipement de l'agriculture marocaine ne sera réalisable en définitive que dans la mesure où les fellahs seront aidés tant sur le plan technique (problèmes des cadres ruraux des moniteurs, des S.M.P.) que sur le plan financier (problèmes de crédit agricole), et dans la mesure où leur qualification professionnelle progressera. Il sera accompagné d'un développement des moyens de stockage et de transformation et d'une extension notable des travaux d'amélioration de la vie rurale (adduction d'eau, voirie, habitat).
Le bref rappel ainsi effectué des points sur lesquels l'action commune doit être menée avec davantage de vigueur dans le cadre du deuxième plan ne doit pas, bien entendu, faire conclure à l'abandon des efforts entrepris dans les autres domaines.
Dans de nombreux secteurs (par exemple, habitat, santé p_ublique, enseignement, transmissions), les dépenses d'investissement se maintiendront à leur cadence actuelle.
La magnifique œuvre d'équipement qui s'accomplit au Maroc a nécessité et nécessite plus que jamais des moyens considérables de tous ordres, et il est bon de rappeler ce que représente à cet égard la participation de la France.
Ses techniciens et administrateurs — auxquels doivent se joindre de plus en plus nombreux les Marocains qui auront acquis les capacités nécessaires — se dépensent sans compter à leurs tâches dans ce pays.
L'importation des machines, des produits semi-finis, des matières premières indispensables ne pourrait se poursuivre sans l'appui de la Métropole : il ne faut pas oublier que le déficit total de la balance commerciale s'est élevé en 1953 à 77 milliards de francs. D'autre part, de nombreux produits marocains bénéficient de larges contingents en franchise des droits de douane à l'entrée en France.
Les larges attributions de devises prélevées sur l'ensemble des moyens de paiement de la zone franc d'une part, les transferts de capitaux métropolitains, tant publics que privés, d'autre part, préservent le Maroc de l'asphyxie économique.
Au cours des cinq années écoulées, la Métropole a mis à la disposition du Maroc, par l'intermédiaire du Fonds de Modernisation et d'Equipement (F.M.E.), plus de 71 milliards de francs dont 5 milliards au titre du secteur semi-public et 66 au titre du secteur public. Elle a ainsi contribué pour près de moitié au financement des investissements du secteur public (le montant total de ces derniers s'es; élevé à plus de 146 milliards de francs pour les cinq années considérées).
L'importance de l'aide apportée par la France ne doit pas pour autant masquer la nécessité d'efforts pro près du Maroc. Au contraire, particuliers et pouvoirs publics doivent y trouver une raison supplémentaire de renforcer leur détermination de faire parvenir, dans les meilleurs délais, ce pays à sa majorité économique.
Abaisser les prix de revient des différentes productions, ouvrir de nouveaux débouchés, cela implique une politique cohérente d'organisation agricole, industrielle et commerciale, une politique d'austérité tendant à supprimer toute dépense d'une utilité contestable, une politique de juste prix pour les services rendus aux usagers.
L'avenir de l'économie du Maroc dépend avant tout des efforts conjugués de ses habitants.
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Les Grands Equipements. 22-sws13

Le FINANCEMENT des grands travaux au Maroc
par   M.  Emmanuel    LAMY DIRECTEUR    DES    FINANCES

Le souci de doter le Maroc d'un équipement de base indispensable à toute mise en valeur et à tout progrès social, la nécessité d'assurer la subsistance d'une population croissante et d'élever son niveau de vie ont conduit l'Etat à entreprendre un vaste effort d'investissements : les grands travaux sont désormais réalisés au Maroc dans le cadre des plans d'équipement. Un premier plan quadriennal a été réalisé de 1949 à 1952 ; le second plan quadriennal est en cours à l'heure actuelle.

L'orientation des dépenses
L'orientation des dépenses d'investissement a été déterminée à la fois en fonction des problèmes que pose l'équipement d'un pays jeune comme le Maroc et des problèmes d'équilibre économique et financier. Poursuite des grands travaux d'infrastructure — routes, ports, chemins de fer, énergie hydraulique ou thermique, grands travaux d'infrastructure agricole — investissements agricoles directement productifs destinés à l'élévation immédiate du niveau de la vie rurale par l'évolution des modes de culture, de l'agriculture traditionnelle et le développement de la production ; investissements destinés à promouvoir le progrès social : enseignement, santé publique, habitat marocain en progression constante, tels sont les aspects de la politique d'équipement du Maroc.

Sources de financement
Les sources de financement sont multiples  :   les dépenses  d'équipement  sont  financées par le budget de l'Etat, par les sociétés du secteur semi-public et par les municipalités.

Secteur public
Aide de la France
Les investissements du secteur public font appel aux deux catégories traditionnelles de ressources : l'impôt et l'emprunt. L'équilibre est recherché à la fois avec le souci de ne faire subir au pays qu'une charge compatible avec ses facultés contributives, et d'adapter le mode de financement à la dépense, selon qu'elle est ou n'est pas financièrement rentable. Cependant, un aussi important volume de travaux ne saurait être mené à bien avec les seules possibilités du Maroc : il est fait largement appel à l'aide ds la France, sous forme d'avances consenties à des conditions extrêmement avantageuses.

Budget ordinaire
Fonds de réserve
Le budget ordinaire et le fonds de réserve ont pu jusqu'à présent verser chaque année une contribution au budget d'équipement (le fonrïs de réserve est alimenté par les excédents de recettes des exercices antérieurs). Les recettes de la Caisse spéciale des Travaux publics et de l'impôt sur les transports de voyageurs par chemin de fer viennent également alimenter le budget d'équipement.


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Les Grands Equipements. 23-sws13

Bons d'équipement
L'épargne locale est sollicitée par l'émission de bons d'équipement à moyen terme, et dans la mesure du possible par des emprunts à long terme. Mais le secteur semi-public a lui-même déjà recours à cette épargne, qui provient surtout de la partie européenne de la population.

Modes de financement spéciaux
Des modes de financement spéciaux ont été mis au point pour certains travaux, tels que l'extension du port de Casablanca, ou l'accélération des travaux dans le périmètre des Triffa : ils s'inspirent du souci d'obtenir la participation aux dépenses de ceux qui doivent profiter de l'équipement nouveau. La poursuite des grands travaux dépend dans une large mesure de la fixation à un niveau suffisant des taxes pour services rendus qui sont la conséquence des investissements réalisés.

Fonds d'expansion économique
Enfin, la France apporte une aide considérable. Chaque année, les avances du Fonds de Modernisation et d'Equipement — devenu Fonds d<'Expansion Economique — représentent plus de 40 % des ressources du secteur public : c'est dire qu'il fie saurait être question d'assumer un plan d'équipement d'une telle ampleur sans cette contribution décisive, qui s'est maintenue malgré les difficultés financières que la France doit vaincre chaque année, et particulièrement Sa poursuite de son effort militaire.

Sur une dépense d'environ 200 milliards pour les réalisations d'ensemble de 1953 à 1953, les dépenses prévues au titre du secteur semi-public et des villes doivent atteindre 70 milliards. Aussi l'Etat doit-il intervenir en s'efforçant d'obtenir des organismes intéressés l'accès aux marchés financiers, local, métropolitain et si possible étranger.

Secteur semi public
Les dépenses d'équipement comprennent ici les dépenses des sociétés concessionnaires et des sociétés d'économie mixte — Energie électrique du Maroc, Chemins de fer du Maroc, Sociétés minières, Compagnie Immobilière franco-marocaine, etc... — les crédits consentis pour la construction, l'équipement agricole, la recherche minière, etc..., et enfin les travaux d'équipement et d'amélioration entrepris par les collectivités locales.

Tout un ensemble de ressources d'emprunts permettent les investissements dans ce domaine : emprunts émis sur le marché marocain et crédits bancaires garantis ; émissions d'actions et d'obligations placées sur le marché financier français par les sociétés concessionnaires ; prêts des grands établissements spécialisés de France : Crédit National, Crédit Foncier et Caisse des dépôts et consignations auprès desquels les municipalités trouvent d'importantes ressources ; prêts des compagnies d'assurance ; prêts bancaires ; prêts au secteur semi-public du Fonds d'Expansion Economique (ancien F.M.E.).

Concours extérieurs
Le Gouvernement se préoccupe également de faire appel à des concours extérieurs. On doit mentionner les fonds spéciaux d'aide américaine, notamment le fonds spécial pour le développement des territoires d'outre-mer, attribués à deux reprises en 1951 par l'E.C.A., en 1953 par l'Agence de Sécurité Mutuelle (M.S.A.) : ce fonds est destiné à financer des projets spécifiques d'équipement économique, sous condition d'un effort au moins équivalent des ressources locales.

Les Municipalités
Enfin, les municipalités financent une part importante de leur équipement sur leurs ressources propres.

Diversité et équilibre, telles sont donc les caractéristiques d'un effort de financement considérable. Diversité, car toutes les ressources disponibles sont utilisées afin d'assurer le volume de travaux que requiert la prospérité continue du Maroc et son expansion économique et sociale. Équilibre aussi — toujours difficile — car c'est le développement de l'activité générale qui doit dégager les ressources nécessaires à la poursuite du programme d'équipement, et parce que la détermination du nombre de ressources échappe au Maroc, soit qu'elles lui viennent de l'extérieur, soit qu'elles subissent les aléas de l'économie internationale. Mais au prix de cet effort permanent du Maroc et de la France doit être assuré le bien-être croissant de la population marocaine.
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Les Grands Equipements. 24-sws13

QUELQUES APERÇUS SUR LE RÔLE DES BUREAUX D'ÉTUDES
par Serge GOBIN Directeur du Bureau d'Etudes Molinié

II nous est agréable, puisque l'on a bien voulu nous demander de préciser quel est le rôle d'un Bureau d'études de Génie civil, de rendre tout d'abord hommage aux ingénieurs de 1 Administration, qui ont su donner au Maroc un équipement moderne. Que ceux auxquels nous avons apporté notre modeste collaboration pour la mise au point d'un certain nombre d'ouvrages cités dans ce livre trouvent ici le témoignage de notre particulière estime .
En effet, ce qui frappe l'esprit devant la réalisation de ces grands travaux c'est, avec leur ampleur, la valeur des solutions retenues ; rien n'a été construit sous le signe ae la facilité ; partout on s'est efforcé d'appliquer les ultimes progrès techniques et certains ouvrages sont les plus modernes d'Europe et d'Afrique du Nord. Cette oeuvre essentiellement française a été réalisée, dans ce pays encore neuf, avec un dynamisme qui a su laisser à l'étude toute sa valeur fondamentale. Fréquemment, l'Administration a mis les travaux au concours aussi bien sur le plan des idées que sur celui des prix, permettant ainsi d'associer la valeur technique des entreprises privées à celle de ses ingénieurs. Cette façon de procéder met en valeur l'importance du Génie Civil qui est la base de tout équipement, s'il n'en constitue pas (ports ou irrigations) la pièce maîtresse. Le béton armé a pris dans ces travaux une telle part qu'elle représente souvent la moitié des dépenses engagées. On saisit de suite quelle incidence économique présente l'étude de celui-ci et combien il est nécessaire de déterminer rationnellement ses moindres caractéristiques : il n'est pas trop rare de constater des différences allant jusqu'à 30 % dans les divers projets d'un même ouvrage. De plus, l'utilisation judicieuse des moyens d'exécution, le soin apporté à la mise en œuvre, le contrôle rationnel de celle-ci, ne suffisent pas à assurer la réussite d'un ouvrage qui doit avant toute exécution être soigneusement étudiée.
Le rôle de l'ingénieur d'étude est d'assurer et de concilier les trois vertus essentielles du projet : sécurité, économie, élégance. Il doit le faire sans perdre de vue la fonction de l'ouvrage, garder le contact avec la satisfaire au désir du Maître de l'œuvre et réalité, faciliter le travail de l'entreprise, parfois aller au-devant de sa pensée ou de ses conceptions. Il doit éviter la solution toute faite, qui est celle du calculateur et non de l'ingénieur, sinon il perd tout esprit de création pour ne plus être qu'une « machins réflexe » routinière, guidée par l'instrument mathématique et ne le dominant pas.
Car il s'agit bien dans l'étude de ces grands travaux d'efforts créateurs,, comprenant de laborieuses recherches pour atteindre la solution la plus élégante, la plus économique, avec une marge de sécurité raisonnable. Là se trouve la vraie difficulté : un ingénieur ne doit pas placer la notion de sécurité au-dessus de toute considération de prix de revient. En aurait-il la tentation que l'échec de ses projets le rappellerait rapidement aux réalités. Il lui faut admettre l'idée d'un risque acceptable : un procédé ne progresse que dans la mesure où les techniciens qui l'appliquent s'enhardissent, encore doivent-ils mettre toutes les chances de leur côté.
L'évolution de la technique du béton armé, matériau à peine âgé de cent ans, est une démonstration éclatante de cette conception. En trente ans, avec l'appui de remarquables études faites en laboratoires ou à pied d'oeuvre, les progrès ont été tels qu'il est courant aujourd'hui de concevoir des ouvrages où les matériaux en service normal travaillent à des taux 50 % supérieurs à ceux d'autrefois. Malgré cela, on voit encore s'édifier, notamment dans le domaine de l'habitation, des constructions trop lourdes et coûteuses. Ceci est dû, si l'ingénieur a rempli correctement son rôle, à l'application rigoureuse de règlements vieux de vingt ans en dépit des -progrès réalisés. La refonte de ceux-ci est d'ailleurs en cours et viendra, pour un certain temps, donner la consécration officielle à un assouplissement nécessaire. A notre avis, la marge de sécurité à adopter pour une construction devrait être essentiellement variable en fonction de l'ouvrage à réaliser et il est normal d'admettre pour une centrale thermique un coefficient de sécurité plus élevé que pour l'édification d'une cité indigène à usage d'habitation. La notion de durée doit être liée a celle de l'amortissement, elle devrait l'être aussi à celle de l'évolution sociale. Cette idée semble d'ailleurs triompher dans d'autres pays.
De plus, bien des problèmes se posent qui échappent à toute réglementation. En premier lieu citons celui des fondations qui ne peut être raisonnablement traité dans les cas difficiles qu'avec l'aide du laboratoire. Encore faut-il que les sondages et les prélèvements d'échantillons aient été faits en quantités suffisantes pour permettre à celui-ci d'en tirer des conclusions à généraliser. Sinon la prudence commande d'attendre l'ouverture des fouilles et l'étude se ressent du délai trop bref qui lu: est imposé. Parfois même, la surprise est totale là où on pensait avoir pris toutes précautions.
C'est ainsi qu'au chantier de l'usine élévatrice de Si Saïd Maâchou (station de pompage de la S.M.D., pour l'amenée à Casablanca des eaux de l'Oum Er'Rbia) il nous fallut reprendre trois fois l'étude de l'avant-bec « prise hautes eau », parce qu'en ce point précis, des enrochements remplaçaient la marne rouge que l'on était en droit d'espérer lors du battage des palplanches. Les renards étaient si nombreux qu'il fallut couler du béton sous l'eau pour remplacer le conglomérat de terre et d'enrochement par un mélange plus rationnel où le béton servait avantageusement de produit de remplacement. Sur ce béton de propreté ainsi formé, fut coulé l'avant-bec que nous avions, en accord avec les ingénieurs de la S.M.D., calculé comme une gigantesque poutre caisson en porte-à-faux sur l'oued afin de parer à tout mouvement ultérieur et, de surcroît, calculé à la torsion pour tenir compte de la variation des pressions hydrodynamiques en cas de crue. La solution intermédiaire envisagée consistait à clouer le radier de l'avant-bec dans le sol au moyen de pieux en béton armé. Cette solution a dû elle aussi être abandonnée par suite de la nature du sous-sol.
Sur le chantier voisin de l'usine élévatrice se posait en même temps un problème non moins complexe dû à la présence de la fosse d'aspiration qui imposait aux fondations de l'usine des niveaux d'assises très différents avec danger de tassements différentiels en dehors de son emprise, par un radier. La question fut résolue par un système de poutres-échelles permettant à l'usine de franchir la fosse e' de reposer sur le sol, formant piston autour de celle-ci. Ce système de poutres-échelles avait en outre l'avantage de jouer un rôle fonctionnel pour 1 installation des pompes de refoulement et c'est à notre connaissance un des cas les plus heureux où le Génie Rural a pu s'adapter à la fois aux nécessités de l'installation et aux difficultés de construction.
Une deuxième difficulté se présente fréquemment lorsqu'il s'agit de fixer un coefficient de sécurité pour un ouvrage non soumis aux règles classiques ; ainsi nous nous sommes heurtés, lors du calcul de la canalisation d'Imfouft dans ses passages à l'air libre ou en mauvais terrain, à de grosses incertitudes quant aux meilleurs choix des valeurs admissibles du béton tendu. Le choix de ces valeurs, qui fut l'objet de nombreuses discussions avait une importance telle que toute chose égale d'ailleurs, une augmentation de 9 % consentie à la valeur admissible du béton tendu permettait de diminuer de moitié le poids des armatures en cerces. La méthode de calcul qu'avait soigneusement mise au point les Services de l'Hydraulique recoupait bien la nôtre et la difficulté résidait donc uniquement dans l'indétermination à lever. Le choix fut fait en dernier ressort par le Maître de l'œuvre qui engagea ainsi sa responsabilité et, qu'on le veuille ou non, celle de l'entreprise. Il n'entre pas dans le cadre de ce court article d'indiquer ce qu'il fut ; disons seulement que le tronçon amont, dans lequel se trouvaient les ouvrages à l'air libre ou assimilés, long de 7.150 mètres et présentant un diamètre intérieur de 5 m. 30, fut essayé avec 1,8 kg./cm2 de pression et que les pertes à l'extrémité étaient de 27 à 32 I/s ce oui est un très beau résultat.
Une autre difficulté fréquemment rencontrée réside dans la coordination du Génie Civil, de l'installation mécanique et de l'aspect purement architectural de l'œuvre. C'est d'abord au Génie Civil de se plier, à se faire aussi souple que possible pour satisfaire chacun. Seules les concessions coûteuses eu dangereuses doivent être refusées. Il est bien rare qu'une solution satisfaisante ne puisse être trouvée : un bon ingénieur doit être ingénieux (que l'on me pardonne cet à peu près). Nous citerons à titre d'anecdote les difficultés que nous rencontrâmes lors du calcul de la salle de contrôle du poste 60.000 V. de la rue Camiran. Les tableaux à voyant lumineux de cette salle sont éclairés par une lumière naturelle, d f-fusée à l'aide de -pare-soleil alvéolaires logés dans un vaste encadrement en porte-à-faux. Celui-ci, de 21 m. X 7,5 m X 2,2 m., donne à l'ouvrage un aspect moderne et fort réussi. Le problème de la stabilité de cet encadrement, audacieux par ses dimensions, se compliquait du fait que le plancher de la salle était décalé en niveau et comportait un grand nombre de trémies pour le passage des câbles d'où un accrochage arrière impossible. La solution fut trouvée dans l'utilisation des voiles latéraux traités comme des poutres à béquille à inertie variable reposant sur deux points fixes qui servaient d'articulation, l'ensemble du porte-à-faux et les planchers voisins s'appuyant sur ces voiles. Très bien exécuté, l'ouvrage se comporta au décoffrage sans donner la moindre inquiétude.
A côté de ces problèmes de coordination souvent passionnants et toujours instructifs, existe celui de la liaison pure et simple avec l'appareillage qui oblige à une discipline matérielle fastidieuse dans l'élaboration des plans. Ainsi, la Centrale Thermique Sud des Roches-Noires a groupé une quarantaine d'installateurs que les ingénieurs conseils de l' E.E.M. durent coordonner. Les complications qui en résultaient furent très grandes et les 570 plans de béton armé que dut produire notre Bureau d'études comportent l'indication de quelque 17.600 scellements pour l'édification du gros-oeuvre pour un volume de béton d'environ cent vingt mille mètres cubes et un poids d'acier de l'ordre de quatorze mille tonnes. De plus, la pression du vent à adopter fut fixée à 250 kg/m2 ce qui obligea à des calculs très longs et très précis. Les calculs justificatifs furent fournis jusqu'au moindre détail ; ils forment un volume d'environ 1.250 pages dactylographiées. Ces chiffres donnent une idée de l'importance de l'étude qui dura près de trois ans.
Pour citer en terminant la contribution apportée par notre Bureau à l'effort accompli au Maroc par l'Entreprise Française, disons simplement qu'en l'espace de six ans nous avons produit quatre mille sept cents plans, représentant plus de cent quarante mille heures de travail de dessinateurs et d'ingénieurs.
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Les Grands Equipements. 01-sws18
- Immeuble Ortiba.

Le LABORATOIRE et les Grands Travaux d'Equipement

par M. DELARUE, Directeur du Laboratoire d'Essais et d'Equipement.

IL eut semblé extravagant il y a quelques décades d'aborder un tel thème qui associe ceux qui travaillent à maîtriser les éléments par une fabrication de masse et ceux qui cherchent à définir des lois simples sur des quantités infiniment petites.
Pour que s'affirme la collaboration entre TRAVAUX PUBLICS et laboratoires, il a fallu que des deux côtés se manifestent des efforts convergents, des uns, pour schématiser les problèmes qui leur sont pesés et les réduite en éléments simples, des autres, pour adapter leurs moyens d'investigation à l'échelle des phénomènes à étudier.
Depuis sa création, le LABORATOIRE PUBLIC D'ESSAIS ET D'ÉTUDES a été invité à collaborer à l'exécution d'un grand nombre de travaux d'intérêt général. Mais s'il nous est agréable d'exposer cette participation, nous devons ramener cette part à sa juste place. Dans le domaine des grands travaux plus encore qu'ailleurs, le métier de l'ingénieur est plus qu'une science, un art basé sur une technique et l'intuition, le flair, le sens de la généralisation opportune des enseignements de !a nature, le bon sens en un met, y ont une place au moins égale à la connaissance scientifique.
Aussi nos travaux n'ont-ils de portée que s'ils sont inspirés, suivis et adaptés par les créateurs eux-mêmes : maîtres de l'œuvre eu entrepreneurs. C'est pourquoi, plutôt que de donner l'analyse des travaux que le Laboratoire a entrepris à l'occasion des grands travaux d'équipement, m'a-t-il semblé préférable de signaler les domaines dans lesquels il a eu à intervenir. Quel que soit l'ouvrage entrepris, le constructeur a toujours à se rencontrer avec quatre grands types de problèmes qui touchent : au sol, à l'eau, aux matériaux, à l'assemblage de ces matériaux pour créer des ouvrages.

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Les Grands Equipements. 02-sws16
- Ci-contre, une vue des témoins sonores employés dans une galerie d'essai pour la mesure des déformations sous charge. Travaux du tunnel d'Im-Fout.
- Ci-dessous : terrain d'aviation de Casablanca-Cazer. Mesure de la force portante de la piste d'envol.

LE SOL


C'est l'assise de toute construction et l'élément qui, en dernière analyse, encaisse et absorbe les forces développées.
Il ne le fait que dans la mesure où il a une résistance suifisante pour ne pas se rompre, et toujours au prix de certaines déformations. Le problème de la force portante des sols est un problème très général qui intéresse toutes les constructions, même 'es plus humbles: le problème de la déformation des terrains est au contraire un problème qui a pris d'autant plus d'importance que l'on a eu à élever des ouvrages de plus en Plus importants ou à utiliser des sites de moins en moins favorables.
C'est très souvent ce qui conditionne le type même de l'ouvrage : un barrage sera, suivant la rigidité de ses fondations, du type voûte, poids, à contreforts, en enrochement ou en terre. Une conduite en charge sera en béton, en béton armé, en acier, suivant que le terrain pourra, ou non. soulager le revêtement d'étanchéité.
Les déformations peuvent à leur tour être lentes ou rapides et leur incidence sur la construction est très variable à intensité égale suivant l'allure de leur répartition dans le temps. EP.es peuvent être provoquées oar des couches visibles qui attirent dès leur mise à jour l'attention du constructeur ou par des couches profondes parfois indécslées au cours des travaux. La Tour de Fise doit son basculement à une couche située à huit mètres au-dessous des fondations.
On conçoit l'importance qui s'attache à l'évaluation préalable des mouvements, qui a mobilisé pendant ces vingt dernières années l'attention des chercheurs. L'étude des tassements des argiles molles et homogènes a fait l'objet d'études quasi définitives, et des essais simples, menés à faible échelle, permettent de résoudre entièrement le problème.
Restent les cas complexes où la stratification des terrains, leur hétérogénéité, rendent à priori ^interprétation difficile. C'est là l'origine d'une série de mesures en place qu'a tentées le Laboratoire. La photo jointe montre le détail d'un montage effectue dans une galerie d'essais où on cherchait à mesurer directement les déformations radiales provoquées par une pression d'eau intérieure: l'augmentation de diamètre est mesurée par des témoins où une corde tendue émet un son d'autant plus aigu que l'allongement qu'elle subit est plus grand. Le problème est complexe car les déformations sont de deux ordres : les unes immédiates, qu'on peut qualifier d'élastiques, les autres Rentes, qui résultent d'une sorte de lent écoulement du sol soumis à des pressions élevées. Parallèlement se pose l'étude de la limitation artificielle de ces déformations. L'expérience a ainsi montré que dans certaines catégories de roches (roches fissurées mais compactes) l'injection de coulis de ciment à haute pression permettait de limiter à des valeurs admissibles la déformabilité du terrain, alors que dans d'autres cas (roches tendres ou argileuses) aucun remède n'était possible et qu'il fallait confier au seul revêtement le soin de s'opposer aux forces intérieures.

L'EAU

L'eau est un des éléments avec lequel 'e constructeur a le plus souvent à s'affronter, qu'il s'agisse de lui créer un chenal, de l'endiguer, ou au contraire de se prémunir contre ses effets (invasion des fouilles, érosion, affouillement). Les lois qui régissent la circulation de l'eau dans les sols sont maintenant bien connues: elles se basent sur la connaissance d'un coefficient de perméabilité bien facile à mesurer en laboratoire.
Il est ensuite relativement aisé de résoudre par des voies théoriques la plupart des problèmes que posent les eaux souterraines et dont nous voudrions citer les plus importants :
Le calcul des fuites à travers un ouvrage fondé sur un terrain perméable et, partant, le moyen de les ...


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Les Grands Equipements. 03-sws16
- A gauche : Réservoir de Casablanca. Mesure des déformations d'un terrain sous charge.
_ En bas : Périmètre d'irrigation des Béni - Moussa. Mesure des déformations d'un terrain sous charge.

...limiter (ancrages de palplanchers, tapis étanches en argile étalés sur les sols dangereux).
Le calcul des sous-pressions : lorsque l'eau entre dans un sol plus vite qu'elle ne peut sortir ou lors-qu'elle subsiste plus longtemps qu'il ne conviendrait, elle supporte une charge qui s'exerce contre les terrains encaissants et peut provoquer des ruptures d'équilibre: c'est l'explication la plus courante de glissements de terrains dont l'origine est restée longtemps insoupçonnée.
Le calcul des rabattements de nappe: lorsque l'obligation s'impose de travailler sous le niveau de la nappe, la solution la plus économique consiste souvent à provoquer un abaissement artificiel de la nappe par pompage. Des puits filtrants sont creusés en bordure de la fouille et le pompage y crée une dépression qui s'évase lentement.
Il est possible à partir d'essais de laboratoire de prévoir le débit qu'on aura à évacuer pour s'assurer un travail à sec, la dépression provoquée par le pompage permettant de plus aux sols sableux de tenir presque à la verticale.
Le problème de la lutte contre les infiltrations est aussi un problème d'importance: lors de la construction d'un barrage il importe que l'eau retenue dans la cuvette ne puisse s'écouler par les flancs. On doit fermer toutes les fissures du terrain qui pourraient servir de passage aux eaux. L'injection de ciment est une technique depuis longtemps au point; mais une économie sensible peut être réalisée en adjoignant dans des proportions soigneusement définies en laboratoire une argile traitée qui tient le ciment en suspension dans une pâte sans décantation, le véhicule, lui permet de passer dans les fentes les plus étroites et de durcir dans un état beaucoup plus relâché ce qui revient en somme à boucher les interstices avec une quantité de liant beaucoup plus faible. Notre laboratoire a participé à l'étude systématique de tels coulis qui ont été utilisés à grande échelle pour l'étanchement du barrage de BIN-EL-OUI-DANE.

LES MATERIAUX

Le choix des matériaux, leur agencement respectif, leur compatibilité, leur adaptation au problème posé, font appel à une technique d'essais déjà éprouvée sur laquelle nous ne croyons pas utile de revenir.
Toutefois, sous l'impulsion des constructeurs, les laboratoires, et le nôtre, en particulier, se sont attachés à lutter contre des ennuis qu'on devait jusqu'ici considérer comme des maux nécessaires.
Deux d'entre eux ont fait l'objet d'études systématiques : le retrait et la ségrégation des bétons.
Le   retrait,   cause   essentielle  de  la fissuration des éléments en grande masse, obéit à des lois maintenant dégagées. Provoqué par l'évaporation de l'eau en excès qui crée des forces capillaires et met le béton en traction, il est d'autant plus dangereux que cette évaporation est plus rapide, d'autant plus lent mais d'autant moins uniforme et, partant, d'autant plus générateur de contraintes différentielles que la pièce est plus massive. On peut dès maintenant calculer avec une bonne approximation les efforts qu'il provoque à l'intérieur des pièces les plus diverses et partout prévoir l'armature susceptible de s'y opposer. Parallèlement, on ...

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MessageSujet: Les Grands Equipements.   Les Grands Equipements. EmptyJeu 12 Sep - 9:14

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Les Grands Equipements. 04-sws16
- Périmètre d'irrigation des Beni-Moussa : Mesure du gonflement d'un terrain par humidification.
- Ci-contre : Essais de résistance d'un sol et mesure du gonflement par inhibition. Périmètre d'irrigation des Beni-Moussa.

... peut envisager les moyens de différer son effet jusqu'à ce que le béton ait atteint une résistance à la traction suffisante pour supporter sans danger les tensions internes ainsi provoquées. C'est là l'origine des membranes superficielles de plus en plus répandues sur les bétons de grande masse, dont l'action, purement provisoire, ne vise qu'à empêcher l'évaporation pendant les premiers jours qui suivent le coulage.
La ségrégation du béton est un problème qui devient d'autant plus aigu qu'on réalise des pièces plus complexes, plus grêles, et plus ferrail-lées. L'économie escomptée ne sera valable que si on peut réaliser un matériau homogène et conforme aux prévisions du calcul. L'emploi des plastifiants et des entraîneurs d'air, en assurant la lubrification des grains anguleux et en transformant en masse onctueuse un assemblage rêche, apporte dès à présent une solution au moins partielle au problème.
Enfin un matériau nouveau envahit de plus en plus le marché : la terre. Il peut sembler paradoxal d'attirer l'attention sur la nouveauté du matériau de construction le plus courant et le plus ancien; le pisé ne date-t-il pas de la naissance même de ''humanité et les constructions de digues en terre, l'aménagement des chemins n'ont-ils pas figuré dans les préoccupations de nos lointains ancêtres ?
De fait les progrès considérables que nous enregistrons aujourd'hui tiennent seulement à un changement d'échelle qui n'a été possible que par l'identification systématique des sols, la discrimination de propriétés élémentaires, et l'évaluation ds leur importance dans la tenue des ouvrages.
On a ainsi été amené à distinguer les sols granuleux qui agissent par leur frottement et qui conditionnent 'a stabilité, des sols cohérents qui jouent le rôle d'un mortier, agissant par leur cohésion et leur imperméabilité. Un ouvrage en terre moderne est essentiellement un assemblage de divers sols où chacun s'est vu assigner le strict rôle qui lui convient.

On peut affirmer qu'on verra demain au Maroc des constructions en pisé qui braveront les intempéries, supporteront les enduits sans décollage, et assureront un confort thermique supérieur à celui de tous les autres types de construction. Demain, des barrages en terre permettront de créer des retenues comparables à celies qu'on a déjà réalisées dans des sites où aucun autre type de construction n'aurait pu être envisagé.

LES OUVRAGES

II n'est pas nécessaire de rappeler que c'est grâce à la collaboration d'expérimentateurs de génie comme Féret et Mesuager qu'a pu voir le jour en 1906 le premier règlement français de béton armé dont la largeur de vue a permis des constructions particulièrement audacieuses et dont on n'envisage la révision que depuis quelques années.
Mais l'accroissement des possibilités des matériaux, le souci de réaliser par économie des formes de plus en plus hardies ont amené à généra'iser les données classiques et à les étendre au delà de leur domaine d'aopli-cation. Là, encore, l'expérimentation est indispensable pour vérifier si la matière a bien voulu s'adapter au rôle que lui assignait le constructeur.
La mesure des efforts dans la construction a nécessité la mise au point d'une gamme étendue d'appareils de plus en plus précis et faisant açpel aux techniques les plus diverses. Dans les cas simples on utilise encore des appareils purement mécaniques, mais lorsque le champ des contraintes est rapidement variable et qu'il faut mesurer des efforts presque ...

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MessageSujet: Les Grands Equipements.   Les Grands Equipements. EmptyJeu 12 Sep - 9:18

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Les Grands Equipements. 05-sws16
- Projet de barrage dans l'Atlas : poiconnement du rocher.
- En bas : mesure de la résistance du rocher. Essais réalisés au tunnel d'Im-Fout.

... ponctuels, on fait appel à des straingauges, petits timbres-poste collés sur les pièces à essayer et dont on mesure la variation de résistance électrique consécutive à leur déformation. A l'intérieur même des ouvrages on emploie des cellules où la contrainte se déduit de la hauteur du son émis par la vibration d'une corde tendue. Les contraintes thermiques, d'importance capitale dans la tenue des grandes surfaces dallées ou des ouvrages massifs, sont maintenant accessibles grâce à l'enregistrement des températures sur de nombreux couples thermo - électriques noyés dans \e béton en cours de coulage.

CONCLUSION


Nous avons cherché à montrer la diversité des problèmes dans lesquels un laboratoire moderne peut actuellement aider le constructeur.
Sans doute, dans ce dialogue permanent entre l'œuvre et la théorie, entre l'action et l'abstraction, où questions et réponses s'entrecroisent et cherchent à s'ajuster, \a recherche peut-elle paraître parfois tâtonner. Mais n'est-ce pas là la démarche même de l'esprit qui s'essaie sur l'obstacle et le tâte longtemps avant de le franchir ? Et nos hésitations ou nos demi-échecs ne sont-ils pas autant de degrés, qui, si nous savons les utiliser, nous rapprochent de la vérité ?

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MessageSujet: Les Grands Equipements.   Les Grands Equipements. EmptyJeu 12 Sep - 9:22

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Les Grands Equipements. 06-sws16

13 Mai 1912

" LE plus pressé c'est de pouvoir entrer dans la   maison,  c'est-à-dire, au   Maroc, d'ouvrir des ports. Je me suis rendu compte que, pour vous, là était la question vitale, et je vous assure que l'étude de cette grave question sera au premier plan de mes préoccupations.
Et maintenant, si vous permettez, nous n'en dirons pas davantage pour aujourd'hui, car l'heure n'est pas aux paroles, mais aux actes ".
LYAUTEY

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MessageSujet: Les Grands Equipements.   Les Grands Equipements. EmptyJeu 12 Sep - 9:26

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Les Grands Equipements. 07-sws16

Les Ports du Maroc

CASABLANCA
AGADIR
SAFI
PORT LYAUTEY
MAZAGAN
MOGADOR
FEDALA
TANGER
NEMOURS

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Les Grands Equipements. 08-sws16

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Les Grands Equipements. 09-sws16

EN CE TEMPS LA ...

HARDIS marins, les Phéniciens abordèrent les premiers, au XIIe siècle, les côtes du Maroc. En effet, Russaldir (Melilla) était pour eux à la fois une étape et une escale avant Gadir (Cadix) et la côte de Tartessos.
Six cents ans plus tard, Carthage reprit à son compte l'œuvre ébauchée par les Phéniciens et créa, le long du littoral marocain, une véritable chaîne de comptoirs, dont Liksh, ou Lixus, édifié en face de l'actuelle Larache, semble avoir favorisé la naissance de la plus importante des colonies puniques. Quant aux autres, elles devaient s'élever sur les sites actuels de Tétouan ou de Rio Martin, de Tanger, d'Arzila, de Chella et de Mazagan.
Vers le Ve siècle avant Jésus-Christ, une importante expédition, conduite par le Carthaginois Hannon, effectua le long de la côte africaine une reconnaissance qui conduisit ses navires jusqu'au golfe de Guinée. A la suite de ce voyage, nommé « périple d'Hannon », le grand capitaine fonda, sur la côte qu'il avait explorée, une série de six comptoirs : Thymatérion, ou Thymatèria (Mehdia), Karikon Teichos (Mogador), et, sur le littoral du Souss, à Founti, à Aglou, à Massat et à l'embouchure de l'oued Assaka.
La plupart des établissements puniques du Nord marocain se maintinrent et devinrent des villes romaines. En effet, lors des guerres puniques, la Maurétanie fut un lieu de passage fréquent entre l'Afrique et l'Espagne carthaginoise. Or, à la fin du II siècle, Bocchus, roi de Mauritanie, abandonna Jugurtha pour Rome, et les Romains, maîtres de l'Espagne du Sud dès la fin du IIe siècle, installés en Berbérie orientale dès 146 avant J.-C., tardèrent quelque peu à pénétrer en Maurétanie occidentale. Mais alors, le Maroc romain vécut une ère de paix et s'enrichit par le travail. Le commerce était actif dans les ports, et l'on peut encore voir à Lixus, presque intacts, des docks où subsistent des silos à blé et à huile.
L'emprise de Rome sur le Maroc dura cinq siècles environ, mais on ignore comment elle finit. Quant aux armées musulmanes, et en particulier celles de Moussa Ibn Nozair, ce n'est qu'en 703, après quelques incursions sans grand résultat, qu'elles conquirent le Maroc.
Dès ce moment, déchiré par des guerres intestines qui opposèrent les Berbères à leurs envahisseurs, puis les grandes tribus entre elles, le Maroc fut livré à l'anarchie. L'activité des ports marocains connut alors une nouvelle orientation et la piraterie prit le pas sur le commerce. Tétouan et Salé, notamment, constituèrent les repaires les plus importants des corsaires barbaresques.
Si, au XVIe siècle, la répression de la piraterie a conduit les Portugais, après les Espagnols, jusqu'à prendre pied sur la côte marocaine, on peut penser qu'elle ne fut pas seule à l'origine de la pénétration portugaise en Berbérie et qu'elle favorisait l'espoir de voir un jour le Maroc compris dans le vaste empire colonial que les Portugais se constituaient alors.
En effet, de 1505 à 1514, déjà maîtres de Ceuta, de Ksar es Seghir (sur le détroit), de Tanger et d'Arzila, les Portugais s'attaquent à la côte atlantique du Maroc, y fondent Mazagan et Santa Cruz de Aguer (Agadir) et s'emparent d'Azemmour et de Safi. Quant aux Espagnols, ils sont solidement installés à Larache et dans la Mamora.

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Les Grands Equipements. 10-sws16

LES RUINES ROMAINES DE VOLUBILIS
Les Romains, on l'a vu au début de cet ouvrage, ont longuement occupé le Maroc. Sous leur emprise, ce pays connut une ère de paix et une richesse qu'il ne retrouva pas de sitôt après leur départ.
Au cours de leur domination, les Romains, grands bâtisseurs devant l’Éternel, édifièrent plusieurs villes importantes, érigèrent de magnifiques monuments qui, à l'heure actuelle, sont ici les derniers témoins d'une grande civilisation. Parmi les ruines ramenées au jour par les archéologues, celles de Volubilis restent les plus célèbres et les plus remarquables de l'Histoire antique du Maroc.

... Devant l'invasion du pays par l'Infidèle, les Berbères réagirent vigoureusement : en 1541, la place d'Agadir était prise, et, l'année suivante, les Portugais évacuèrent Azemmour et Safi. En 1684, Moulay Ismaïl, second sultan de la dynastie Alaouite, réoccupe Tanger, réussit à chasser les Espagnols de la Mamora et de Larache, mais ne parvient pourtant pas à recouvrer Ceuta et Mélilla. Après sa mort, son successeur, Sidi Mohamed ben Abdallah, contraignit les Portugais à évacuer Mazagan en 1769, mais échoua à son tour devant Mélilla. Tout comme Moulay Ismaïl il voulait être maître chez lui mais n'envisageait pas pour autant de rompre les relations commerciales existant entre le Maroc et les pays d'Europe ; au contraire, pour favoriser ces relations avec les commerçants européens, il fonda la ville de Mogador.
II peut sembler étrange qu'une étude sur les ports du Maroc soit précédée d'un condensé de l'histoire du pays ; pourtant, il permet d'embrasser rapidement la situation des ports et leur évolution depuis leur origine.
On a pu voir ainsi que Tanger, Mazagan et Mogador ont été créés par les Carthaginois, tandis que les Portugais, déjà séduits par sa baie magnifique et hospitalière, ont fondé Agadir. On a vu aussi que le rôle pacifique attribué aux premiers « ports » du Maroc par leurs créateurs perdit de son honorabilité dès qu'ils furent soumis à l'exploitation des indigènes.

L'influence du   commerce sur la  création  des  ports modernes du Maroc

Djazirat el Maghreb, l' « Île du Couchant », ainsi les Arabes désignaient-ils le Maroc. Et, en effet, on a bien souvent comparé l'ancien Maroc à une île en raison des difficultés qu'on éprouvait à y aborder. Bien que ce pays ait l'avantage d'avoir à la fois deux façades maritimes : l'une sur la Méditerranée, et l'autre, qui s'étend sur plus de 750 kilomètres, en bordure de l'Atlantique, il était totalement isolé du reste du monde, car ses côtes étaient les plus inhospitalières qui soient.

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On sait en effet que la côte atlantique du Maroc est défendue par une barre redoutable dont les rouleaux, dus à la propagation de la houle de l'Atlantique nord, conséquence du déplacement de l'Ouest à l'Est des grandes dépressions, déferlent par des fonds atteignant jusqu'à six et sept mètres. Ces rouleaux condamnaient les navires à rester au large, et les relatons avec la terre ne pouvaient être assurées que par des barcasses, conduites à l'aviron à travers les brisants, mais qu'on ne pouvait utiliser dès que la houle était un peu forte.
Aussi, la plupart des ports cités plus haut n'étaient-ils que as médiocres abris constitués par un épi rocheux ou une embouchure de fleuve à demi-ensablée et qui n'étaient praticables que durant cinq mois, à la belle saison, de mai à fin septembre. Le reste de l'année, il était courant d'attendre deux à trois semaines pour réussir à communiquer sans danger avec la terre, et pendant un jour ou deux seulement.
Aussi, en raison de ces conditions géographiques si défavorables, dès que furent tombés en décadence complète, au XVIIIe siècle, les ports de corsaires : Larache, Méhédya et Salé ; après la mise en sommeil de Safi, jugé difficile à défendre, le Maghzen chérifien dut équiper sommairement deux petits ports sans importance. Son choix se porta sur Mogador, et Dar el Beida, centre d'exportation de céréales aménagé sur l'ordre de Moulay Sliman au début du XIXe siècle : l'équipement du Maroc avait fait son premier pas et, des deux premiers ports «modernes» du Maroc, le second est devenu le premier port d'Afrique et le quatrième de France.
Peu à peu, malgré la force d'inertie opposée par le Maghzen à l'infiltration européenne, malgré l'obstacle naturel constitué par la côte marocaine elle-même, de nombreuses maisons de commerce s'étaient installées au Maroc. Leurs représentants, particulièrement gênés par l'irrégularité des relations maritimes avec leurs pays respectifs, provoquèrent des interventions toujours plus nombreuses et toujours plus vives des puissances étrangères et, de Tanger, résidence du Corps Diplomatique, partaient toutes les ambassades envoyées au Sultan et réclamant la réasiliation de travaux portuaires qu'elles souhaitaient voir entrepris à Casablanca et Safi.
En effet, sur une valeur totale du commerce marocain évaluée à 58.555.000 francs en 1898, d'après les rapports consulaires anglais, Casablanca figurait à lui seul pour 12.317.000 francs, soit presque autant que Tanger et davantage qu'aucune autre ville de la côte atlantique. Il s'y était établi un nombre relativement important de maisons de commerce de diverses nationalités. Concurrentes dans les affaires, elles protestaient de concert auprès de leurs consulats respectifs contre l'apathie d'un Maghzen indifférent aux misères du trafic maritime.
Quant à Safi, le commerce qui s'y était opéré en 1898 n'avait pas dépassé 4.731.000 francs. Les Européens y étaient beaucoup moins nombreux qu'à Casablanca, mais les opérations maritimes, très intermittentes et réalisables seulement par pirogues de petites dimensions, y étaient très difficiles, voire dangereuses, car les vagues déferlaient au contact même du rivage, et le nombre des jours ouvrables y était moindre qu'ailleurs.
On ne pouvait donc contester le bien-fondé des plaintes continuelles émanant des maisons anglaises et allemandes installées à Safi pour l'exportation des orges aux années de bonnes récoltes. Elles finirent par s'imposer à l'attention du Maghzen comme celles concernant Tanger et Casablanca.
Pour les autres ports, Mazagan et Mogador étaient considérés comme privilégiés, avec leur petite darse portugaise où les barcasses pouvaient s'abriter par mauvais temps ; Agadir était interdit au commerce européen : enfin, Larache et Rabat, sans parler d'Azemmour et de Méhédya, toutes localités situées en dedans des barres qui obstruaient presque totalement l'embouchure des fleuves, ils étaient inaccessibles la plupart du temps et n'auraient pu être utilisables qu'au prix de dépenses incompatibles avec les ressources du trésor chérifien.
Enfin, sous le règne de Moulay Hassan, à la suite des doléances sans cesse transmises au Maghzen, une tentative fut faite pour les apaiser et de petits travaux furent entrepris à Tanger et à Casablanca. Faute de compétence et d'argent, il fallut bientôt les abandonner.
Tous les espoirs qu'ils avaient suscités devaient-ils être considérés comme perdus à jamais et l'équipement portuaire du Maroc n'aurait-il été qu'un rêve merveilleux ? Certes  non, et la décision de l'Administration marocaine, en 1904, d'accorder à une jeune société française la possibilité d'aménager un port à Casablanca fut le point de départ de l'équipement portuaire, dont l'évolution extraordinaire est loin d'avoir atteint son terme et a permis au Maroc, carrefour incontesté des   grands   courants   commerciaux   internationaux,   de devenir le pays moderne que l'on connaît.

Le Maroc dispose actuellement, grâce à l'action persévérante de la France, de six ports de mer : Agadir, Casablanca, Fédala, Mazagan, Mogador, Safi, et de deux ports fluviaux : Port-Lyautey et Rabat.
Connaissant la caractéristique principale de la côte marocaine, sa barre redoutable, on s'imagine facilement la somme considérable d'efforts qu'il a fallu aux constructeurs, en perpétuelle lutte avec la furie de la mer, pour mener à bien les travaux dont ils étaient chargés. L'origine, l'évolution et le développement de chacun des ports marocains sont les objets de l'étude qui suit.


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L'histoire d'un havre moderne : Casablanca

1913 : La darse des Portugais lors du raz de marée de 1913. Il s'agissait de conditions exceptionnelles, cependant on peut juger des effets de la mer sur les installations du port, alors privées de la protection de la jetée Délure.
(Photo Flandrin)

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1953 : Quarante ans après : vue générale du port de Casablanca. On remarque la disposition des nouveaux aménagements : forme de radoub, en bas; môle intermédiaire, au centre; prolongement de la jetée Delure, à gauche; terre-plein des Roches-Noires, en haut droite. (Photo aérienne Verbelke)

AUX temps préislamiques, le site actuel de la ville de Casablanca était occupé par une petite bourgade de pêcheurs, Anafé, certainement un des points de la côte les plus inhospitaliers. Le sultan mérinide Abou Yacoub ben Abd el Hadj s'en empara en 1259.
Au XIVe siècle, Anafé était devenue Anfa et un repaire de pirates dont les attaques contre les navires marchands portugais attirèrent sur la ville, en 1438, les représailles du Portugal : une flotte de cinquante navires, portant dix mille hommes de troupes, se dirigea vers Anfa. Abandonnée par ses habitants, la ville fut occupée sans combat, pillée et détruite, comme il était d'usage alors. Selon Léon l'Africain (1483-1530), Anfa, avant l'expédition punitive des Portugais, était une cité riche et peuplée, ornée de beaux monuments et où la science était en honneur.
Anfa resta déserte jusqu'en 1515, année où les Portugais revinrent et y établirent un poste militaire qu'ils dénommèrent Casa Branca. Trois cents ans plus tard, ils étaient contraints d'évacuer la ville, mais non sans l'avoir démantelée au préalable.
Elle fut reconstruite sous le règne du sultan chéirifien Moulay Mohamed (1747-1789) et porta désormais le nom de Dar el Beida, la Maison Blanche, dont les Espagnols ont fait Casablanca.
En 1789, une société espagnole obtint le monopole du commerce des grains. Ce monopole lui fut retiré en 1830. et le port fut alors ouvert au commerce européen qui détermina son extraordinaire développement, dont les prémices étaient annoncées en 1862 par la création du premier service régulier Marseille-Casablanca de la Compagnie Paquet.
Parallèlement, et à cause de son activité portuaire, la ville prit une extension si importante qu'à la fin du XIXe siècle, suivie de près il est vrai par Tanger et Mogador, Casablanca était devenue la place la plus importante ds l'Empire Chérifien.
Néanmoins, malgré cette brillante renaissance, Casablanca avait dans les milieux maritimes une réputation déplorable mais justifiée par l'insuffisance de son abri, la présence d'une barre dangereuse pendant la mauvaise saison, et les médiocres moyens réservés aux opérations commerciales. Aussi, l'Administration chérifienne, en considération des doléances émises par les commerçants, d'une part, et soucieuse, d'autre part, d'améliorer le rendement de ses douanes, accepta de confier à une société française, la Compagnie Marocaine, la construction et l'aménagement d'un petit port à barcasses.

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MessageSujet: Les Grands Equipements.   Les Grands Equipements. EmptyVen 13 Sep - 8:33

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- Le « Languedoc », premier courrier de la Compagnie Paquet- ayant assuré le service régulier Marseille-Casablanca en 1862.

- L'épi Vrignaud en construction en 1912. On pourra faire une amusante comparaison entre le matériel utilisé alors et les photos représentant les engins en service actuellement.

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MessageSujet: Les Grands Equipements.   Les Grands Equipements. EmptyVen 13 Sep - 8:44

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LE PREMIER PORT DE CASABLANCA

Le projet prévoyait d'abriter par deux jetées convergentes un bassin de dix hectares environ comprenant la crique connue actuellement sous le nom de « darse des Portugais » et le petit môle construit par les Portugais eux-mêmes vers 1850 sur le côté Est de cette darse. En outre, le projet comprenait l'établissement d'un terre-plein à l'Est du petit port.
Un an après, la Compagnie Marocaine choisit pour entrepreneur l'Entreprise Schneider, et c'est le 2 mai 1907, après que le traité d'Algésiras eut permis de définir et de garantir les relations des principaux Etats européens avec l'Empire chérifien, que furent commencés les travaux.
Ceux-ci furent interrompus à diverses reprises par des insurrections et notamment celle du 31 juillet 1907, au cours de laqueUe neuf Européens employés aux travaux du port furent massacrés. C'est ce dernier événement qui détermina l'intervention du croiseur « Galilée » et le débarquement du corps expéditionnaire du général Dinde, point de départ de l'action pacificatrice de la France et du développement du Maroc.
Les travaux reprirent dès qu'il fut possible, mais il était devenu évident, à ce moment, que le projet initial, celui d'un simple port à barcasses, ne répondait plus aux exigences de l'avenir, et il fut décidé que la surface du bassin serait portée à 20 hectares. Enfin, lorsqu'en juin 1912 le Protectorat français fut établi, il s'avéra nécessaire de doter le Maroc du grand port moderne qui s'imposait, et une Commission des Ports fut chargée de faire un rapport d'ordre général sur les possibilités d'améliorer le trafic maritime par des travaux portuaires.
Cette Commission, ne comprenant que des techniciens émérites, chacun dans sa spécialité, était présidée par M. l'Inspecteur général des Ponts et Chaussées Guérard, bien connu par le rôle prépondérant qu'il joua dans l'équipement du port de Marseille, et devait rechercher l'emplacement le plus propice à la création d'un port qui puisse desservir aussi bien le nord que le sud du Maroc et qui fût le débouché immédiat d'une région déjà mise en valeur. Casablanca répondait à ces conditions et M, le Directeur général des Travaux Publics, M. l'Inspecteur général Déluré, prit la décision d'en faire le grand havre nécessaire à la prospérité économique du Maroc.
Au projet initial déjà amélioré on substitua une nouvelle étude qui, tout en tenant compte des ouvrages réalisés, répondait au nouveau rôle attribué à Casablanca et, en outre, réservait l'avenir, ce qui n'est pas un des plus minces mérites de ses auteurs. Le nouveau projet prévoyait l'achèvement du petit port à barcasses et l'aménagement d'un grand port de 140 hectares dont le plan d'eau pourrait être doublé éventuellement.
Le programme était séduisant ; cependant, la multiplicité des avis, objections et protestations, suscités tant par le dépit éprouvé par certains en voyant Mazagan privé du port dont ils rêvaient, au profit de Casablanca, que par l'expérience ou même l'ignorance d'autres agitant l'épouvantail de la « furia » océane, ne fut pas sans préoccuper le général Lyautey, conscient des responsabilités qui lui incombaient. Mais, par une lettre en date du & février 1913 adressée au général Lyautey et à M. Tirard, secrétaire général du Protectorat, M. Déluré affirmait de nouveau sa foi dans la création du port de Casablanca, détruisant impitoyablement les arguments de ses détracteurs, et, un mois plus tard, le 25 mars, l'ensemble des travaux était adjugé aux Etablissements Schneider, associés à la Compagnie Marocaine, puis, après quelques semaines, à MM, Hersent.

Les crédits .engagés s'élevaient à 46 millions de francs-or pour la réalisation de :
l'achèvement des 2 jetées du petit port,
le prolongement sur 1.500 m. des 350 m. de jetée déjà construits,
la construction d'une jetée transversale de 1.500 mètres,
la construction de 700 m. de quais,
l'aménagement de16 ha de terre-pleins.
On passa sans plus tarder aux réalisations, et quatre mille ouvriers furent employés quotidiennement sur les chantiers. Dès l'ouverture des travaux, le gros effort porta sur la grande jetée Ouest qui devait protéger les travaux ultérieurs, et, malgré la puissance destructrice de la houle, les plus grosses difficultés purent être surmontées.
Aussi, le 14 juillet 1914, au cours du banquet qui lui fut offert par la Colonie Française de Casablanca, le général Lyautey pouvait déclarer :
« Pour le port de Casablanca, vous vous rappelez qu'à mon arrivée, il y a deux ans, sa possibilité même était contestée. Pour triompher des résistances, il a fallu de rudes assauts et, à cet égard, vous ne sauriez avoir trop de reconnaissance pour notre Directeur Général des Travaux Publics qui a soutenu tout l'effort. Aujourd'hui, la cause est entendue. Depuis six mois, vous avez pu en suivre les progrès, j'allais dire à vue d'œil. L'épi est construit. Il abrite vos barcasses et vos remorqueurs. La grande jetée s'avance et, si le temps permet de continuer les travaux avec la même activité, nous avons le droit de prévoir pour cet hiver une amélioration sensible des débarquements. Les surfaces des quais, plus que doublées en douze mois, les surfaces couvertes, les magasins, doublés également, vous garantissent désormais contre l'engorgement et le désordre. »
Quelques jours plus tard, la guerre éclatait, et il est probable qui si le Maroc avait eu un autre chef que Lyautey, pour qui « un chantier valait un bataillon », le port de Casablanca ne serait pas ce qu'il est aujourd'hui. Mais Lyautey était là : l'élan était donné et les travaux ne furent pas interrompus.
Certes, ils ne furent pas non plus poursuivis au même rythme, et la grande jetée, lentement mais sûrement, s'enfonçait dans l'océan, brisant toujours davantage ses assauts.
En 1915, elle atteignait 422 m.,
en 1916, 614 m.,
en 1917, 824 m,
en 1918, 890 m.
et, le 15 juillet 1919, le général Lyautey présidait la cérémonie de la pose du bloc qui marquait son millième mètre.
En 1920, on rechercha une carrière dont on pût extraire des enrochements naturels qui remplaceraient une partie des blocs artificiels. Cette carrière fut choisie à Sidi Abd er Rahman. Située à 10 km. du port, elle y fut reliée par une voie métrique et son exploitation commença aussitôt.
En 1923, le premier quai d'accostage était terminé, et, le 4 avril, deux paquebots pouvaient s'y amarrer.
En 1925, la grande jetée avait atteint une longueur de 2.100 m., et la construction de la jetée transversale pouvait être entreprise. En 1934, cet ouvrage était terminé ainsi que le môle du Commerce, tandis que la grande jetée atteignait le P. M. 2.450.

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