| | LYAUTEY L'AFRICAIN | |
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Auteur | Message |
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Paul CASIMIR
| Sujet: LYAUTEY L'AFRICAIN Jeu 6 Nov - 7:40 | |
| 16 MARS 1913. - Photo Flandrin, Casablanca 9 MAI 1915. - CASABLANCA Photo de Mazières Le Général et le Sultan Moulay-Youssef visitent les travaux du port de Casablanca.
Le général Lyautey préside la distribution des récompenses de l'Exposition d'Horticulture. De gauche à droite, M. de Saint-Hilaire, délégué à la Résidence générale, le Colonel Delmas, M. de Mazières, le Colonel Targe, M. Randet. | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: LYAUTEY L'AFRICAIN Jeu 6 Nov - 7:51 | |
| On parle beaucoup, et avec raison, de ses méthodes. Au fond, qu'engendrent-elles par elles-mêmes ? Rien que des textes, des circulaires, des rapports. Pour qu'elles puissent aboutir à des créations, il est nécessaire qu'elles émanent d'un chef animé d'un esprit de vivification et secondé par une équipe dévouée. Or, l'on remarquera que, dans sa vie, Lyautey n'a jamais cherché à construire ou à créer seul. Que ce soit dans le Sud-Oranais, au Maroc ou à Vincennes, on le voit toujours « patron » d'une équipe pour laquelle il organise le travail en commun, méthode si favorable à l'épanouissement de l'activité créatrice. Avec lui, ses collaborateurs savent toujours ce qu'il veut et qu'ils sont libres d'agir comme bon leur semble, à la condition toutefois de rester dans les limites du plan d'ensemble qu'il a tracé. Leur tâche n'est d'ailleurs pas toujours aisée. Le « Patron » est exigeant, sévère, infatigable; il donne l'impression d'être une force de haute tension et de n'aimer le travail qu'à une température de brasier. Mais, en revanche, quelle sensibilité exquise déborde de son cœur ! Quel besoin d'être aimé, de vivre en confiance avec son entourage ! La critique systématique l'abat, il réagit mal aux attaques et aux injustices, car il est de nature, écrit Montagne, « d'agir pour obtenir un résultat, pour construire des cités, des Etats, pour affirmer des principes, et non pas de lutter contre des hommes, contre des partis, contre des idées ». Aussi, fonctionnaires et officiers l'adorent, galvanisés autant par sa foi, son initiative et sa claire vision des réalités et des solutions, que par sa force de persuasion et les charmes puissants de son caprice et de son cœur. Au total, nulle figure d'entraîneur d'hommes n'est plus attachante, plus dépouillée de conventions, moins parée d'un prestige emprunté à la hiérarchie et à la fonction. On conçoit que des dizaines de milliers d'hommes aient travaillé avec lui et pour lui dans le chemin qu'il indiquait et que des millions d'êtres, chrétiens ou musulmans, aient baigné, avec sympathie, dans l'atmosphère spirituelle, intellectuelle et sociale qu'il créait. De son être se dégage, il est certain, une force intérieure, un « puissant rayon de vie » qui, pour beaucoup, sont demeurés inexplicables, bien qu'on en ait donné pas mal d'explications. On a oublié, semble-t-il, de remonter aux principes chrétiens de Lyautey, dispensateurs d'union dans les cœurs, de dévouement et de désintéressement dans les actes sociaux et même dans les attitudes. 34 | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: LYAUTEY L'AFRICAIN Jeu 6 Nov - 7:58 | |
| 8 OCTOBRE 1912. - Photo Flandrin, Casablanca 8 OCTOBRE 1912. - Photo Flandrin, Casablanca Voyage de MM. Sarraut et Ferry au Maroc. Le salut au drapeau d'un régiment territorial à Casablanca
Voyage de MM. Sarraut et Ferry au Maroc. A Marrakech le Khalifa du Sultan, le Pacha de Marrakech et les grands Caïds de l'Atlas sont présentés aux ministres. | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: LYAUTEY L'AFRICAIN Jeu 6 Nov - 8:05 | |
| 9 OCTOBRE 1915. - Photo Flandrin, Casablanca Photo communiquée par le commandement supérieur des Troupes du Maroc M. Sarraut et le Général Lyautey dans la cour de la Bahia de Marrakech
1915. - SIDI-LAMINE Le Général interroge un officier. | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: LYAUTEY L'AFRICAIN Jeu 6 Nov - 8:11 | |
| N'est-ce pas à son cœur élevé, à son caractère sans morgue, à son désir d'être tout à tous que l'on doit ses invitations à sa résidence de Rabat, à la « Maison de France » qu'il veut largement ouverte à la population ? N'est-ce pas à ses élans spirituels que l'on doit l'union sacrée qui est pratiquée de son temps et qui n'existe plus aujourd'hui ? N'est-ce pas au « miracle de la présence résidentielle », suivant l'expression de Léon Bègue, que l'on doit la disparition de l'esprit de chapelle en cette période héroïque ? N'est-ce pas à son sentiment d'équité et d'affection que l'on doit les ordres qu'il donne pour que la qualité de Français ou de protégé français ne constitue jamais une infériorité où le Français aurait toujours tort ? Et nous pourrions multiplier les exemples. Ah ! cette force intérieure que possèdent si peu d'hommes d'Etat ! comme il sait s'en servir ! Dès le début, il s'aperçoit que le contact et la collaboration entre l'administration et la colonie font défaut : il y avise par deux moyens. D'une part, il conseille aux Français de se grouper en associations, chambres de commerce et d'agriculture, syndicats économiques, commissions municipales, afin d'avoir des gens à qui parler « les yeux dans les yeux », et de l'autre, il cherche à se trouver en face de la population pour la placer devant les réalités, dans des harangues qui sont restées célèbres au Maroc et qui constituent de véritables examens de conscience, courageux et loyaux, dignes de lui gagner la confiance de tous ceux qui l'écoutent. Combien, en écrivant ces lignes qui nous rappellent des souvenirs anciens, nous aimerions revoir vivant ce foyer d'énergie, en perpétuelle dépense de soi-même, ce visage connu, popularisé par l'image, cette robuste vaillance dans un regard volontaire et scrutateur, dans une allure svelte et dégagée ! Debout, les cheveux drus en brosse, l'œil clair, la lèvre plissée, la moustache brûlée par le feu de la cigarette, la tête droite burinée par les ans, les soucis, les climats, il « débonde » son cerveau et son cœur, il prend son public par les yeux et le saisit, en maître achevé de la parole, par ses expressions, ses figures, ses attitudes, ses raccourcis faits à l'usage de l'anthologie. 35 | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: LYAUTEY L'AFRICAIN Jeu 6 Nov - 9:02 | |
| Photo Flandrin, Casablanca La revue des territoriaux. | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: LYAUTEY L'AFRICAIN Jeu 6 Nov - 9:09 | |
| La bouche, les yeux, la tête assument presque seuls l'action, le buste ne se contractant qu'à de rares intervalles ou au contraire se jetant tout d'une pièce en avant pour s'offrir avec le trésor débordant de ses sincérités. Après avoir magnétisé son auditoire, il évolue avec aisance dans le maquis des intérêts enchevêtrés et sa parole de clarté y apporte toujours les lumières si attendues* Finalement, tous répondent à son immanquable appel à l'union et partagent les convictions qui l'animent : le magicien a opéré ! Transportons l'incantation dans le bled et voyons en deux mots, avec Jean Sermaye, comment il conquiert ses soldats, en outre des encouragements, des récompenses, des citations et des distinctions qu'il leur distribue généreusement. « Dans les camps, il s'asseyait volontiers à la table des popotes. Grand maître du verbe, il charmait, quand il voulait, ses auditeurs, ayant le don souverain de les emmener, par la magie de sa parole, bien loin des lieux et du moment où il parlait. Et puis, brusquement, il reprenait la langue du soldat. Familier et disert, discutant cheval et théâtre avec les cavaliers, il était aisément truculent pour les légionnaires, jovial pour les zouaves, paternel pour les tirailleurs. Aux marsouins, qu'il considérait comme sa vieille garde, il réservait ses sourires, parlant « congai » et « tamatou » à ces coureurs du monde qui avaient aimé sous tous les climats. » Voilà comment parlait un Lyautey ! 36
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| | | Paul CASIMIR
| Sujet: LYAUTEY L'AFRICAIN Jeu 6 Nov - 9:17 | |
| Photo Veuve Schmitt, Tout pour la photo, Rabat Photo communiquée par le commandement supérieur des Troupes au Maroc 14 JUILLET 1915. - Revue sur le Boulevard El-Alou
1915. - CASABLANCA Le Sultan Moulay-Youssef et le Général Lyautey saluent les Ministres à leur débarquement au Maroc | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: LYAUTEY L'AFRICAIN Jeu 6 Nov - 9:25 | |
| 25 SEPTEMBRE 1915. Photo Flandrin, Casablanca 25 SEPTEMBRE 1915. Photo Flandrin, Casablanca M. Berti, Commissaire général de l'Exposition reçoit le Sultan Moulay-Youssef et le Général Lyautey devant le pavillon de la Chaouïa.
Le Sultan Moulay-Youssef et le Général Lyautey visitent les stands de l'Exposition Franco-Marocaine de Casablanca | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: LYAUTEY L'AFRICAIN Jeu 6 Nov - 9:32 | |
| IV
C'est à ce moment de l'histoire marocaine, où le grand Chef a conquis les sympathies générales, après avoir rempli son programme de pacification, c'est à ce moment où il compte pouvoir organiser le pays dans l'atmosphère confiante et suivant des méthodes qui lui sont chères, qu'éclaté le plus gros orage qui ait jamais passé sur le monde : la guerre germanique. Mais c'est à ce moment aussi, où la tourmente risque d'emporter le Maroc, que Lyautey manifeste pleinement son génie, en écrivant, dit Auguste Bernard, la plus belle page de sa carrière. On connaît l'épisode. En prévision de la guerre, qui est sur le point d'être déclarée, le Gouvernement français donne au général en chef des ordres dans le sens d'un repli général au Maroc, les européens devant être ramenés de l'intérieur dans les ports de la côte. De Paris, à des milliers de kilomètres, les choses peuvent évidemment être envisagées d'une manière, pas obligatoirement la bonne ; de Rabat, la situation peut se juger différemment, et, en l'occurrence, Lyautey ne partage pas le point de vue de la métropole : il ne peut pas accepter une telle politique de recroquevillement. Certes, il est loin de méconnaître la pensée qui a dicté les instructions gouvernementales dans le grave souci de rassembler tous les Français pour défendre le territoire contre les agresseurs et de ne pas affaiblir les forces du pays en les dispersant sur des théâtres extérieurs. Comme le grand Lorrain qui préside aux destinées du Maroc comprend ces raisons ! Comme il abandonnerait volontiers son poste pour voler à la frontière de l'Est au secours de sa grande et de sa petite Patries terriblement menacées ! 37
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| | | Paul CASIMIR
| Sujet: LYAUTEY L'AFRICAIN Jeu 6 Nov - 9:39 | |
| RABAT 8 AOUT 1915 Photo Flandrin, Casablanca A son retour de France, le Général Lyautey, accompagné de M. de Saint-Hilaire et de Sidi Si-Ben-Ghabrit est allé présenter ses compliments à S.M. le Sultan et lui exposer les principaux résultats de son voyage. | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: LYAUTEY L'AFRICAIN Jeu 6 Nov - 9:41 | |
| Mais l'instant n'est pas au sentiment. L'heure est, au contraire, de réfléchir et de peser avec sang-froid les décisions qui s'imposent dans ces circonstances vitales pour le pays. D'abord lui. Partira-t-il ? Impossible, le devoir lui commande de ne pas abandonner ses fonctions. Servir, toujours servir, répétaient ses aïeux au temps jadis, et leur voix résonnait dans sa conscience comme à l'époque où il s'instruisait à la rue des Postes. Et il obéit en se remémorant les vers d'un de ses officiers : Mais nous n'avons rien dit ; dans notre âme brisée, Un devoir surgissait, douloureux mais plus beau : Rester pour conserver tout ce pays nouveau Plus tard à la France épuisée.
Puis, faisant comme le maréchal Foch, il regarde les instructions de Paris et se dit : de quoi s'agit-il ? C'est simple : on lui demande d'abandonner les trois quarts d'un pays récemment soumis et que travaille l'Allemagne. Ensuite, pour lui permettre de tenir, on commence par lui retirer trente de ses bataillons, sans examiner que les tribus, alors flottantes, pourront se soulever, et qu'il aura sur le dos un pays de quatre à cinq millions d'hommes que l'esprit de guerre sainte exaltera, sans qu'il lui soit possible de freiner le mouvement de révolte. C'est délibérément faciliter le massacre des européens confiés à sa garde, c'est perdre le Maroc à coup sûr, c'est faciliter l'insurrection musulmane en Algérie et en Tunisie, c'est vraisemblablement mettre à feu et à sang toute la rive méridionale de la Méditerranée. Cette retraite générale qu'on lui suggère ne peut aboutir qu'à un désastre : cette solution n'est donc pas bonne. Fort de cette conviction, Lyautey consulte ses grands capitaines : Gouraud, Henrys, Brulard, Peltier, et leur expose son intention de garder le Maroc. Tous étant de son avis, il prend sa décision avec une volonté très forte et un sens singulièrement vivant de la situation, décision contraire à l'invitation qu'il a reçue du Gouvernement français. C'est la deuxième fois, dans sa carrière nord-africaine, qu'il discute les instructions formelles reçues et parvient à faire revenir les ministres sur leurs ordres ; mais cette fois il a exposé ses raisons dans un rapport devenu célèbre, et non plus par télégramme comme à Colomb-Béchar. 38
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| | | Paul CASIMIR
| Sujet: LYAUTEY L'AFRICAIN Jeu 6 Nov - 9:59 | |
| 12 OCTOBRE 1915. - SIDI-LAMINE Photo Flandrin, Casablanca L'adjudant Caviglioli décore le Général Lyautey de la Médaille Militaire. | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: LYAUTEY L'AFRICAIN Jeu 6 Nov - 10:03 | |
| On a dit qu'il avait joué la victoire et gagné. En réalité, il a agi d'après sa connaissance approfondie des musulmans et du pays qu'il dirigeait, et n'a rien laissé au hasard. D'ailleurs, les événements ont confirmé ses pronostics en tous points et montré que ce jour-là Lyautey avait fait preuve des plus fortes qualités d'un grand chef, et que sa claire vision de l'avenir avait sauvé le Maroc et l'Afrique du Nord. Vraiment, Lyautey a fait là un chef-d'œuvre politique, tout à sa gloire et à son honneur. Et voici le Maroc en guerre, à la suite de la France. Disons de suite que c'est là la grande période de la vie de Lyautey, période émouvante et admirable, au cours de laquelle s'est produit, si Henri Bordeaux nous permet d'emprunter un de ses titres, « le Miracle du Maroc ». Vieux Marocains, nous savons trop ce qui s'est passé à cette époque pour ne pas apporter à l'Histoire le témoignage de notre admiration pour l'œuvre qui y a été accomplie. Il serait erroné de croire que l'audacieuse décision du Résident général de conserver le Maroc, tel qu'il était après deux ans de pacification, procédait de quelque téméraire considération. Nul n'a plus que lui, nous l'avons déjà écrit, le sens des réalités et, en l'espèce, des dangers que court le pays. De sa part également, nulle ambition. Voulant « tout subordonner au succès sur le front de France », immédiatement il envoie à la métropole des bataillons de tirailleurs et des céréales, et il en enverra finalement plus que le nombre prévu. « J'ai vidé la langouste, dit-il à des familiers, mais j'ai gardé la carapace », et c'était l'essentiel. Pressentant les événements, il prend toutes précautions utiles et pratique plus que jamais la prudence, aussi bien dans les opérations militaires que dans la réalisation du programme de paix qu'il poursuit en pleine guerre. Il devine qu'il a affaire à forte partie, car derrière la dissidence se cache l'ennemi véritable, l'Allemagne, dont l'action occulte est facilitée par l'existence d'une zone espagnole neutre mais non contrôlée, et où ses émissaires circulent en toute liberté, apportant aux chefs indigènes non seulement des encouragements, mais aussi de l'argent, des armes et des munitions. 39 | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: LYAUTEY L'AFRICAIN Jeu 6 Nov - 10:06 | |
| ZUYDCOOTE (Nord)Remise de décoration à l'Hôpital par le Général Lyautey. | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: LYAUTEY L'AFRICAIN Jeu 6 Nov - 10:14 | |
| Grâce à quoi le feu qui couve en terre berbère est facilement entretenu au nord, à l'est et au sud. En réalité, quelque paradoxal que ce soit, c'est l'Allemagne qui prêche la guerre sainte au Maroc contre la France. Pour y répondre, Lyautey ne dispose que d'effectifs réduits. Il s'arrange néanmoins de manière à installer au pied de l'Atlas et du Rif une ligne de défense et donne à ses généraux des instructions formelles à observer si l'on ne veut pas aller au-devant d'une catastrophe. Mal en prit au colonel Laverdure, qui, dans la région de Kénifra, voulut enfreindre la consigne : il se fit massacrer avec ses troupes par l'ennemi. Celui-ci, au contact d'une effervescence générale en montagne, devient plus mordant d'année en année, avec comme objectif principal l'isolement du Maroc par la prise du couloir de Taza. Et tout à coup surgissent comme des conjurés Raissouli dans les Djebala et la zone espagnole, Sidi Raho et Moha ou Saïd dans le moyen Atlas, El Hiba dans le Sud, sans compter Abdel Malek, tous largement approvisionnés par l'argent allemand. Or, pendant que les champs de bataille se multiplient, le Maroc augmente ses envois de troupes à la France et Lyautey accélère sa progression. Les dispositions par lui arrêtées au début de la guerre se révèlent excellentes en pratique, à tel point que le Gouvernement français, émerveillé par les résultats obtenus, lui décerne la Médaille Militaire. Celle-ci est remise au général Lyautey, le 12 octobre 1915, à Sidi-Lamine, au pied de l'Atlas, par l'adjudant Caviglioli, en même temps qu'on lit aux troupes, en présence de deux parlementaires, Albert Sarraut et Abel Ferry, l'élogieuse citation qui proclame ses belles qualités militaires, sa perspicacité, son abnégation et son dévouement. Ainsi se trouve très justement soulignée « l'égalité des fronts » devant le même ennemi, à la grande satisfaction du corps d'occupation et du noble soldat qui a su détourner ses yeux et son cœur de sa chère Lorraine envahie pour tenir au Maroc le drapeau confié à son patriotisme. 40 | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: LYAUTEY L'AFRICAIN Sam 8 Nov - 8:14 | |
| 12 OCTOBRE 1915. - SIDI-LAMINE Photo Flandrin, Casablanca M. Sarraut remet au Général Lyautey le Mérite Militaire Chérifien et apporte aux Troupes le salut du Gouvernement. " Au nom de tous, merci !" répond le Résident Général. | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: LYAUTEY L'AFRICAIN Sam 8 Nov - 8:22 | |
| CITATION
Est inscrit au tableau spécial de la Médaille Militaire, à compter du 14 Septembre 1915: LYAUTEY (Louis-Hubert-Gonzalve), générai de division, Commissaire-Résident général de la République Française au Maroc : « Nommé Commissaire-Résident général de la République Française au Maroc au mois d'avril 1912, dans la période difficile qui suivit les émeutes de Fez, a fait preuve depuis cette époque des plus belles qualités militaires, sachant toujours allier à un commandement énergique des dons d'organisation et d'administration remarquables. Dès la déclaration de guerre, a su discerner avec perspicacité les moyens de venir le mieux en aide à la mère-patrie. A poussé l'abnégation jusqu'à ne pas demander à prendre le commandement des forces qu'il embarquait pour la France et est resté à son poste, donnant à tous ceux que le devoir maintient dans les colonies le plus bel exemple de patriotisme. A continué son œuvre avec tant de dévouement et d'habileté que, malgré la guerre, jamais notre colonie marocaine n'a connu plus de calme prospérité. »
Paris, le 15 septembre 1915. A. MlLLERAND. La prudence, qui sert si bien au général en chef pour conserver intacte son armature militaire, sert également au Résident général pour appliquer son programme de paix au Maroc pacifié, travaillé par les fausses nouvelles de la propagande allemande. « La séance continue », proclame-t-il dans tout l'empire, dans le but de convaincre les indigènes, par la continuité d'une création tranquille et par la manifestation de la puissance commerciale et des signes de richesse de la France. Il a même la coquetterie de faire venir l'apparence au secours de la réalité et d'entreprendre un programme d'action sociale destiné à prévenir le malheur et la misère qui rendent l'homme méchant et en font un révolté. De là ses formules-types : « la politique du sourire », « un chantier vaut un bataillon », qu'on trouve dans tous ses discours de l'époque pour soutenir le moral de tous ; de là ses « gestes de guerre », qu'il fait non pas dans un but de vaine et paradoxale satisfaction, mais parce que nous nous trouvons en face de la plus meurtrière machine de destruction et de l'organisation la plus puissante et la plus généralisée et qu'il comprend que « c'est dans toutes les manifestations de l'activité humaine qu'il faut la contredire, et cela sans perdre un instant, sans répit ». 41
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| | | Paul CASIMIR
| Sujet: LYAUTEY L'AFRICAIN Sam 8 Nov - 8:28 | |
| 12 MARS 1916. Photo Flandrin, Casablanca Rentré de France, le Général Lyautey visite les nouveaux aménagements de Casablanca en compagnie de MM. Guillaume de Tarde, Revillod et Collieaux. | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: LYAUTEY L'AFRICAIN Sam 8 Nov - 8:35 | |
| De là, en conséquence, ces expositions, ces foires à Casablanca, à Fès, à Rabat, dont le retentissement est énorme au Maroc, ces manifestations horticoles ou agricoles, qui connaissent un vif succès, ces inaugurations pompeuses de magasins ou de routes qui démontrent aux indigènes notre force, troublent parfois l'esprit des dissidents, en amènent quelques-uns à la soumission et activent les énergies des européens, lui-même s'octroyant le titre de « premier commis-voyageur du Protectorat ». Aux actes il joint la parole. Il complimente le Sultan, dont « l'esprit éclairé et clairvoyant s'est intéressé à notre œuvre et l'a encouragée », et le remercie de l'heureux appoint de sa collaboration incessante et discrète. Il encourage les musulmans, en exaltant avec beaucoup de sincérité le loyalisme du noble peuple marocain, en les louant de leur fidélité et de leur concours, en leur promettant « le règne de l'ordre et de la justice dans le respect de la religion et des institutions ». Aux dissidents, il offre la paix et la prospérité à ceux qui viendront à la France et le châtiment à ceux qui resteront dans l'insoumission. Aux européens, ses « chers pionniers », il vante les aptitudes colonisatrices de la race et demande à chacun d'eux de rester à sa place pour la France éternelle : « Au service du pays », telle est la consigne qu'il donne. A ses officiers et fonctionnaires, il rappelle que Grandeur et Servitude ne sont pas de vains mots, « le premier terme ne vaut, dit-il, que par le sacrifice constant qu'impliqué le second. Servir, servir toujours, les yeux fermés et la bouche close, chacun à son poste, quel qu'il soit « ... c'est la condition primordiale de l'ordre, de l'équilibre, de l'harmonieuse répartition des forces, en un mot du succès, dans une lutte sans précédent, qui a pour théâtre près de la moitié du monde ». Au total, son but est d'unir les cœurs et les activités afin de travailler avec tous la main dans la main et de justifier que « la guerre coloniale est créatrice de vie au lendemain même du combat ». Quant à ses troupes, ce « rempart vivant » de son armature, qui seul lui permet de réaliser son programme de paix, avec quel cœur paternel il leur parle et comme il sait plaider leur cause î Maintes fois il décrira aux civils les souffrances de ses soldats, leur isolement, leur lassitude, leur vie dans les fameux « fours crématoires du Tadla » sous le dur sirocco, ou bien dans la neige et le froid, à la merci de « la fusillade embusquée à chaque détour », tombant de fatigue après de longues et pénibles marches, subissant des privations quotidiennes. 42
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| | | Paul CASIMIR
| Sujet: LYAUTEY L'AFRICAIN Sam 8 Nov - 8:40 | |
| 22 MARS 1916. Photo Flandrin, Casablanca Le premier soin du résident Général en rentrant de France est de visiter les travaux du port de Casablanca. Il constate avec satisfaction que la grande jetée a avancé de 36 mètres depuis le 1er Janvier et que l'aménagement des chantiers est poussé activement. | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: LYAUTEY L'AFRICAIN Sam 8 Nov - 8:46 | |
| Et il demande pour ces vaillants, ces héros, de la reconnaissance, un souvenir affectueux. Qu'il est heureux lui-même, lorsque ses absorbantes occupations le lui permettent, d'aller leur rendre visite au front ! A ces braves gens, massés dans les camps inconfortables ou logés sous des abris improvisés, c'est avec joie qu'il apporte des citations, des croix d'honneur, des croix de guerre, et, ce qui n'est pas le moindre pour beaucoup, le réconfort vivifiant de sa présence et de son estime. Comment ne pas se battre ardemment et vaillamment pour un tel chef qui incarne si bien l'âme dominatrice et généreuse de la France chevaleresque ! Ainsi va le Maroc pendant la guerre, intimement lié à son général en chef, à son Résident général, si bien qu'on ne sait plus si c'est l'histoire de Lyautey ou celle du Maroc qu'on écrit. Les deux se confondent. Ce qui prête d'ailleurs à cette confusion, c'est qu'après coup il semble que la guerre, au lieu de le gêner, ait facilité sa tâche. Cette observation, évidemment, ne doit pas être généralisée, mais elle reste vraie pour beaucoup de choses, Lyautey sachant admirablement tirer parti des situations, des bonnes comme des mauvaises. Au lieu d'être paralysé, il se sent les coudées franches et nombreux sont les exemples qu'on peut donner à ce sujet. S'agit-il de l'équipement du pays ? Il s'empresse, débarrassé de l'hypothèque allemande, de construire des réseaux routiers et ferroviaires dont le Maroc a un si grand besoin et de commencer par ceux des régions de Taza et de la Moulouya, indispensables pour l'action militaire, qui ne doit pas « craquer ». La dépréciation de la valeur de l'argent lui rend service, dans une certaine mesure. Il demande ce qui lui est nécessaire, sachant qu'on ne peut pas lui refuser, pour conserver et mettre en valeur un empire, les millions qu'on lui donnerait parcimonieusement en temps de paix, alors qu'une seule journée de guerre en France coûte plus d'une cinquantaine de millions. D'ailleurs il reste modéré dans ses demandes. Il préfère accroître ses ressources financières en utilisant les tribus soumises, qui participent à l'impôt et vendent leurs produits. 43
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| | | Paul CASIMIR
| Sujet: LYAUTEY L'AFRICAIN Sam 8 Nov - 8:51 | |
| Photos Veuve Schmitt, Tout pour la photo, Rabat 1916. - MECHRA-BEL-KSIRI. 1917. - FOIRE DE RABAT.
Le Résident Général honore de sa présence le concours agricole qui se tient dans la riche région du Gharb. | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: LYAUTEY L'AFRICAIN Sam 8 Nov - 8:57 | |
| 29 MAI 1917.- Photo Trompette, Casablanca 5 AOUT 1917.- Photo Flandrin, Casablanca A son retour de Paris... le Général Lyautey serre la main au Contrôleur civil Charlot.
Inauguration du Boulevard Ballande à Casablanca... | |
| | | Paul CASIMIR
| Sujet: LYAUTEY L'AFRICAIN Sam 8 Nov - 9:06 | |
| On constate même que, par suite du réel effort économique donné pendant cette période, le Maroc, fait unique dans l'histoire des colonies, remarque son ancien directeur général des finances Piétri, arrive à suffire entièrement à sa vie propre, sans exagération dans l'impôt, car le Résident général, attentif au développement du commerce, de l'industrie et de l'agriculture, est un chaud partisan de la modération fiscale en pays neuf. A la guerre Lyautey doit encore l'implantation dans le pays des territoriaux : ingénieurs, architectes, financiers, médecins, colons, dont le concours lui est si utile à l'heure où il construit des villes, des ports, des routes, des écoles, des hôpitaux, réalise un programme de colonisation agricole qui nécessite l'expérience de techniciens, institue un régime foncier par l'immatriculation des terres pour mettre fin au désordre et à la confusion, réorganise les biens de l'Etat chérifien et des Habous, rénove et épure la justice, etc..., etc... Aurait-il trouvé aussi facilement, ou tout au moins aussi rapidement, toutes ces compétences en temps ordinaire ? D'un autre côté, il connaît encore cette chance d'avoir des contacts moins étroits avec les bureaux de la métropole et d'être ainsi plus à l'abri des chinoiseries et règlements administratifs qu'il abhorre. A son aise il emploie, pour administrer le pays, ses méthodes favorites, parmi lesquelles « la méthode rationnelle », « la seule, la bonne, dira-t-il, celle d'ailleurs pour laquelle on m'y a envoyé, moi, et non un autre, c'est le jeu continu et combiné de la politique et de la force », jeu auquel il s'entend à merveille. II profite également de sa liberté pour choisir ses hommes et les mettre à la place qui convient à leurs qualités. Méprisant le mandarinat et « l'esprit de bouton », insoucieux des instructions forgées par les bureaucrates, il n'exige pas toujours de ses collaborateurs des titres et des diplômes, il leur demande de le comprendre et de l'aider avec cœur et confiance, lui-même pénétrant lumineusement les pensées et les aspirations de jeunes hommes de vingt à trente ans. Enfin, parmi les chances de Lyautey — on ne peut les citer toutes ici — faisons une large part à celle qu'il eut de trouver en Algérie une épouse bien digne de lui, et qui l'a secondé si brillamment, non pas seulement dans ses devoirs mondains, mais surtout dans sa politique indigène et dans son amour des soldats. 44
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