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Mémoire de la présence Française au Maroc à l'époque du Protectorat
 
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 Les Arts Indigènes

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Pierre AUBREE
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MessageSujet: Les Arts Indigènes   Les Arts Indigènes - Page 2 EmptyLun 5 Mar - 11:20

page 24

Les Arts Indigènes - Page 2 P2410

- Décor d'une tête de coussin.
Broderie de Salé au point natté et au point de croix.
La composition est classique : d'une bordure horizontale à décor géométrique, se retournant aux extrémités, s'enlèvent des arborescences stylisées (ici obliques, mais généralement verticales) rappelant "l'arbre de vie"...

- Une ouvrière de Fès au travail.
Assise sur un petit tapis, à même le sol, devant un métier composé d'un cadre rectangulaire élevé à hauteur convenable par quatre pieds, la jeune fille passe, à l'aiguille, le fil de soie dans l'étoffe bien tendue. Exécutée au point de trait, la broderie est sans envers.

Broderies de Soie

Les femmes des villes ne se sont pas contentées des étoffes fournies par les tisserands du pays ou par le commerce étranger. Occupant les longs loisirs du harem, elles en ont brodées de fils de soie, d'or et d'argent. Le trousseau et le mobilier ont ainsi été rehaussés de notes vibrantes et chaudes d'un caractère intime et personnel, d'un charme léger et féminin.
Créées pour un usage journalier, établies sur des tissus d'une solidité limitée et avec des matières qui ne pouvaient résister indéfiniment à l'usure, les broderies marocaines vraiment anciennes n'ont pu parvenir jusqu'à nous. On ne peut que le regretter car l'histoire en devient difficile, mais tout n'est point perdu puisque, jusqu'à ces derniers temps, d'habiles mains ont continué leurs ouvrages dans les harems toujours clos.
En un pays où le temps n'avait pas encore pris sa valeur actuelle, la jeune brodeuse pouvait rêver tout à son aise, suivre sa fantaisie, exprimer tout uniment et sans hâte, du bout de son aiguille vagabonde ou paresseuse, les nuances de sa pensée et de son sentiment. A flâner dans les souks, à étudier dans les musées, on ne manque pas d'observer la diversité de ces moyens d'expression qui changent d'une ville à l'autre.
Rabat, si singulière par l'architecture de sa tour Hassane et de ses portes almohades, l'est tout autant par ses broderies où l'on croit retrouver l'inextricable enchevêtrement des cactus qui closent ses vergers. _Broderies aux points plats, tantôt monochromes et d'une impeccable unité comme tout ce qui fut almohade, tantôt polychromes et vigoureusement contrastées à l'image de ses jardins fleuris.
Fès, cité plus que millénaire, dotée au moyen âge, par les Mérinides, de médersas qu'embellirent tous les raffinements de l'Andalousie, a conservé de cette époque une esthétique délicate, un sentiment exquis de l'ornementation et de la couleur qui persiste dans les ouvrages de ses femmes: fines broderies de soie monochromes aux tons sérieux et soutenus, exécutés au petit point sans envers avec une patience rare, ou somptueuses tentures rehaussées d'or, les unes et les autres d'une richesse incomparable et d'une haute valeur décorative.
Meknès, urbanisée depuis moins de trois siècles par l'un des plus célèbres souverains de la dynastie actuelle, semble traduire dans ses ouvrages — où de petites notes vives, telles des pierres précieuses: diamants, rubis, opales, améthystes, émeraudes, etc s'enchâssent dans des champs clairs ou foncés, — l'aspect polychrome de la mosaïque de faïence de ses majestueuses portes, lorsque glissent sur elles les rayons du jour finissant.
Azemmour, que connurent les Portugais au XVI* siècle, s'est distingué par de somptueux ouvrages de nuance pourpre, figurant ... / suite page 25


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MessageSujet: Les Arts Indigènes   Les Arts Indigènes - Page 2 EmptyMar 6 Mar - 9:55

page 25

Les Arts Indigènes - Page 2 Swsca315

- Motifs  de   broderie   de   Rabat exécuté au point plat.
- Motif  de   broderie   de   Rabat exécuté au point plat.
- Bande de Broderie de Fès, pour le décor d'un divan, exécutée au point de trait.


... des rinceaux, des chimères, des fleurons, des oiseaux hiératiques qu'on retrouve dans des broderies espagnoles ou italiennes du XVI" siècle et même dans des broderies paysannes de la Russie septentrionale. Ces motifs, traités en réserve au point natté, sont rehaussés de détails intérieurs au point de croix.
Tétouan, qui se repeupla d'Andalous après la reconquête, possède aussi, à défaut d'architecture, des spécimens d'une grande   richesse  et  d'une  réelle  splendeur.   C'est  tout  un fond hispano-mauresque qui a survécu là, sur lequel s'est greffé,   depuis   une   centaine   d'années,   sous   l’influence d'Algérois immigrés depuis 1 830, un apport oriental où l'on reconnaît une réelle influence persane, dans la couleur comme dans l'ornementation.
A Salé, voisine de Rabat, il s'agit encore de souvenirs andalous, mêlés à beaucoup d'autres car, de son port, pendant plusieurs siècles, surgirent des pirates qui écumèrent au large et s'enhardirent jusque sur la côte ibérique. Fructueuse un moment, la course valut aux corsaires non seulement la capture de marchandises, mais encore d'esclaves qui ne furent peut-être pas sans influence dans les harems salétins. Ainsi s'expliquerait le double aspect des travaux où s'affirment tour à tour, tantôt la sévère monochromie européenne, tantôt la fantaisie savoureuse de la polychromie barbaresque. Les motifs, arborescents comme ceux de Fès et de Meknès et s'enlevant au-dessus d'une frise horizontale sont réalisés au point natté et au point de croix.
La destination de ces ouvrages fut extrêmement variée. On imagine avec peine le soin apporté par la jeune fille dans la préparation de son trousseau. Celui-ci, qui la suivait dans son mariage, comportait des pièces consacrées au vêtement et à l'ameublement. Beaucoup, en raison de l'habileté et du goût qu'elles exigeaient, mettaient supérieurement en évidence les qualités techniques de leurs auteurs, fort appréciées et recherchées dans certains milieux.
Ces pièces ne pouvant être décrites ici, on se contentera de les énumérer. Au vêtement appartiennent les voiles du visage, les foulards de tête, les ceintures, les cache-jambes, les écharpes de ville et de bain, les robes, les mille objets de layette enfantine qu'on rehausse de soies de couleurs et même de fils d'or et d'argent .
A la lingerie et à l'ameublement appartiennent les serviettes, nappes et napperons de toutes grandeurs, les garnitures de matelas, les fonds et devants de lits, la multitude des coussins et des oreillers, les grands rideaux et tentures, ces derniers ouvrages très importants donnant lieu parfois à des réalisations magistrales.

La confection de ces broderies exigeait naturellement un long et sérieux apprentissage. Et comme les mariages se célébraient de très bonne heure, les fillettes devaient s'y adonner dès l'âge le plus tendre. Les familles faisaient alors venir une maîtresse qui enseignait son art au sein même du harem. En récompense, elle recevait un salaire auquel s'ajoutaient, en certaines occasions, des cadeaux en nature et en argent. Quant aux familles qui ne disposaient pas de moyens suffisants pour s'offrir ce luxe, elles envoyaient leurs enfants auprès d'une maîtresse du quartier qui dispensait l'enseignement manuel aux filles comme l'instituteur dispensait l'enseignement coranique aux garçons.
Cet enseignement n'était pas donné au hasard. La méthode était généralement concrétisée dans une « marquette », véritable répertoire où les motifs de broderie se suivaient dans un ordre témoignant de hautes qualités pédagogiques.

La description de ces motifs, qui serait intéressante, n'a pas sa place ici. Nous terminerons en regrettant une fois de plus que les arts locaux n'aient été l'objet d'aucune protection contre l'invasion étrangère de certains produits manufacturés, car il en est qui ont imité, à vil prix, maintes broderies marocaines. Celles-ci heureusement ne sont pas abandonnées: les ouvroirs et les écoles de filles musulmanes, que documente le Service des Arts Indigènes, leur consacrant les meilleurs soins.
Prosper RICARD.


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page 26

Les Arts Indigènes - Page 2 Swsca316

TATOUAGES   BERBERES DU    MOYEN-ATLAS

Les  tatouages  berbères  furent,   sans  doute,à l'origine, un signe distinctif, une marque de tribu.
Chacune possédait ses dessins particuliers, sa composition décorative, dont étaient marquées, de gré ou de force, toutes les femmes du clan, dès leur puberté.
Doit-on y voir le désir, au hasard des combats, des razzias et des enlèvements qui s'en suivaient, de pouvoir les reconnaître ?
Chaque tribu avait ses « maalema », expertes dans un art particulier à son clan, qui ornaient les épouses et les fiancées de dessins magiques dont la disposition, la signification et les noms différaient de ceux des tribus voisines comme se différencient entre eux les décors des tapis ou des étoffes tissées.
L'hostilité des tribus, l'esprit de clan, conservaient leur pureté à ces tatouages distinctifs. De nos jours, ces « styles » régionaux ont perdu de leur particularité.
La sécurité revenue dans les Marches berbères, la facilité plus grande des déplacements, l'ostracisme des clans s'étant atténué, les « maalema » purent aller, de tribus en tribus, marquer à la manière de leurs montagnes natales, des femmes qu'attiraient des dessins nouveaux et inconnus d'elles désignés par des noms qu'elles ignoraient.
Peu à peu le mélange se fit, par l'attrait de la nouveauté, l'engouement des femmes pour certains motifs ou la réputation qu'avait su se faire une « maalema ».
Enfin les mariages rendus possibles entre berbères d'origine différente introduisirent davantage de fantaisie dans la composition de dessins qui ne sont plus maintenant que des signes conjurateurs magiques et des ornements.
S'ils ne sont surtout, de nos jours, que des artifices de coquetterie qui « colorent » les femmes, ils n'ont cependant rien perdu de leur valeur prophylactique contre certaines maladies et leur nom berbère, « asafer » (médicaments), confirme cette particularité de leur origine.
Les livres saints de l'Islam condamnent leur caractère magique et toutes les parties tatouées du corps de la femme sont promises aux pires brûlures de l'enfer, sauf certains motifs des chevilles qui ont été sanctifiées par le sang des enfantements.
Cet anathème des saints juristes est expliqué par le fait que les femmes tatouées, à l'origine, étaient des berbères, donc infidèles.
D'autre part, pour se distinguer des Juifs, les berbères auraient tatoué leurs femmes, qui vont le visage nu.
Les hommes, chez les Berbères, sont rarement tatoués, sauf chez les Zemmour, les Béni Mguild et les Aït Youssi. Mais le plus souvent, la main droite seule, porte des dessins à l'exclusion des autres parties du corps. La main gauche, réservée aux usages impurs, n'est jamais tatouée. On trouve des motifs peu nombreux et très petits sur le visage. Certains portent un tatouage spécial, marque d'une confrérie religieuse.
Les femmes sont tatouées au printemps dès leur puberté ou leurs fiançailles.
L'emplacement des tatouages change suivant les tribus et leurs noms diffèrent.
Les « maalema » se servent pour tatouer, de suie qu'elles recueillent aux flancs d'une poterie et dont elles composent les motifs sur la peau. Puis, par une série de piqûres rapides avec une longue aiguille, elles passent sur tous les contours du dessin et mêlent au sang des sèves de plantes et des jus d'herbes qui donnent la couleur.
Pour conserver leur netteté aux tatouages, il faut les repiquer chaque année.
Etant donné la douleur très vive provoquée par la multitude de piqûres d'aiguille nécessaires pour inscrire un seul dessin, et la fièvre qu'elle donne, on ne peut tatouer que très peu de motifs à la fois. Il faut plusieurs mois pour tatouer le corps d'une femme et généralement un tatouage complet n'est terminé qu'au bout de plusieurs années.
Les « maalema » commencent par le visage, les mains, les bras, les jambes, puis le corps.
Le décor du tatouage est composé presque exclusivement de figures géométriques et de lignes droites et brisées, semblables, le plus souvent, aux motifs des tapis et des tissus. Ils sont désignés dans ce cas par les mêmes noms. La seule différence se créée par un petit dessin rond quelquefois dentelé, ayant alors la signification soit du soleil, soit d'une tortue, suivant les tribus.
Les dessins les plus simples sont la base de toutes les fantaisies décoratives du tatouage et portent des noms qui changent lorsqu'ils sont modifiés ou composés suivant l'art et l'inspiration des « maalemas ». Les plus courants sont : le peigne, les ailes de mouche, l'arête de poisson, la scie, le pied de pigeon, le tas de pierre (kerkour), etc...
Les femmes des tribus Guerouane, Béni Mtir, Béni Mguild et Zemmour, sont généralement ,les plus tatouées.
La consécration du savoir des « maalema » par une visite au Marabout dans lequel elles doivent demeurer une nuit entière et les offrandes qu'elles y apportent, montrent bien la persistance d'une superstition plus ou moins oubliée de nos jours, et donne aux tatouages leur valeur primitive de signes protecteurs contre les maléfices des démons.
Si le tatouage a perdu sa signification première de marque de clan pour devenir surtout une parure de la femme il a conservé cependant son caractère conjurateur et religieux malgré l'anathème dont il fut frappé par les juristes arabes.
Gilbert F. BONS.


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page 26 bis

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- Tatouages Berbères.
Composition de Gilbert F. BONS.


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page 27

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LE     COSTUME

dans la Région de Tanger

La zone   internationale  du   Maroc   n'est  point  des  plus riches en monuments anciens. Ceux qu'on y peut rencontrer ne sauraient donner une idée de l'art dans sa pureté classique, ni faire prévoir la qualité ornementale des magnifiques minarets de Tétouan.
C'est un fait cependant, que le voyageur débarqué à Tanger prend plaisir à ce premier contact avec la terre marocaine et que les artistes s'y sont volontiers fixés. Tanger a sans doute pour elle l'incomparable beauté du site, à la fois méditerranéen et atlantique, l'abondance de la végétation et de la flore, le grouillement cosmopolite de la ville dévalant, par le petit Socco, jusqu'aux bassins du port et se redressant, par étagements successifs, vers la kasbah que couronne un palais sans style propre, mais non sans grandeur.
Mais Tanger offre avant tout un pittoresque bariolé de costumes: un pittoresque qui, par exception, n'est pas crasseux ni dépenaillé.
Autour des étalages de fleurs, de fruits, de légumes, le Grand Socco groupe des silhouettes variées: Riffains aux courtes jellabas brunes piquetées de bouffettes de couleur, coquetteries mignardes de ces farouches guerriers; bédouines coiffées de l'ample chapeau à cordelière bleue et guêtrées de cuir. Celles-ci ont pour vêture apparente trois pièces rectangulaires d'un même tissu qui leur couvrent la tête, leur protègent les épaules et leur ceignent les reins. Cette étoffe (fouta), tissée par les femmes de l'Andjera, est couramment en vente sur les marchés de la ville. Sur chaîne et trame de coton, chaque pièce est composée, dans le sens transversal, de rayures de différentes largeurs, inégalement espacées, en blanc et rouge, ou en blanc, rouge et noir, et ornée, dans les intervalles, de petits motifs de broderie parallèlement alignés. Les plus belles, unies dans leur partie centrale, présentent, à chaque extrémité, des bandes ajourées de dentelle, obtenues dans le tissage même, par un jeu des fils dé chaîne et de trame. Quelques-unes, comportant l'adduction d'autres couleurs comme le vert et le jaune, sont connues sous le nom de foutas Chechaouane.
Dans une région assez dépourvue d'industries d'art, celle-ci vaut du moins qu'on lui prête attention, et c'est lui reconnaître un mérite certain que de constater qu'elle a su, jusqu'à ce jour survivre à la concurrence de plus en plus redoutable des étoffes importées.
J.   BALDOUI.


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page 28

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LE   TAPIS DE  RABAT




Un  vieux chérif  de  nos  amis,  aimable  et raffiné,  nous dit ce qu'il pense des tapis
marocains.

« Je ne m'explique pas la vogue qu'ont trouvée chez vous les tapis berbères : Glaoua, Zaïane, Béni Mtir, Béni Mguild, Guigo, Béni Ouaraïn. Quel attrait trouvez-vous donc dans ces lourdes et épaisses toisons de fabrication grossière, au décor fruste, au coloris monotone et souvent triste ? Je comprendrais votre engouement si vous habitiez la tente. A défaut de divans, ces tapis vous serviraient de couches relativement moelleuses. Mais vous n'êtes pas des hommes de la tente. Vous êtes des sédentaires. La maison est votre demeure. Maison avec ses commodités, ses meubles simples ou précieux, sa décoration sobre et riche, où détonent les tapis berbères.
« En vérité, peut-on comparer les tapis chleuhs aux tapis de Rabat et à ceux d'Orient, dont la fine texture, le décor merveilleux, les couleurs chatoyantes répondent beaucoup mieux, si je ne m'abuse, à vos intérieurs aussi bien qu'aux nôtres ? Rien n'y entrave la marche; la laine en est fine et juste assez longue pour empêcher le contact trop froid des pavements, pour faire courir, sous le pied qui les foule, un petit frisson voluptueux, pour produire l'effet, sous la main qui les caresse, du poil lisse et ras d'une fine fourrure.
« Ces tapis de Rabat ne procurent-ils pas mille autres sensations qui sont comme un reflet de l'existence humaine avec ses heurts momentanés et ses joies passagères, avec ses alternatives d'inquiétude et de tranquillité, d'imprécision et de netteté, avec sa grande harmonie générale ?
« A vous qui cherchez à pénétrer nos desseins, je voudrais indiquer ce que nous voyons dans un tapis de Rabat.
« Commençons, si vous le voulez bien, par le centre qui s'appelle, dans notre langue, la « coupole verte ». La coupole verte, c'est la toiture de tuiles qui recouvre la salle de prière d'une mosquée, le sanctuaire d'une zaouïa, la salle de réception d'une maison makhzen. En fait, cette coupole abrite ceux qui dans notre vie morale et sociale jouent un si grand rôle. Par analogie, elle figure l'habitation terrestre, le point vers lequel se tournent régulièrement nos pas. Demeure colorée et jardin fleur; qu'avoisine une pièce d'eau où se mire l'azur du ciel. Séjour paisible que ferme un enclos de murs à redans annonçant que toutes précautions sont prises contre de trop audacieux voisins.
« Tout autour, s'étend un vaste champ cultivé, sorte d' « arsa » citadine où croissent à profusion, intentionnellement entremêlés, des herbages, des plantes, des arbres. On y voit encore de jolis insectes : des papillons, des libellules, de charmantes bêtes du bon Dieu revêtues de parures étincelantes. Près d'une treille, ou d'une tonnelle, une mule sellée, toujours prête, attend le maître, sans impatience. Dans le bocage, des nuées d'oiseaux volètent et chantent. Autour d'un large plateau de métal, autour d'une théière, des verres remplis de thé à la menthe, attendent les hôtes, toujours les bienvenus. Une amphore, posée à terre, est remplie d'un frais breuvage. Aux arbres sont suspendus des lustres fragiles où scintillent les feux de mille lampes. Là, les nègres de Guinée ont oublié leurs castagnettes de métal, les enfants leurs balles à jouer, les négresses des coussins sur lesquels des visiteurs s'étaient assis.
« Aux extrémités de ce jardin magnifique, s'élève l'arc dentelé au-dessus duquel règne l'azur céleste, tout peuplé d'étoiles brillantes, portant sans effort l'imagination vers les béatitudes éthérées...
« Puis, faisant le tour complet de ce jardin sans limite — puisque la pensée ne connaît pas d'entrave — un large chemin, tel un portique aux parois revêtues de zellijes émaillés, permet de jeter un regard sur les plantations voisines, soigneusement ordonnées.
« Des séguias à la surface irisée conduisent l'eau fécondante parmi les planches de la bordure. Fleurs, fruits, arbres et arbustes y croissent en abondance. L'homme y apporte son travail, Allah y apporte la vie. L'état des cultures est indiqué par la couleur des bandes. Le blanc et le jaune sont l'image d'une nature en fleurs. Le rouge représente une plantation à peine sortie de terre ou près de sa maturité. Le vert indique le pâturage extérieur où paissent les troupeaux...
« Tel est le sens le plus tangible des tapis de Rabat, celui qui peut se formuler à l'aide de mots dans n'importe quelle langue. Mais mon explication est fort incomplète. Les belles choses ne sont que le support matériel de sensations supérieures, impondérables et subtiles, délicates et exquises, très fugitives et pourtant réelles, que chacun reçoit dans l'intimité et la profondeur de son être. Elles nous conduisent à la contemplation, source de tant de joies, qui nous fait appeler la miséricorde divine sur les bons artisans et nous fait louer le Créateur pour son œuvre sublime... »

Et  le vieux chérif ne parle plus...   Il  rêve...
Prosper Ricard.

Les Arts Indigènes - Page 2 Page_211

- Tapis de Rabat.
Reproduction de Jean JORROT



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MessageSujet: Les Arts Indigènes   Les Arts Indigènes - Page 2 EmptyMer 7 Mar - 10:34

page 29

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- Tapis des Glaoua à fond noir.
- Tapis des Aït Aouaouzguit à dominance rouge-orangé.

TAPIS DU HAUT- ATLAS

La montagne berbère des Glaoua et des Ait Ouaouzguit confectionne un assez grand nombre de tapis.
Ordinairement de petites dimensions, ces tapis sont caractérisés par des trames et des chaînes très fines et très serrées. Leurs points (on en compte 9 à 12 par centimètre en hauteur et 20 à 25 en largeur) en laine soyeuse sont espacés et couchés dans un même sens : cela donne aux tapis un aspect lustré et chatoyant qu'on ne retrouve dans nul autre tapis du Maroc.
Ils sont solides,  légers et d'un maniement facile.
Le décor, d'un caractère berbère très accusé, figure Jes séries de losanges obtenus par des diagonales parallèles, de petits hexagones avec de grands carrés dans les coins ou d'autres figures géométriques, rectangles, triangles, croix, tous, redans, etc...
A l'intérieur de ces figures, des fleurs stylisées, jaunes, rouges, bleues, jettent des notes de couleurs très agréables. Parfois des motifs, rappelant des animaux, se présentent dans les frises et les encadrements : serpents, tortues, scorpions, etc...
Ils paraissent être très variés de couleurs: il en est à dominante rouge-orangé, noire et blanche.
A. MAMMERI.


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page 30

Les Arts Indigènes - Page 2 Swsca320

- Tapis dit « de Chichaoua ».
Les lignes irrégulièrement brisées qui longent les lisières représenteraient les oueds Nfis et Tensift.
- Tapis dit « de Chichaoua ».
Remarquer, dans   le  haut, une   ligne de fantassins et, immédiatement  en dessous,  trois  cartouches figurant
des cavaliers

TAPIS  DU  HAOUZ  DE  MARRAKECH


Les tapis de la plaine de Marrakech, confectionnés dans la tribu des Ouled Bousseba. sont généralement de grande taille. Ils sont caractérisés par un fond rouge, le plus souvent uniforme, agrémenté de motifs berbères rudimentaires. Certains de ces tapis ont cependant copié le décor du tapis de Rabat dans ses motifs et son encadrement.
Leur tissage est à gros points serrés; les lisières dentelées, faites avec un mélange de laine et de poil de chèvre, sont remarquables de solidité.
Les tapis des Ouled Bousseba, surtout connus sous le nom de tapis Chichaoua, plaisent beaucoup par la simplicité de leurs décors et la distinction de leur harmonie. Aussi, plusieurs manufactures de Rabat, Casablanca et Marrakech en ont-elles fait tisser dans leurs ateliers.
Pendant les trois premières années qui suivirent son installation à Marrakech, l'inspection régionale porta d'abord son action sur les ateliers de cette ville. Trois commerçants marocains et deux commerçants français, profitant du renom acquis par les tapis Chichaoua, avaient, en effet, installé plusieurs métiers à proximité de leurs magasins et, à l'aide de femmes recrutées dans la plaine du Haouz, tissaient chacun cinquante à cent tapis par an. On les aida dans le choix des modèles.
En même temps qu'ils retenaient l'attention .../...


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Les Arts Indigènes - Page 2 Page_313


... des visiteurs, ces commerçants intéressaient davantage la clientèle, qui assistait ainsi à l'éclosion d'une production authentique. Cela favorisait leur commerce et leur permettait souvent de bénéficier da commandes importantes. Des visites régulières aux ateliers par nos agents, des conseils progressifs sur les tissages et une surveillance sévère des teintes* tel fut notre premier programme d'action à Marrakech.
Pendant ce temps,  nous constations   que   la campagne restait à peu près indifférente et continuait d'écouler, sur le marché de la ville, des tapis criards et mal teints, que   nous   refusions inexorablement à  l'estampillage.  Les tisseuses   des   Ouled Bousseba ne suivaient donc pas les conseils que   nous   donnions en ville.
Il y avait là un problème à résoudre. Nous allâmes l'étudier sur place et, grâce au bienveillant concours de M. de Villars, contrôleur civil à Chichaoua, qui s'était intéressé à la rénovation des tapis autant que nous-même, nous pûmes aborder la question. C'est au marché de Sidi Mokhtar, qui se tient une fois par semaine, que nous prîmes contact avec la population d'une part et avec les teinturiers, installés de vieille date dans l'enceinte du souk, d'autre part.
Ceux-ci ne disposaient plus que d'un outillage sommaire, consistant en un foyer, des bidons et des paquets de matières colorantes chimiques. Ils n'utilisaient plus de produits végétaux pour la teinture des laines. « Ils coûtent trop cher et les indigènes de la région ne sont pas assez riches pour dépenser cinquante francs de teinture par tapis ». Telle fut leur réponse.
La teinture d'un kilo de laine revient à 6 fr., en matières végétales, mais ne coûte plus que 0,75 à 1,50 s'il s'agit de matières chimiques. « De plus,nous devons avouer, ajoutaient les teinturiers, que nous avons perdu nos bonnes traditions et que nous ne saurions plus teindre avec de l'indigo ».
Les notables de l'endroit me confirmèrent ce que je venais d'entendre. Il s'avérait donc que ces campagnards, tous de condition modeste, auraient a être encouragés et soutenus, en vue d'un retour aux méthodes de teinture adoptées par la ville.
Il fallait aussi leur montrer l'intérêt immédiat de la production de bons tapis.
D'accord avec le contrôle civil de Chichaoua, un certain nombre de mesures furent prises.
D'abord l'installation, à Sidi Mokhtar, d'une boutique vendant toutes matières végétales indispensables : garance, co-chenille, indigo, écorce de grenades, fut immédiatement décidée.
Puis, sous la garantie du cheikh de Sidi Mokhtar, nous consentîmes des avances aux familles désireuses de tisser de bons tapis.
Le cabinet de dessin préparait, en même temps, une série de maquettes simples, qui furent distribuées à toutes les personnes qui en firent la demande.
Des primes furent accordées, sur présentation de tapis bien teints, à tous ceux qui firent le premier pas vers nos méthodes de travail.
Un mois après, un service d'estampillage fonctionnait au marché de Sidi Mokhtar.
Les résultats de nos déplacements dans les Ouled Bousseba ne se firent pas attendre longtemps. Nous avons enregistré, au cours de l'année écoulée, la présentation de plus de deux cents tapis teints dans d'excellentes conditions.
Maintenant que le premier résultat est atteint, nous portons tous nos efforts sur la qualité des tissages. Puis viendra le tour de la montagne berbère.
A. MAMMERI.


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Les Arts Indigènes - Page 2 Swsca321

- Une « touïza », ou corvée de filage, dans la tribu des Béni Oulid.
- Fragment de tapis des Aït Alaham.

Tapis du Moyen Atlas

Au cours de leurs promenades dans les souks, les amateurs d'art indigène n'ont pas manqué d'observer que le Maroc est riche en variétés de tapis à haute laine et à points noués.
A côté de la fabrication citadine, principalement exercée à Rabat, et dont, les produits se distinguent par des motifs floraux très stylisés, par des compositions fortement encadrées, par une tonalité polychrome hautement colorée, ils ont constaté l'existence d'autres ouvrages, dits « chleuhs » ou « berbères », confectionnés sur les plateaux et dans les montagnes de l'intérieur. La grande caractéristique de cette production paysanne est de présenter des motifs rectilinéaires rigoureusement géométriques, où l'on retrouverait difficilement l'inspiration végétale, restée très lisible dans les tapis de Rabat.
Interrogés, les artisans berbères, hommes ou femmes, font d'ailleurs des déclarations explicites. Voici, prises au hasard, leurs réponses. « Ce que nous mettons dans nos tapis? Des tentes ( réseaux de losanges), des boutiques de marchands, (quadrilatères juxtaposés), des empreintes de colombe (genres de croix), des. empreintes de chacal (paires de lignes parallèles et entrecroisées), des serpettes (zigzags), des scies (lignes obliques perpendiculairement recoupées par des traits parallèles plus courts), des lignes brisées, des cardes (sortes de grecques symétriquement répétées), des dents de cardes (petits losanges isolés flanquant ou remplissant le motif qui précède), des grains de colliers et des serrures (losanges alignés), des assiettes et des amulettes (carrés disposés en derniers), des cous dé chameaux (chevrons), des piquets de tente et des hommes de bois (sortes de-mâts), des empeignes de babouches (petits rectangles recoupés par leurs diagonales), des lèvres chenues, des maxillaires de chèvres, etc...
Cette énumération, établie au hasard de l'enquête, est suffisante pour démontrer que l'artisan berbère n'a pas cherché ses modèles dans le règne végétal. Elle semble indiquer, par contre, qu'il s'est inspiré des formes d'objets au milieu-desquels il vit. Sans doute, nos habitudes de vision et surtout de représentation, sont différentes des siennes, car il nous faut beaucoup de bonne volonté pour reconnaître les formes qu'il identifie à sa façon, et qui paraissent très éloignées des modèles.
Ce genre d'interprétation, aussi inattendu que primitif, n'en reste pas moins original et curieux. Il nous fait entrevoir une esthétique étrange et nous ouvre des horizons nouveaux sur une mentalité encore mystérieuse à de nombreux points de vue. Mais si nous ne pouvons pénétrer très loin dans le domaine des lignes, nous ne sommes pas insensibles au charme du coloris qui les habille. La preuve en est dans le succès que remportent chez nous la plupart des tapis chleuhs.


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- Tapis des Ait Youssi d'Engil.
- Tapis des Aït Segougou et Zaïane.


Ce coloris n'est pas, d'une manière générale, très savant. Il ne recourt pas à des procédés compliqués. Il est toujours très lisible et très net. Ses éléments sont francs et cccusés, et pris dans la nature telle qu'elle les donne, sans recherches subtiles. Et c'est en ceci peut-être que réside le principal intérêt des tapis berbères.
Le coloris, comme le dessin, change avec les milieux, et comme eux, il est très varié. Si nous suivons, par exemple, le cordon du Moyen-Atlas, qui s'échelonne de la région sud de Taza jusqu'à Mouiay-bou-Azza (sud-est de Rabat), nous observons que les tapis, de la dominante délibérément blanche qu'ils ont à l'est, avec intervention de quelques couleurs seulement, passent, par degrés insensibles, à une dominante franchement rouge à l'ouest, mêlée de nuances multiples. La même observation peut en outre être faite à propos des motifs, simples à l'est, plus compliqués à l'ouest. Le parallélisme est assez remarnuable. Quelques exemples concrets illustreront ces faits.
Voici un tapis des Aït Alaham voisin des Béni Ouaraïn. Sur un fond de laine naturelle blanche se développe un treillis de losanges de laine brune, naturelle ou teinte au sulfate de fer et à l'écorce de grenades ou au noir de fumée. Des touches orangées, rouges ou jaunes, apparaissent de loin en loin, si menues et si discrètes qu'elles semblent ne se trouver à leur place que par l'effet du hasard : au centre de certains losanges et sans ordre, sur les lisières et sur les chefs, comme pour indiquer un encadrement qu'on n'a pas voulu dessiner. L'ensemble reste blanc et noir, sérieux et sévère.
Passons un peu plus à l'ouest, sur le territoire des Aït Youssi qui transhument au sud de Fès, des environs de Sefrou à ceux de Ksabi sur la Moulouya. Le fond du tapis reste blanc, mais les motifs, déjà plus compliqués, adjoignent au brun des notes colorées, rouges, orangées, jaunes, distribuées avec moins de parcimonie, plus affirmées. Le tapis se colore et s'échauffe. L'harmonie générale devient claire et gaie, infiniment agréable.
Appuyons encore à l'ouest et transportons-nous chez les Béni Mguild qui évoluent au sud de Meknès, sur les terrains de parcours approximativement compris entre Azrou et la Moulouya, Ain- Leuh et Bekrit. Nouveau changement dans les motifs dont l'élément losangique se complique et s'amplifie, et dont le compartimentage se garnit d'ornements divers. Quant aux taches blanches et brunes, elles se noient à égalité dans les taches rouges, orangées ou jaunes, parmi lesquelles apparaissent quelquefois du bleu et un peu de vert. Le clavier s'étend. La richesse s'affirme. L'adjonction de quelques couleurs froides marque une tendance à l'orchestration.
Arrêtons-nous enfin au pays Zaïane qui couvre les régions de Khénifra et de Moulay-bou-Azza, moins éloignées que les précédentes de la côte atlantique. Nous voici en face d'une fabrication où les blancs, les bruns, les orangés et les jaunes se réduisent à des filets ou à des taches à peine marquées, où gagnent en importance les bleus et les verts, voilés toutefois sous la laine intentionnellement laissée très haute, de longues mèches rouge garance ou rouge cochenille transformant l'envers du tapis en un épais matelas. Le dessin losangique se présente lui-même sous un autre aspect : il s'agrandit encore pour tracer de vastes compartiments régulateurs, et se rapetisse à la fois pour remplir ces mêmes compartiments sans laisser de fond. L'harmonie générale est sourde et un peu triste, mais somptueuse et riche.
On conviendra que cette physionomie des tapis du Moyen-Atlas est assez particulière. Frappants aussi sont les divers aspects de son dessin et de son coloriage, à mesure qu'elle s'éloigne de l'est et se rapproche des grandes villes du nord et de la côte atlantique.
Les causes de ces transformations restent assez confuses, mais ne sont pas impénétrables. L'existence ou l'absence de certaines matières tinctoriales dans des régions déterminées, la connaissance ou l'ignorance de ces produits dans les mêmes régions, les relations commerciales ou la fermeture des marchés, les influences réciproques ou le respect strict des traditions, seraient susceptibles de fournir d'utiles renseignements sur la question.
Mais tous les éléments de transformation mis à part, quel est, en réalité, l'agent original et déterminant de tous ces types de tapis ? Nos yeux d'Européens se sont plu à y retrouver les parterres naturels des campagnes marocaines merveilleusement fleuries au printemps, et nous avons été amenés à penser que, séduits eux-mêmes par le paysage au milieu duquel ils vivent, les Berbères se sont appliqués, comme nous le faisons couramment chez nous, à reproduire des visions familières.
Un  chérif de  Fès a  exposé  ici   l'opinion  qu'il  se fait,  lui  citadin,  des tapis de ...


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Les Arts Indigènes - Page 2 Swsca323

- Jeunes tisseuses de tapis, au travail, en tribu  Béni Oulid.
- Tapis des Beni Mguild.

Il est curieux d'observer que jusqu'au début du présent siècle, la fabrication des tapis à haute laine et à points noués fut totalement inconnue des habitants du Maroc septentrional, c'est-à-dire des régions qui couvrent les sommets et les pentes du Rif ci du Jbel. Ce n'est en effet que depuis quelques années que les Français ont introduit cette fabrication à Tanger puis aux Béni Oulid, et, à leur exemple, les Espagnols à Chechaouene. L'atelier des Béni Oulid a été fondé par Mme et M. le Capitaine Riobé.


... Rabat dans lesquels il se plaît à voir la synthèse d'une maison familiale et des jardins qui l'entourent. L'idée que se fait le Berbère de ses tapis ne serait pas tellement éloignée de celle-là, à cette différence près, qu'éternel nomade, il vit constamment au dehors, dans le cadre de la nature.
Le commandant Ayard, qui a vécu pendant de nombreuses années en pays Béni Mguild, et qui a une expérience consommée des Berbères, me faisait part naguère de paroles suggestives qu'il entendit un jour d'un vieux chef.   C'était au moment où, gagné en principe à notre cause, mais non encore en fait, il réglait les détails de la soumission prochaine. « Bon ami, lorsque la paix sera conclue — lui dit-il — nous organiserons une grande fête pour célébrer l'heureux événement. Cette fête se tiendra à tel endroit, auprès d'une source, où se trouve un emplacement propice à la fantasia à laquelle participeront tous nos cavaliers, à la danse à laquelle prendront part nos femmes et nos fiIles .A un moment donné, un peu avant la fin du jour, lorsque les réjouissances battront leur plein, je vous conduirai sur une petite hauteur qui domine la source. Là, ensemble, nous contemplerons le merveilleux tableau qui se déroulera sous nos yeux. Vous en oublierez la fête, que je veux pourtant très belle. Vous découvrirez notre campagne splendide. Vous assisterez au spectacle incomparable de nos vallées et de nos montagnes fleuries dont l'éclat changeant passera successivement par toutes les nuances de l'arc-en-ciel. Vous verrez la terre entière jonchée des plus beaux tapis du monde, tapis qu'essaient d'imiter, dans leurs œuvres périssables, nos artisans Béni Mguild. Et, à l'heure du coucher du soleil, nous élèverons notre âme vers le Créateur pour le remercier de ses bienfaits, pour consacrer ce mémorable jour qui inaugurera pour vous le commencement de votre œuvre protectrice, et, pour nous une période depuis trop longtemps inconnue, de bien-être et de félicité. »
Nous ne retiendrons ici que la pensée du vieux chef berbère au sujet des tapis Béni Mguild, qui refléteraient la physionomie générale du pays. En serait-il de même des tapis des Aït Ighezrane et des Béni Ouaraïn, à dessins bruns sur fond blanc, images des cèdres sombres rappelant le manteau clair des djebels neigeux d'en face : Bou-lblane, Moussa-ou-Salah, Seghla ? Des tapis des Aït Youssi, plus gais et plus colorés, souvenirs des pentes broussaillantes de buis gelé et roussi perçant le manteau hivernal du djebel Tichoukt ? Des tapis Zaïane enfin, aux couleurs froides, mais somptueuses et riches, des monts boisés et des plateaux fertiles, moins longtemps couverts de neige, du massif oriental du Moyen-Atlas ?
Un fait reste incontestable, c'est que le Marocain, citadin ou rural, est né contemplatif et ne reste pas insensible au spectacle de la nature. De là à penser qu'en obéissant à un instinct qui partout ailleurs a guidé l'esthétique humaine, il a ait essayé de fixer ce spectacle, il n'y a qu'un pas.
Prosper RICARD.


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page 34 bis

Les Arts Indigènes - Page 2 Page_314

- Tapis des Marmouche.
Reproduction Gilbert F. BONS.



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Les Arts Indigènes - Page 2 Swsca324

Carte des Tapis au MAROC



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Les Arts Indigènes - Page 2 Swsca325

- Hanbel du  Haut Atlas. Blanc et noir.
- Hanbel   du   Haouz  de  Marrakech. Polychrome.

H A N B E L S

Le tissage bédouin, sur métier à haute lisse, s'obtient par l'entrecroisement convenable de fils de chaîne et de trame, généralement en laine.
Assez fins et très retordus pour qu'ils puissent résister à la tension, les fils de chaîne sont filés à la quenouille, au fuseau, avec des flocons de laine quelquefois mélangés de poil de chèvre préalablement triés et mêlés sur un peigne à longues dents. Ils sont d'une seule couleur.
Les fils de trame, préparés avec de la laine cardée, sont filés à l'aide d'un grand fuseau. Plus gros et moins retordus que les fils de chaîne, ils bourrent le tissu. La couleur et la forme en sont variables. Ecrus, blanchis, cendrés, gris ou teints, ces fils produisent des effets variés qu'on peut diversifier davantage encore par l'emploi de fils de coton ou de soie.
L'étoffe est tissée sur un métier fait de deux montants verticaux supportant deux rouleaux horizontaux placés, l'un près du sol, l'autre à hauteur d'homme. Ces rouleaux, maintenus écartés, tendent la chaîne, perpendiculairement au sol. A mi-hauteur, une lice, partageant la chaîne en deux nappes, permet le croisement et l'écartement de ces deux dernières et l'introduction, entre elles, des fils de trame. Ceux-ci, passés un à un, après chaque croisement, au moyen des doigts, sont tassés contre les précédents à l'aide d'un lourd peigne de fer.
Un tissu uni s'obtient sans changement de couleur dans la trame au cours de la confection d'une même pièce. C'est ainsi que sont confectionnés la plupart des burnous.
Un simple changement de couleur ou de matière dans la trame produit des rayures allant d'une lisière à l'autre, parallèlement. De nombreux haïks et jellabas sont ainsi faits. Le goût de la tisseuse détermine la dimension et la disposition de ces rayures. Les combinaisons pourtant ne varient guère dans une même région : c'est la raison pour laquelle les initiés distinguent au premier coup d'oeil les haïks et jellabas du Rif de ceux du Moyen-Atlas.
Un autre procédé de tissage consiste à ne faire apparaître les trames qu'en certains endroits et suivant un ordre tel que le dessin se forme peu à peu. Ces trames ornementales n'empêchent pas l'existence de la trame de fond, généralement plus serrée et de couleur autre.
Dans ce procédé, les trames décoratives courent parallèlement à la trame de fond, ce qui produit des rayures transversales.
Il en est un autre ou des fils de laine, de coton ou de soie, teints ou non, indépendants de la ...


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page 36 bis

Les Arts Indigènes - Page 2 Page_315

- Le Métier à Tisser.
Composition de Jean JORROT.



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Les Arts Indigènes - Page 2 Swsca326

- Hanbel de Salé, blanc, noir, rouge, jaune, bleu, vert, orangé. La zone supérieure est à points noués.
- Hanbel    des    Zemmour, blanc,   noir,   jaune,   rouge.
- Hanbel des Béni Mguild. Décor   rare   sur   fond   noir.


... chaîne et de la trame, montent verticalement ou obliquement par-dessus chacun des rangs de la trame de fond, à la manière de broderies, mais qui seraient exécutées avec le simple secours des doigts en même temps que le tissage.
Dans ces deux derniers procédés réside toute la technique des couvertures et tapis communément désignés sous !e nom de hanbels, procédés auxquels s'ajoute parfois encore le point noué du tapis, fait également avec des fils colorés ou non, indépendants de la chaîne et de la trame.
Le Maroc est extrêmement riche en tissus de ce genre, surtout confectionnés au sein des tribus,et exceptionnellement à Salé.
Les hanbels de Salé sont caractérisés par des zones de bandes multiples et unies, diversement colorées (blanc, noir, jaune, rouge, bleu, vert, orangé) également réparties, larges d'environ une main et séparées par d'étroits listels : zones qui alternent avec des bandes plus ou moins larges d'un décor brodé, ainsi qu'on l'a dit plus haut, ou même de tissu à haute laine et à points noués. Ces tissus sont recherchés jusqu'en Algérie.
Plus longs, plus étroits aussi, que les hanbels de Salé sont ceux du Moyen-Atlas (Zemmour, Zaïane, Béni Mguild, etc...). Destinés à être tendus sur le pourtour intérieur du bas de la tente, ils font écran contre le vent et la poussière. De plus, ils décorent la tente de la même façon que les haï-tis brodés dans les intérieurs citadins.
Les hanbels des Zemmour sont à dominante rouge rompue par de petites notes blanches, jaunes et noires auxquelles, à l'origine, ne se mêlaient probablement pas le vert ni le bleu. Tandis que le décor de ces pièces fourmille d'éléments géométriques minuscules, celui des hanbels propres aux tribus situées plus à l'est accuse généralement plus de sobriété : le fond, quelquefois noir, .peut même n'être rehaussé que de quelques motifs disposés en lignes transversales ou longitudinales.
La dominante noire, contrastée de blanc, caractérise les hanbels du Haut-Atlas d'un aspect beaucoup plus sévère que les précédents, même quand il s'émaillent de quelques couleurs.
Avec les hanbels du Haouz de Marrakech, dont les Ouled Besseba et les Aït Immour se sont fait une spécialité, on rentre dans le domaine de la polychromie rutilante et riche où des jaunes, des bleus et des verts font chanter joyeusement les champs rouge cuivre ou carminés produits par la garance ou la cochenille.
En raison de la variété de leurs nuances, les hanbels trouvent facilement place dans les intérieurs européens, soit comme tapis, soit comme garnitures de divans.

Prosper RICARD.


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Les Arts Indigènes - Page 2 Swsca327

- L'estampillage des tapis à  Aïn  Leuh   (1932)
C'est M. J. Revault, inspecteur régional à Meknès qui, avec l'appui du Général commandant la région et det. Officiers des Affaires indigènes, a le premier décidé les tisseuses Béni Mguild à revenir à l'emploi des teintures végétales.

LES   LOIS PROTECTRICES


Dahir du 22 Mai 1919 (2l Chaabane 1337)
Instituant   une   estampille   d'Etat   pour   garantir    l'authenticité   d'origine  la  bonne qualité  et le caractère indigène  des  tapis  marocains
Article premier. — II est institué une estampille d'Etat pour garantir l'authenticité d'origine, la bonne qualité et le caractère indigène des tapis marocains.
Article 2. — Cette estampille consiste en une empreinte à l'encre grasse apposée au pochoir sur l'envers des tapis et représentant un sceau de Salomon, avec, dans l'intervalle des branches, les lettres M.A.R.O.C.
Article 3. — Tout tapis fabriqué au Maroc, quel qu'en soit le fabricant, peut recevoir sur la demande du fabricant, l'estampille d'Etat, s'il satisfait aux conditions suivantes :
Le tapis présenté doit être un tapis à points noués, exécuté à la main. Il doit être reconnu tout laine, tant en ce qui concerne la trame et la chaîne qu'en ce qui concerne les points noués. Il ne doit porter aucune trace de colorants autres que les colorants végétaux ou animaux (indigo, gaude, daphné, henné, garance, cochenille, etc...), les mordants et réactifs tels que l'alun et le sulfate de fer n'étant pas considérés comme colorants. Il devra, en outre, ne comprendre aucun motif décoratif autre que ceux réunis au « Corpus » officiel déposé dans les bureaux de l'Office des Industries d'Art Indigène.
Article 4. — L'application de l'estampille d'Etat est confiée eux soins du mohtaseb, assisté d'un agent délégué par le Directeur de l'Office, et à des dates déterminées par ce dernier.
Article 5. — Le Directeur de l'Office statue en dernier ressort et sans recours sur toutes les contestations qui peuvent s'élever relativement à l'apposition de l'estampille.
Toutefois, lorsque la contestation concerne spécialement la nature des colorants employés, le producteur est en droit d'exiger l'apposition de l'estampille s'il présente un certificat d'analyse émanant d'un laboratoire officiel du Protectorat, et attestant que les colorants sont bien des colorants végétaux ou animaux.
Article 6. — II est perçu un droit de un franc pour chaque apposition d'estampille.
Fait à Rabat,  le 21   chaabane  1337. (22 mai   1919).
Vu pour promulgation et mise à  exécution:
Casablanca,   le   6   juin    1919. Le   Commissaire   Résident   Général, LYAUTEY.
_ Dahir du 17 Décembre 1921 (16 Rebia II 1340)
portant modifications au  dahir du  22  mai   1919   (21   Chaabane   1337)
instituant   une   estampille   d'Etat   pour   garantir   l'authenticité d'origine
la bonne qualité et le caractère indigène des tapis marocains
Article  premier. —  Les  articles  2,   3,   6  et  l'alinéa  2  de  l'article  5
du dahir du  22 mai   1919   (21   chaabane   1337)   sont  abrogés et  remplacés  par  les  dispositions  ci-après   :
Article 2. — Cette estampille consiste en un plomb estampé à l'aide d'une pince sur les extrémités d'un fil métallique passé dans la lisière du tapis.
Les faces de ce plomb porteront en relief, l'une un sceau de Salomon, l'autre le mot « Maroc ».
Article 3. — Tout tapis fabriqué au Maroc, quel qu'en soit le fabricant, peut recevoir sur la demande du fabricant ou du propriétaire, l'estampille d'Etat, s'il satisfait aux conditions suivantes :
Le tapis présenté doit être un tapis à points noués ou tissés exécuté à la main. Il doit être entièrement confectionné en laine bien désuintée et dégraissée, en ce qui concerne les points noués ou tissés. La chaîne et la trame peuvent être en coton. Il ne doit comporter que des colorants de grand teint. Il ne doit comprendre que des motifs décoratifs traditionnels, la réunion de ces motifs devant être effectuée dans un « Corpus » officiel.
Article 5 (alinéa 2). — Toutefois, lorsque la contestation concerne spécialement la nature des colorants employés, le producteur est en droit d'exiger l'apposition de l'estampille s'il présente un certificat d'analyse émanant d'un laboratoire officie! du Protectorat et attestant que les colorants sont bien des colorants de grand teint.
Article  6.  —   II  est perçu   un   droit  de  deux francs  pour chaque  apposition  d'estampille.


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page 39

Les Arts Indigènes - Page 2 Swsca328

- L'estampillage des tapis à Rabat   (1934)


Article 7. — A titre transitoire et pendant une durée de six mois à compter du 1er janvier 1922, l'estampille primitivement prévue au dahir du 22 mai 1919 (21 Chaabane 1337), consistant en une empreinte à l'encre grasse, apposée au pochoir sur l'envers du tapis et représentant un sceau de Salomon avec, dans l'intervalle des branches, les lettres M.A.R.O.C., continuera d'être apposée dans les conditions réglementaires.
Fait à Rabat,  le  16 rebia  II   1340. (17  décembre   1921 )
Vu  pour  promulgation   et  mise  à  exécution :
Rabat,   le   26   décembre   1921.
Le  Maréchal   de   France,   Commissaire   Résident  General:
LYAUTEY.

Loi accordant la franchise sous certaines conditions, aux tapis estampillés par l'Etat Chérifien, originaires et importés directement de la zone française de l'Empire Chérifien, et étendant le régime institué par la loi du 19 juillet 1920 aux tapis d'origine et de provenance tunisiennes.
Le Sénat et la Chambre des Députés ont adopté,
Le Président de la République promulgue la loi dont la teneur suit  :
Article premier. — Sont admis en franchise des droits de douane à leur entrée en France et en Algérie, les tapis originaires et importés directement de la zone française de l'Empire Chérifien, qui auront été revêtus par l'Etat Chérifien d'une estampille garantissant qu'ils n'ont été tissés qu'avec des laines soumises à des colorants de grand teint.
Article 2. — L'admission en franchise de ces tapis est subordonnée à la production de certificats délivrés par les autorités civiles ou militaires du lieu de production et visés par le Receveur du Bureau des Douanes d'exportation.
Article 3. — L'importation en France ou par mer en Algérie doit en outre se faire sous pavillon français ou marocain.
Le transport en droiture n'est pas interrompu par l'escale faite dons un port quelconque du Maroc, pour y opérer des chargements ou des déchargements lorsque les tapis ayant droit à la franchise n'ont pas quitté le bord et alors même qu'il a été chargé dans le port d'escale des tapis similaires de ceux pour lesquels l'admission au régime de faveur est demandée, passibles ou non des droits, pourvu qu'il soit produit, à l'arrivée en France ou en Algérie, des certificats du Consultât français du port d'escale établissant que les tapis embarqués au port de prime abord n'ont pas été débarqués au port d'escale.
De même, sont considérés comme importés directement les tapis chargés dans les ports de la zone française ou transbordés à Tanger sur des paquebots de la même compagnie française ou marocaine, à services réguliers, lorsque le transbordement s'effectue sous la surveillance de l'autorité française qui en certifie.
Article 4. — Les dispositions de l'article premier et de l'article 5 de la loi du 19 juillet 1890 sont étendues aux tapis d'origine et de provenance tunisiennes revêtus, par les soins de l'Administration du Protectorat d'une estampille garantissant qu'ils n'ont été tissés qu'avec des laines soumises à des colorants de grand teint.
Article 5. — Les dispositions insérées à l'article 6 de la loi du 17 juillet 1867 et au tableau D annexé à la dite loi, sont rapportés en ce qui concerne les tapis originaires du Maroc et de la Tunisie.
Article 6. — Chaque année, des décrets du Président de la République, rendus sur les propositions des Ministres des Affaires étrangères, des Finances et du Commerce et de l'Industrie, détermineront les quantités auxquelles s'appliqueront les dispositions des articles 1 er et 4 de la présente loi.
La présente loi, délibérée et adoptée par le Sénat et par la Chambre des Députés, sera exécutée comme loi de l'Etat.
Fait à  Paris,  le  14 novembre  1921. Par le  Président de  la  République, A.   MILLERAND.
Le   Président   du   Conseil,
Ministre  des  Affaires  Etrangères,   par  intérim, L.  BONNEVAY.
Le   Ministre  des   Finances, Paul   DOUMER.
Le  Ministre  du  Commerce  et de  l'Industrie, Lucien  DIOR.


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Les Arts Indigènes - Page 2 Swsca329

- Un décor classique de plâtre sculpté.

Sur une frise horizontale sobrement ornée et entre deux montants dont celui de gauche est seul figuré ici, s'étend un panneau fait d'une série d'arcatures aveugles prises dans un encadrement où court une inscription cursive très déliée, ornée de quelques éléments floraux.
La demi-arcature de gauche est remplie d'un arbre de vie aux souples rejets symétriques porteurs de feuilles d'une élégance extrême. Dans l'arcature qui vient immédiatement à droite s'entremêlent deux réseaux :l'un floral, l'autre coufique dont les vides se garnissent de palmettes et de feuilles nervées. L'arcature suivante est remplie de spires symétriques se terminant par des feuilles nervées à un ou deux lambeaux d'une extraordinaire souplesse. L'ensemble est d'une richesse extrême.

LE MODELÉ

_  Le modelé arabe, très spécial, consiste dans la reprise au burin, au ciseau ou à la gouge, de la surface ou des flancs d'un relief pour lui enlever le caractère absolument méplat que sans cette interventtion il garderait. Par une série de touches biaises, des surfaces s'inclinent et s'incurvent, des coupes s'obliquent, des côtes se forment, des arêtes s'abattent ou s'arrondissent, des entrelacements s'affirment. La matière n'est soumise qu'à des effleurements, de légers « coups de pouce » analogues à ceux d'un artiste modelant des feuilles d'eau, néanmoins perceptibles et suffisants pour imprimer aux motifs un frisson de vie, une velléité de mouvement.
Une seconde étape, qui n'est pas toujours franchie, succède à la précédente. Elle creuse des grains d'orge dans les enroulements, trace des nervures à la périphérie des feuillages, borde les feuillages de dentelures, de nodosités, de dents de loup, détaille leur champ d'organes floraux plus petits, modèle de cannelures les coquilles et les palmettes, hachure ou imbrique les pommes de pin, etc...
Ce genre de sculpture a beaucoup évolué avec les âges. Parti de l'idée occidentale du relief, en raison des modèles antiques dont il s'était d'abord inspiré, il a rapidement pris l'aspect qui vient d'être décrit dans les populations autochtones.
Au début, tant que dure la collaboration des chrétiens, ou d'artisans d'atavisme semblable, la survivance réaliste est visible. Dès la deuxième moitié du XIIe siècle (époque almohade) le point de vue islamique a définitivement gain de cause. Et par la suite, le modelé initial, déjà si peu marqué, s'évanouit.
P. R.


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- CLICHE N° 1  :
MOTIF  SERPENTIFORME
Pierre  sculptée   (Porte  des Oudaïas à Rabat, XIIe siècle)
II n'est pas certain que ce 'motif représente vraiment un serpent ou un poisson : placé à la naissance d'arcs polylobés construits du Xlle au XlVe siècles, il a surtout pour but- de rendre plus rationnel le départ contourné de ces arcs. Très souvent, il fait place à une feuil-le à deux lambeaux.

- CLICHE N° 2 :
UN FRAGMENT DE LA FAÇADE ORIENTALE DU TOMBEAU DU SULTAN MERINIDE ABOU EL HASSAN ALI.
Pierre  sculptée (milieu  du  XIVe siècle)
Cette décoration sculptée dans un appareil avec joints de plomb s'enlève d'un soubassement d'où partaient de fines colonnes d'onyx ou de marbre portant des arcs polylobés. Le sommet de eeux-ci, concurremment avec le haut de courtes colonnettes intermédiaires, sert de point de départ à l'entrelac lo-sangique qui a été si couramment employé par les Almohades et les Mérinides dans la décoration des minarets. Une inscription coufiquc couronne le fout. On remarquera dans les arcatures inférieures, le développement arabescal d'un décor coufique extrêmement souple, ainsi que les fleurons, centres de palmettes qui couvrent le cham-plevé de l'entrelac architectural. Le tout est infiniment harmonieux.

- CLICHE N° 3 :
FRAGMENT DE CORNICHE   DE STALACTITES,
couronnant  la  façade précédente   (Pierre taillée XIVe siècle)
Ainsi nommées parce qu'elles rappellent les dépôts calcaires des grottes, les stalactites sont aussi désignées sous le nom de nids d'abeilles. Leur vrai nom marocain est meqerbes. Elles soni essentiellement musulmanes. D'origine assez mystérieu-e, ces groupements de pendentifs et de trompes de faible proportion, semblent faire leur première apparition au Maghreb avec les Almoravides. D'abord, on les moule dans du plâtre, puis on les sculpte dans la pierre, (conimz dans l'exemple ci-contre) et le marbre On les sculpta aussi dans le bois. La technique n'en est pas oubliée, mais régresse, car elle est coûteuse.

LA   SCULPTURE

La sculpture qui chez l'Européen éveille l'idée de figures et d'images en ronde  bosse, ne correspond pas précisément à la conception musulmane des reliefs. Ceux-ci, en principe, sont méplats, et sa détachent sur des fonds plats. Le modelé, quand il existe, n'est pas celui des représentations d'animaux ou de végétaux en honneur au nord de la Méditerranée.
La sculpture musulmane n'est, à proprement parler, qu'un champlevage. Elle évide, sur une faible profondeur, tout ce qui n'est pas le dessin. C'est une sorte de gravure en creux, dont les réserves reçoivent les détails qui donnent aux motifs leur physionomie propre.
Le marbre, la pierre, le plâtre, les métaux, sont à peu près traités de la même façon. Seules changent la forme des outils et la manière de les utiliser.
Les contours du dessin sont d'abord aélimités par un trait en creux; tout ce qui n'est pas le dessin est ensuite évidé; un finissage rend les coupes plus nettes et les fonds plus unis. Parfois, le premier fond est repris; il reçoit de nouveaux motifs qui courent sous les précédents, ce qui donne un nouveau champ d'ornementation réalisé en retrait du premier.
Un troisième champ peut être ouvragé de la même manière.
Les effets varient avec la nature de la matière et son degré de dureté. La pierre et le plâtre, relativement tendres, sont plus entamés que le marbre et l'onyx, qui exigent des efforts et une volonté soutenus. Les diverses essences de bois, à cause de leurs fibres plus ou moins compactes, reçoivent des ornements d'échelles variées. Les métaux, plus durs, sont garnis de menus dessins, finement gravés et ciselés, qu'un ajourage met parfois particulièrement en évidence.
Dans les grandes ornementations murales de plâtre, dérogation est souvent faite aux coupes normales délimitant les contours. En s'éloignant de la ligne d'horizon, ces coupes s'obliquent et tendent à prendre l'inclinaison du rayon visuel qui les atteint. De la sorte, l'arête externe des reliefs se confond avec leur arête de fond: la grisaille des ombres s'accentue d'autant et le dessin conserve, quelle que soit la hauteur, toute sa lisibilité. Le stucage, qui exige de la « dépouille » au démoulage, n'autoriserait pas un tel résultat; il ne paraît pas avoir été employé par les marocains.

P.   R.
(D'après  «   Pour comprendre  l'Art musulman   » ).


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- Décor de bois sculpté dans une maison de Fès  (XVIIIe siècle)
La tradition classique qui a Fès porta le décor du bois sculpté à sa plus haute expression, a survécu dans la vieille capitale idrisside jusqu'au XVIIIe siècle.
L'exemple ci-contre, qui en est une brillante illustration, représente l'un des angles supérieurs d'un palio entouré de galeries, invisibles ici, au rez-de-chaussée et à l'étage. Ces galeries sont couvertes d'un plafond soutenu, côté chambres par des murs, et, côté cour par de hauts piliers sur lesquels s'agence tout un dispositif en bois composé :
1° de consoles et de lambrequins ,
2° de deux linteaux superposés dont les joints sont couverts d'éléments moulurés et cor-delés ;
3° d'un auvent fait de colonelles jumelées supportant des consoles qui reçoivent elles-mêmes les solives- du plafond contigu ;
4° d'une frise à arcades lobées servant d'appui à un appentis terminal de tuiles vertes.
Des arabesques peu profondément gravées, d'un style particulier au XVIII° siècle, ornent tout le champ visible.

BOIS SCULPTÉS


La sculpture   sur bois, qui  a  trouvé    de   nombreuses applications dans  le  mobilier adapté aux exigences européennes, est pratiquée à   Fès par d'excellents artisans dont les œuvres sont connues et dispersées au Maroc, en France et à l'étranger.
Des projets de restauration d'un meuble précieux du XIVe siècle ont suggéré à quelques jeunes artisans fassis l'idée de copier avec soin des sculptures d'une grande finesse d'exécution, d'un décor floral souple, harmonieux et varié. Grâce à leur volonté d'atteindre le but, à leur adresse, à leur parfaite compréhension de la tâche qui leur était confiée, ils sont parvenus à un résultat surprenant, malgré de nombreuses difficultés, et seule la patine permet de discerner les modèles des répliques. (Voir les deux motifs d'angle ci-contre représentés grandeur naturelle)
Excellents décorateurs, artistes passionnés, l'on peut espérer d'eux de nouvelles réalisations d'inspiration personnelle.

Marcel VICAIRE


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MessageSujet: Les Arts Indigènes   Les Arts Indigènes - Page 2 EmptyJeu 8 Mar - 9:23

page 43

Les Arts Indigènes - Page 2 Swsca332

- Panneau de bois peint (Rabat,  XVII" siècle)
Large d'environ 25 centimètres, ce panneau, présente une alternance de deux principaux motifs de tradition hispano-mauresque inscrits dans un carré. Le premier, qui met en évidence une chaînette à deux brins, circulaire, est centré d'un entrelacs à base octogonale ; dans les écoinçons comme dans l'espace intérieur laissé libre, se développent de menus ornements floraux. Le second offre l'exemple, si fréquent à la période classique, de la superposition savante de trois entrelacs successifs à base losangique : l'un feuille assez gros, l'autre coufique plus maigre, le troisième floral assez menu.

- Placard   avec   étagère   en   bois   peint (Rabat,  XVIIIe siècle)
Autrefois aménagé dans un retrait du mur, ce placard était surmonté d'une étagère en saillie d'une quinzaine de centimètres, supportée par des consoles latérales. Les vantaux, symétriques, sont composés d'un châssis enfermant de minces panneaux ornés de rinceaux et de bouquets où se lisent des motifs tardivement adoptés par le Maroc (stylisations de tulipes et d'églantines). La chaînette de l'encadrement (avec sa corde et sa moulure) ainsi que le décor floral de la galerie ajourée de l'étagère, restent toutefois dans la tradition hispano-mauresque.

BOIS  PEINTS

Comme en Perse Sassanide, en Grèce Byzantine et Espagne Musulmane, la polychromie joue un rôle important dans l'art marocain. Par elle, le décor, sans relief, gagne en vigueur et en mordant. Par elle ainsi que par son vernis qui la fixe, le bois, qui n'est pas imputrescible s'il doit être exposé aux atteintes de l'humidité, est en outre assuré d'une durée beaucoup plus longue. Aussi recouvre-t-elle la plupart des bois qui entrent dans la composition du mobilier (armoires, étagères, lits, etc...) et de l'habitation (portes, fenêtres, plafonds, auvents, etc...).
D'une manière générale, la gamme est vive, accusant les reliefs (ou les motifs principaux) par des tons clairs: blanc, jaune (quelquefois sous son aspect le plus riche, l'or), souvent contrastés de noir ou de brun; des tons froids, tel le bleu, couvrent les fonds; le rouge, ou le vert, remplissent surtout des surfaces de second plan.
Du XIVe siècle à ce jour, la peinture s'est à peu près conservée au Maroc sans autres modifications que celles des matières colorées elles-mêmes. Des pigments criards et pulvérulents ont remplacé le cinabre, l'orpiment et l'indigo, de nuances mieux harmonisées et plus consistantes; les  feuilles d'or ont  fait  place au  clinquant d'Europe.
Quant aux procédés, ils ont peu varié.
Si les couleurs sont maintenant agglutinées à la colle forte au lieu du blanc d'oeuf, un premier enduit rouge sert toujours de fond aux motifs qui sont ensuite peints dans la nuance qui convient et sertis de filets blancs ou noirs. _ Un vernis général protège enfin le tout.
La mode changeante ayant marqué, depuis quelques années, une préférence pour les meubles en bois naturel, les ouvrages qui nous intéressent ici sont malheureusement l'objet d'une désaffection générale. Quoi qu'il en soit, des efforts sont tentés partout, à Fès, Meknès, Oujda, Rabat et Marrakech pour les remettre en faveur.
La peinture actuelle tendant à cacher des matériaux misérables et des assemblages insuffisants, les amateurs feront cependant bien de procéder, avant de faire l'acquisition d'objets neufs ou de confection récente, aux vérifications qui s'imposent.

P.   R.


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Les Arts Indigènes - Page 2 Swsca333

- Ensemble de style berbère exécuté et exposé au siège de l'inspection régionale de Meknès.

- Artisans au travail.

- Motif tiré de la poutre faitière d'une tente Zaïane.

LE TRAVAIL DU CÈDRE A MEKNÈS

Le promeneur qui, au gré de sa fantaisie, erre dans la ville indigène, est frappé par l'odeur du cèdre qui règne en maîtresse dans les ruelles et les souks et forme, à Meknès, l'atmosphère même de la Médina. Soubassements de bois de cèdre, poutres de cèdre soutenant une maison au-dessus de la rue, tout contribue à lui donner cette impression. S'il se dirige vers le quartier Nejjarine, ou quartier des Menuisiers, l'essence de cèdre envahit tout ; là, les cèdres fraîchement coupés dans les forêts du Moyen-Atlas, débités en planches d'où la sève résineuse suinte encore, sont transformés en des coffres odoriférants, principaux meubles du ménage indigène.
Ces coffres, habituellement sculptés de motifs floraux et géométriques d'inspiration orientale, forment, avec les petites tables rondes, les étagères peintes, l'essentiel du mobilier marocain.
Depuis de longues années, les peintres sur bois de Meknès sont renommés et les premiers essais de meubles peints tentés par le Service des Arts Indigènes furent bien accueillis.
Cependant, la fragilité des peintures sur bois  — la mode aussi — les fit délaisser un moment pour les meubles sculptés de motifs arabes ou berbères. Le décor berbère fut relevé sur des poutres faîtières de tentes zaïane et des coffres du Djebel.
Un sculpteur originaire du Jebel fut appelé à former à Dar Jamaï de jeunes apprentis. Mais pour donner à la sculpture un nouvel essor, il nous fallait trouver des acquéreurs. La clientèle indigène étant trop pauvre ...


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MessageSujet: Les Arts Indigènes   Les Arts Indigènes - Page 2 EmptyJeu 8 Mar - 16:05

page 45

Les Arts Indigènes - Page 2 Swsca334

- Ensemble de style arabe, exécuté au siège de l'inspection régionale de Meknès et expodé à Chicago en 1933.
- Ensemble en bois peint.
- Frise de style hispano-mauresque.


... pour acheter des coffres, les riches citadins préférant des meubles européens, il fallut répondre au goût de la clientèle européenne. Pour elle, furent conçus les meubles représentés ici, dont le décor et certaines formes sont berbères ou arabes.
Ces meubles, présentés au public par l'inspection de Meknès en 1932, ont eu un grand succès, puisque depuis cette date nous avons pu transmettre aux artisans indigènes, menuisiers et sculpteurs, près de 80.000 francs de commandes. Nous avons été secondés dans cette rénovation par l'habileté des menuisiers indigènes q u i ont su exécuter, d'après nos dessins, même les formes les plus nouvelles.
Devant les résultats obtenus, beaucoup de commerçants indigènes se sont mis à la vente du meuble sculpté « berbère ». Beaucoup de personnes se sont adressées directement dans les souks; nous pouvons supposer que la vente a été au moins aussi active que celle faite par notre intermédiaire. Aussi cette industrie du bois peut-elle être comptée comme l'une des plus florissantes de la ville ; menuisiers et sculpteurs indigènes ont trouvé des débouchés à leurs travaux. La clientèle européenne a fort goûté ces meubles de cèdre bruni, dont le décor sobre s'alliait si bien à la douceur tiède des tapis de haute laine, à l'éclat rouge des cuivres.
Meknès, reine de l'Atlas, se devait d'exploiter au mieux des intérêts de son commerce local le cèdre, parure de la montagne berbère.

Alexandre DELPY.


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