Ce Maroc bien aimé
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Mémoire de la présence Française au Maroc à l'époque du Protectorat
 
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 AU MAROC INCONNU dans le Haut-Atlas et le Sud Marocain

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Pierre AUBREE
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MessageSujet: AU MAROC INCONNU dans le Haut-Atlas et le Sud Marocain   AU MAROC INCONNU dans le Haut-Atlas et le Sud Marocain - Page 3 EmptyVen 14 Déc - 9:20

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AU MAROC INCONNU dans le Haut-Atlas et le Sud Marocain - Page 3 Ami_1013

... nord du Ghat. Les fonds, vers l'est, n'étaient qu'éclairés et, seul, l'Azourki offrait à la nuit des teintes rosés et mauves étalées sur sa neige ; mais tout le contre-jour flambait au bord de l'ombre. Des rayons de feu unissaient, rigides, les nuages aux plus hauts sommets. Tout était transfiguré. Le soleil, si bas, mourait en laissant aux choses sa beauté et il leur permettait de s'élever vers un ciel de plus en plus profond. Il semblait que les distances, les altitudes, fussent les éléments variables d'un gigantesque jeu de scène. Les rayons tournaient, s'appuyant aux ramures les plus ténues de la forêt, aux bords les plus aigus des rochers, et sur les flancs des montagnes, ils projetaient des lumières de métaux inconnus en fusion. Puis le soleil disparut, l'ombre énorme du Ghat fut, pendant un instant, couronnée d'un diadème éblouissant de feu. Les neiges, peu à peu reculèrent dans la nuit. Comme tout s'éteignait, elles devinrent indistinctes sous le ciel.
Il me restait à peine un quart d'heure d'une clarté douteuse pour atteindre Sremt, aussi j'activai l'allure; et les pas des hommes, les pas des mulets, heurtèrent le silence d'un bruit plus mat, plus sensible.
Descendu du Tizzal dont j'avais fait l'ascension avec cinq berbères, je trouvai mon escorte près du col. Un chemin facile nous conduisit au village de Tiguelaout, dans la paix d'un crépuscule moins glorieux que celui de la veille. J'avais été toute la journée au vent et dans la neige. Le calme m'était agréable. Au fur et à mesure que je me rapprochais du fond de la vallée, les villages, en grossissant, reprenaient leurs perspectives normales, leur individualité dans chaque site particulier. Je fus frappé par l'aspect tout à fait original des constructions. Le type est celui, habituel, de la tighremt, mais plus étroite et plus massive qu'ailleurs : maison rectangulaire, flanquée, aux angles, de tours qui dépassent de très peu la surface des murs. Le pisé est employé, ici, sous forme de gros blocs de plusieurs mètres cubes superposés et entrecroisés et l'effet produit par ces sortes d'étroites fenêtres que dessinent sur les murs les espaces laissés libres entre ces blocs est des plus curieux. Devant l'agglomération de Tiguelaout, clignant un peu des yeux, je pensai, par dérision, à quelque Manhattan chleuh ! Rien ne décore ces tighremts, sinon quelques traits de chaux autour des petites fenêtres, aucun créneau, aucun pignon d'angle aux murs ; les toitures, plates, sont formées de branchages recouverts de terre. Des bâtiments annexes, écuries, dépendances diverses, viennent se greffer sur le corps de logis principal et donnent à l'ensemble une silhouette complexe. Il arrive que des chèvres, des moutons, soient parqués sur les toits les moins hauts auxquels ils accèdent par le côté ...


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AU MAROC INCONNU dans le Haut-Atlas et le Sud Marocain - Page 3 Ami_1014

... de la tighremt qui est à flanc de montagne. On aménage ces toits en les chargeant de branches et les bêtes couchées, vues d'en bas, semblent être perchées dans un nid.
Le groupe des notables m'attend, tache sombre, silhouettes rigides et dignes, au pied des grands murs ocres et blancs. Mais dès que ma caravane débouche à la vue de la kasbah, un roulement strident de youyous s'élève, s'amplifie, répété sur toutes les toitures où des drapeaux s'agitent, les uns verts, les autres rouges ou bleus, au bout de perches que tiennent les femmes parées de leurs plus beaux bijoux : lourds bracelets d'argent, fibules, colliers aux reflets mats sur les chairs brunies. Je passe sous les murs et elles se penchent pour me regarder avec une curiosité amusée et franche, bien berbère. La plupart sont sales, mais quelques-unes d'entre elles ont un joli visage fin et de très beaux yeux. L'attrait du pittoresque ne m'empêche pas de regretter que celles-là mêmes se couvrent de tatouages : un long trait brun, en particulier, part du sommet du front et descend jusqu'à la pointe du nez.
Les deux imgharen (1) qui se partagent le commandement de la vallée, Si Hammou et Si Moha ou n'Ait Lhassen sont placés sous l'autorité du caïd Ouchettou, qui réside à Tanant. Le Khalifat du caïd m'a précédé à Tiguelaout où je suis l'hôte de Si Hammou. Celui-ci est un homme superbe, l'un des plus beaux types de berbères que j'aie jamais vu. Agé de trente-cinq ans environ, fort, mais de taille élancée, son visage brun s'encadre d'une barbe de jais taillée en collier, large et plate; la bouche bien ourlée est sensuelle, mobile, — la lèvre supérieure rasée — le nez, assez grand, mais étroit, est très légèrement busqué et les yeux noirs ont un regard vif et rusé. L'expression générale est un équilibre de noble aisance et de bonhomie. Il est, bien entendu, flanqué de l'inévitable sahab lequel a exactement le même type que lui, mais avec quelque chose en moins dans toute la personne qui empêche qu'il soit jamais le chef devant l'autre.
Pendant tout un jour je me livrais à la plus complète paresse physique. J'avais trouvé à Tiguelaout l'accord avec le paysage et les hommes, et j'en jouissais parfaitement. Aux repas et aux nombreuses heures où l'on boit le thé, Si Hammou et moi essayions d'entrer en conversation, cependant il comprenait mal mon arabe et moi pas du tout son berbère. Le Khalifat du caïd Ouchettou nous servait tant bien que mal d'interprète, mais avec une assez mauvaise grâce, car je ne sais pourquoi, il ...

(1) Pluriel de amghar, chef de guerre ou chef de clan.


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- Tighremt des Bou Guemmez.

... était de méchante humeur et j'étais agacé de le voir, si jeune et si laid, afficher d'une façon désobligeante son autorité sur le cheikh. Par contre j ' admirais la patience légèrement ironique de celui-ci et de son sahab. Un orage éclata cependant et des mots, peu nombreux mais vifs, furent échangés. Le repas se continuait, silencieux; l'amghar et son sahab très dignes, celui-là même, paraissant totalement indifférent à ce qui venait de se passer. Mais le petit Khalifat ne tenait plus en place, son œil torve lançait des regards mauvais et faux. J'étais très ennuyé, d'autant plus qu ' en dépit de ma sympathie spontanée, j'ignorais qui avait raison, et pour cause. Pourtant ce fut ma sympathie qui reçut toute satisfaction. Le cheikh venait de découvrir la deuxième tajine de poulet, libérant un nuage odorant qui nous fit nous pencher, le morceau de kesra au bout des doigts, vers la sauce onctueuse et brune où nageaient les olives. Les deux berbères commençaient à découper habilement les volailles et m'en tendaient les meilleurs morceaux, lorsque le sahab, son beau visage de montagnard madré éclairé d'un sourire en coin vers le ...


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... petit khalifat, tendit à celui-ci une belle cuisse dodue, non sans l'avoir laissée un petit moment sous son nez, avec malice. La tension était rompue et l'on se mit à rire, le khalifat un peu jaune, mais nous n'y prêtâmes pas attention.
Je quittais Tiguelaout et Si Hammou pour aller par les Ait Imi, tenter l'ascension de l'Ouaougounzat. La distance des Ait Imi à ce sommet est grande et l'entreprise était difficile, mais je n'avais pu obtenir l'autorisation de m'avancer plus loin vers l'est, à cause des djicheurs qui coupent parfois les cols. La fatigue d'une marche rapide de plus de cinq heures, à trois mille mètres d'altitude, dans la neige, sur une arête balayée par un vent glacial me fit renoncer à mon projet. Je m'arrêtai sur un sommet secondaire, sans pouvoir trouver un abri où me réchauffer car la face sud, exposée au soleil, l'était aussi au vent. Dérision, à quelque cinquante kilomètres je voyais la plaine du Dadès flamber au soleil !
Le trajet du haut Bou Guemmez au village d'Abachkoun, au pied du Ghat, peut se faire en une journée sans peine excessive. Il ne s'agit que de descendre le cours de la rivière et de remonter celui d'un de ses affluents. Mais l'aspect du pays change progressivement pendant la marche. Au départ, la largeur de la vallée donne au haut Bou Guemmez cette aisance et cette clarté qui m'avaient séduit quand j'y arrivai. Les champs sont nombreux, au milieu de leur fraîche verdure s'élèvent plusieurs hauts monticules pointus fortifiés chacun par une tighremt. Mais bien avant le confluent du Ghat les monts se resserrent, leurs pentes se couvrent de forêts sombres; des chênes, des pins, des genévriers descendent jusque dans le lit du torrent. Le sentier escalade des éboulis de rochers puis la remontée de l'Assif Ghat se fait, pour une bonne part, dans son lit même. Après les quelques heures de piste ensoleillée, c'est une délicieuse fraîcheur qui vous repose et vous laisse insouciant de la longueur de l'étape.
Ces longs trajets à cheval ou à dos de mulet, quelle liberté ils laissent à l'esprit ! Au juste, peut-être ne sont-ils pas si silencieux que cela puisque l'on interroge, dé-ci, dé-là, les indigènes sur le nom d'un village, l'accès d'une piste, ou sur tel autre détail inconnu. Cette curiosité, c'est une sorte de prise de possession idéale. Un détail précisé, on voit le pays s'animer, sa personnalité se composer, s'ordonner. Mais, libéré de tous soucis trop actuels, il fait si bon reprendre sa rêverie, confiant à la monture le soin de notre carcasse. J'éprouvais, tout en rêvassant une juste fierté. Voilà que j'avais encore — encore, comme à chacune de mes randonnées dans les bleds de l'avant — bénéficié, de la part des indigènes, de ce respect, ...


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AU MAROC INCONNU dans le Haut-Atlas et le Sud Marocain - Page 3 Ami_1018

- Femme tatouée.

... de cette confiance libre (je dis bien libre) qu'ils étaient certains de devoir m'accorder. Ne sourions pas, j'étais heureux de reporter sur un groupe d'officiers — peut-être particulièrement choisis — ma gratitude éclairée, éclairée sur les causes qui la justifiaient. Isolé parmi les indigènes, mais précédé chez eux du souvenir, de la présence latente de ceux qui les dirigeaient, je pouvais, sans la moindre restriction, me sentir fier d'être Français. Dans cette ambiance il est permis d'oublier les plaies honteuses et que certains des nôtres, ignorant tout de cet admirable travail, trop haineux pour comprendre, trop lâches pour aimer, à l'affût des moindres fautes, avilissent, salissent le rôle que remplit ici l'armée. « Le nombre des militaires me semble inquiétant au Maroc », disait dernièrement l'un d'eux ! Alors j'évoque dans ma mémoire le souvenir du beau visage d'un Si Hammou, l'assurance, la cordialité de ce fils d'une race farouchement guerrière et capable des plus sanglants fanatismes.
Le Ghat se présente comme une gigantesque coupe élevée à plus de 3.000 mètres de hauteur (les géologues diraient un synclinal perché).
Cette coupe, pleine pendant de longs mois de toutes les neiges que l'hiver y accumule, s'incline doucement vers l'est où elle se déverse par le sillon profond de l'Assif Ghat. Abachkoun est construit auprès de ce torrent, sur un promontoire rocheux qui le domine et non loin d'un nœud de confluents. Pays riche en eau, mais sombre et triste, tel que ceux où j'imagine que sont construits les monastères du Thibet. Si près de la plaine — deux étapes à cheval le séparent de Demnat — il donne plus ...


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- Intérieur à Tiguelaout.

... que tout autre l'impression d'éloignement, de mystère. J'y abordai, sensible à son décor romantique, mais, après mon séjour en bled Bou Guemmez, un peu oppressé.
Dans le village, où il n'est pas deux maisons construites au même niveau, celle du cheikh est la plus élevée. Je n'y retrouvai pas la disposition simple de la tighremt, mais plutôt l'agglomération, le dchar, que j'avais connu dans l'Atlas occidental, avec plus de variété, cependant, dans la construction (le bois est employé concurremment avec le pisé, et apparaît sur les murs), ou, si l'on veut, un plus pittoresque désordre. Tout se chevauche, se croise, s'emmêle et il faut un certain temps pour acquérir une idée exacte de la disposition intérieure d'une maison. C'est un amusement que de chercher à s'y reconnaître parmi les cours, les escaliers ...


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... sombres, les rampes inclinées, les petits réduits obscurs, les vastes salles basses balayées par les courants d'air qui portent le bruit du torrent prochain, les pièces d'habitation, les écuries; tout cela terreux, usé, patiné par les frottements, noirci par la mauvaise chandelle et les feux de bois, fleurant, par ici la vieille paille, par là la menthe allègre, fraîche et odorante.
Je fus, à Abachkoun, l'hôte du cheikh Naceur ben Hammou n'Aït Hamiça n'bou Oulli. C'est un gros vieil homme affligé d'un goître, comme beaucoup d'indigènes Aït bou Oulli. Il affichait une cordialité excessive que je crus un peu affectée, invoquant Dieu à tout propos. Je le soupçonnais d'avoir quelque service à me demander. Effectivement le lendemain de mon arrivée il tint à m'accompagner en personne chez les Aït Mallahl, qui habitent une funèbre et grandiose vallée au sud du Ghat. Là il s'arrangea pour me faire passer par une maison en ruine qu'il me dit lui appartenir et avoir été incendiée par la faute d'un locataire. Il voulait, au fond, avoir un témoin des dégâts pour qu'il lui soit moins reproché de s'être payé sur les troupeaux de son débiteur. Cette « Affaire Indigène » ne me regardant nullement je ne pouvais qu'en parler au Chef de Bureau de Demnat et Si Naceur fut un peu déçu. Mais était-il si naïf ou trop roublard ?
Je retrouvai mes amis, le chef de bureau et le docteur de Demnat, le lendemain soir à Abachkoun, dans la vaste pièce, largement ouverte sur la vallée, où Si Naceur loge ses hôtes. C'était un peu la fête dans le village que la venue du hakem (1), même si cette venue était motivée par le recensement du tertib (2). C'est dire que nous eûmes peu de temps pour bavarder avant la nuit car, les tentes makhzen une fois dressées dans une cour, le lieutenant et le toubib me quittèrent, l'un pour recevoir, aidé du cheikh et des fquihs (3), les dépositions des contribuables Aït bou Oulli et régler, Dieu sait combien de chikayat (4), l'autre pour vacciner, panser, ausculter, tout un tas de malades. Je ne m'étonnais pas outre mesure de la confiance avec laquelle se pressaient à la visite ces berbères si crédules aux incantations, aux drogues magiques, de leurs femmes et de leurs sorciers; ils croient dans la vertu des remèdes quels qu'ils soient. Mais ici, il apparaissait, à regarder l'expression des visages, que cette confiance s'accompagnait d'un espoir plus grand, d'une sorte d'allégresse, si l'on peut dire, et de moins de fatalisme. Le soir même le docteur confirma mon opinion et sut rendre hommage, pour l'expliquer, à l'œuvre admirable ...

(1) Chef. — (2) Impôt foncier. — (3) Ecrivain public. — (4) Discussion d'intérêt.


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- Le médecin donne sa consultation.

... de son prédécesseur, le docteur Madelaine, ainsi qu'au souvenir que celui-ci avait laissé en montagne.
Ce fut longtemps après le repas du soir que débuta la haouach. J'étais rompu de fatigue, mais je ne regrettai pas d'y avoir assisté car les haouach Art bou Oulli sont particulièrement curieuses. Celle-ci se déroulait dans une vaste cour, ou plutôt sur une sorte de place située entre des bâtiments d'importance différente rattachés à la demeure du cheikh. On avait étendu pour nous des tapis sur le sol; nous nous y allongeâmes pendant que des hommes allumaient, auprès, des brasiers. Dès que ceux-ci flambèrent la nuit devint opaque; la silhouette brisée du village qui se détachait sur un ciel assez clair et sur les montagnes bleutées s'enfonça dans l'ombre d'où sortaient, sans contours précis, les murailles rouges.
Par petits groupes les femmes arrivèrent et s'assirent par terre, à notre droite. Vêtues de dfins de soie brodée par-dessus l'amoncellement habituel des robes, elles portaient, détail caractéristique que je n'avais jamais remarqué ailleurs, une riche coiffure faite d'une pièce de soie rouge épaisse et rigide, qui leur retombait sur le dos en formant deux gros plis; des bijoux, bracelets aux poignets et aux chevilles, colliers et diadèmes de piécettes et d'ambre, en argent pour les unes, en acier ou en cuivre pour les plus pauvres, complétaient la parure de fête. Les réis qui avaient tendu à la chaleur des brasiers les peaux des grands tambourins, tenant ceux-ci à bout de bras dans une pose figée et noble, commencèrent de les faire doucement résonner. Alors, une à une, les femmes se levèrent et « entrèrent ...


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- Abachkoun.


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... dans la danse ». Cela consiste à évoluer entre les feux, d'un pas souple et glissé qui se rythme, par saccades, sur le battement des tseloumts. A la danse participent toujours les jeux de l'ombre et du feu, mais ici, au hasard des voltes, des passes devant les bûchers, des reflets rutilants courent sur les coiffures, sur les dos des femmes. La rangée des réis, que j'aperçois à travers les flammes me semble une rangée de fantômes; jambes et torses sont violemment éclairés, mais les visages rejetés en arrière, apparaissent à peine, noyés dans l'ombre sans fond. Parfois, à trois ou quatre, ils font une révérence rapide, se redressent et bondissent dans la nuit, burnous déployés, en poussant un hurlement de désir et de joie sauvage. Puis les flammes baissent, le ciel d'ombre se rétrécit et gagne peu à peu sur les silhouettes rouges et blanches ; la danse se meurt dans un rythme ralenti, les danseuses, une à une quittent le cercle enchanté et s'assoient. Alors les matrones, au second rang, se penchent pour réajuster un pli, un nœud relâché à une coiffure.
Nous échangeons nos impressions sur les visages de ces femmes dont nous voyons de biais la rangée des profils. Quelques-uns sont purs de lignes et vraiment beaux. Le type est très particulier mais sans aucune douceur d'expression et notre docteur, qui connaît à fond le Canada, prétend lui trouver des ressemblances frappantes avec certains types indiens.
Une chevauchée à bride abattue nous conduisit, le lendemain, sur le versant nord du Ghat. Passé les pâturages marécageux du Tizi n'Tilrist où achèvent de fondre des plaques de neige, on descend dans la large cuvette de Tirsal au nom sonore qui rappelle l'écho des profondes vallées. Hélas nous n'avions qu'une soirée à passer ici, mais encore arrivions-nous à temps pour ne pas perdre tout à fait un spectacle admirable. Le Ghat était déployé dans toute sa largeur devant nous, frappé obliquement par les derniers feux du soleil. Débordant sa haute crête dentelée, la neige pendait en festons sur son flanc à la courbe d'une régularité et d'une harmonie parfaites, éboulis de toutes les roches qui le composent, coloré des teintes chaudes et pures que, seules, ont les pierres à nu. Le dôme du ciel, déjà plus profond, plus lointain qu'en plein jour, s'appuyait derrière nous à la barre rocheuse et noire de l'Azegza et retombait de l'autre côté du Ghat, par delà la neige, du côté d'où montaient lentement, une à une, de clignotantes étoiles.


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- LE  DJEBEL GHAT  VU  DE TIRSAL DES AÏT  BOU OULLI.


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- Tirsal et ses agadirs.

Toute la lumière était étalée sur la montagne, dont elle exagérait, par son obliquité, le relief, et sur les champs et les pâturages d'un vert teinté d'or qui bordent le maigre cours d'eau et les séguias en contre-bas du village. Mais le village lui-même n'était plus qu'un fouillis d'ombre escaladant une pente incertaine au sommet de laquelle se dressait l'Agadir.
Puis la nuit emplit le val de Tirsal. Nous nous retirâmes chez le cheikh. Moi, j'allais rêver sur la terrasse d'où l'on entendait les psalmodies monotones des fidèles de la Zaouia et, plus loin, du côté où s'agitaient dans l'ombre de petites lanternes, les criailleries des juifs du mellah.
Longtemps les neiges du Ghat répandirent une pâle lumière sur le paysage imprécis avant que la lune ne se fût levée et, avec elle une magie nouvelle, plus froide et plus angoissante.


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-Tapis glaoua.
- Bracelets berbères.

VII

LA KHELA, PAYSAGE DU SUD — OUARZAZAT

PROGRESSIVEMENT porté au-dessus de la plaine, soulevé en vagues abruptes, comme la mer par une brusque houle, l'Atlas étonne sur cette terre d'Afrique du nord où il impose des perspectives insolites, des solitudes qui ne sont pas celles que l'on attendait, mais aussi des vertiges d'horizons infinis et ses ombres, ses blancheurs, toute la gamme de teintes de ses roches, de ses forêts, de ses torrents.
Marrakech-Ouarzazat, deux cent trente kilomètres et la chaîne franchie à 2.200 mètres d'altitude.


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On aborde le versant nord un peu avant le jour et tout n'est que fraîcheur : l'obscurité qui tremble au bord de l'aube et la brume que troue le double jet des phares, puis les oliveraies, et, un peu plus haut, les bois de chênes où s'échevèlent les dernières vapeurs. Les vallées du Rdat et du Rsat s'ouvrent largement, étalant au regard tout ce que ce versant peut offrir d'eau, d'ombre, de verdure. A chaque tournant (des tournants à vous donner le vertige), des perspectives nouvelles s'organisent ; après la vallée rouge, la vallée verte, la vallée grise, et toujours au bout de toutes ces vallées, le dôme du Bou Ourioul avec ses grandes plaques de neige éclairant d'une douce lumière les fonds argentés qu'il domine. Il faut doubler un grand nombre de cars et de camions qui s'échelonnent sur la route — les croisements devant se faire au col à midi. Tous les moteurs donnent au maximum. Les sauvages vallées où s'égrènent des villages archaïques répètent l'une après l'autre, étonnées, cet écho désaccordé d'avec leurs clameurs habituelles. La route serpente, colle à la montagne, elle lui est soumise, mais triomphante ! Je regarde en bas les villages et leurs pistes, plus capricieuses, plus libres, plus sèches et plus pauvres. La route suppose la roue, la voiture, or ces pays, même dans les plaines, ne connaissaient pas la voiture. Voici que la route, du jour au lendemain, se plaque sur eux sous sa forme la plus rigide, celle qu'impose la voiture mécanique. Aussi, plus qu'ailleurs, elle coupe le paysage. Paysage et route ne sont pas ici comme chez nous deux compagnons qui ont grandi et se sont développés ensemble ; ce sont deux adversaires, sans doute dignes l'un de l'autre et qui se respectent, se combattant à armes différentes mais égales. De leurs luttes naît un chant aux dissonances nombreuses, plein de nostalgie et de grandeur. Chant de la route humaine et moderne dans le vieux paysage africain ! Sur la route, le chauffeur est maître. Mais le passe-partout, le bon à tout faire, grâce à qui le maître règne, c'est le graisseur. Aide-mécanicien, gardien résigné et patient, parce que musulman, en cas de panne qui oblige le patron à rentrer par une autre voiture, truchement, s'il faut demander aide ou secours aux passants chleuhs, cette sympathique crapule, qui grouille autour des agences de la Jemaa el Fna, prend sur route, et bien mieux sur piste, toute la valeur dont elle s'enorgueillit. Mais cette valeur d'utilité se double parfois d'une valeur de sentiment. Si le graisseur juché au faîte de la charge, ballotté à tous les cahots — ce ...



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Village dans le Ouarzazat


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- Demeure de Si Hammou, caïd de Télouet.

... qui ne l'empêche pas de dormir — donne au chauffeur le réconfort vague, d'une présence amie et complice pendant les interminables étapes dans les bleds déserts, brûlés de soleil ou glacés par les grands vents qui tombent parfois des sommets, il lui arrive aussi de subir avec son patron l'attaque d'un djich ; ils essuient les coups de feu ensemble. Si le chauffeur tombe, le graisseur est perdu.
Des cinq grandes voies qui font communiquer le Maroc ouvert (je me refuse en dépit de son illustre auteur à employer l'expression de Maroc utile) avec les pays du sud, la route de l'Ouarzazat — dite route du Tichka — est, avec la route du Ziz, celle qui a vu passer le plus de convois militaires. Plus que les autres, ces deux routes ont été pour bien des hommes les routes de l'aventure, il leur en est resté à toutes deux un certain charme âpre, inquiétant qui se surajoute à leur décor et l'anime étrangement.
Toutefois, si grand, si imposant que soit le paysage jusqu'au Tichka, il lui reste une douceur à laquelle on est sensible. Au milieu des pentes sauvages du haut Rdat l'auberge de Taddert, avec son Débit de Tabacs, rassure. Sous les noyers qui mettent leurs feuilles tendres, les indigènes passent, vêtus du gros khenif (1) noir à œil rouge. Certains portent des charges de verdure ...
(1) Burnous de grosse laine noire ou brune décoré dans le dos d'un dessin rouge. Est particulier à certaines régions du pays Glaoua.


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... où brillent des coquelicots; un enfant à l'air farouche s'en est planté deux, un derrière chaque oreille. A gauche de la route l'assif bondit, brillant et glacé.
Bientôt on attaque la muraille du col par une suite de prodigieux lacets. A certains moments on a l'impression de s'élever verticalement sur le flanc de la montagne. Un à un les gradins sont franchis. Les moteurs ronflent à tout rompre. Tous les deux tournants on retrouve la même silhouette familière du Bou Ourioul, mais chaque fois les premiers plans se sont enfoncés un peu plus. Un abîme s'ouvre à droite que l'on côtoie, puis on atteint le Tichka. Déjà l'on a le pressentiment d'un changement de décor prochain. Mais ce n'est d'abord, devant soi, qu'un long plateau limitant une vaste cuvette sur le revers méridional de laquelle s'enfonce une autre route, celle qui conduit à Télouet, la kasbah fameuse du Glaoui (El Bâcha, comme disent, avec un respect craintif les indigènes). Une brume bleue envahit les fonds ; des silhouettes inaccoutumées de montagnes s'y découpent vers l'est.
Je laisse dans son cirque Télouet et sa kasbah. C'est en hiver, par un temps de neige et sous un ciel bas que je fis leur connaissance. De ce lieu dont la légende s'est déjà emparée, j'étais imprégné alors d'images brillantes et faciles; ma documentation était celle que l'on sert au touriste. Huit heures d'étape à mule sous une bise glaciale, la correction discrète et silencieuse de l'accueil que l'on m'y fit, une foule d'impressions peu définissables m'induisirent à une plus juste notion de la puissance glaoua. Par la suite, au hasard de mes randonnées dans ces bleds, je me rendis encore mieux compte de la nature de cette puissance, je la dépouillai d'une partie de son faste, de son romantisme supposé, j'en saisis mieux le double aspect de force violente et de fragilité et c'est ainsi que peu à peu je compris l'équilibre du mutuel appui que nous nous prêtons avec les Glaoua dans notre effort de pacification des territoires du sud; l'un faisant ce que l'autre ne saurait faire. Au milieu de sa ceinture de montagnes sauvages, la kasbah du Glaoui, première des grandes kasbahs du sud, symbolise la récente fortune de la famille par un mélange d'architecture berbère traditionnelle et d'éléments importés des villes. C'est néanmoins l'aspect de forteresse qui domine, et les sévères murs crénelés, les bâtiments massifs serrés dans l'enceinte défensive en font bien un repaire de chef de montagne. Elle était toute noire et grise sous la neige lorsque je l'approchai, mais une douce chaleur me réconforta dès que j'y fus, chaleur dépensée par les centaines de gens qui vont et viennent dans le dédale des ruelles, des couloirs et des voûtes. L'odeur de caravansérail ...


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- Kasbah de Télouet.

... (paille, viande grillée, poivre et urine), me saisit à la gorge, puis, dans les pièces de réception, les parfums trop doux qu'affectionnent les musulmans raffinés m'écœurèrent. Du silence ouaté, encore étouffé par la neige extérieure ...


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- L'auberge de Taddert.

... de ces contrastes entre le raffinement et la grossièreté primitive, entre le luxe et l'inconfort, se dégageait une ambiance de conte oriental. Mais je crois plutôt que c'est cette ambiance-là qui, précisément, établit pour la suite de mes impressions ce que devait être exactement l'atmosphère d'un conte oriental.
Je regrette de ne pouvoir aujourd'hui me détourner, ne serait-ce que quelques heures, de ma route pour revoir Télouet avec des yeux nouveaux et d'autres éléments d'appréciation. L'arrêt de Taddert franchi — un petit poste militaire où des Sénégalais campés à plus de 2.000 mètres d'altitude apportent le rire enfantin des souks tropicaux — contrôle le passage et nous descendons la vallée de l'Imini. Les hautes pentes reproduisent assez fidèlement les paysages du flanc nord, des ruisseaux courent sous des arbres verts et drus et animent de leurs murmures quelques villages. Mais bientôt on atteint le fond même de l'oued et on le suit pendant plus de trente kilomètres. Vallée triste, monotone, encadrée ...


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- Au pied des murs de la kasbah de Tahourirt d'Ouarzazat.

... de sommets médiocres que je ne réussis pas aujourd'hui à trouver sauvages. Il m'avait fallu deux jours jadis pour la remonter à cheval, aurais-je encore cette patience ? Le cours d'eau se fait pauvre, les villages de plus en plus rares. J'éprouve de l'impatience à voir le car retardé dans sa marche par les innombrables tournants de la route accrochée à la falaise et lorsque la vallée s'élargit, que la roche grisâtre, sale, s'enfonce sous une carapace rouge et jaune découpée suivant les profils nouveaux qui annoncent les gour (1) du sud on ressent un véritable soulagement.
Le paysage africain pré-saharien est caractérisé dans la représentation visuelle des gens par l'image de la khéla. Plateau désertique, brûlé de soleil, sillonné de cassures profondes où s'éboulent d'énormes morceaux de sa carapace, la khéla est un des paysages les ...

(1) Gour, singulier gara : mamelon isolé, généralement plat et à bords abrupts que l'on trouve fréquemment
dans les régions pré-sahariennes.


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- Kasbah des Ait ben Addou.

... plus inhabituels à nos yeux d'occidentaux habitants d'une terre que l'eau, devenue l'auxiliaire de notre ingénieux labeur, a modelée, adoucie, fertilisée pour nos besoins, parée pour nos plus faciles joies. Chez nous, la montagne elle-même, austère et farouche, reste humaine, au moins par les symboles qu'elle évoque, car sa beauté supporte et enlève nos rêves, notre besoin de vaincre et de nous surpasser. La khéla, elle, n'est pas encore le désert, le grand désert, elle est trop près de la montagne ou du haut-plateau ; des oueds, souvent habités, délimitent son domaine. Mais elle amorce, promet le désert, dont elle a les rigueurs, l'aspect parfois même exagéré par son chaos âpre et dur. Pays « affreux », dont la beauté et l'attrait ne peuvent ...


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AU MAROC INCONNU dans le Haut-Atlas et le Sud Marocain - Page 3 Ami_1213

... être qu'abstraits. Sur ses roches, ses surfaces nues, la lumière se disperse en spectres d'une pureté immatérielle. Le silence et cette aridité de la nature figée au bord de quelque cataclysme géologique, exaltent l'esprit, excitent l'imagination et la sensibilité chez ceux qui franchissent avec succès l'épreuve redoutable de la solitude. Il y a loin de cette emprise si puissante, dont les amoureux du désert subissent les effets extrêmes, à la curiosité béate du passant satisfait d'avoir vu ces terres inhumaines. Il faut aimer y vivre seul des jours, des semaines, des mois dans un décor simplifié, de pures couleurs étalées suivant des lignes, des plans infinis qui lentement tournent et se transforment avec les heures.
La khéla, épaulée au puissant Atlas incline suivant une pente douce ses centaines de kilomètres carrés de plateau dénudé, sillonné de caftons où disparaissent quelques maigres villages, vers le sillon de l'Ouarzazat et du Dadès. L'étendue fauve qui rougeoie, s'ourle d'ombres sous les rayons obliques du soleil. Le fil blanc de la route devient ici émouvant par sa ténuité et le vide qui le laisse comme suspendu dans l'espace. On passe d'un ravin pierreux à un autre, et chaque fois que l'on est sur la surface du plateau le même paysage, à peine changé dans ses premiers plans de gour rougeâtres, se dessine à l'horizon : au delà de la khéla, le profil noir, violet, bleu, de l'anti-Atlas, du Tiffernine et du Saghro, avec au pied, quelques traits d'or rouge, quelques touffes vertes : les villages fortifiés, les palmiers de la basse vallée.
A gauche, l'Atlas et ses neiges paraissent déjà lointains. Mais il semble que cette ligne sombre et si nette qui borde la khéla au sud, on va l'atteindre bientôt. Le vent soulève de traînantes poussières; dans son souffle on sent l'ampleur, le rythme propre aux grands espaces libres. Avec la fatigue, devant cet immense champ vide, une torpeur vous envahit.
Arrêt. A travers la vitre une horrible bâtisse blanche vous surprend désagréablement. Guinguette ou garage ? C'est un garage sur la khéla, toujours inchangée, plate et nue. Il faut descendre, contourner la baraque et, derrière l'oued, dont les berges en éboulis coupent le plateau rouge, se dresse, pareille à un château de sable modelé sur sa colline, la kasbah des Aït ben Addou. Les dimensions apparentes de ce village-forteresse sont faussées par l'ampleur de la perspective, par cette couleur rouge uniforme qui confond la kasbah avec le sol dont elle est issue. L'échelonnement confus des mille maisons, toutes construites sur le même modèle ou à peu près, jouant de leurs ombres rectilignes les unes sur les autres, divise ...




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- Aspect de la Khéla.

... l'attention attachée à l'ensemble ramassé dans l'enceinte. Ce sont les nécessités de la défense qui ont imposé à certaines grosses agglomérations où commandait un chef influent de se concentrer sous cette forme si caractéristique des grandes kasbahs, mais l'effet esthétique d'ensemble est dû à la situation et au hasard. L'élément architectural spécifiquement berbère se trouve dans sa pureté, sa raideur, dans les tighremts qui parsèment les longues vallées inférieures. C'est leur caractère à la fois urbain et primitif, médiéval, leur décor, si rustique mais si sûr, qui donne aux kasbahs ce cachet qui force la surprise et l'admiration. De toutes, celle des Aït Ben Addou est la plus remarquable. La colline qui la supporte l'étale et la compose aux regards. C'est une cascade de tours carrées et tronquées, de terrasses horizontales où quelques traits blancs à la chaux, quelques dessins rigides moulés dans le pisé, mettent un élément sobre mais très plaisant de décoration. Tout le pittoresque est dans ...


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... le relief découpé par les ombres et les lumières nettes et comme enchâssées les unes dans les autres, aussi dans cette harmonie de couleurs qui fait que, construite de matériaux du sol, dressée sur le tertre rouge et rouge comme lui, elle semble encore faire partie de celui-ci. Une ceinture d'arbres pâles l'entoure. Quelques champs absorbent, grâce aux séguias, l'eau limoneuse de l'oued et font vivre des centaines et des centaines d'êtres humains qui, tout le jour, s'en vont vaguer avec leurs troupeaux et rêver sur la grande khéla nue; qui, le soir, se rassemblent aux pieds des hauts murs, puis s'enferment dans quelque taudis perché en un coin de ce dédale extraordinaire que représente une grande kasbah.
Je n'ai pas le temps d'aller visiter celle-ci. Une simple curiosité de passant m'y pousserait d'ailleurs et si j'accueille toujours avec intérêt les occasions que m'offre ce Maroc que je connais assez bien, je n'use de ces occasions que quand je puis le faire en toute liberté et, s'il m'en prend l'envie, à satiété.
D'Ouarzazat on ne voit d'abord que le poste, sa kasbah, plus célèbre bien que moins belle que celle des Ait Ben Addou, se cachant derrière un repli du sol à quelque deux kilomètres à l'est. Certes ce poste n'est pas beau au sens où l'entendent les amateurs de paysages bien arrangés et conformes. On eût pu sans doute prendre un plus grand soin de l'esthétique du blockhaus qui couronne la butte principale, celle où sont les casernements, les bureaux, les principaux logements d'officiers; eût-on, dans un pareil bled aussi nu, évité la construction, au pied de cette butte, de tous les hangars, dépôts, magasins, et cantines que l'importance croissante du commandement territorial, la sécurité de mieux en mieux assurée, rendaient nécessaires ? Tel quel, et si laid qu'il soit aux dires de certains, le poste d'Ouarzazat me plut dès que je le vis. Ouarzazat, c'était le terminus d'une longue, longue route (où toutes les formes du plus violent pittoresque se trouvent, d'ailleurs) jetée entre les villes grouillantes du nord, résolument modernes et européennes à côté de leurs quartiers indigènes, et le pays de « l'avant »; c'était aussi le point de départ des pistes nouvelles poussées chaque jour un peu plus loin vers l'est, l'ouest, le sud, à travers les rochers, les montagnes brûlées, les plaines de sable de ces bleds qui paraissent entièrement déserts, mais où la Compagnie de la Légion qui fait la route doit se couvrir d'un bataillon, se faire « éclairer » par cent assés de guet sur les pitons voisins. Tout le charme d'Ouarzazat est là, charme transitoire, mais quel charme n'est pas transitoire ? C'est un Anglais, je crois, qui a dit que le spectacle de la tôle ondulée sous les palmiers était émouvant. La vue d'une section d'autos-mitrailleuses ...


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... retour de sécurité grimpant la route du poste en soulevant un nuage épais de poussière blanche dans lequel disparaît la baraque du soukier Zographopoulos n'est pas moins émouvante, parce que tout autour il y a la khéla nue, parce qu'au loin se profile le Saghro interdit, si doucement bleu que la couleur en est presque voluptueuse sur un ciel de velours sombre aux reflets métalliques. Le hangar, la guinguette borgne, le réseau de barbelés, la silhouette du factionnaire, képi cassé et molletières à mi-jambes, le ronflement puissant d'un moteur de camion, les chants rythmés et un peu lointains des caabahs (1) dans les « maisons » indigènes, cela s'accorde en force, en promesse d'aventure, avec le plus exotique des paysages. Le car qui arrive de Marrakech tous phares allumés, trouant l'ombre incertaine et qui s'arrête devant l'agence de la C. T. M. pour décharger son contenu d'officiers, de sous-officiers et d'indigènes, est moins insolite ici que sur la Jemaa el Fna.
Cette ambiance militaire active, à la fois virile et insouciante, qui plaît à tant d'hommes d'ailleurs, reçoit ici du cadre magnifique, désolé, qui, de toutes parts, depuis le plus lointain horizon l'entoure, une force de suggestion, une poésie nouvelle. C'est pourquoi l'opposition entre l'harmonie parfaite de ce paysage très vieux, inchangé depuis des siècles, où l'indigène s'est plié aux rythmes puissants de la nature plus qu'il ne s'est imposé à eux, et le poste symbole de notre ambition, me semble plus fortement émouvant que ne le serait un artificiel accord. Mais ce légionnaire nu, dont la peau s'est bronzée, cuite et recuite au soleil, pendant les longs mois passés aux travaux de piste, qui se baigne aujourd'hui dans une vasque abandonnée par l'oued, à l'ombre d'un palmier, porte dans la lenteur brutale de ses gestes, sur la courbe lasse de ses épaules, dans ses yeux gris qui regardent trop loin, la valeur humaine de ces lieux.
Au pied du blockhaus, vers l'ouest, sont les hangars, les parcs à autos blindées. Les voitures y sont alignées, les unes propres, luisantes d'une légère couche de graisse sur leur peinture verte, les autres, celles qui remontent de l'avant, disparaissent sous la poussière blanche. Des chauffeurs aux treillis maculés s'affairent. Entre les carrosseries aux formes agressives, sous les charpentes géométriques, luit la mince ligne lumineuse de l'oued, s'infléchit une palme trop lourde, resplendit, tout brûlant d'or, le massif chaotique du Tiffernine. Au carrefour des pistes dont l'une s'allongera vers l'extrême est, en direction du Tafilelt dont l'autre ...

(1) Prostituées indigènes.


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