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Mémoire de la présence Française au Maroc à l'époque du Protectorat
 
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 LE MAROC (J. - L. Miège)

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Pierre AUBREE
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MessageSujet: Re: LE MAROC (J. - L. Miège)   LE MAROC (J. - L. Miège) - Page 5 EmptyVen 23 Déc - 18:50

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LE MAROC (J. - L. Miège) - Page 5 Maroc123


A pied, perchés sur des ânes, pendant des kilomètres, on rencontre des Marocains se rendant au souk. Pour le fellah le jour du souk est quasi sacré. Très renommé ici, ailleurs il ne groupe que quelques centaines d’individus. Mais, autant que marché, il est toujours lieu de réunion des habitants des différents douars et véritable foyer de vie collective.
Dans la foule, se coudoient tous les types de la société marocaine : paysans vendant leurs poulets, des grains ou des herbes; chauffeurs qui transmettent les nouvelles et savent ce qui se passe de Fès à Marrakech. Un saint en haillons, barbe et cheveux incultes : à le voir on ne peut douter qu’un jour s’élèvera sur sa tombe la koubba d’un nouveau marabout. Comme dans les souks des villes, ces souks forains voient les marchands se grouper par profession, sans s’inquiéter de la concurrence. Souvent le souk a ses bateleurs, ses acrobates ou ses conteurs. Mais le vieux souk aussi se transforme. Parfois un embryon de village se dessine. L’ancienne hiérarchie disparaît : les souks se développent quand ils sont bien desservis. De plus en plus, c’est dans des cars surchargés, héroïques de vétusté qu’arrivent les acheteurs. Les cars des souks : quelle description ne mériteraient-ils pas et quel nouveau Daumier!

Dès avant Agadir le paysage change. Les lignes se durcissent, les contacts des roches sont nets et les couleurs plus franches. Des citernes recueillent l’eau rare. Franchis les derniers contreforts de l’Atlas, apparaît Agadir, et c’est un monde qui finit.
Santa-Cruz du Cap de Gué fut la plus méridionale, la dernière des possessions portugaises. Mais la citadelle qui domine la ville est marocaine. Nulle part mieux que là, on sent combien fut grandiose sur cette côte la lutte de l’Islam et de la Chrétienté. Cette énorme casbah, perchée à plus de deux cents mètres, avec quelle peine fut-elle édifiée, à seule fin de venir à bout, en 1540, de la place portugaise. Aujourd’hui, ses murailles n’enserrent plus qu’un bourg déserté et en partie en ruine. La vue immense s’étend sur la baie d’un bleu profond et dont le port ne vient pas encore gâter les lignes magnifiques.
Mais déjà la ville moderne se développe. Usines de poisson, industries y appellent Européens et Marocains. Au petit village de Fonti qui, au pied de la citadelle n’était, il y a cinquante ans, qu’une « misérable agglomération de quelques masures de pêcheurs » a succédé une ville de près de 25.000 habitants : ville européenne à l’est ; medina sur la colline voisine. Le port grandit, étend sa digue et son quai, multiplie ses hangars. Dernier né des ports marocains ...



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MessageSujet: Re: LE MAROC (J. - L. Miège)   LE MAROC (J. - L. Miège) - Page 5 EmptySam 31 Déc - 7:39

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AGADIR. PORTE D’ENTRÉE DE LA CASBAH.


... dernière grande ville européenne, de ces villes qui, en quelques années, transforment le visage séculaire des anciennes cités et où s’affrontent, se mélangent les deux civilisations.
Au-delà s’ouvrent les espaces vides et mystérieux des marges sahariennes.


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MessageSujet: Re: LE MAROC (J. - L. Miège)   LE MAROC (J. - L. Miège) - Page 5 EmptySam 31 Déc - 7:41

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OUEZZAN ET LE RIF.

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MessageSujet: Re: LE MAROC (J. - L. Miège)   LE MAROC (J. - L. Miège) - Page 5 EmptySam 31 Déc - 7:44

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OUEZZAN. MARABOUT.

FÈS. GRILLE DU PALAIS JAMAI.


OUEZZAN ET FÈS, VILLES SAINTES

Au milieu d’un paysage méditerranéen, Ouez- zan s’accroche dans un cirque de hauteurs. Devant la ville s’étend l’immense amphithéâtre de collines. Le fond de la cuvette doucement se vallonné, s’élevant en de molles ondulations derrière lesquelles apparaît la barrière dressée du Rif. Le vert clair ...


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MessageSujet: Re: LE MAROC (J. - L. Miège)   LE MAROC (J. - L. Miège) - Page 5 EmptySam 31 Déc - 7:49

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A OUEZZAN

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MessageSujet: Re: LE MAROC (J. - L. Miège)   LE MAROC (J. - L. Miège) - Page 5 EmptySam 31 Déc - 7:59

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... proche se fonce dans les creux, se dore aux versants éclairés, gagne en intensité dans le maquis voisin que trouent les taches des labours sur les basses pentes, glisse au vert bleuté au loin pour se perdre dans le gris bleu du ciel. Des terrasses dominant le souk, la vue englobe le paysage largement ouvert avec, à droite la ville aux terrasses blanches, à gauche la ville aux toits de chaume, et dans la verdure les marabouts. Celui de Sidi Ali ben Ahmed avec sa koubba sans ornement, d’une grande simplicité au bord de la colline, le long de laquelle les maisons de pisé dégringolent au milieu des figuiers; et celui de Mohammed Moulay Thami entouré de tombes émergeant à peine de l’herbe, sous les oliviers.
Ouezzan, ville sainte, vit de la religion qui partout y a laissé sa marque. Une grande partie de la population arrive, par le truchement d’arbres généalogiques compliqués, à raccrocher son origine à quelque descendant du Prophète. Dans une ruelle, deux marmots se tamponnent à grands coups de poing dans l’ombre d’un porche; mais mon ami ouazzani me dit sur un ton de respect : « Ce sont des chorfas (1) ».
Les chorfas constituent l’aristocratie et la véritable noblesse du pays. L’Islam officiel se chargea au Maroc d’une tonalité particulière. La ferveur religieuse du Marocain fit que le soufisme, le mysticisme, trouva ici sa terre d’élection. Il apportait à cette religion simple et abstraite la part de sentiment et d’amour que réclamait cette terre où demeuraient tant de survivances magiques dont l’origine plongeait dans le plus lointain passé des tribus.
Pratiques magiques et culte des saints ne sont pas paganisme, ne forment pas une autre religion, mais sont indissolublement intégrés à l’Islam. Cette adaptation de la religion musulmane au caractère et aux traditions marocains donna naissance aux confréries qui s’étendirent sur tout le pays.
Chaque confrérie possède ainsi sa zaouïa mère, berceau de l’ordre et tombeau de son fondateur, et ses filiales, sa voie (tariqa) à la fois but religieux proposé à ses disciples et discipline permettant de l’atteindre, et qui consiste surtout en des récitations et des invocations des milliers de fois répétées.
Mais les membres de ces confréries ne sont point des clercs au sens où nous l’entendons. Le plus souvent, à la classe dirigeante, se joint une masse d’adeptes, d’une foi naïve, attirée par le caractère secret de l’initiation, les pratiques extérieures, la confiance absolue dans le cheikh qui a la baraka (2) (dont il peut faire bénéficier le fidèle) et par la croyance aux pouvoirs des saints, intercesseurs auprès d’Allah. Les confréries, quoique en décadence, comptent plusieurs dizaines de milliers de disciples ...

(1) Descendants du Prophète.
(2) Pouvoir surnaturel conférant à celui qui en dispose une sorte d’intimité avec Dieu.


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MessageSujet: Re: LE MAROC (J. - L. Miège)   LE MAROC (J. - L. Miège) - Page 5 EmptySam 31 Déc - 8:00

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FES. VUE GENERALE

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MessageSujet: Re: LE MAROC (J. - L. Miège)   LE MAROC (J. - L. Miège) - Page 5 EmptySam 31 Déc - 8:03

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FÈS. BAB CHORFA


... et couvrent l’ensemble du pays du réseau serré de leurs affiliés.
Leur rôle politique fut parfois important. La diplomatie du sultan s’efforçait d’obtenir leur appui, de les opposer et les neutraliser l’une l’autre. Chacune recrute dans des milieux différents : la confrérie Tidjanya se compose surtout de lettrés ou de riches commerçants.
La confrérie des Derkaoua recrute surtout dans les classes moyennes ou parmi les mendiants professionnels, de même que celle des Qadria, ...



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MessageSujet: Re: LE MAROC (J. - L. Miège)   LE MAROC (J. - L. Miège) - Page 5 EmptySam 31 Déc - 8:09

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... dont le patron est invoqué par les mendiants : « O Moulay Abdelqader, sultan des saints... qui me donnera la moitié d’un pain pour Dieu, par la grâce de Moulay Abdelqader el Djilani. »
Celle d’Ouezzan est, à plusieurs titres, la plus célèbre. Elle doit sa fortune à la politique des sultans qui, pour éviter des expéditions difficiles dans les régions montagneuses où régnaient deux puissantes zaouïas, s’appuya sur celle récente et moins dangereuse, semblait-il, d’Ouezzan. En outre, à proximité des plaines du Gharb, assez facile à atteindre tout en se trouvant à la limite du bled es siba, elle s’enfonçait comme un coin dans les tribus turbulentes. Tous les voyageurs du siècle dernier racontent que le sultan du Maroc devait, pour régner, être investi par le chef de la zaouïa des Taïbia. En réalité, le sultan, après son investiture par les oulémas (1), lorsqu’il se rendait de Fès à Rabat, puis à Marrakech, passait, rejoignant la côte près de l’actuel Petitjean. C’est là que le chérif d’Ouezzan venait lui apporter l’hommage des tribus de la montagne. Lorsque le sultan reprenait sa route, il l’aidait à se mettre en selle, lui tenant l’étrier. Dans ce geste, le souverain affectait de voir un signe de vassalité, le chérif, le symbole de son appui nécessaire pour s’asseoir sur le trône.
Le plus célèbre d’entre eux fut Moulay Abdeslam, mort en 1892. Figure étrange et haute en couleur que celle de ce saint, protégé français depuis 1883, mari d’une Anglaise (Miss Keane) et dont les tendances européennes étaient un sujet de scandale pour les oulémas.
La zaouïa élève au-dessus des maisons son minaret octogonal décoré de carreaux verts, de dessins géométriques et d’entrelacs. A côté un lanternon, une coupole dont la blancheur fait ressortir le vert des faïences et le beige du grès. Toute la ville d’Ouezzan possède un caractère original et mystérieux, provenant de son site à flanc de coteau, et de l’aspect primitif et campagnard que prennent certains de ses quartiers; une vigne au détour d’une ruelle, sous une voûte un bourricot pointant ses oreilles sur les sommets du Rif; gris sur gris. A chaque instant, mille détails enchantent : une échappée à travers un arc de porte ou une fenêtre; une mule dans un fondouk sombre où glisse un rayon de soleil; le battement d’un voile blanc dans l’embrasure d’une porte. Dans la montée en raidillon vers la ville, se mélangent les maisons blanches arabes et les maisons juives peintes en bleu. Une ruelle étroite pavée de galets ronds conduit au quartier des menuisiers, d’où dévale un immense escalier comme suspendu au-dessus de la campagne. Une treille, au premier plan, coupe d’ombre le grand soleil où volent les copeaux dorés. L’arc d’une porte allégée du vide au-dessus duquel il se dresse, se découpe sur le ciel.
Le quartier le plus original est celui des forgerons. Les ateliers ...

(1) Corps de savants.


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MessageSujet: Re: LE MAROC (J. - L. Miège)   LE MAROC (J. - L. Miège) - Page 5 EmptySam 31 Déc - 8:12

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DAR BEIDA (RESIDENCE) . LE SALON

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MessageSujet: Re: LE MAROC (J. - L. Miège)   LE MAROC (J. - L. Miège) - Page 5 EmptySam 31 Déc - 8:14

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VIEILLE HORLOGE, PRES DE LA MEDERSA BOU ANANIA.


... s’alignent dans des maisons en pisé, à toit de chaume, au fond desquelles s’ouvrent de petites fenêtres entourées de capucines. Le feu de la forge et les étincelles brillent dans la pénombre où se meuvent les ouvriers dont la marche est soulignée d’une fulgurance de fer blanchi.
La vue de Fès au creux de son vallon est un de ces paysages trop décrits en face desquels l’admiration ne peut plus se donner le champ ...


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MessageSujet: Re: LE MAROC (J. - L. Miège)   LE MAROC (J. - L. Miège) - Page 5 EmptySam 31 Déc - 8:16

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MEDERSA BOU ANANIA

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UNE DES ENTRÉES DE LA MOSQUEE QARAOUINE.

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MessageSujet: Re: LE MAROC (J. - L. Miège)   LE MAROC (J. - L. Miège) - Page 5 EmptySam 31 Déc - 8:32

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MOSQUEE DE MOULAY IDRISS. LE TRONC DES OFFRANDES.


... nécessaire. On retrouve les couleurs et les lignes et jusqu’à cette impression de mystère si étrange sous le soleil. Ce n’est que peu à peu, aux visites successives, que le tableau s’enrichit. L’image stéréotypée s’efface.
Alors commence le tourment de l’écrivain. Car ces mots qui s’imposaient à lui et dont il s’efforçait de se débarrasser, ce sont eux qu’il lui faudrait employer ; mais doués d’un autre pouvoir d’évocation, enrichis d’harmoniques et de tout ce poids de sentiment, nés de la connaissance, au jour le jour, de Fès. A tout le moins comprend- il l’admiration des Européens, la vénération des Musulmans devant la Ville. La volonté de Lyautey de séparer les anciennes cités des agglomérations nouvelles et le souci de ne pas altérer leur physionomie traditionnelle, aboutit à ce miracle, un peu inquiétant, de deux grandes villes côte à côte qui semblent s’ignorer. Vue des collines qui la surplombent, Fès indigène apparaît, seule, toute blanche, allongée dans la vallée sur un horizon de montagnes. Enfermée toujours dans son enceinte, cette ville énorme de plus de 200.000 habitants n’a pas une construction européenne.
Toute chargée d’une histoire longue et troublée, elle résume en elle presque tout le passé du Maroc.


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MessageSujet: Re: LE MAROC (J. - L. Miège)   LE MAROC (J. - L. Miège) - Page 5 EmptySam 31 Déc - 8:39

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Ce n’était qu’une petite cité berbère lorsque Idriss II décida d’en faire sa ville-capitale.
A la recherche d’un emplacement où fixer son gouvernement, il s’arrêta, dit l’auteur du Jardin des feuillets, le Fassi Ibn Abzizar (1326), « aux sources de la rivière Fès qui jaillissaient au nombre de soixante et plus sur un beau terrain couvert de romarins, de cyprès et d’autres arbres ». La légende raconte qu’Idriss II, prenant lui-même un fas (pioche) d’or et d’argent, se mit au travail. Son ardeur provoqua une vive émulation parmi les ouvriers qui répétant le mot fas pour se stimuler, le laissèrent ainsi en nom à la ville. Mais les destinées remarquables de la cité et l’imagination fertile des conteurs arabes ont fait naître bien d’autres légendes. Une pioche d’or de grande taille aurait été trouvée en creusant les fondations; un groupe de Persans, Farès, et par déformation fez, aurait été englouti dans la construction...
Une importante colonie d’Andalous, puis d’Arabes venus de Kairouan, s’installèrent dans la ville peu après sa fondation et lui donnèrent dès l’abord son caractère de lien avec l’Orient, de diffuseur des influences orientales parmi les tribus berbères. Les XIIIe et XIVe siècles furent la grande époque de Fès. Un musulman, inspecteur de la ville, y dénombre alors « 785 mosquées, 93 hammams (1), 472 moulins, près de 90.000 maisons, plus de 9.000 boutiques et de 3.000 fabriques, 467 fondouks ou grands entrepôts commerciaux ». Les principaux monuments s’élèvent : medersa de Fes Djedid, 1320; Sahridj, 1321; Attarine, 1323; Bou Anania, 1351, palais et mosquées.
Mais vient la décadence. Les sultans lui préfèrent Marrakech ou Meknès et les affaires périclitent. Tous les voyageurs signalent le nombre de ses maisons en ruine, le marasme de l’activité économique. Cependant elle demeure la ville sainte. Capitale d’Islam, mais d’Islam occidental, toute baignée de la civilisation andalouse qui s’imposera dans ses institutions et dans les mœurs de sa population.
La bourgeoisie fassie est conservatrice et frondeuse, attachée au culte de ses traditions et ouverte au progrès, d’une piété ardente, et fort avisée en affaires. Traits divers mais que relient les qualités maîtresses : finesse et ironie. Les sultans durent toujours compter avec l’esprit public de Fès, capitale turbulente. Ville savante et sainte; les deux sont liés en terre d’Islam. Si Hamou, poète du Sous, écrivait au XVIe siècle : « La science est à Fès ; l’eau dans le Tassaouat, la poésie dans le Sous. » Mais les Fassis réclament aussi ces dernières. Aujourd’hui encore, à l’occasion de la fête du Trône, poètes et écrivains envoient au sultan des garidas, des louanges.
La Qaraouine, une des plus vieilles et des plus célèbres universités du monde, jouit toujours dans le monde musulman d’un grand renom.

(1) Bains maures.


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Et chaque année, la ville est pour quelques jours aux mains des tolbas, des étudiants. Plusieurs légendes rapportent les origines de leur fête qui remonte au XVIIIe siècle. Vers 1684, Moulay er Rechid se trouvait arrêté sur la route de Fès par la place de Taza, toute gagnée, de par l’influence d’un riche Israélite, Ben Mechaal, à ses adversaires. Le sultan feignit de reconnaître l’autorité de Ben Mechaal et lui envoya quarante caisses de cadeaux. Dans chacune était cachée un étudiant de la région d’Oujda. Pendant la nuit, le chef de Taza fut égorgé par ces tolbas qui prirent la ville au nom de Moulay er Rechid. Pour les remercier et perpétuer le souvenir de l’aide apportée à sa dynastie naissante, celui-ci décida que, chaque année, au mois d’avril, les tolbas auraient leur sultan. Le titre mis aux enchères, le plus haut surenchérisseur l’obtient. Souveraineté éphémère, mais à laquelle sont attachés certains privilèges. Le sultan des tolbas organise sa cour et son maghzen à l’image du vrai gouvernement. Dans les jardins, au bord de l’oued, se déroulent parodies, moqueries où la finesse et l’humour fassis se donnent libre cours. Les étudiants festoient, des cortèges parcourent les rues de la medina où chaque corporation offre ses dons. Mélange de plantureux festins, de fine satire et de grosse farce. Mais la piété ne perd pas ses droits et le vendredi a lieu le pèlerinage à Bab F’touh, où se fait la prière sur les tombes de Moulay er Rechid et de Sidi Harazem, savant élu de Dieu. Rien n’évoque mieux nos fêtes du moyen âge et rien ne marque mieux le crédit dont jouissent le savoir et les étudiants. Le Fassi ferait sien volontiers le dicton tunisien : « Un savant en se retournant dans son lit gagne plus de minutes qu’un ignorant par quarante ans de jeûne. »
Aussi les medersas sont les plus nombreux, les plus anciens et les plus remarquables monuments de la ville. Les tolbas, accourus souvent de fort loin, y sont hébergés.
La plus belle est, sans doute, la medersa Bou Anania. Elle fut élevée par le Mérinide Abou Inane, figure caractéristique du Maroc moyenâgeux, où se mêlent la cruauté et le goût des lettres et des arts, la ruse et la piété. Pendant que son père Aboul Hassan guerroyait en Ifriqya, il s’empara de ses trésors et du pouvoir. Le souverain, de retour, dut finir sa vie dans un village du grand Atlas. La légende raconte que pour effacer son forfait par une œuvre pieuse Abou Inane fit construire la medersa. Si grand avait été son crime, qu’il voulut faire la plus belle œuvre jamais encore réalisée. L’expiation ne dut pas être suffisante, puisqu’il mourut comme il avait triomphé : par la trahison. Au retour d’une vaine expédition en Tunisie, il tomba malade. Ne mourant pas assez vite, il fut étouffé par un de ses vizirs. Mais que ce soit remords ou orgueil, sincère piété ou calcul politique, il laissa de son règne bref et violent, ce rare chef-d’œuvre. On y retrouve le plan traditionnel, mais d’une ampleur particulière et d’une richesse décorative inégalée. Les stucages sont merveilleux et revêtent de leur dentelle murs et arcades.


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MessageSujet: Re: LE MAROC (J. - L. Miège)   LE MAROC (J. - L. Miège) - Page 5 EmptySam 31 Déc - 8:47

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JARDIN DE BOU JELOUD. ROUE ELEVATOIRE.

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PALAIS DU BATA.


Sur les chapiteaux, au haut des murs, la blancheur du plâtre éclate au contact des poutres et des frises de cèdre sculpté. Les tuiles vertes de l’auvent complètent l’harmonie des teintes. Le décor épigraphique prend une grande importance : dans le plâtre ou le bois, dans la mosaïque, les phrases du Coran enserrent le tolba. L’ensemble a été remarquablement restauré par les soins de l’administration. En face de la medersa, une ...


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... vieille horloge aligne sur des consoles de cèdre ses timbres de bronze.
Les autres medersas, moins somptueuses, ont pourtant chacune leur beauté. La Sahridj est une des plus réussies de l’époque mérinide. Les bois sculptés surtout sont remarquables : corbeaux et poutres offrent des lettres stylisées, des dessins géométriques et floraux dont la finesse évite la mièvrerie.
La salle de prière de la Seffarine possède une splendide charpente aux motifs étoilés; la Mesbahia, une cour dallée de marbre, un bassin creusé dans un seul bloc. La Cherratine, du XVIIe siècle, conserve encore, dans mille détails, les beautés de la grande époque.
La medersa Attarine peut rivaliser avec celle de Bou Anania. Elevée en deux ans par Abou Saïd (de 1323 à 1325), elle nous est parvenue à peu près intacte, le temps y ayant apporté seulement une patine, un « fondu » qui rend plus délicates encore formes et couleurs. Une porte à doubles vantaux, recouverte de bronze, fait pénétrer dans la cour décorée de zelliges ainsi que tous les soubassements. Le triomphe de l’Attarine sont les plâtres travaillés : murs, chapiteaux, mihrab sont d’une somptuosité et d’une délicatesse inégalées.
Le bruit de l’eau dans les bassins, une vigne sur les murailles donnent souvent à ces retraites un caractère plus voluptueux que religieux, fait vibrer le paganisme secret intimement mêlé à la vie de l’Islam. Il éclate dans les jardins, si beaux, de Fès.
Le Fassi a le culte de l’eau qui fait la gloire et l’agrément de la ville. Eau travailleuse actionnant les moulins, servant aux tanneurs. Mais surtout, eau qui fait vivre les jardins. Du pèlerin du moyen âge au voyageur moderne, tous les visiteurs l’ont célébrée. Ainsi au XVIIIe siècle El Maqqari, auteur de la Brise parfumée, s’extasie :
Cette ville entourée de jardins
Est comme la figure d'un bel adolescent encadré d'un duvet fleuri.
Son oued est comme l'avant-bras fléchi d'une belle,
Et les ponts bien œuvrés en sont les bracelets.
Jardin de Bou Jeloud avec sa grande roue élévatoire qui chante, dit-on, la plainte de deux amants tués sur les poutres qui devaient servir à la construire. Sur les plans d’eau se jouent les saules pleureurs. Légers feuillages argentés des oliviers, masse sombre de cyprès se mêlent au-dessus des fleurs. Des vignes grimpantes épaississent l’ombre. D’autres jardins, ceux de Lalla Mina, de l’Aguedal, entourent le palais du sultan.
Comme toujours dans les villes musulmanes, il se trouve sur les marges de la cité. Au centre, le maître aurait eu l’impression d’être assiégé. Souvent, il n’échappait aux intrigues qu’en rejoignant une autre capitale. Le sens des affaires, qui pâtissaient de l’exode de la cour impériale, ramenait les Fassis à l’ordre... à moins que quelques prétendants ...


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... n’aient surgi. Dans ses jardins, le sultan trouvait fraîcheur, calme, oubli de sa lourde tâche, des intrigues, des liens compliqués de la subtile diplomatie par laquelle il devait tenir les tribus, les chérifs, ménager les puissances. Plusieurs pavillons lui permettaient d’y goûter repos et confort. Et parfois même, il y donnait audience, dans le pépiement des oiseaux et le ruissellement de la rivière ou des vasques.
Maisons et palais font toujours appel à l’eau; c’est le premier confort, la première beauté. Toutes les dépenses et l’ingéniosité vont à améliorer la demeure, ce monde à soi où la femme vit enfermée, ignorant la ville avec laquelle les relations sont assurées par quelques domestiques.
Fès est la cité aux mille palais : palais de la Résidence, de Batha, devenu musée des Arts indigènes; palais Adyel et combien d’autres demeures privées où rivalisent les décors de stucs, les portes sculptées et peintes, les plafonds de cèdre travaillé; où les mille détails de la vie courante ont servi de prétexte à l’art. D’une ordonnance générale semblable, chacun se distingue par quelque élément où se révèle la personnalité du maître. Mais celui dont on peut le mieux jouir, c’est le palais Jamaï où l’installation d’un hôtel moderne n’a en rien altéré le charme ancien. Les pièces vastes comme des appartements, les cours dallées et les jardins enclos s’y succèdent; on y retrouve aussi ces mosaïques aux teintes passées et relayées par les tapis et les nattes. La lumière, à travers les petits carreaux multicolores des fenêtres, compose de dansantes mosaïques.
De terrasse en terrasse, le jardin glisse; un cyprès, un palmier fonçant le bleu du ciel entre ses palmes, dominent les massifs de géraniums et d’arums qu’ombragent micocouliers et saules aux feuilles mélangées. Le vert foncé d’un rameau joue avec son ombre sur le rose des murs
Sur les places publiques, les artistes ont entouré les fontaines d’un riche décor, -— autel dressé à l’eau. La plus gracieuse est la Nedjarine. Au centre de la ville, son auvent de tuiles protège le bassin surmonté d’un arc. Corbeaux et poutres de cèdre, mosaïques et zelliges, chapiteaux et arcatures de stucs l’adornent : les mêmes thèmes toujours mais auxquels le soleil, l’eau, l’ombre d’une lanterne ciselée donnent un charme nouveau.
Il en est toujours ainsi. Au moment où l’on se lasse de ce décor, où la monotonie des plâtres travaillés et des zelliges fatigue, un nouvel éclairage, quelque scène de la vie quotidienne, le jeu d’un enfant ou le passage d’une femme drapée suscitent quelque nouvelle harmonie. Plus qu’à son ornementation, chaque fontaine doit son caractère particulier aux scènes habituelles qui s’y déroulent, au lieu où elle s’élève. Car toujours le bruit des vasques accompagne les heures de la vie fassie.


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Eau purificatrice des mosquées dont les minarets, au-dessus des maisons blanches, se profilent sur les pentes du Zalagh comme l’ombre de la ville sainte sur la campagne, refuge des superstitions.
Les minarets quadrangulaires sont tantôt blancs, massifs et sobres, comme celui de la Qaraouine; tantôt fins, décorés de faïences, comme celui de la mosquée Echrabline, ou surmontés d’un grand lanternon comme celui de la mosquée de Moulay Abdallah. Du sanctuaire lui- même, on n’aperçoit que les portes monumentales et décorées, souvent précédées d’un large auvent de bois de cèdre et de tuiles vertes. Les dispositions d’ensemble ne diffèrent point : le mihrab, la nef principale ; la cour très vaste, les latrines et salles d’ablution où les fidèles avant de pénétrer dans le lieu saint, se purifient.
La « mosquée cathédrale », la Qaraouine, est le centre de la ville. Au-dessus de la diversité des origines des citadins, des différentes mosquées de quartier, la grande mosquée affirme l’Unité de la Foi, l’unanimité des habitants, la présence d’une âme collective. Comme le faisaient le forum ou l’agora, les églises moyenâgeuses. Seule, elle possède le minbar, la chaire. A la prière du vendredi, s’y nourrit la conscience citadine. La mosquée Qaraouine, centre de la vie intellectuelle, cœur de la ville, fut une création continue. Fondée au Xe siècle, remaniée au XIIe, à plusieurs reprises retouchée, c’est un immense édifice dont on peut apercevoir, de la rue, les nefs et la salle de prière.
L’idée d’infini n’y est point donnée par la perfection et l’harmonie des lignes qui exaltent, transportent l’homme au centre des forces de beauté. Les nefs se répètent, comme des jeux de glaces, où l’image d’une simple porte, cent fois renvoyée, fait naître un palais sans fin. L’homme s’y sent écrasé, perdu. La nudité du sol, les nattes et leurs mille brins juxtaposés renforcent cette impression de désert.
Les zaouïas sont nombreuses : celle des Fasiyn, autour du tombeau de Sidi Abdelqader; celle des Kittanya, et surtout celle de Moulay Idriss. Elle est zone sacrée, protégée de l’accès des bêtes de somme, refuge des mendiants et lieu d’asile inviolable. Le coupable s’y trouve à l’abri de toute poursuite. Une planchette sacrée peut le protéger même dans le reste de la ville, il s’occupera de ses affaires, pourra même aller s’entendre condamner au tribunal par contumace.
Tout près de la grande mosquée, centre religieux et politique, se trouve la Kissariah, le centre commercial. Une étroite solidarité les a toujours unies. La Kissariah, reconstruite après l’incendie de 1912, est certainement la plus pittoresque et la plus animée du Maroc. Vaste marché clos, formant tout un quartier de ruelles couvertes, fermé la nuit.
A partir de la grande mosquée se spécialisent les commerçants, chaque genre de commerce ayant son quartier. Voici d’abord les marchands de cierges et d’encens dont l’activité est la plus étroitement liée à la vie religieuse. Tout près aussi des mosquées et des étudiants, le souk ...


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... des libraires et des papetiers, puis celui des relieurs. Travaillant aussi le cuir, viennent les « babouchiers », et à côté, le souk des étoffes dont la fabrication et la vente jouent un rôle capital dans la vie commerçante de la ville. Les marchands de tissus forment la grosse bourgeoisie; dès avant le Protectorat, telle grande maison fassie entretenait, outre des représentants dans les villes de la côte, des agents commerciaux à Manchester.
Ici, les bijoutiers martèlent l’argent, complètent le travail de ciselure par des filigranes ou des incrustations de verre de couleur. Là, dans un tintamarre effroyable, les chaudronniers frappent sur l’or roux des bassines de cuivre. Les quartiers les plus intéressants sont ceux des tanneurs dont les grandes cuves vernissées et coloriées chatoient au soleil, et des potiers où sur le tour se façonnent les plats et les vases célèbres de la ville et où se fabriquent ces carreaux de faïence qui, découpés, donneront les zelliges.
Mais, derrière le décor et les scènes pittoresques, il y a la vie journalière de dizaines de milliers d’artisans.
L’organisation des métiers avant même le Protectorat subissait une crise. Déjà s’importaient des objets de style local, mais fabriqués en Europe : chéchias, fez et tarbouches venus, dès le milieu du XIXe siècle, de la région de Castres, tapis usinés à Paris ou à Tours, passementerie d’Autriche ou de Saint-Chamond, bijoux travaillés à Ambert. L’adaptation des indigènes aux produits occidentaux fabriqués en série n’a fait qu’accroître ces difficultés. Bien que soutenu par l’administration, aidé par ses crédits et ses conseils, cet artisanat, qui paraît si vivant, à se promener dans les souks, vit de plus en plus difficilement.
Des efforts pour « industrialiser sans déraciner » ni prolétariser sont entrepris. Cette medina de Fès qui arrachait à Loti cette exhortation : « Oh! Maghreb sombre, reste bien longtemps encore muré, impénétrable aux choses nouvelles, tourne bien le dos à l’Europe et immobilise-toi dans les choses du passé » est travaillée par les forces du présent et de l’avenir.
Des détails souvent imperceptibles au touriste la transforment. Un lettré marocain retrouvant sa ville après vingt ans d’absence souligne les insinuations du progrès au cœur même de la cité immuable :
« Où sont les nombreux vergers, les terrains vagues et les ruines, paradis de notre jeunesse... On a transformé les faubourgs d’hier... De temps en temps je m’arrête devant une plaque de cuivre où je lis « Mohammed... avocat», « Ahmed... docteur de la Faculté de Paris ou de Montpellier », « Driss... dentiste »... Mais, de toutes ces surprises, celle qui m’a fait le plus grand plaisir est certainement l’existence en grand nombre de papeteries, de librairies... ainsi que ces innombrables écoles... où l’on enseigne à la fois les matières de la culture traditionnelle et celles qui permettent à nos enfants des deux sexes, oui, je dis bien des ...


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UNE RUE COUVERTE DANS LA MEDINA.

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