Ce Maroc bien aimé
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Mémoire de la présence Française au Maroc à l'époque du Protectorat
 
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Pierre AUBREE
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MessageSujet: TOURISME   TOURISME - Page 3 EmptyVen 6 Avr - 9:30

page 49

TOURISME - Page 3 Swscan60

- La « Place d'Espagne» à Tétouan


.../...de cette ville quelque chose d'unique, d'une beauté et d'une allure si singulières et si attrayantes. A côté de la cité ancienne, l'Espagne en a créé une autre qui en fait le contraste. La première ville silencieuse, qui s'efforce au silence, glisse discrètement sur ses babouches, couverte de sa djélaba tel un fantôme enchanté. La nouvelle ville, au contraire, ouvre ses rues tracées au cordeau, large, lumineuse, commerciale, bruyante, dure au travail., débordant de la fièvre que les temps actuels apportent dans la vie. L'une, faite de vie intérieure, ne subissant que l'influence de la musique de l'âme ; l'autre, dynamique et externe, vivant toute, portes ouvertes, accoudée au balcon. Et voici qu'elle fait l'étonnement des touristes, simples curieux ou esprits érudits, cette double ville admirablement reliée par un centre rayonnant : la place d'Espagne, œuvre du quinzième siècle où notre agitation moderne a pris place. Beaucoup sont en effet choqués de ce que nous avons construit, la cité nouvelle en contact avec l'ancienne, sans chercher à les isoler l'une de l'autre. Des raison" sanitaires et de sécurité nous conseillaient de ne pas élever nos maisons actuelles sur les bords plats, infestés de paludisme, du fleuve Martin. Mais c'est, aussi, que les constructions existant avant le Protectorat dans le vieux Peddan, aujourd'hui place d'Espagne, ou sur la tortueuse rue Lunéta, devaient constituer un pont de transition qui a sauvé, sans grandes difficultés, le contraste entre des styles si différents.
Dans les jardins à la végétation luxuriante que chantait Pédro Antonio de Alarcon s'élèvent les quartiers européens. Le Protectorat n'a pas voulu profaner le reliquaire antique, mais le conserver avec un religieux respect. Pour ses services et pour les beso ns de l'Européen, il a créé une .cité xx- siècle: on y trouve, en plus dU Haut Commissariat et du Secrétariat Général les Directions des Services, l'Hôtel des Postes et Télégraphes avec son beau patio circulaire, le groupe scolaire Espana, les si belles écoles unitaires, le Dispensaire Municipal qui est aussi clinique d'urgence, objet d'orgueil pour la municipalité tétouane qui a recueilli les félicitations d'éminentes sommités médicales espagnoles et étrangères pour ses installations parfaites, l'Hôtel de Ville, le Contrôle, les grands cafés, le magnifique théâtre Monumental Espagnol, les casernes, l'Industrie, le Commerce, les garages, les organes de tourisme comme les meilleurs hôtels, l'église catholique et la mission franciscaine, le palais épiscopal, les écoles des missions, les casinos dont le doyen, l'Espagnol, est antérieur à l'occupation de Tétouan, la Chambre de Commerce qui, dès sa création, également antérieure au régime du Protectorat, a accompli un labeur de haut patriotisme, raisonné et efficient, comme auxiliaire des organismes officiels. Et enfin les marchés et les magnifiques abattoirs dont les installations ont fait l'objet d'une étude des éléments officiels de la zone française, venus tout exprès.
Ce que l'on appelle Eusanche est une cité nouvelle, tracée selon les règles modernes de l'urbanisme. Tout ce qu'elle représente d'efforts, il nous faudrait l'expliquer à Pédro Antonio de Alarcon, le Général-chroniqueur de l'épopée romantique de 1859-60. En guère plus de dix ans, on a construit la nouvelle capitale du Protectorat. Pas de terrain gratuit, pas de capitaux pour une entreprise de telle envergure. Il fallut même lutter contre la spéculation qui fit monter considérablement le prix des terrains. Mais le nouveau Tétouan est bien la propriété de ses habitants, et il ne se développe que par leur vaillant enthousiasme, grâce à leur générosité aussi, de laquelle donnent l'exemple l'Etat et les organismes officiels avec leurs hôpitaux et dispensaires, les Banques comme la Banque d'Etat du Maroc, tous stimulés par un même ardent désir, que cette œuvre de l'Espagne soit dans ses détails à la mesure de la grandeur et du mérite de l'ensemble.
Si l'écrivain Grenadin pouvait revenir à la blanche Médina, il verrait que celle-ci reste la ville aux yeux ensorceleurs, la cité refuge de la tradition antique et l;elle. Il pourrait éprouver aussi I'impression d'une ville moderne grâce à ses services actuels .dont l'Esprit est dirigé dans la voie du progrès.
Emilio L. LOPEZ.


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CITES MAROCAINES : CHECHAOUEN LA SAINTE
 Morceau de la Grenade du 15me siècle



La mémoire est comme ces feuillets sur lesquels on marque les émotions de chaque jour; un intérêt, un baiser, une peine, un soupir. Sur le carnet de notes du touriste, peu de cités arrivent à s'inscrire en traits aussi accentués que Chechaouen. Le voyageur désireux d'émotivité laissera difficilement tomber dans l'oubli la perle Djébala, car le désir de la revoir viendra l'aiguillonner toujours. On a appelé cette ville magnifique de la montagne la Cité mystérieuse; on la nomme aussi la Citée délivrée, car elle peut enfin, et cela grâce à l'Espagne, déployer sa laborieuse activité sans crainte du voisin Kabyle de l'Ajmas. Ces qualificatifs sont exacts tous deux, puisque Chechaouen vécut de longs siècles cachée aux yeux étrangers, et que les clameurs guerrières des Jumsis ont cessé. Indiscutablement, elle mérite un titre nouveau. celui de Chechaouen l'Enchanteresse, par la puissance de suggestion qu'elle exerce sur ses visiteurs.
On dit que Chechaouen fut fondée par les Musulmans expulsés de Grenade. Ces malheureux, qui furent nos compatriotes pillés par les navigateurs Berbères et par les tribus de Mauritanie, se réfugièrent en hâte les uns à l'intérieur, comme les Xaunis, et les autres sur le littoral Ghomara, ou leurs restes sont vénérés comme saints. Tous cherchèrent à s'éloigner des montagnards voisins. rustres incultes, imbus de préjugés religieux et de fanatisme, qui, au lieu de voir dans le Musulman andalou un frère de religion, digne de l'asile qu'il demandait, considérèrent sa personne et ses biens comme une prise enviable et de légitime conquête.
Des Grenadins, s'arrêtèrent à Tétouan, charmés par sa regsemblance avec la patrie perdue. Là, sous la chaude protection de leurs chefs, hommes de vie austère, Sidi Maudri, Sidi Talha, Sidi Ali Fahale. Sidi Saïdi, quelques-uns, généraux de Boabdil le dernier monarque andalou, tous personnages de qualité dans la cité de l'Alhambra, ils créèrent la Grenade d'Afrique. D'autres. poussés par l'ardent désir d'un refuge plus sûr, ou persécutés plus violemment par les Kabyles djêbali, suivirent la vallée de Hayéra, passèrent par le Souk El Arba de Beni Hassan, où la tradition …/…


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.../...  veut que se soient concentrées les premières légions arabes qui envahirent l'Espagne et s'arrêtèrent au pied du Kélaa. Le rideau granitique élevé que constitue ce mont et son voisin le Mage, l'existence d'une eau abondante et saine et les végétations de quelques jardins, fixèrent pour toujours leurs pas. Ils construisirent alors un nouvel Albaïcin. Pédro Antonio de Alarcon chanta les délices de Tétouan; qu'il comparait à Grenade. Cette ressemblance est frappante. Mais s'il était arrivé jusqu'à Chechaouen, la contemplation de cette cité des merveilles eut inspiré à sa plume ses meilleures chroniques.
Les Grenadins expulsés eurent la vision de l'Albaïcin perdu, toujours présent à leur imagination douloureuse. Comme le poêtique quartier andalou, elle appuie sur quelques hauteurs le diadème de ses villas fleuries, et s'étend comme un tapis au riche coloris sur les collines voisines et jusqu'au fleuve. Au centre, s'élevent ses bastions crénelés, rouges, nouvelle Kadina, sœur de celle qui domine les demeures Grenadines. Les hauts et élégants minarets des mosquées sont autant de bras sollicitant l'aide divine. L'eau abondante qui court en murmurant le long de ses rues, entraîne aussi des cadavres de roses, et possède ces sonorités merveilleuses de sérénade qui inspirèrent à Villaespesa son chant aux fontaines de Grenade. Chechaouen lorsque naît le soleil comme à l'heure où il s'éteint, est une symphonie de couleurs. Tous les tons y prennent une expression singulière. La lumière y ferait le désespoir d'un Sorolla. le divin peintre valencien. L'ensemble de ses maisons est comme une belle femme aux pieds de neige appuyés sur le vert des jardins, à la tunique très blanche, avec sur son front les bandeaux d'or des lichens qui lui font un rutilant diadième.
Dès que les Maures de Grenade eurent ce nouvel Albaïcin, ils y montèrent des métiers semblables à ceux qui existaient dans la cité du Darro et du Génil; lorsqu'ils la perdirent. Chechaouen est l'allégresse du peuple grenadin. Tétouan est moins expressif am: yeux du visiteur que cette ville si jolie des Djébali. Dans la capitale du Protectorat espagnol, il faut s'avancer jusqu'à l'entrée des patios pour surprendre quelque chose de la vie hermétiquement close des habitants. A Chechaouen, les motifs architecteniques se succèdent sur les façades qu'agrémentent la fenêtre cintrée à colonne et l'élégance de l'arc d'entrée. Chechaouen est comme une belle cachée derrière le voile de ses montagnes, mais qui, dès qu'on a eu le bonheur de la découvrir, s'offre au voyageur avec un sourire de sincère accueil.
Le Protectorat entoure Chechaouen d'un soin vigilant, et ne laisse pas l'ignorance ou l'inconscience profaner son caraco tère. Castello, son Contrôleur depuis que nous l'avons réoccupée en 1926, s'emploie à déterrer la vieille forteresse la débarrasse de ses baraques et l'entoure de jardins -, En instaliant la lumière électrique pour l'éclairage public, il eut soin d'enfermer les Iampes dans les fameuses lanternes filigranées de Chechaouen, et "les suspendit à d'artistiques supports forgés. De la sorte se dissimule un nécessaire progrès. Les tisserands ont leur production assurée, et pour stimuler leur ardeur, le Protectorat lui- même a installé une fabrique de tapis dans le style de ceux de Rabat. Enfin, pour 1e bien-être des touristes, on a construit un hôtel, poétique mirador sur le jaillissement des sources qui égaient la vie de Chechaouen.
Sur le grand itinéraire touristique qu'organisent la France et l'Espagne à travers le Maroc, Tétouan et Chechaouen seront, par la force des choses, indiquées comme points d'étapes pour I'ama. teur d'émotions artistiques si parfaites et en si grand nombre dans ces cités ensorceleuses.
AOMAR EL GARNAT!.


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- Ruines de El Ksar Srir.

EL KSAR SRIR


Sur la rive africaine du Détroit, presque à mi-chemin entre Ceuta et Tanger, on trouve El Ksar Srir. Son lointain passè est lié aux vicissitudes de tous les peuples primitifs qui, dès les temps fabuleux de la légende, vinrent aux Colonnes d'Hercule. Sa situation privilégiée, au point de vue géographique la disposait à la domination successive des invasions, sans offrir à I'implantation d'une conquête définitive la garantie d'un avenir durable, à travers les adversités de son histoire. Sur son sol s'effaçaient les uns sous les autres les vestiges des émigrations. Sa vallée tortueuse jusqu'à Chechaouen, ouvrait libre passage aux irruptions. Devant sa plage jetèrent l'ancre les navigateurs qui arrivaient des
plus lointaines côtes, partis anxieusement à la recherche des trésors de la terre des Atlantes et des Hespérides. A l'ombre de ses bois se reposèrent aussi les avalanches aventureuses et militaires des Phéniciens et des Grecs, des Carthaginois et des Romains, des Vandales et des Byzantins, des Goths et des Arabes.
Elle fut le large seuil par où passèrent les infatigables races d'envahisseurs, tantôt allant d'Espagne vers l'Afrique, comme les guerriers de Genséric, tantôt venant d'Afrique en Espagne comme les Sarrasins de Tarik et de Mousa, peuples partis tous en croisade héroïque en lutte constante pour gagner de nouveaux royaumes, fondant des colonies, ouvrant de libres routes aux caravanes des marchands et laissant après le triomphal passage des lègions, l'œuvre de chaque civilisation et le lien spirituel de chaque loi religieuse·
Les ruines du Château, les murailles tombées, les tours mutilées de la forteresse et de la mosquée, les arcs brisés, les pierres écroulées, toutes ces choses qui vécurent dans la poésie de la tradition et dans la réalité de l'histoire, au cours de tant de siècles de prospérité, d'infortune, de domination, disent au voyageur d'aujourd'hui combien dut coûter cher la gloire de chaque conquête.
Il y eut ici une colonie phénicienne fondée sans doute par les mêmes navigateurs qui signalèrent, avec les deux colonnes de Calpe et d'Abyla, la limite jusqu'à laquelle s'étendit l'Empire des rois de Tyr. A son port les Grecs d'Asie devaient envoyer par la suite ces fameuses « fustes aux cent rameurs » si rapides et si bien organisés pour la guerre que jamais, jusqu'à leur époque, on n'en avait vu de semblables sillonner les mers.
El Ksar Sir eut diverses dénominations. Les uns l'appelèrent EI Ksar Auel (le premier car la fondation est antérieure à celle d'El Ksar Kbir ) ; El Ksar el Mayaz (le gué, le passage, car c'était le point de passage vers l'Espagne) et El Ksar Masmouda (car ville et Château durent leur fondation aux Masmouda).
Masmouda fut l'une des dix tribus de la branche berbère de Brunès ; elle comprenait les Gomara, les Berghouata et les peuples de l'ArIas. En dernier lieu la ville s'appelle El Ksar Srir (le petit) pour ia différencier alors d'El Ksar Kbir qui finit par devenir une cité de plus grande importance.
Les historiens arabes disent qu'il y avait dans l'Antiquité une langue de terre « de douze mille de largeur » reliant l'Espagne à l'Afrique. Un autre auteur, Iben Saïd, assure qu'après que la puissance du roi Hercule eut ouvert le Détroit il exista entre El Ksar el Mayaz et Tarifa un pont gigantesque, œuvre d'Alexandre, construit pour passer d'Espagne sur l'autre continent.
Quelques historiens arabes attribuent la fondation d'El Ksar Srir au roi des Berbères Ilian, le Gomara, vassal des Byzantins, de la même religion qu'eux, seigneur de Ceuta et de Tanger. C'est pour cela peut-être qu'un géographe El Bekri l'appelle aussi El Ksar Ilian. Or, non loin de la ville, il y a une rivière également appelée Ilian, qui rappelle le même fameux personnage. Celui-ci n'est autre que le ténébreux comte byzantin, don Julian que l'histoire et la légende représentent comme le plus coupable de l'invasion de l'Espagne. Et ceci se passait l'an 92 de l'hégire, correspondant à l'année 711 de I'ère chrétienne. C'est de la place d'El Ksar que partit pour Tarifa l'un des deux corps que Tarik ben Ziad avait formés en divisant ses troupes ; Tarif ben Malek le commandait.
Mais il est aussi certain qu'à Cudia Gomara qui domine la petite valvallée d'El Ksar, se trouvent les ruines de murs épais de construction romaine. C'était une forteresse qu'un historien arabe mentionne comme ayant été détruite par les Masmouda, rèédifiée par le quatrième roi Alrnohade et ruinée une seconde fois par les mêmes Berbères Masmouda. Rome s'établit là, parce qu'elle possédait et défendait ainsi tous les points de passage du Détroit, comme auparavant Carthage y avait fixé une colonie pour tenir dans sa main le trafic de tous les ports de la côte frontière d'Espagne. Le géographe El Békri dit qu'il y avait à El Ksar quelques voûtes en ruine et d'autres vestiges de monuments anciens.
El Ksar le Mayaz, lieu de passage constant pour toutes les invasions qui traversaient le Détroit, vécût grâce à cela des époques d'extraordinaire prospérité.
C'est par là qu'en 362 de l'hégire fit passer ses troupes le fameux général Galeb, envoyé par l'émir de Cordoue El Hakem, pour combattre et vaincre l'émir Hassen ben Kennun. Et c'est encore là que l'émir vaincu s'embarqua pour apporter à Cordoue la garantie de son humiliante soumission qui, plus tard, à la suite d'une tentative malheureuse, devait amener, avec sa mort, la fin de la dynastie idrissite.
El Ksar vit déferler dans sa vallée la vague furieuse des Almoravides, que commandait le vieux Youssef ben Tachfin, alors qu'il s allaient secourir les rois de Taïfas et livrer bataille aux chrétiens à Zalaca. Quatre fois Youssef passe en Espagne et El Ksar est touj ours le port d'embarquement des terribles guerriers almoravides.


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page 53

TOURISME - Page 3 Swscan63

- Vestiges des portes de la forteresse.


Jusqu'aux derniers jours de la dynastie, cette rade les voit aller et revenir dans le mouvement incessant de leurs guerres saintes.
Avec les Almohades, El Ksar vit la splendeur merveilleuse de leurs cours. Leurs rois en firent le point obligatoire de passage du Détroit. Dans sa forteresse, palais somptueux par la beauté de son architecture et sa magnificence, les émirs guerriers trouvaient amusements et repos, lorsqu'ils concentraient leurs troupes en vue de l'invasion des territoires chrétiens. C'était là que se déroulaient les périlleuses joutes militaires, les courses folles des cavaliers, les brillants tournois d'armes et de lettres, parmi les chansons et les musiques, les clameurs des fêtes, les réjouissances bruyantes d'une foule partant à la guerre. El Ksar a senti son sol trembler sous l'avalanche déchaînée des armées de tous les fameux généraux Almohades. Elle a vu cent mille soldats le front dans la poussière pour la prière de l'ultime soir, tandis que des centaines de bannière flottaient dans l'air et que le canon et le muezzin unissaient leurs échos dans la même émotion mystique de l'heure sacrée.
A El Ksar Srir s'embarquèrent pour l'Espagne les formidables armées que commandaient les chefs Abou Amaran et Abou Hafaz appelé « l'épée de Dieu ». C'est de là que partit l'émir Abou Youssef lui-même, les fils du féroce Abdelmoumen et le victorieux Almanzor, Yacoub ben Youssef, quitta Alcazar pour faire sa première guerre sainte en l'an 585 (1189 de l'ère chrétienne). Six ans plus tard, il réunit, à El Ksar encore, sa grande armée pour se jeter à nouveau sur l'Espagne et livrer la célèbre bataille d'Alarcos.
« Là s'embarquèrent, dit un historien arabe les Arabes, les Zénètes, les Masmouda, les Ghomara, les volontaires de tous les points du Maghreb, les Agaz, les arbalétriers, les Almohades et les noirs ». Cette grande bataille eut lieu le 20 ou mois de redjeb de cette même année de l'hégire. Bientôt après les triomphateurs arrivaient en rade d'Alcazar avec les captifs et le butin, « tant de captifs qu'ils construisirent seuls des villes, tant de butin qu'il n'y eut plus un seul maure pauvre ».
Mais c'était écrit, quelques années plus tard, le fils d'Almanzor (En Nazar ben Almanzor ben Youssef ben Abdelmoumen) leva pour la guerre sainte une armée énorme dont I'embarquement à El Ksar Srir dura un mois (du début de Chaoual à la fin de Delkadda de l'an 607). Le débarquement se fit devant la place forte de Tarifa. Ils formaient cinq corps « le premier avec les arabes, le second comprenait les Zenetes, les Senhadja, les Masmouda et tous les autres Kabyles du Moghreb, le troisième comprenait les volontaires au nombre de cent soixante mille, cavaliers et fantassins, le quatrième les Andalous et le cinquième les Almohades ». Et après une lutte de deux ans cette armée fut vaincue et anéantie dans la mémorable bataille de Las Navas de Tolosa qui eut lieu le 14 du mois de Safar de l'an 106 (16 juIlet 1212). Ceux qui se sauvèrent revinrent encore à Alcazar, ils étaient bien peu nombreux; sans captifs, sans butin, sans étendards.
Et au faste et à la splendeur des cours Almohades succéda la simplicité patriarcale des Bénimérines. Pour El Ksar Srir, si elle continua à être la station de passage vers l'Espagne, elle ne vit plus se réunir sous ses murs les énormes multitudes des troupes. La bataille de Las Navas porta pour ainsi dire le dernier coup à l'enthousiasme des guerres saintes. El Ksar Srir tomba en décadence. Ce n'était plus la populeuse et laborieuse ville des jours glorieux des invasions. Ses arsenaux se fermèrent, ses ateliers devinrent silencieux; dans les bois, que la construction des navires avait du reste presque épuisés, on n'abattit plus d'arbres, les casernes restèrent vides, les quais abandonnés, les mosquées muettes, les tours du château sans lumière, la forteresse déserte, les champs sans gaieté, sans labours, sans laboureurs; l'émigration accapara tout, de nouveaux itinéraires changèrent la direction des voies et des chemins, toute sa vie, qui était un reflet de triomphe s'éteignit. Son histoire voulut alors fermer sa dernière page.
De nombreuses années passèrent jusqu'à ce qu'un cri d'angoisse de El Ahmar, roi de Grenade, qui demandait l'aide de l'Afrique pour l'Andalousie, trouva un nouvel écho de guerre chez l'émir des Bénimérines, Abou Youssef Yacoub qui prêta l'oreille à la supplique. Il forma une armée de cinq mille cavaliers, donna le drapeau impérial à son fils l'émir Abou Zian, et embarqua les troupes à Alcazar, sur vingt navires, dans le mois de Chaoual de l'an 673. Ils tombèrent par surprise sur l'Andalousie sans méfiance et rasèrent villes et châteaux. Ce fut là, la première victoire depuis la déroute de Las Navas. Au mois de Safar de I'année suivante, l'émir Abou Youssef organisa d'autres troupes et quitta El Ksar pour se joindre à la cavalerie de son fils. Trois fois encore il partit de là pour l'Espagne, une première pour aider Alphonse le Sage, une autre pour faire lever le siège d'Algésiras. Il avait réuni une flotte formée de soixante-deux navires des ports de Ceuta, Tanger, Bades et Almeria. Un historien arabe dit que les habitants de Ceuta, Tanger et El Ksar Srir « furent quatre jours et quatre nuits sans dormir et sans fermer les portes » à cause du tumulte des troupes de cette nouvelle entreprise guerrière. La dernière fois que Abou Youssef partit pour l'Espagne il passa à El Ksar Srir les derniers mois de l'année 683 pour préparer son expédition. Il ne put embarquer pour Tarifa que le cinquième jour du mois de Safar de l'année suivante.
Et six ans plus tard son fils l'émir Youssef ben Yacoub ben Abdelhak envoya d'El Ksar au rivage de Tarifa une armée qui devait réoccuper la place forte perdue. Mais la Iorteresse résista héroïquement et son gouverneur, le fameux Don Alonso de Guzman, le Bon, accepta le sacrifice de son fils prisonnier plutôt que de la rendre. Cela se passait l'an 1292
de l'ère chrétienne.
Bientôt El Ksar Srir fut occupée par les Maures Andalous de la garnison de Ceuta, place qui appartenait alors au royaume de Grenade avant d'être prise de nouveau par les Bénimérines. C'est d'El Ksar que sortit une grande partie de cette immense armée qui prit part au siège de Tarifa et qui éprouva une si sanglante défaite dans la terrible bataille du Rio Salado, en octobre 1340.
Et voici le geste héroïque des Portugais. en Afrique. Le jeune roi Don Alphonse V, avec la flotte de cent quatre-vingt navires portant 17.000 hommes de guerre, qu'il avait appareillée pour aller contre les Turcs décide, changeant ses plans après s'être libéré de son engagement, d'aller à la conquête de n'importe quelle place africaine et mit le cap sur Tanger. Dans cette expédition l'accompagnait son frère l'Infant Don Ferdinand, son oncle Don Henri, l'Infant Don Pédro et d'autres grands princes, avec tout ce qu'il y avait de brillants seigneurs à sa cour. L'escadre arrêtée devant Tanger, ses capitaines, convainquirent le roi de ce que le moment n'était pas opportun pour attaquer la place, déjà sur ses gardes et munies de bonnes défenses. Alors voulant quand même profiter de l'occasion et utiliser les forces dont il disposait, il marcha sur El Ksar Srir et le prit C'était le 18 octobre 1458 (862 de l'hégire).
Le roi entra en possession de la mosquée qu'il consacra à I'Immaculée Conception.
Dans cette conquête périrent plus tard, emmenés en captivité à Fès, l'Infant Don Henri et beaucoup de nobles. (I).
Don Duartes de Meneses, fils du comte de Villaréal, fut le premier gouverneur de la place.
Après qu'elle eut supporté plusieurs sièges et de nombreuses vicissitudes, Jean III de Portugal l'abandonna en 1549  jugeant qu'elle coûtait trop cher pour le peu qu'elle valait ».
Et El Ksar Srir acheva son histoire. Les habitants successivement s'en furent. L'oubli et le temps firent peu à peu s'écrouler la forteresse, les pierres s'échappèrent et roulèrent jusqu'en d'autres lieux pour y élever d'autres forteresses. Il ne reste plus que quelques ruines. Au bord de la rivière, sur le sable brillant de la plage, se dressent encore, comme une estampe vieil or, les grosses tours éventrées el les portes ouvertes du dernier château. non loin, se trouve la tombe de Si di Mokhfi, couverte de la frondaison d'un petit bois centenaire, inextricable. Sidi Mokhfi est le « Saint Occulte» inconnu, qui ne laissa trace ni de son histoire, ni de ses miracles. Alors que la dévotion ne suffit pas même à conserver le souvenir de son nom, on l'appellera toujours le Saint et l'on vénère et l'on prie l'ombre ignorée. Mais peut-être celui-ci n'est-il pas si mystérieux. Les habitants du pays ne le savent pas, ou ne veulent pas le dire. On s'y refusa dès le premier jour et plus personne ne se risque à dêcouvrir la vérité : elle cache peut-être l'enterrement du faux prophète Hamin El Moftari, qui fut décapité à cet endroit même cornme schismatique, l'an 936 de l'ère chrétienne. Il ne devait être possible alors de rendre aucun culte au corps du condamné de la loi. Plus tard la piété populaire allait le vénérer, mais sans jamais nommer le Saint, sans le découvrir jamais...
Dans El Ksar Srir tout semble maintenant fini, comme effacé pour toujours. Et cependant le pouvoir évocateur de ses traditions est si fort que persiste encore dans l'âme du paysage, l'arôme romantique et aventureux de tous les songes de gloire qui enflammèrent les émirs partis à la conquête d'une terre belle comme l'Espagne
Enrique ARQUES.

(1) Lire la monographie par Me .J. GOULVEN: Une funèbre tragédie à Fès au XV e siècle, éditée par la " Revue de Géographie" (15 Septembre 1931) et préfacée par M. David LOPEZ, Doyen de la Faculté de Lettres de l'Université de Madrid.


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TOURISME - Page 3 Swscan64


CHECHAOUEN la mysterieuse


L'antique cité des Maures de Grenade revendique par ce titre la séduction suprême des villes de l'Islam ... mystère mélancolique ou hautain, reffet jouant sur la nôtre, l'intriguant et la charmant, d'une civilisation éteinte ou différente.
Mais elle possède aussi des clairs paysages comme celui-ci qui n'expriment rien que la paix ombragée, délicieusement sereine, d'un jardin s'ouvrant sur un bel horizon ...
Deux petits enfants indolents rêvent dans la torpeur ensoleillée d'un beau jour, et c'est là pour l'instant aux yeux du visiteur charmé tout le mystère de CHECHAOUEN.


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- Skieurs en route pour le Djebel Tidiguini situé à vingt kilomètres à l'est de la forêt de cèdres de Ketama.
- A l'abri des crêtes du Djebel Tidiguini (2500 mètres d'altitude) skieurs au repos après leur randonnée sur les magnifiques champs de neige.

LES CÈDRES DE KETAMA


L'artère principale du réseau de communications dans la zone espagnole, la route de Melilla à Ceuta, pour l'achèvement de laquelle l'Etat espagnol aura dépensé la somme de 40 millions de pesetas, présente, outre ses grandes possibilités stratégiques et commerciales, un extraordinaire intérêt touristique, Nous nous contenterons de parler aujourd'hui des remarquables attraits que cette route offre au voyageur, plus particulièrement dans l'un de ses secteurs, à la végétation exubérante, au panorama grandiose, morceau sauvage de la sauvage Ghomara qui élève la cime de ses montagnes jusqu'à les perdre dans l'immensité bleue. Nous allons étudier seulement la région à peine connue de Kétama, avec ses bois fabuleux de cèdres et des neiges éternelles, région justernent dénommée « la Suisse alpine du Maroc espagnol ».
Le voyageur laisse derrière lui la cité sainte de l'Ajmas, Chechaouen la mystérieuse, enfoncée entre les imposantes forteresses de rochers qui sont le Kelaa et le Mago, bercée par la chanson de l'eau qui se précipite de la montagne pour se faire murmure de confidence au creux des canalisations et devenir bientôt vibrante « Kasida » dans le sortilège du nocturne oriental. Nocturne fabuleux, sous la lune énorme d'Islam, par dessus le vert compact et sombre des huertas Xaunis, au milieu de l'hallucinant parfum des blancs jasmins marocains, au son plaintif d'une musique tirée du sein du « cante jondo » andalou. Là, s'il peut se libérer du sortilège, le voyageur abandonne la quiétude enchantée de Chechaouen pour franchir le labyrinthe montagneux de I'Ajmas où viennent frapper l'imagination du passant les vieux noms de la valeureuse campagne militaire espagnole : campements abandonnés, positions démantelées. estampes d'hier. un peu décolorées aujourd'hui, mais nimbées d'un magnifique prestige guerrier. Le visiteur ira enfin s'enfoncer dans les anfractuosités des Ghomara où l'ancienne piste stratégique, - suivie de très près par le tracé de la nouvelle route de la paix, - conduit au seuil de l'une des .../...


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- Maison cantonnière dans la forêt de Ketama.


.../... plus belles régions du Maroc, celle de Kétama et de Senhadja, en bordure du Riff et à 30 km. de la Méditerranée bleue qui baigne mollement les trois quarts de la côte espagnole du Maroc.
Ce sont les cèdres qui donnent son caractère à la région de Kétama. Forêts splendides de très hauts conifères - quelques-uns de 40 m. - qui dressent leur fine tête sur les plus hautes cimes, 2.000 à 2.500 m. au-dessus du niveau de la mer. Les cèdres de Kétama surprennent par leur profusion et leur vieillesse. La mitraille de la guerre en blessa beaucoup parmi les plus beaux, mais la vitalité arborescente de cette région a suppléé avec excès aux anciens ravages de l'artillerie. Les bois de cèdres de Kétama, endormis en hiver sous leur blanc manteau de neige, et dont la vie éclate en été sous l'incendie du soleil africain, sont aussi beaux que ceux du Liban, aussi nombreux que ceux qui, sur les contreforts de l'Atlas, nuancent d'un ton sévère la forte luminosité d'Azrou.
Le cèdre est un arbre de haut prestige ancestral, avec sa svelte cime d'offrande biblique; il forme la branche aristocratique de l'arboriculture, par la rareté de son espèce botanique dans le monde, espèce que la hache de la civilisation frappe inexorablement, et dont l'acquisition est aussi recherchée des hommes que celle de n'importe quelle matière précieuse. Esthétiquement, le cèdre revêt une apparence de sérénité et de noblesse. Le pin est d'un aspect confus ; le cyprès, qui met une patine mélancolique sur tous les coins de Grenade, est un arbre chargé du fatalisme arabe. Le peuplier et l'aune, qui poussent le long de toutes les rivières espagnoles, donnent une nuance nostalgique très accentuée aux longs crépuscules de Castille. Le cèdre seul, avec son tronc haut et nu svelte depuis la terre jusqu'à sa vaste cime, avec sa, fine stature et son sommet rempli de l'expansion de la vie, imprègne le paysage de je ne .sais quelles effluves de sérénité, - même si ce paysage est aussi sauvage et abrupt que celui de Kétama, et accorde les solennelles harmonies des deux immensitées bleues : celle du ciel et celle de la mer.
Le voyageur qui s'avance jusqu'au cœur de Ghomara et atteint les montagnes de Kétama, peut contempler, émerveillé, au milieu de l'éclosion de la nature sauvage, la sympathique majesté de ces arbres qui plantent sur terre leurs troncs en un faisceau serré de tiges puissantes, en entrelacent amoureusement leurs branches : à d'innombrables mètres au-dessus de la tête de l'homme, pour jouir dans cette solitude élevée de la gravité solennelle de l'espace. Nous avons vu tes forêts de cèdres endormies dans le lourd silence de l'hiver répandu sur la campagne; regardons-les, fêtant dans leurs larges calices semblables à des coupes levées la débordante ivresse du printemps marocain, messager du soleil éblouissant de l'été africain.
Cèdres de Kétama ! je vous ai beaucoup admirés. Je vous ai vus enveloppés dans la neige d'hiver et calcinés par le soleil des étés, sur les cimes des montagnes et dans le fond des ravins, pénétrant dans les vagues des nuages au faîte de la terre et recueillant, dans les petites vallées endormies, l'ultime legs du jour mourant. Je vous ai vus dans la guerre et dans la paix. Avec douleur, j'ai assisté à vos cruelles mutilations, dans les journées lointaines où tonnait le canon, dont l'écho répétait l'interminable fracas. J'ai vu, dans l'allégresse de mon cœur, vos membres amputés bourgeonner de nouveau aux heures blanches et solennelles de la paix. Cèdres de Kétama ! Que cette dernière vision -pour votre bien comme pour le bien de nous tous - soit celle qui reste dans les yeux étonnés du touriste qui parcourra, émerveillé, vos magnifiques montagnes Ghomari.
Juan POTOUS


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- Imlil (haut-N'fis).
- Djebel Tassiout (Haut- Seksaoua).
- Gorges d'Imi n'Dounit.

L'ATLAS
LE TICHKA ET SES VALLÉES


La profonde dépression de l'oued Nfis commande la seule bonne voie de passage qui traverse la barrière de l'Atlas, entre Imin' Tanout et le Tizi n'Tichka, et ainsi cette grande vallée divise la haute chaîne primaire et cristalline en deux blocs massifs bien individualisés. A l'Est, c'est le bloc cristallin avec les 4.000 m. du Reraia, leurs escarpements ruinés et leurs aiguilles étranges, avec aussi les gorges grandioses du Zat et de l'Ourika ; pays bien connu au demeurant, souvent parcouru, équipé touristiquement, décrit en maints articles, il est superflu d'en parler encore. A l'Ouest, par contre, se dresse le massif schisteux beaucoup plus compliqué qu'abrite derrière ses ravins abrupts les derniers défenseurs de l'indépendance berbère; toujours les derniers soumis, toujours, surtout, les premiers révoltés, les chleuhs de ce pays ont su conserver des institutions libérales et n'avaient que des relations lointaines avec les grands caïds maîtres du voisinage; leur soumission réelle date de 1927 au plus tôt, le désarmement définitif des tribus remontant à un an à peine. Peu fréquenté donc par les Européens, ce massif offre au voyageur des aspects moins grandioses peut-être que le Reraia, mais aussi sauvages et surtout plus curieux, plus divers : c'est un pays de contrastes où les formes aimables des plateaux et des cuvettes voisinent avec la sévérité des escarpements et des ravins étroits et abrupts.
La partie la plus pittoresque peut-être, et à coup sûr la moins connue, est celle qui comprend le plateau granitique du Tichka véritable château d'eau où naissent le Nfis, les trois branches de l'Assif el Mal, et l'oued Seksaoua, vers le versant nord ; les assifs n'Aït Tament et n'Talekjount, sur le versant sud.
Le Tichka! Si l'on consulte les relations anciennes de voyages, celles. de Brives, par exemple, on trouve ce nom appliqué à deux massifs distincts : le pays des sources du Nfis d'une part, celui du Djebel Tinerguet, chez les Aït Driss, d'autre part. L'explication est simple : ce nom de Tichka, employé comme nom propre, est en réalité le mot chleuh local qui désigne le pâturage de haute montagne, l'alpe comme l'on dit chez nous, et à parler correctement, l'on doit dire le Tichka des Ijenaten ou celui des Aït Driss, comme on dit dans le Haut Dauphiné l'alpe de Venosc ou celle de Villar d'Arène. D'autres noms berbères ont hélas subi le même sort dans nos bouches européennes : l'on désigne par exemple sous le nom d'Aoulim l'un des sommets du massif du Tinerguet, alors qu'il faudrait dire l'Aoulim d'Issoual, car Aoulim signifie seulement haut sommet, pic. De même, la carte porte un Djebel Agourzi dominant le haut Nfis ; pour les gens du pays cette cime est l'Aoulim n'Tiouialine, du nom du village situé à son pied, et le nom d'Agourzi, qui signifie point de passage difficile et par suite souvent escarpement, s'applique aux pentes abruptes situées sous une épaule secondaires de la montagne. Ce qualificatif d'Agourzi s'applique d'ailleurs aussi bien à des gorges et peut donner naissance à des noms délicieux bien définis; nous trouvons ainsi un peu en amont de Talâat n'Yacoub, le débouché de la gorge de l'Agoundis, sur la cuvette du Nfis, qui s'appelle Imi n'Ougourzi (le début des difficultés), nom bien connu dans tout le pays et c'est bien là en effet que les caravanes gagnant le Tifnout par le Tizi n'Zaout quittaient le chemin commode (!!) du Tizi n'Test pour suivre la détestable piste de l'Agoundis. Trop souvent encore, lorsque nous interrogeons les indigènes, nous cherchons à tout interpréter selon nos habitudes européennes au lieu de nous mettre dans la pensée de nos interlocuteurs. Cette façon de faire est vieille d'ailleurs : c'est ainsi que nous lisons des choses bien amusantes dans les récits de Hooker et Bull qui explorèrent l'Atlas il y a quelque 60 ans; ils interrogeaient les indigènes pour savoir le nom des montagnes à l'Est de l'oued Aït Moussi et ceux-ci leur répondaient « Ida ou Màhmoud », « Ida ou Zal », .../...


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- Du sommet de Tassiout : vue vers l'Ouest. A gauche : la grande ligne faîtière de l'Atlas qui porte le Tizi lmedlaoun et très loin le Tinerguet ; à droite: en premier plan, le ras Moulay Ali; en deuxième plan, l'arête Tizzirt, Tentaden qui sépare l'oued Seksaoua du bassin de l'oued Ait Moussi.  
- lmi n'Dounù et cuvette de Taounghast ; on voit ici admirablement la forme type de ces vallées, bassins élargis séparés par d'étroites gorges.  
- Kasba d'Ouanamer (Haut.n'Fis)  


.../... etc., du nom des tribus sur !e territoire de qui se dressaient ces sommets, et nos deux Anglais en avaient conclu que Ida voulait dire montagne (au lieu de fils de, début habituel du nom des tribus). Nous sourions aujourd'hui de leur méprise, mais que de fois ne faisons-nous pas comme eux ou pire encore !!
Mais laissons cette discussion linguistique pour situer notre pays et surtout le parcourir. Pour nous, dans tout ce qui suit, le nom de Tichka désignera le Tichka du Nfiset du Seksaoua : c'est un vaste plateau ondulé, d'altitude moyenne, voisine de 3.000 mètres, qui descend en pente relativement commode à l'Est sur le Nfis, mais tombe par d'admirables escarpements, sur les autres vallées qui le limitent. Pays d'excellents pâturages, il a été âprement disputé entre les tribus voisines et un compromis a fini par s'établir : chacune des tribus a une zone de parcours bien définie où s'abritent ses azibs. La montée des troupeaux au printemps, leur descente à l'automne, donnent lieu à des fêtes et à tout un cérémonial rituel qu'il serait bien intéressant de connaître et de comparer à ceux de nos montagnes d'Europe, je signale simplement la chose aux voyageurs à qui une connaissance précise de la langue permettra cette enquête.
Il faut voir le Tichka au printemps, peu après la fonte des neiges; les herbes épineuses, sèches et grises en été, verdoient alors et se parent de fleurs multicolores, blanches, bleues, violettes, jaunes, etc. C'est une fête pour les yeux de voir ces touffes bariolées au milieu de la blancheur un peu fauve des granits et des teintes plus sombres des schistes. La lumière éclatante du Sud joue sur ces pentes en imprégnant le paysage d'une beauté parfaite, d'un calme souverain bien fait pour émouvoir et satisfaire nos esprits surmenés par l'activité trépidante de la vie moderne. Il est bon de 'passer une nuit là-haut, sous la tente ou dans un misérable azib, dans l'amical silence de la nuit sereine, meilleur peut-être encore d'y errer une journée dans la simple contemplation d'une nature paisible.
Chacune des vallées qui conduit en ce site possède par ailleurs son caractère propre, sa beauté Spéciale, et chacun pourra choisir selon ses goûts : la longue vallée du Haut Nfis est la plus belle peut-être de l'Atlas avec ses curieuses maisons, ses verdures sauvages et ses arbres séculaires, l'oued Aït Guir offrira l'extraordinaire coup de sabre d'Imi n'Dounit, le Seksaoua où la route atteint le célèbre marabout de Lalla Aziza, descend des magnifiques cimes du Tassiout et du Ras Moulay Ali. Sur le versant Sud, i'on traverse mille pays divers; quittant la plaine du Sous, l'on s'engage dans une vallée de palmiers puis, après de profondes gorges, les cultures et les vergers couvrent les pentes; plus haut, enfin, ce sont les immenses noyers de l'Atlas, puis les pentes nues des éboulis. Dans ces hautes vallées méridionales larges et isolées de la plaine par d'étroits défilés, vivent des tribus nombreuses et riches (Imedlaoun, Tigouga, etc.): l’on observe souvent chez eux des maisons bien curieuses, au toit à double pente fait de chaumes et de branchages. La raison de ce style original et simple, le chikh des Imedlaoun me la résumait ainsi : « la terre du pays n'est pas bonne pour faire des terrasses », et en effet, il s'agit de sables granitiques qui ne s'agglomèrent pas comme les terres argileuses provenant des schistes; ce type de toiture se rencontre ail1eurs, en pays granitique, sur le versant Sud du Siroua (vallée de Tiniider); il serait intéressant de le rechercher ailleurs.
Bien des voies donc sont possibles et je promets un plaisir toujours nouveau à celui qui les suivra toutes successivement, mais puisque la place est ici limitée et aussi sans doute le temps de ceux que tentera le voyage, voici simplement un itinéraire assez commode qui, en une semaine, permettra de visiter sans se presser cette belle région.
Au départ d'Amismiz (où il sera prudent de louer des mulets pour toute la tournée, on gagnera Adassil à mulet ou mieux en auto si l'on dispose d'une voiture et... de quelqu'un pour la ramener. D'Adassil, on remonte la vallée de l'oued Aït Guir et on couche le soir à Taounghast et le lendemain à el Bordj (deux courtes étapes de 4 à 5 heures, si l'on est pressé, on peut faire Adassil-el Bordj en une seule étape de 9 heures environ); le jour suivant (3) traversée du Tizi n'Caied (étape assez dure de 6 heures environ) et coucher à Ikis, dans le Seksaoua, puis remonter cet .../...


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.../... oued et gagner Assif el Alou (2 à 3 heures, ascension possible du Ras Moulay Ali ou mieux Ighir Mellen (3 heures). (Ces villages peuvent être atteints en deux petites étapes de Lalla Aziza atteint en auto à partir d'Imi n'Tanout). Le cinquième jour peut être utilement employé à gravir le Tassiout (5 heures), l'on couchera sur le Tichka (tente des azibs) si I'on veut éviter de redescendre aux villages du Seksaoua ; à défaut de cette ascension très belle, mais un peu pénible, on pourra simplement gagner le plateau par le Tizi Ousdim (on peut alors gagner d'une longue étape les villages du Haut Nfis, mais il serait dommage de traverser trop vite ces coins admirables et il vaut mieux coucher là-haut). Le sixième jour, on descendra vers les Ijenaten pour coucher à l'un des villages (Imlil par exemple), et le septième jour, par une courte étape, on rejoint la route du Tizi n'Test à Mouldikht; disposant d'un jour de plus, on pourrais, du Haut Nfis, fare l'ascension commode du Taourart (3.080) ou cel!e pIus pénible de l'Aoulim (dans ces deux cas, le point de départ serait Tiouialine),
D'Amismiz à Adassil, peu de chose à dire de la route : on gagne le plateau subatlasique, au pied des hauts sommets schisteux, et 'on longe simplement la bordure escarpée de la vraie montagne. Au-delà d'Adassil seulement, on pénètre dans le véritable Atlas et les gorges commencent dès la sortie du village : gorges étroites abritant pourtant de-ci de-là, dans leur fond, quelques cultures, en un pont, sur un éperon, les ruines d'un agadir qui surveillait et défendait le passage; mais voici que la vallée s'ouvre et forme une large cuvette verdoyante : le bassin de Taounghast. Vers l'amont, toute issue semble fermée, mais l'oued s'est frayé un .passage par l'extraordinaire défilé d'Imi n'Dounit (la porte du monde), large de 10 mètres à peine, haut de 50, long d'une centaine et resserré entre deux parois schisteuses coupées de surplombs. Et a nsi, de gorges en bassins, l'on atteint el Bordj où l'œil s'attache inlassablement aux escarpements audacieux qui bordent le Tichka, au loin, la silhouette aiguë de l'Aoulim n'Tiouialine (Agourzi de la carte). On pourrait abréger la route vers le Nfis et gagner en une étape le plateau après une rude montée au col ouvert, à l'ouest de l'Aourir n'Oumendach ; mais allons plutôt voir le Haut Seksaoua, il en vaut la peine. Une montée pénible, par un sentier d'abord difficile, puis plus commode mais très long, mène au tizi n'Caied, au pied nord du Djebel Ikis, dont il serait possible de faire l'ascension.
Le panorama de l'Ikis doit être très beau vu son admirable situation au bord du Tichka et au voisinage des plus hautes cimes mais si beau soit il, ce spectacle est incomplet, il y manque I'Ikis lui-même, longue arête aiguë dont les escarpements puissamment :sculptés par I'érosion dominent an Nord notre chemin de descente ,chez les Aït Haddious (Haut Seksaoua).
Vu du village d'Ikis (où nous faisons halte pour la nuit), le Djebel paraît redoutable mais un peu lourd, sauvage mais inélégant, mais demain, en remontant la vallée, nous verrons ses formes s'amenuiser et soudain, à un détour du chemin, jaillira l'étonnante vision d'une sorte de Cervin perdu là- haut, bien près du ciel, et dont les lignes simples convergent en un lancé magnifique.
Plus loin sur la route, la vallée s'élargit à droite et contient les principaux villages des Aït Haddious, hameaux épars dans une cuvette de schistes tendres enserrés entre la lourde masse du Tabgourt et les pentes abruptes des sommets fameux Ras Moulay Ali, Tassiout qui, dès maintenant, commencent à se découvrir et retiennent les regards. Ras Moulay Ali, pic d'aspect redoutable, mais en réalité bien débonnaire. Son sommet, formé d'une arête étroite et irrégulière, porte les ruines d'un petit marabout dédié à Moulay Ali, l'un des santons de I'Islam. Le panorama immense laisse la curiosité inassouvie, car la pointe est entièrement située sur le versant Nord et, du versant Sud, c'est à peine si quelques cimes pointent de ci, de là, derrière la lourde crête.
Mais allons plutôt au Tassiout : de nombreux ravins s'ouvrent entre des arêes élégantes mais commodes, contreforts qui rappellent les lignes sveltes de notre gothique. Ces ravins ou ces arêtes son: les chemins' d'accès les plus directs; les crêtes surtout, plus belles et plus aériennes quoique faciles, forment une voie royale digne du sommet; le rocher (calcaire silicieux) y est facile, rugueux et solide. Passé la marche d'approche qui nous conduit. sur ces chemins suspendus, c'est la montée dans l'allégresse tandis que, peu à peu, le soleil levant accuse de ses rayons les détails tourmentés de l'Ikis. Au-dessus de nous, une muraille absolument verticale, c'est la paroi, droit sous le sommet; il faut la tourner et soudain, la vue échappe aux murailles voisines et une immense étendue plate se découvre, nous sommes sur le Tichka, dont le Tassiout forme l'un des bords et, quelques instants plus tard, c'est le repos sur la pointe extrême, sorte d'aiguille carrée dominant une profonde brèche.
Maintenant, nous errons sur le plateau, contemplant les pentes qui moutonnent et les vastes horizons... Dans la paix du soir résonnent au loin les chants des bergers, chants au rythme lent et monotone qui troublent à peine l'énorme silence pour évoquer les ardeurs de la guerre ou de l'amour. .. La guerre, elle n'est pas loin; cette petite colline de schistes sombres, là-bas, qui domine l'échancrure granitique du Tizi Ousdim, c'est le Taourirt n'Teidaf (la colline du guetteur) où, bien souvent et il y a quelques années à peine, les éclaireurs des Aït Haddious surveillaient la venue des djouchs Ijenaten ou Tigouga, avec qui la tribu étai; en conflit fréquent. Le soleil disparaît, le froid tombe et autour du feu maintenant résonnent les rires et les chants, puis la paix de la nuit s'étend sur toutes choses et seul, le cri du chacal et les chiens qui lui répondent, troublent un instant le calme solennel du plateau. Un jour encore, nous errerons lentement dans ces solitudes bénies, pays du calme serein, de douceur prenante; nous y suivrons le filet d'eau qui murmure, nous y regarderons les mille aspects des roches au contact du granit et des schistes, nous laisserons notre œil se réjouir des mille fleurettes des cytises ou des alyssans, ou s'emplir de l'immensité qui ondule très loin au-delà du Souss, au pays du Siroua. L. NETTNER.


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- Kasba d' Animiter
- Kasba du Cheikh de Zerekten
- Kasba Goundafa
- Kasba Si Mohamed (Telouet)
- Kasba de Bou Jellal.

LES KASBA DU HAUT ATLAS



Les féodales demeures des « Seigneurs de l'Atlas » constituent aux yeux du visiteur qui parcourt les régions du Skoura, du Draa, du Dadès, les pays Glaoua et Goundafa, une des puissantes attractions de son voyage.
Les images que nous donnons ici des kasba marocaines sont contenues dans l'ouvrage que MM. Marc de Mazières et J. Goulven viennent de consacrer à la montagne berbère et aux imposants châteaux-forts du moyen-âge africain ...


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- Kasba de Telouet
- Kasba de Ouarzazat
- Kasba d'Aït Ourir
- Kasba du cheikh d' Animiter
- Village des Aït ben Addou


.../... parmi leur incomparable décor de monts, de rocs et de plaines. Nous ne saurions manquer de signaler dans un numéro de tourisme les qualités de ce livre (1) destiné à guider le voyageur vers ces sites uniques « dépassant par leur grandeur sauvage tout ce qu'il reste de pittoresque dans le monde »,

(1) Edition de la Vie Marocaine Illustrée.


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- La Fillette au glaieul sauvage, pastel de René Martin. Collection de M. Barraud.



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- Mina, la petite Marrakchia, pastel de René Martin. Collection du Dr. O. Dufour.



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TOURISME - Page 3 Swscan74

- Elégie, par Simone Métérié.



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MARRAKECH A TRAVERS LES AGES


Par MIGUEL DI BOZZARDI - ILLUSTRATIONS DE RENE MARTIN
Le 16 janvier dernier, le grand organe conservateur « Saturday Revlew », Imprimant sans y rien changer le sensationnel article d'un communiste anglais notoire, le faisait simplement précéder de cet avertissement loyal : " Il n'est pas besoin de dire que nous sommes en complet désaccord avec presque tout ce que déclare ici l'auteur" , « La Vie Marocaine» n'ira pas jusque là! Mais il est certain qu'en publiant les pages suivantes (dont une première version, ornée de croquis d'A. Tesiar, parut naguère dans le journal « l'Atlas" -, on risque d'attirer injustement sur leur auteur les foudre; terribles de l'incompréhension, de la réprobation et de toutes les excommunications : car le Français, « peuple léger et triste », a une terrestre horreur de l'Humour, qui a, lui, un cœur lourd, mais des ailes ... Tout public est humain, l'Humour est angélique. En inscrivant donc au sommaire d'un important numéro de tourisme ce paradoxal « Marrakech à travers les ages ». la « Vie Marocafne » espère faire entendre à ses lecteurs, à ses amis, que sous une apparence futile confinant au burlesque, ces pages souriantes et amères comportent bien moins de sarcasme que d'amour ... Parodiant mélancoliquement le distique fameux, l'auteur eût pu lui aussi redire à sa façon :
Mon Marrakech n'est plus (la forme d'une ville Change plus vite, hélas! que le cœur d'un mortel).
Mon Marrakech n'est plus... Certes! il ne s'agit point d'en gémir, ni même, comme le rêvait chimérlquement ce pauvre cher Loti, de laisser les vieux murs se fendre au soleil des étés. Mais il sera peut-être permis aux fidèles de ce « Maghreb sombre » qu'il a si nostalgiquement chanté, de regretter un Passé charmant et de se méfier d'un Progrès parfois bien cruel. C'est en somme ce cri d'alarme qui soupire, à la Grock, entre les lignes qu'on va lire. A ceux qui seraient encore tentés de s'en scandaliser, rappelons pour finir ce que, dans son livre récent et dont on a trop peu parlé, Henry Bordeaux ose écrire de notre Marrakech et de son avenir « inévitable et abominable » , On verra, aux chapitres 5 et 6, si les « abominations » sagement prévues par la voix éminente d'un passant illustre sont bien différentes de ce dont se moque - pour n'en point pleurer - notre obscur auteur marrakchi. A. M.

à Boris Maslow

INTRODUCTION. - Il Y a longtemps, semble-t-il, qu'une Histoire de Marrakech à travers les âges eût du s'imposer aux chercheurs, et tenter les érudits trop modestes que les Sociétés savantes de notre ville, comptent parmi leurs mem-
bres. Beaucoup sans doute, se défiant de leurs forces, ont reculé devant l'énormité d'une tâche qui exigeait évidemment, sans parler de loisirs bien rares dans notre cité, de vastes et multiples connaissances, un goût très sûr, le sens infaillible de la synthèse historique, une objectivité parfaite, le respect absolu des faits, l'art de la composition et du type, et l'amour du sujet traité. Nous espérons que le public d'élite que ces questions passionnent et qui veut bien s'intéresser à nos travaux et les encourager si flatteusement, trouvera cette fois encore, dans l'important ouvrage dont nous lui soumettons aujourd'hui la primeur, toutes ces qualités parmi quelques autres.
C'est avant tout aux pessimistes, aux enfants en bas âge et aux femmes du monde, que ces chapitres un peu théoriques et quelquefois arides ambitionnent de plaire. Mais nous les dédions aussi aux touristes riches, aux .../...


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.../... journalistes bien parisiens, aux parlementaires en misfion, et particulièrement aux écrivains de passage que chaque saison nous ramène et qui remportent rituellement de leur semaine au Maroc et d'un séjour de vingtquatre heures ou même plus à Marrakech cette abondante moisson de récits, de souvenirs, d'aperçus historiques, économiques, ethnographiques, archéologiques et politiques, généralement si remarquables, qui -mchante les amateurs. Heureux si nous pouvions contribuer ainsi pour une faible part à cette documentation « coloniale », et proprement marocaine, honneur de la Métropole pensante, et si les historiens à venir savaient trouver ici de quoi étayer, confirmer, compléter leurs propres recherches et leurs travaux personnels.
Ce n'est pas à nous qu'il appartient de faire l'éloge de notre ouvrage. On nous permettra pourtant de noter que cette Histoire de Marrakech à travers les âges (suite naturelle du Manuel du Touriste à Marrakech), fruit de longues années d'étude, enrichie de pièces originales sans prix, et luxueusement éditée par l'Imprimerie de la Vie Marocaine, est complète en un tome, et se vend au numéro pour un prix que bien peu d'ouvrages de ce genre peuvent égaler. Ajoutons qu'elle s'appuie sur une série de documents introuvables, dont l'authenticité saute aux yeux, mais dont la liste exigerait un volume : ou trouvera, en annexe, la bibliographie complète des références et des ouvrages à consulter, accompagnée de cartes, graphiques, jumelles, bulletins de souscription à nos divers recueils et billets-primes à demi-tarif pour la visite des Monuments cités et des cinémas urbains.
La loyauté nous oblige au surplus de faire observer qu'il ne nous a pas toujours été possible de puiser, comme nous l'eussions souhaité, aux sources mêmes, toutes ou presque étant, comme l'on sait malheureusement taries dans la région du Sud depuis qu'on a entrepris d'y organiser l'Hydraulique. Nous n'avons par ailleurs, et pour des raisons analogues, donné dans ce sévère exposé qu'une place des plus restreintes au pittoresque, dont il a été fait ces dernières années une consommation SI mal contrôlée et si abusive, qu'on peut craindre d'en voir avant peu la fin : nous avons donc cru sage de ménager très strictement son emploi ici. Cette étude, disons-le entre parenthèse, n'implique ni thèse, ni hypothèse : répétons le, c'est une synthèse.
Enfin, les faits qu'il nous a fallu aborder au cours de cette vue d'ensemble s'échelonnent sur un si vaste espace de temps, que nous avons dû pour plus de clarté - en nous entourant de toutes les précautions d'usage et tout en respectant scrupuleusement l'ordre chronologique - diviser arbitrairement en périodes distinctes les grandes phases de l'histoire marrakchie. Ces périodes, ou cycles, (que des théoriciens pointilleux proposaient, à tort selon nous, de subdiviser en bicycles, tricycles, etc.) ont, entre autres avantages, celui d'une présentation économique et plus conforme au goût du client : la présentation en tranches, méthode communément usitée de nos jours pour les manuels scolaires, certains produits alimentaires, etc, Ce sera donc la nôtre. Nous n'ignorons pas que des auteurs moins discrets eussent intitulé, comme tout paraîtrait les y autoriser une pareille fresque : « La Ville Rouge coupée en morceaux ». Mais à ce titre un peu trop littéraire, et qui risquait de rappeler aux initiés de fâcheuses histoires locales, le savant digne de ce nom se doit de préférer une étiquette moins voyante et plus conforme à l'esprit de ces pages. Marrakech à travers les âges n'entend pas ressembler à un quelconque film en six épisodes : c'est plus et mieux, comme nous l'allons voir.
L’ORIGINE de Marrakech se perd dans . l'ennui des temps. La période antique, (que l'on peut très approximativement fixer entre le XIIIe siècle avant J .-C. et le plein été du XIe de notre ère), vit successivement s'établir des races diverses : les Liby-Phéniciens (vulgarisateurs de l'eau phéniquée), les Romains (importateurs de la laitue), les Grecs (qui fondèrent des épiceries et comptoirs encore actifs de nos jours), les Vandales (dont la race particulièrement prolifique a prospéré à travers les âges), enfin les Berbères barbus (inventeurs de l'orgue de barbarie, avantageusement remplacé à notre époque par les hauts-parleurs), que devaient plus tard supplanter les Arabes, eux-mêmes absorbés par l'invasion juive.
Il est vraisemblable que, bien avant la fondation de la ville actuelle le 1er mai 1062, par Bou Tafchine, assassiné comme on sait par son khalifa le caïd Abd'Allah, des cités nombreuses s'édifièrent les unes sur les autres au cours des siècles : il en fut pour Marrakech comme pour la Troie de Schliemann. Mais les fouilles tentées au hasard, par la voirie municipale, ont donné peu de résultats concluants à cet égard : on a bien retrouvé, sous l'ancienne villa Majorelle, une seconde villa Minorelle, qui en laisse à son tour supposer une troisième, et ainsi de suite, mais on a dû interrompre les fouilles, l'apparition du néo-lithique terrorisant les indigènes, restés fort superstitieux.
Quoi qu'il en soit, on peut penser qu'à cette période préhistorique correspondait une civilisation déjà avancée, comme en témoignent les dessins rupestres découverts à la Banque d'Etat. Le Marrakchi d'alors, descendant direct des Atlantes. vivait sous des huttes de peaux sauvages, qui subsistent encore place Djemaa el Fna. La flore était plus abondante qu'aujourd'hui, et l'agriculture plus développée : on montre, nous le verrons plus loin, de curieux vestiges (charrues taillées en plein bois, camionnette « Champeaux ») de ces temps heureux. Un semblant de vie sociale s'ébauche : les colons (homo agrarius) organisent leur premier clan, et obtiennent déjà des promesses formelles. On a trouvé dans une caverne encore visible de nos jours, trace d'une sorte de Syndicat d'Initiative avant
la lettre, et le nom de son fondateur nous a même été conservé (Marivs Doree). La faune est tropicale : le bison, l'auroch, l'amibe, l'anophèle et le cireur indigène commencent d'apparaître. Les premiers distributeurs d'essence germent lentement, avec les premiers palmiers.


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BIENTOT, à cette période préhistorique,  succède la période musulmane, qui pour Marrakech va de la fin du XI" au premier quart du XX" siècle.
C'est l'époque enchanteresse et voluptueuse des Cent Trente six Mille et une Nuits, des Sultanes en fleur, des Houris en boutons, des Jardins-des-caresses, des vasques chantantes, des colombes obèses, des palmiers centripètes, des palais en sucre, des parfums du sérail, des casbahs de pourpre, des fantasias à la Delacroix. des harems entr'ouverts, des dîners hassanis, des danses du ventre et des corridas de douros, dont tant de peintures en couleurs et de cartes-postales en noir nous ont laissé la nostalgique et chavirante image.
Les colons, perdus dans cette fête perpétuelle, ne se laissent pas distraire de leur tâche ardue. La faune se modifie, les vaches grasses diminuent, les chameaux apparaissent.
C'est néanmoins la belle époque, dite « des vieux Marrakchis ». Les dynasties almoravide, almohade, mérinide, beni-ouattas, saadienne, filalienne et autres, se succédèrent à la cadence de trois sultans pour deux villes tous les semestres. Marrakech n'est plus qu'un paradis de joie, de pétarades et de bombances. On sert à boire et à manger à toute heure. On tue à pied et à cheval. Le typhus va et vient. Quelques visiteurs étrangers abordent la Ville mystérieuse. Durant toute cette période, un Syndicat d'Initiative fonctionne au ralenti, sous l'égide du fameux agitateur Marius dit le Doré. Mais la situation internationale s'obscurcit. De graves évènements se préparent. Les Marrakchis de la première heure commencent d'écrire leurs mémoires, et se préoccupent de leur mise. On signale le premier smoking vers 1909 : le Progrès est dans l'air, et, flairant le danger, les cigogne émigrent.
LE PROGRES fait son apparition le 7 septembre 1912, qui coïncide exactement avec le début de la période coloniale,
ainsi nommée pour rappeler le début de la colonisation officielle. A l'heure H, fixée par l'horloge érigée à cet effet sur la Place du même nom, les troupes françaises, dévalant des fortins du Guéliz, cavalant en bon ordre, avalent tout sur leur passage, et font dans Marrakechla-Rouge une entrée tricolore, triomphale et définitive, qui marque l'aube des temps nouveaux.
Nous n'avons sur cette époque glorieuse, mais lointaine et confuse, que des renseignements vagues, et d'ailleurs contradictoires. On peut dire toutefois qu'à la période proprement arabe succède l'ère administrative. Les derniers représentants de la féodalité marocaine, héritiers de ces hardis aventuriers normands débarqués jadis sur les rives du Tensift et dont l'ancêtre répondait, dit la chronique, au nom familier de " Gars Louis " (dont, par une naturelle apocope, les autochtones ont fait « Glaouis » - cf. P. Maître, passim) délaissent leurs casbahs du Sud pour les bars du Centre; les grands seigneurs de l'Atlas évoluent et se font brasseurs d'affaires ou danseurs mondains.
Pendant ce temps, Marrakech s'organise, et la vie sociale prend corps : les militaires sont revêtus d'un costume spécial, les civils mâles sont nommés fonctionnaires, les femmes promues dactylographes. Le Syndicat d'Initiative, plus vivant que jamais, maintient M. Dorée à la présidence. Les colons, enrégimentés et numérotés, aboutissent à la confirmation ferme par le pouvoir central, nouvellement .créé, des promesses anciennes. L'agriculture prend lentement conscience des difficultés nouvelles; la faune se modifie à vue d'œil. les vaches maigres apparaissent. La sécheresse devenant alarmante et chronique, on fait appel aux « Amis de la Musique », dont la création coïncide heureusement avec d'abondantes précipitations atmosphériques. L'introduction du cocktail, de la machine à écrire, du stovarsol, du Ouissam alaouite, du fly-tox et du tango, marque un renouvellement prodigieux de la vie de société. On édifie des banques, un centre d'épouillage, des réverbères, et des Dahirs. C'est le triomphe de la Civilisation.
MAIS cette fièvre de progrès purement matériel, d'ailleurs louable, devait heureusement se doubler, dans le domaine de l'esprit, d'une véritable Renaissance. C'est ce renouveau des choses de  l'intelligence qui symbolise essentiellement la période justement appelée classique.
Magnifique et trop bref moment dans l'histoire de Marrakech, qui durant un ou deux lustres connut, grâce à la littérature et à l'art, une vogue et un éclat incomparables, hélas bien oubliés depuis. Il en subsiste pourtant, avec quelques souvenirs fragiles (un kiosque au Hartsi, le « Foyer », dit « artistique » par antiphrase) d'éloquents témoignages : - des kilomètres de toiles et des tonnes de papier imprimé, le tout, à la louange de notre ville et des splendeurs que les amateurs y découvrent à chaque pas avec une espèce d'ivresse.
C'est l'époque bénie des esthètes, des gens de lettres, et des artistes photographes ou peintres. Marrakech devient brusquement une ville à la mode et le refuge des Muses (qui donnent naissance aux musetiquaires). C'est le règne du romantisme, du snobisme, et du paludisme. Comme l'écrivait le savant géographe Arin, mémorialiste précieux de ces jours  disparus;  «un vol de peintresses s'abat sur les Tombeaux ». Les souks, les derbs, la banlieue, se couvrent de parasols, se fleurissent de chevalets et de pliants. On conte que 100.000 mendiants et 200.000 prostituées, mobilisés comme modèles, firent fortune en quelques mois. On importe chaque année, de Lyon, Manchester et Clichy, 900.000 tapis indigènes, que s'arrachent les connaisseurs. La prospérité économique est à son comble : les tableaux se vendent au mètre, les tubes de couleurs à la pelle, le pain est pour rien - On ramasse des croûtes à tous les coins de rue. Seule, I'agriculture .../...


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…/… subit une crise temporaire, qu'une quintalisation intensive n'enraye qu'imparfaitement ; les colons, parant courageusement à ces difficultés nouvelles, profitent néanmoins de l'optimisme général pour obtenir en haut lieu de formelles promesses.
La Littérature n'est pas en reste et donne bravement la main au Commerce : conférenciers, publicistes, romanciers, sillonnent Marrakech en tous sens, la prospectent, la débitent en rondelles, qu'ils livrent en vrac aux consommateurs d'Europe. Un engouement sans précédent s'empare du monde occidental : c'est la fameuse « ruée vers l'art ».
De hardis navigateurs découvrent la route du Sud. et Gerbault aborde un jour, à pied sec, au compas et au sextant, l'archipel des Riad Zitoun, imité plus tard par Marthe Oulié et Virginie Hériot. Mlle Marvingt. première aviatrice africaine, survole les journaux locaux. Avant ces explorateurs méthodiques, des pionniers de la première heure, les Chevrillon, les Tharaud, et bien d'autres, avaient fouillé la Ville aux dix mille mystères. Ces chercheurs créent un courant irrésistible, que la population exploite habilement. La vie locale bat son plein. Le Syndicat d'Initiative, que préside M. Dorée, repeint les remparts, sème un peu partout des poteaux de signalisation, éventre la palmeraie, trace 24 circuits numérotés de A à Z, inonde le monde de tracts documentaires, et fait à coups d'affiches une guerre à mort au Pittoresque.
Ces beaux efforts devaient être couronnés de succès.
VOICI rayonner en effet la période touristique (environs de 1940) : l'Esthétisme a tué Marrakech, - ou bien plutôt, lui a infusé une vie nouvelle. La Ville renaîtra de ses cendres, fera peau neuve, et bientôt, à la place de la Marrakech arabe et romanesque des années 1915·1925, surgira comme par enchantement la Marrakech moderne.
'Les jours innocents et libres d'antan sont périmés.
L'ordre et la discipline règnent. Les touristes, enrégimentés, bien encadrés, débarquent en masses de choc
et défilent au pas cadencé devant les vitrines européanisées des souks. La visite des Monuments classés, jours pairs pour les hommes, jours impairs pour les femmes, se fait par escouades, sous la conduite 'de guides assermentés et aseptisés. Les tourniquets pointent automatiquement les manquants. A la fameuse « couleur locale », d'un emploi souvent' délicat, on substitue le Ripolin, puis le Duco. La terrasse municipale est agrandie au millième. Les cars, bondés, font en 20 minutes le tour complet de la ville et de ses environs, sans interruption.
Mais les vieux Marrakchis qui' se raréfient, émigrent vers le Sud, ou se suicident, et les « Amis de Marrakech » ont été dissous. Dissolution, dislocation, c'est un temps de mue, l'époque dite « boujadie » par les philologues. La vie sociale subit un fléchissement momentané. L'agriculture, un instant égarée dans la motoculture, s'est finalement perdue en conjectures. Cependant les promesses réitérées faites aux colons raniment à intervalles espacés les espérances mortes. La Société d'Hivernage remanie activement ses statuts, se livre à d'immenses travaux de piquetages, met sur pied un bilan monumental, et parachève son œuvre par un gigantesque devis. On propose de transformer les casbahs en palaces, la Ménara en piscine, et la Médina en gare de triage. Le Syndicat d'Initiative, sur I'instigation de M. Dorée, déborde d'activité, triple ses circuits, repique Ia palmeraie, peuple les souks d'indigènes authentiques choisis à Vincennes, et fait venir à grand frais des provisions de neige cristallisée, de truites saumonées et de mouflons apprivoisés, pour en meubler les abords suburbains et les sites classés.
Tout monte, les immeubles et le coût de la vie. Le Mamounia élève ses étages et ses prix, et sur Djemaa el F'na enfin modernisée, le ciment armé élance déjà vers un ciel bourdonnant d'aéroplanes l'hymne intêgraI des temps futurs.
NOUS sommes en 1950, c'est la période moderne : ces temps incroyables, si longtemps prédits, sont enfin venus, et Marrakech voit s'accomplir son glorieux destin : tout a changé, plus rien n'est reconnaissables.
La vie locale a complètement évolué. Seuls les colons pieusement fidèles aux ,promesses qui leur furent faites au cours des siècles, rappellent encore au curieux des choses du Passé .les grandes périodes héroïques, maintenant abolies. L'agriculture a fait son temps, le Maroc légendaire, exotique, n'est plus qu'un souvenir désuet et touchant.
La Koutoubia, complètement rajeunie et ingénieusement adaptée aux nécessités nouvelles, munie d'ascenseurs et d'ondes courtes à tous les étages, découpée en tronçons de hauteurs différentes par des procédés ultra-scientifiques, sert de postes d'écoute aux sans-filistes arabisants et de laboratoires aux clubs acridiens. Deux métros extra-souples parcourent les souks en tous sens et sont aménagés, de distance en distance, en frigidaires souterrains. Un service bi-quotidien d'avions de luxe relie Passy à l'Aguedal en 4 heures. Tout Paris d'ailleurs est ici : aux cinés parlants de la première heure ont vite succédé théâtres, salles de conférences, instituts de beauté, etc ...
La foire de Neuilly, y trouvant un terrain favorable, s'est installée au Guéliz à demeure. Le Crapouillot crée une filiale en pleine Médina pour apporter à la Capitale « l'air de Marrakech », et Vu publie un -numéro spécial sur « le pays du Sous'viet » ; l'Atlas tire chaque jour à vingt pages, les bibliophiles s'arrachent ses éditions (Petit Maroc voit vendre en 1952 son onzième exemplaire).
Dans l'art, la vieille couleur locale, définitivement , virée au bleu, n'est plus qu'un mythe ; Marrakech-Ia-Rouge est, grâce à la Science, devenue l'Infra-rouge ; les arabesques épousent rigoureusement la ligne droite; et l'hispano-mauresque s'est mué en hispano-suiza. Sur Djemaa el F'na heureusement américanisée, les conteurs … /...


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.../... arabes, les barbiers berbères, les danseurs chleuhs en melon et gabardine, renouvellent leur stock, et initient leur vieux public aux réalité" nouvel les. Le3 charmeurs de serpents, à présent sans emploi, se font hypnotiseurs, et; par une fidélité atavique au passé, utilisent à ces fins les poèmes de Paul Valéry (1) _ Le Syndicat d'Initiative, désormais inutile, recueille enfin le fruit mérité d'un séculaire effort, élève M_ Dorée à la présidence à vie, et se repose sur ses lauriers, Son dernier triomphe sera l'inauguration solennelle, et combien symbolique, du célèbre Musée rétrospectif (30 février 1950).
. CONCLUSION. - Ici, croyons-nous, peut s' arrêter l'histoire, trop brièvement résumée a notre gré, mais rigoureusement exacte, de Marrakech à travers les âges. C'est sur la vision réconfortante, et pour nous singulièrement émouvante, de ce « Musée rétrospectif », dû à la générosité, à la ténacité de quelques-uns, et tout récemment ouvert au public, que nous mettrons un point final, et d'ailleurs provisoire, à notre travail. Puissent les jeunes générations, en parcourant ces salles où l'on a pieusement recueilli tout ce qui doit leur rappeler un Passé charmant, hélas bien mort, évoquer sans étonnement un temps qui n'est plus,  mais qui fut.
On y voit entre autres, avec quelques spécimens remarquables d'une faune à jamais disparue (âne, chameau, pou berbère), des costumes authentiquement arabes, tels que nos pères ont pu encore en rencontrer, des tapis estampillés, dont le souvenir s'est perdu, de minutieuse reconstitutions d'intérieurs et de scènes indigènes, le texte original, combien éloquent à sa façon, de dahirs de toutes sortes, une réduction exacte de la Koutoubia telle qu'elle était encore il y a moins d'un demi-siècle, avant son découpage, un car, parfaitement conservé, de l'époque primaire, le squelette intact d'une Ford de la bonne époque (Targaana vetusta), la lyre rudimentaire du dernier bozard, - frustes et touchantes reliques, vivante leçon de choses, qui rediront à nos successeurs, mieux peut-être que je ne l'ai pu dans ce probe mais austère exposé, la belle, la véridique histoire de MARRAKECH A TRAVERS LES AGES .

(1) Charmes, ébauche d'un serpent.


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-Danseurs Chleuhs (Dessins de Si Mammeri).

LA MUSIQUE AU MAROC


J'AI entendu maintes fois des Européens poser cette question: Le peuple marocain a-t-il le goût de la musique ? Regardez autour de vous toutes les scènes de la vie indigène. Le petit enfant dans la rue, celui du peuple qui ignore les priicipes de l'éducation ; il chante à chaque coin de derb, tout en faisant les petites commissions de son maître ; il chante les chamons de l'enfance et répète les airs de danse des chikhates, s'initie aux « mouals » des « aliines », à tous ceux qu'il entend dans les fêtes populaires, dans les riads, au cœurs des nezahas, sous les orangers et les oliviers de l'Aguedal.
Il chante aussi comme le phonographe du coin, de sa petite voix fluette, l'air dégagé et indifférent au milieu des passants qu'il ne voit pas.
Ecoutez en passant le jeune pâtre gardant son troupeau, arrêtez-vous un moment sans troubler ses mélodies et suivez la fraîcheur de sa flûte ou de son gosier :
Ecoutez aussi, le soir en rentrant d'une promenade, les airs champêtres des femmes berbères qui reviennent d'une cueillette d'olives. Goûtez leur joie si simple et si profonde.
Les jeunes gens sont plus réservés. Ils attendent de se trouver seuls pour appeler de leurs voix graves la muse des amoureux.
Ils sont dans les jardins, dans les cours, à l'ombre des arbres et recherchent le parfum de la fleur d'oranger ou de jasmin. Ils attendent souvent le voile du crépuscule ou la lumière fraîche et bleuâtre d'un clair de lune, à l'entrée d'une rue où l'on ne passe plus ou dans une petite boutique à demi-éclairée, la porte entr'ouverte barrée par les longues jambes d'un adolescent gardien de la maison.
Ils attendent aussi de ne plus voir de monde pour mieux s'entendre et goûter davantage le calme d'un lieu sacré. Un léger battement des mains dirige la cadence ; les notes fines d'un « goumbri » ou d'un luth entre les mains d'un amateur, se suivent avec bonheur. Voilà les vrais musiciens, les musiciens de l'amour, les créateurs de l'harmonie ceux qui comme tant d'autres ont connu les mêmes émotions sous des cieux différents et qui ne parlant pas les mêmes dialectes ont chanté la même langue.
La mandoline napolitaine, la guitare espagnole et le rebbab marocain ont fait vibrer les mêmes cordes et joué les mêmes romances.
Je me suis arrêté bien des fois en rentrant d'un cinéma ou d'une soirée musicale à l'embrasure d'une « masria » marocaine au son de quelques notes argentines qui, profitant du calme de la nuit ou du repos des souks se donnaient libre voie aux douceurs des recherches musicales. Le silence et la pénombre sont les amis des muses. Agréable sensation et combien reposante.
Combien de fois également, passant près d'une boutique de marchand de fèves ou de pois-chiches, dans ces petits coins qui réunissent les gens du Souss dans chaque ville du Maroc, vous êtes subitement attiré par une de ces cadences chleuhs SI spéciales à la région du Sud, rythmes de danses de pieds qui se précipitent …/…


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- Instruments de musique arabe : "rebbab" à une et à deux cordes, "tar" (tambourin sans peau)


.../... battent le sol, repartent par mesures moins accélêrèes, s'arrêtent subitement pour éclater à nouveau en notes sonores, métalliques pendant que les petits goumbris à deux cordes jettent leurs notes fines et suaves. Musique primitive de gens gals, à la cheville légère, musique de tentes et de tribus, où le chanteur se double, se triple d'un instrumentiste d'un danseur. Le chef d'orchestre est sur une natte devant un large disque sonore, deux petites baguettes de même métal battent la cadence. On danse à tour de rôle, à deux ou en rond. L'ensemble est vivant, entraînant.
Qui n'a entendu parler de ces « ahouachs » où toute la population d'une tribu prend part à une fête. On se sépare en deux rangs: celui des hommes et celui des femmes. Ils avancent l'un sur l'autre s'éloignent en danses variées pendant que les vallées et les vieilles casba renvoient mille échos joyeux. C'est la réception d'un grand caïd, d'un pacha célèbre, c'est l'honneur de voir arriver le Sultan sur la terre de ses ancêtres avec toute la troupe de son maghzen, de ses cavaliers.
Y a-t-il un peuple plus gai, plus amoureux des chants et des danses que ce grand peuple marocain. Voyez la place Djema El Fna à Marrakech, l'après-midi et vers le coucher du soleil, spectacle unique, inouï. Quelle joie ! Quelle ivresse ! Mille et mille spectateurs tournent sans fin autour de leurs conteurs et de leurs troubadours familiers. Danseurs Chleuhs, joueurs de flûtes, de cornemuses, superbes nègres maniant des tambours immenses chauffés par le soleil, des castagnettes vibrantes plus larges que leurs grandes mains ; charmeurs de serpents à chevelure de hroussaille, gymnases agiles pirouettant en tous sens et jetant en l'air pour les rattraper de longs fusils qui tournoient, conteurs de vieux récits orientaux ; tout ce monde gesticule, saute, danse, chante à tue-tête fait résonner des instruments multiples sous la lumière dorée du couchant, à l'ombre majestueuse de la Koutoubia millénaire.
Le peuple marocain aime-t-il la musique ? Jugez-en par la quantité de fêtes qu'il donne chaque année. La naissance d'un enfant, la première taille de sa chevelure, sa sortie en ville, la circoncision du petit garçon, la première sourabe de coran qu'il aura récitée convenablement devant le fequih' sont autant d'occasions pour de multiples réjouissances au milieu des voisins et des amis.
On appelle la musique : Chikhates, aliines reviennent souvent sous l'arc familier. Ceux que l'on n'appelle pas connaissent la fête et viennent aimablement devant la grande porte cloutée prendre part au bonheur -de la famille. Ce sont les tambours et les clarinettes. De grosses joues élastiques soufflent dans de petits instruments sonores aux notes aiguës ; les peaux vibrent ISOUS des coups répétés. Les voisines paraissent sur les terrasses, derrière les portes et lancent des you-you stridents dans une. joie populaire qu'on ne trouve plus que dans ce pays.
Qui ne prendrait joie à voir venir un enfant au monde ?
Les jours de mariage sont encore plus fastueux. Le jeune marié juché sur un superbe cheval est accompagné par le cercle de ses amis à travers les rues principales de la ville. On était allé le chercher dans un jardin, dans la verdure, parmi les fleurs alors que la musique des chikhates emplissait les orangers et les oliviers d'une poésie printanière. Ce sont des tambours doublés oc leurs immuables clarinettes qui sont venus enlever le jeune époux pour le faire rentrer dans sa demeure où tous les convives l'entourent et le couvrent de compliments.
Ces réjouissances durent plus d'une semaine. Qui ne connaît les « nezahas » marocaines, ces fêtes de printemps que l'on donne dans les jardins, sur le bord de l'eau, loin du bruit des villes. C'est la joie de voir revenir la vie dans les champs, c'est la poussée des fleurs dans les bourgeons de l'herbe fine dans les prairies. C'est le bo~heur de sentir le' soleil après l'humidité et l'engourdissement de l'hiver. Cette joie se traduit par des chants et .des danses champêtres. Il y a quelque chose d'éternel dans ces pastorales qui unissent les gens d'un même âge quand l'amour monte dans les veines.
Et lorsqu'après la fête, après les douces mélopées des patios andalous, vous rentrez chez vous à travers les petites rues de la Médina, vous retrouvez aux mêmes coins les mendiants de tous les jours que vous connaissez bien. Frères déshérités, la main tendue, les yeux dans le noir firmament, avec votre sourire qui est une ironie, que chantez-vous? C'est en musique qu'ils implorent votre pitié. C'est en chantant qu'ils invoquent la bonté divme.
La vie est bien monotone, la vie est souvent mortelle, si l'on ne s'oubliait dans le plaisir des notes harmonieuses, nos voix guidées par tant d'intérêts féroces seraient aussi rauques que celles des fauves.
Peuples du soleil, continuez malgré joie de votre pays !
l'infortune de chanter la joie
MAMMERI.
Inspecteur régional des Arts Indigènes à Marrakech.


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SAFI


AVEC 60 navires, 30.000 colons, Hannon fit déjà sur nos côtes du grand tourisme. Ayant retrouvé son point de repère, le promontoire Soleïs que Gsell identifie au Cap Cantin, il revint pendant une demi-journée vers le soleil levant étudier la lagune d'Ayer qui pouvait servir de port. Il aperçut des éléphants mais n'y trouva ni terres fertiles, ni sources pures. Reprenant alors sa direction primitive, il navigua pendant toute une journée et fonda sa première colonie: le Mur Carien. Il est probable que nos hautes falaises rappelèrent aux Phéniciens les côtes rocheuses de cette partie de l'Asie Mineure : la Carie. Les quatre autres colonies furent peut-être Goutz, Soucra, Port-Hercule, Messa.
Entrée dans l'histoire, notre région continue d'attirer les voyageurs. Les nombreux sanctuaires qui depuis Scylax rendaient notre côte « la plus sacrée de toute la Lybie » étaient fréquentés par des pèlerins qui sans doute bénéficiaient à Sidi-ben-Kous-Ksou d'un bon souper. Le reste, ils le trouvaient chez une Lalla Fatna qui toute sa vie se dévoua au service des passants. Elle s'y dépensait avec une telle conscience que Chénier appelle son dévouement une dévotion et il ajoute que cette dévotion est le seul titre de la vénération qu'on lui conserve.
Les Goths ont marqué leur passage dans le pays par l'édification de la ville de Conté. A proximité du Cap Cantin, le « Hamam Portuguès », des restes de murailles, le bordj de Lalla Haja, l'enceinte de Sidi Jema Joumaa, la pierre gravée de Moulay Ali, les disques sacrés de Miat Ahmed ou Mohamed doivent situer l'emplacement de cette ville détruite depuis des siècles.
En 1507, les Portugais s'installent à Safi. Pendant 34 ans ils détruisent ou razzient tous les villages berbères des environs. Dans la vallée de Tensift, à Hadequis, ils ravirent les captives qui firent à Lisbonne la plus forte sensation. Quand la vente d'esclaves constituait l'exploitation la plus lucrative, c'est une sincère appréciation qui fixait chaque prix de beauté.
Plus tard, Salé étant un refuge de pirates, Mogador n'étant pas encore reconstruit, Safi est la seule porte du Maroc. C'est par notre rade qu'arrivent tous les commerçants, tous les voyageurs, tous les ambassadeurs européens.
Installé à Safi en 1577, le consul marseillais Guillaume Bérard exerce sa juridiction et sa protection sur tous les européens puisqu'il a le titre de « facteur pour les nations ».
Cabiron, né simplement à Montpellier vint tuer, en 1625, dans les Abda un certain nombre de lions.
Dans le courant de cette année 1767 où le père du poète Chénier y résidait en qualité de consul, notre cité assista au passage de touristes de marque. C'était le Comte de Breugnon ambassadeur de Louis XV qui se montra moins habile improvisateur que son interprète juif. Participait aussi à l'ambassade le Bailli de Suffren. Cette imposante personnalité fit à cheval le trajet de Marrakech. Sur sa monture impressionnée par les décharges de la fantasia, le Bailli de Suffren se trouvait moins à l'aise que sur le pont d'une frégate. aspergée de boulets.
Le rappel de ces quelques déplacements nous fait espérer que Safi restera fréquenté par les touristes.
Monsieur Chamson a déjà vanté de notre ville sa clarté, son soleil, l'azur immuable de son ciel, l'alanguissement de ses clairs de lune, la douceur langoureuse de ses nuits.
Le climat de Safi est le plus sain peut-être de tout le Maroc.
Nous devons au courant froid des Canaries une température peu élevée qui oscille de 10° en hiver à 30° en été avec une moyenne de 22 à 23°. Malgré le voisinage de la mer et la brise de l'Atlantique, notre clmat reste sec. La hauteur de ses falaises ou de ses collines, l'influence bienfaisante des alizés préservent notre ville d'un excès d'humidité.
Comme Madère ou les Canaries, Safi pourrait être une station hivernale. Elle doit devenir la station estivale et balnéaire de Marrakech.
Notre plage actuelle disparaît dans le port ; mais les courants marins apportent après la jetée transversale leur chargement de sable et une nouvelle plage va s'étendre peut-être jusqu'à Sidi Bouzid.
Après l'agitation du port, la trépidation des chantiers, les baigneurs atteindront une rive paisible. Cette plage abritée du vent par une haute falaise sera aménagée ; le Syndicat d'Initiatives y installera cet été de coquettes cabines.
A proximité de Safi, les baigneurs pourront aussi trouver soit à Djorf el Youdi, soit à Taoudet de vastes plages rendues pittoresques par la massive épaisseur des rochers qui les surplombent.
La route côtière qui se dirige vers le Cap Cantin est une promenade captivante. Tracée en corniche, cette route domine de 100 à 150 m. le niveau de la mer. Des falaises abruptes, de gigantesques éboulis, constituent un ensemble impressionnant, un spectacle grandiose.
Au printemps prochain, la route côtière qui dépasse le Cap Cantin atteindra Oualidia. De cette lagune le Chevalier de St-Mandrier s'efforça de faire un port. Son projet examiné par les espagnols, repris par les Hollandais, ne reçut en 1634 par le Sultan El Oualid qu'un commencement d'exécution. Si la lagune d'Oualidia n'a pu devenir un port, elle est restée une plage très fréquentée en raison de sa sécurité absolue.
Vers le Sud, une autre route nous permettra bientôt d'atteindre le Tensift, ses arganiers, ses dunes, Guédima.
Comprise dans le circuit touristique préconisé par Monsieur le Résident Général, notre ville conduira par un trajet agréable ses visiteurs. Elle s'efforcera aussi de les distraire par l'organisation de jeux, de pêches, de chasses. Mieux que ces attractions, l'hôtel de tourisme qu'achève la Compagnie Paquet servira le renom de la cité. Ce bel édifice qui domine les blanches terrasses, les verts minarets, l'ensemble harmonieux de notre rade, paraît sur le bord du plateau, s'ériger comme le signal d'un nouveau destin.
V. MONTEGUT.


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MOGADOR


UN Immense tapis vert, composé de vergers d'arganiers, recouvre les vallonnements du Tleta et s'étend, au loin, sur
les contreforts du Haut-Atlas, pour orner l'incomparable corniche d'Agadir,
Quarante kilomètres dans cet éden marbré de rose, puis, sans transition, un essaim de dunes embrasé par res rayons du soleil qui descend sur l'Océan.
Sur cet écran d'or, un archipel groupant d'innombrables îlots offre au voyageur un spectacle inattendu, un paysage de légende qui fait penser aux féériques descriptions du Bosphore.
Là s'épanouit délicatement la ville argentée de Mogador. Enthousiasmés, nous franchissons les remparts vaubanesques de la Cité.
La surprise est grande, car, si paradoxal que cela puisse sembler on a la sensation intime d'être dans une ville fortifiée de l'Aunis ; rues saines et bien tracées, maisons blanches sur lesquelles se profilent d'agréables bosquets et de rutilants massifs de fleurs.
L'activité se concentre place du Chyla, où stimulées par une musique hawaïenne des grappes de fraîches jouvencelles, dans un interminable va-et-vient, échangent de confidentiels sourires avec les groupes de jeunes gens endimanchés : c'est la nouvelle génération israélite qui évolue.
A l'angle des rues, sous les voûtes sombres par l'étroit rectangle d'un haÏck deux beaux yeux vous regardent: ce sont les jolies hétaïres qui vous offrent un peu de l'amour pratiqué autrefois à Mogador comme dans l'antique Sodome.
L'extase se prolonge.
Dans le fracas des flots la voix vibrante d'un muézin en une ardente prière s'élève jusqu'au firmament étoilé ... Des synagogues, pareil au murmure d'une source lointaine s'exhale le rythme cadencé des psaumes hébreux ... Au fond d'une ruelle, des pas rapides, succèdent au cri déchirant d'une femme battue ... Dans l'ombre proche, des éclats de voix entrecoupés de murmures ... C'est Mogador la nuit!
Le soleil se lève derrière les dunes, et de leur crête s'échappe, en gracieuses volutes, une poussière d'or qui illumine tout l'horizon. Avec l'aube renaît la vision orientale de la ville et c'est depuis les terrasses que l'on peut contempler, dans le poudroiement doré des sables, les vestiges d'un fort portugais noblement incliné comme un vaisseau échoué ; les ruines estompées du Palais des Sultans, le Tombeau sacré de Sidi Mogdoul et le village saharien de Diabat, au pied duquel chevauchent en silence les caravanes venant de Mauritanie. C'est depuis ces terrasses que s'élancent les élégants minarets et plongent les magnifiques échancrures des maisons sur la majesté de la mer; de ces terrasses que l'on admire le style pur d'une île qui, par la grâce de ses contours, rappelle les harmonieuses lignes de l'île d'Aix.:. C'est depuis ces promontoires que l'on découvre tout le charme de la perle océanienne.
Bien à regret, il faut détacher son regard de cette inconcevable vision d'art pour descendre faire le tour de ville.
L'avenue du Méchouar est ombragée par de gracieux jardins, puis jalonnée de mimosas sous lesquels s'abritent des indigènes dont les étalages de primeurs, pastèques; fruits et fleurs rappellent aux marins l'abondance et les riantes couleurs du marché sous les tilleuls à Rochefort-sur-Mer.  
Deux souks, aux arcades boucanées, accèdent à cette avenue et valent d'être vus pour leur étrange animation et la sobriété de leurs plans flanqués de violents contrastes: ce sont de vigoureux sujets d'eau-forte qui attirent nos regards; nous déambulons ensuite dans les rues adjacentes par la claire Médina et le mystérieux Mellah où abondent les effets de lumière sur les murs piqués de volets verts, les clairs-obscurs sous les voûtes profondes comme des tunnels et dans les modestes ateliers où d'habiles artisans façonnent dans la loupe de thuya, de si jolis meubles incrustés de citronnier, de nacre, d'ivoire.  
L'œil est agréablement surpris à chaque pas mais tout ce dédale de ruelles aboutit infailliblement à la mer. !
Après avoir admiré la longue esplanade de la Skala, esplanade ornée de canons portugais et espagnols qui rappellent l'odyssée de cette ville historique restée si vivante par l'éclat de ses atJraits naturels, escaladons les rochers escarpés qui toujours, à l'horizon, sont surmontés par l'élégante silhouette de l'île aux pigeons et par les bastions en ruines de la forteresse qui commandait l'entrée du port.  
C'est parmi ces fantasmagoriques édifices de la nature à la base desquels jaillissent des gerbes floconneuses, retombant en une pluie d'opales, qu'il faut voir Mogador dans ce qu'elle a de vraiment caractéristique. Il faut y voir le pittoresque retour de la pêche, la robuste envergure des anciens corsaires; les rudes masques de juifs drapés de noir ; les austères patriaches, le chef couvert d'un foulard bleu semé de pois blancs ; les fatimas en sérail, cravachant avec désinvolture leurs nattes, leurs tapis et provoquant ainsi un bariolage de couleurs du plus curieux effet. Il faut y voir non loin de la tour septentrionale de la Skala, sur un récif feutré d'algues et de lichens, les mauresques faisant leurs ablutions: leurs silhouettes fines, rivalisent avec les plus jolies tanagras.
Il y a beaucoup à dire sur Mogador, centre de pêche de chasse, d'estivage et d'hivernage ; sur sa vie intime et son histoire. Beaucoup a été dit et c'est pourquoi je me borne à indiquer aux lecteurs, aux touristes, ce qui est de nature à frapper leur imagination et à meubler leur cerveau d'inoubliables souvenirs.  
Mogador ville d'amour, ville de rêve, ville racée ; cruellement blessée dans son organisation vitale ; concurrencée dans son transit par sa sœur cadette Agadir, se survivra à elle-même par son charme, sa captivante beauté et son climat idéal.  
J.-L. MORETEAU.


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