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Mémoire de la présence Française au Maroc à l'époque du Protectorat
 
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 MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935

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Paul CASIMIR





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MessageSujet: MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935   MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 2 EmptyDim 18 Mai - 11:48


... plus épais ils s'étalent en larges plateaux (plateau d'Oued Zem); plus épais encore, ils ont facilité les plissements atlasiques. Mais fréquemment le plissement avorte, est remplacé par des fractures qui s'accompagnent d'éruptions volcaniques (pays des Béni Mgild et des Zaïane).

Pendant le pliocène et le quaternaire, quelques événements achèvent de modeler la figure de la terre marocaine. De grands lacs (Saïs, Tafrata) caractéristiques d'une topographie en bassins fermés issue des mouvements tectoniques antérieurs, se vident par le double travail du colmatage et de l'érosion régressive. De petits glaciers échancrent de cirques les très hauts sommets, cependant que le climat plus humide surexcite l'érosion torrentielle en montagne et les alluvionnements au pied de l'Atlas. A l'ouest, l'Océan recule, laissant des cordons successifs de dunes que la végétation fixe rapidement.

2. — LES GRANDES LIGNES DU RELIEF.

La disposition architecturale a créé au Maroc des ensembles très nets qui, grâce à la coïncidence de l'action du climat et des agents du modelé, servent de cadres aux régions naturelles : ce sont le Rif, le bassin du Sebou, la Meseta, les chaînes de l'Atlas, le Maroc oriental, la zone présaharienne.

Les géographes étendent généralement le nom de Rif qui, pour les indigènes n'a qu'une signification restreinte, à tout l'ensemble des massifs montagneux qui bordent la Méditerranée du détroit de Gibraltar à la Moulouya et s'étalent au Sud jusqu'à l'Ouerrha. Les travaux récents, encore inachevés, ont fait ressortir la nécessité de distinguer plusieurs parties, individualisées tant par la structure que par l'évolution morphologique : la zone orientale, la haute chaîne, la zone méridionale.

On peut rattacher à la zone orientale, à cause de leur position, les chapelets de brachyanticlinaux qui constituent le massif des Kebdana, des Reni Bouyahyi et des Beni Snassen et seraient par leur structure plutôt un prolongement des plissements atlasiques. Une zone subtabulaire comprenant, au Sud, les causses du Terni et du Masgout, au Nord, la presqu'île des Gel'iya semble avoir été séparée de la grande chaîne rifaine par dépression tectonique à laquelle correspond le moyen Kert. Cette zone orientale, consolidée dès la première partie du tertiaire, a résisté au paroxysme du plissement rifain de la seconde partie : aussi a-t-elle été fracturée et accidentée par les manifestations volcaniques qui ont créé le Gourougou ou le champ de laves de la base du Gilliz. L'insuffisance de précipitations fait apparaître les formes habituelles des pays soumis à une érosion spasmodique : vallées trop larges et encombrées d'alluvions, dépressions sans écoulements comme le Gerrouaou, buttes isolées dont la couronne de falaises domine les pentes d'éboulis.

La haute chaîne prolonge au Sud de la cassure du détroit de Gibraltar la Cordillère bétique, sans avoir sa hauteur. Elle ne semble pas non plus en reproduire exactement la disposition en nappes, quoique certains accidents et l'intensité des déversements au Sud aient pu faire croire à l'existence de grands plis couchés de charriages.

MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 2 Bbscan32

Le village d'El-Hajeb sur le rebord de la plaine de Meknès.



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MessageSujet: MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935   MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 2 EmptyDim 18 Mai - 12:00



MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 2 Bbscan33

Le Haut Atlas vu de Tahanaout.

Dans la péninsule du Nord marocain, la ligne de faîte est constituée par la « dorsale calcaire » qui dépasse largement 2.000 mètres au Tissouka et au Lecheheb (2.170 m.) dans la région de Chéchaouène, puis s'abaisse et s'infléchit vers la Pointe des Pêcheurs où elle disparaît sous la mer, pour former encore plus à l'Est le chaînon isolé des Bokkoya. A partir de Bab Taza, elle est relayée par la zone du flysch qui atteint 2.070 mètres au Jebel Tizirène. Le point culminant est le Jebel Tidirhine (2.450 mètres) qui domine la branche supérieure de l'Ouerrha. Non loin de là, la vallée supérieure du Rhis qui forme le beau val de Targist est encadrée par le Jebel Hammam, où les plis vigoureusement comprimés, commencent leur virgation vers le Nord-Est. Ainsi la chaîne rifaine proprement dite, d'affinité alpine, s'arrêterait dans les promontoires orientaux de la baie d'Alhucemas.

Resserré à l'Est et à l'Ouest, l'arc rifain, comme un croissant, s'étale largement au centre, dans la direction du Sud. On considère généralement la vallée de l'Ouerrha comme la limite méridionale. En fait, le contrecoup des plissements rifains se fait sentir bien au delà puisque les plaines du Sebou sont accidentées par les massifs prérifains.

Cette zone méridionale est caractérisée par un double système de dépressions et de rides géologiques individualisées dès la période de sédimentation marine. L'érosion de l'Ouerrha et de ses affluents a parfois brouillé dans le relief apparent les lignes tectoniques : les anticlinaux sont coupés par des cluses comme celle qui sépare la butte de Taounat du massif des Sanhaja; des synclinaux se trouvent «perchés». Mais en général des alignements de massifs, grâce à la résistance de leurs noyaux de calcaires jurassiques, traduisent les rides anticlinales : Keil-Taounat-Aïn Beida, série des Sofs, Messaoud-Ourtzarh-Amergo-Korteba, chacun de ces groupes orienté S.E.-N.O. correspond à un pli.

La plupart de ces massifs, affouillés vigoureusement par leur base marneuse peu résistante, créent un relief beaucoup plus tourmenté qu'on n'imaginerait d'après les chiffres d'altitude rarement supérieurs à un millier de mètres. Les précipitations, accrues encore par l'exposition aux vents océaniques, alimentent de belles sources qui jaillissent naturellement au contact des calcaires et des marnes : sur le niveau d'eau se succèdent de pittoresques villages blottis au milieu des vergers. Les sommets, défendus par leur isolement et une couronne de falaises, constituent des forteresses naturelles où s'installèrent nos postes militaires : ils ont été les témoins, tel le Jebel Bibane, des épisodes les plus héroïques de la lutte contre Abd el-Krim.

Comme dans la haute chaîne, ces anticlinaux, déversés au Sud au point de chevaucher parfois les dépôts miocènes du synclinal voisin, prononcent une virgation vers le N.E. qui commence à se manifester dans le massif des Sanhaja. De même que les décollements sont sans doute dus à l'insuffisante plasticité du socle ancien qui apparaît dans quelques accidents, le rebroussement des plis est en rapport avec la résistance du môle subtabulaire de la zone orientale.

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MessageSujet: MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935   MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 2 EmptyDim 18 Mai - 12:50


Plaines et plateaux du Maroc atlantique.


La chaine rifaine est séparée des plateaux du Maroc central et du Moyen Atlas par une vaste région que drainent le Sebou et ses affluents. Ainsi encadré par un double système de hauteurs qui se rapprochent à l'Est, cette région apparait avant tout comme une dépression, largement ouverte sur l'Océan et progressivement ressérée vers l'intérieur. Les plaines sédimentaires ou alluviales y tiennent la plus grande place. C'est la région du Maroc où se fait le moins sentir l'influence, même indirecte, du socle hercynien.

Cependant, cet aspect de dépression est tout relatif; l'altitude moyenne, au moins à l'intérieur, est assez élevée et quelques points atteignent ou dépassent 1.000 mètres. Au milieu d'un océan de plaines d'architecture tabulaire, se dressent comme des îles, des massifs plissés. Ce sont les « guirlandes prérifaines » dont les festons principaux sont le Zalarh, le Zerhoun, le Kefs.


MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 2 Bbscan34

Aguelmane de Sidi Ali.

Entre ces guirlandes et le rebord de la Meseta se développe une haute plaine, dont la régularité est due à la couverture de calcaires lacustres déposés dans un immense bassin fermé qui ne se vida qu'à la fin du tertiaire.

Le Sebou, rejeté au Nord, coule paresseusement dans une large vallée alluviale, aisément déblayée dans des marnes tendres. Son cours inférieur décrit d'étonnants méandres dans la plaine marécageuse du Rharb.

A l'Est, le bassin du Sebou, progressivement rétréci, se prolonge par l'étroit couloir de Taza qui le fait communiquer avec les plaines de la Moyenne Moulouya.

Au Sud des plaines du Sebou, la côte atlan­tique entre Rabat et Mogador, le Haut Atlas occi­dental et le Moyen Atlas, encadre une vaste région que Gentil a justement désignée, par comparaison avec l'Espagne centrale, sous le nom de Meseta maro­caine.

La Meseta est un fragment de la pénéplaine hercynienne sur lequel les vagues des plis tertiaires se brisèrent sans se propager. Mais des mouvements de bascule ont entraîné des transgressions et régressions marines qui ont recouvert le socle primaire de sédi­ments horizontaux généralement peu épais.

Ces événements se traduisent aujourd'hui par une structure caractéristique. De l'océan aux chaînes atlasiques s'étagent une série de plates-formes que limitent deux séries de gradins se coupant à angle droit. Les plaines allongées au bord de l'Atlantique, de Rabat à Mogador, frangées à l'Ouest d'une zone sablonneuse de dunes mortes, recouvertes à l'inté­rieur de la féconde terre noire, butent à l'Est contre le plus re­marquable de ces gradins; particulièrement net quand on arrive à Settat, il forme une ligne continue, orientée N.-N.E.—S.-S.O., depuis Boucheron jusque près de Mogador.

MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 2 Bbscan35
Le Jebel Amrhraras n-Iglioua vu du Tizi n-Ouanoums ( Haut Atlas du Toubkal )

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MessageSujet: MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935   MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 2 EmptyDim 18 Mai - 12:54


La "falaise" de Settat sépare, avec une dénivellation d'environ 200 mètres, les plaines subatlantiques, recouvertes par des sédiments néogènes, de la zone intérieure des plateaux. Du Nord au Sud, ces plateaux sont limités par une série d'accidents orientés suivant les parallèles : c'est d'abord la vigoureuse ligne de reliefs que forma la meseta au-dessus de la plaine du Sebou, puis une "côte" dite parfois "falaise des Zaïane", par où le plateau crétacé d'Oued Zem domine le massif primaire des Zaïane. Sur la rive gauche de l'Oumm Rbi', le socle primaire, au lieu de s'enfoncer plus profondément a été de nouveau relevé dans le massif des Rehamma et les Skhour ; il est possible que la petite chaine des Jebilet soit due à un accident du même genre, véritable pli de fond.

Le plateau Zaèr-Zaïane, avec des crêtes apalachiennes de roches dures, ses mornes surfaces brutalement scièes par des vallées profondes, est un beau type de pénéplaine en voie de rajeunissement.

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MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 2 Bbscan36
Vallée du Dra supérieur chez les Mezgita.

LES CHAÎNES DE L'ATLAS

La puissante chaîne du Haut-Atlas date, sous sa forme actuelle, des grands mouvements de l'époque tertiaire. Les plissements n'ont pas eu l'intensité que semblerait indiquer la hauteur des sommets. Les plis, même s'ils comportent un décollement des couches sédimentaires par rapport au socle, ne rappellent en rien les grandes nappes alpines; l'altitude est due plutôt à un relèvement d'ensemble et à un vaste pli de fond. Les phénomènes orogéniques, commencés à l'ère secondaire, ont ramené au jour, au Sud de Marrakech, une partie de l'ancienne chaîne hercynienne,

Le Haut-Atlas dresse immédiatement au-dessus de la côte atlantique, les plateaux des Haha et des Ida-ou-Tanan, dont les couches subtabulaires sont cependant accidentées par une série d'anticlinaux à noyau jurassique. Le plus accentué, celui du Lgouz-Agadir n-Rhir, correspond à la zone axiale de la grande chaîne, quoiqu'il soit rejeté au-dessus de la plaine du Sous. Entre les deux dépressions transversales, celle que jalonnent le Tizi n-Machou et le cours supérieur de l'Oued Issen d'une part, celle des Gloua d'autre part, l'originalité de la chaîne est due au massif central, primaire, cristallin et volcanique. Là se trouvent les cimes culminantes, Toubkal, Ouenkrim, Likoumt, Tifnout, oscillant autour de 4.000 mètres. Malgré la violence de l'érosion et de la désagrégation mécanique, les pics ne se dégagent guère de la masse montagneuse qui forme une barrière continue où les cols sont à plus de 3.000 mètres. Cette barrière est cependant largement interrompue par la dépression permienne des Goundafa, où la vallée du Nfis et le Tizi-n-Test forment la grande voie de passage entre Marrakech et le Sous.

Le massif primaire, dominant de hauts plateaux de grès rouges aux fantastiques falaises, est flanqué au Nord et au Sud de zones subatlasiques moins élevées où l'érosion souligne certains contacts anormaux et fait parfois réapparaître un paysage de schistes primaires ravinés sous la couverture sédimentaire plus récente formant des plateaux.

A l'Est des Glaoua, le Haut-Atlas reste très élevé. Le Rhat, l'Azourki, l'Ayachi, dépassent 3.500 mètres, les Mgouna dépassent même 4.000 mètres. Tous ces massifs sont constitués par des plis assez réguliers, quoique un des flancs soit fréquemment rompu en faille. La succession d'anticlinaux et de synclinaux fait naturellement apparaître les formes classiques du Jura, plus ou moins modifiées par le climat : cluses de l'Ahansal et du Ziz, vals longitudinaux élargis par l'accumulation des alluvions comme dans la plaine du Tialaline. L'évolution morphologique est paralysée par l'insuffisance des précipitations qu'accentue encore la perméabilité des calcaires : en dehors des falaises vertigineuses qui rendent impraticables les gorges transversales, les formes sont plus lourdes encore que dans l'Atlas de Marrakech.

L'extrémité orientale présente un aspect particulier. L'altitude s'abaisse rapidement à l'Est du col de Talrhemt où passe la grande route impériale vers le Sud.

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MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 2 Bbscan37
Gorges du Todhra.

Les plis semblent s'écraser sur les hauts plateaux du Dahra, en formant comme dans le Jebel Oumm Chakhourt, de petits massifs ensevelis sous leurs propres débris. La liaison avec l'Atlas saharien d'Algérie n'est réalisée que par ces chapelets de plis courts et peu accentués qui circonscrivent la haute plaine de Tamlelt au socle primaire masqué sous les alluvions. La com­munication entre le Dahra steppique et le désert est d'autant plus facile que le niveau de base saharien a donné l'avantage aux rivières du Sud qui ont empiété sur le versant méditerranéen.

L'expression de Moyen-Atlas est un des termes les moins clairs de la nomenclature géographique marocaine. On désigne géné­ralement sous ce nom une chaîne orientée S.O.-N.E. qui sépare le Maroc atlantique des plateaux steppiques du Maroc oriental. Cette notion de chaîne est exacte et précise sur certains points : la plaine du Tadla, la plaine de la Moyenne Moulouya sont dominées, l'une à l'Est, l'autre à l'Ouest par des reliefs vigoureux et continus contre lesquels elles butent brutalement. Mais les limites sont loin d'être partout aussi nettes. Selon qu'on envisage la tectonique, la nature du sol ou les formes du relief, on est amené à restreindre ou au contraire, à augmenter considérablement l'extension du Moyen-Atlas.

Envisagé seulement comme chaîne de plissement, le Moyen-Atlas s'encadrerait entre les plaines de la Moulouya d'une part et d'autre part un long fossé jalonné par les vallées opposées de l'Oumm Rbi' et du Gigou, de l'Oued Zaloul, affluent du Sebou, et de l'Oued Melloulou, affluent de la Moulouya. Mais c'est donner à ce fossé une importance qui ne répond plus à la réalité géogra­phique, tant au point de vue phy­sique qu'au point de vue humain. Le Moyen - Atlas plissé est étroi­tement soudé aux plateaux   du   Nord-Ouest   et   du   Nord   qui   viennent   former comme un balcon suspendu au-dessus  des plaines  de  Sebou et du couloir de Taza. On peut mettre à part le massif Zaïane, dont  la  structure  si   particulière   de  pénéplaine  rajeunie   se prolonge par  le  pays  Zaèr jusque  près   de  Rabat.  Mais  les plateaux de calcaires  jurassiques   d'Itto,   d'Anoceur,   d'Ahermoumou présentent trop de ressemblances avec la zone mon­tagneuse de même composition pour pouvoir en être séparés.

Comme   le   Jura   avec   lequel   il   présente   un   certain nombre   de   ressemblances,   le   Moyen-Atlas   comprend   donc deux parties : une zone plissée et une zone tabulaire séparées par le sillon du Gigou et ses prolongements. Cette différencia­tion tectonique  elle-même  s'affaiblit souvent. En  elïet, l'alti­tude   générale   est   fonction   d'un   relèvement   vertical   d'en­semble, plutôt que de l'intensité du plissement. Le Moyen-Atlas présente le plus  souvent  des  chapelets  de  brachyanticlinaux  brusquement   aigus,   entre lesquels les aires synclinales s'élargissent au point de ramener véritablement une structure tabulaire. Inversement les plateaux de la zone tabulaire sont affectés de gauchissements à grand rayon, de flexures étirées en failles. De telles cassures se sont produites  aussi bien  dans la zone plissée  que  dans la   zone   tabulaire ; les   épanchements   volcaniques   qu'elles   ont   déterminés au  Nord   sont   une   autre   cause   de   rapprochement.   Toute   cette   structure témoigne de l'action générale et profonde exercée par le socle primaire, qui d'ailleurs apparaît largement dans le Tazekka.

MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 2 Bbscan38

Aiguille dans le massif du Sarho.

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MessageSujet: MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935   MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 2 EmptyDim 18 Mai - 15:13



Au Sud, les relations avec le Haut-Atlas sont plus obscures encore que les limites du Moyen-Atlas au Nord-Ouest, dont la difficulté est purement verbale. Pour les uns, les deux chaînes sont soudées dans la région d'Azilal, et le Moyen-Atlas n'est que le prolongement d'un pli en coulisse de la grande chaîne. Pour les autres, les deux chaînes sont séparées par le couloir tabulaire de l'Oued el-Abid, qui, par le seuil d'Arbala, relierait la haute Moulouya au Haouz de Marrakech ou synclinal de Mogador ; le Moyen-Atlas, par les plateaux crétacés des Aït Attab et des Ntifa, rejoindrait le pli de fond de Jebilet et au delà, l'anticlinal de Kourati-Hadid, enserrant ainsi la cuvette du Haouz.

Quoi qu'il en soit des explications tectoniques, du point de vue du relief et de son action sur la géographie humaine, un fait est essentiel : l'épaisseur de ce bloc montagneux que constitue le Moyen-Atlas, soudé d'une part aux plateaux du Nord-Ouest, d'autre part à la haute chaîne du Sud-Est. Que le centre du Maroc soit une zone de dispersion et non d'attraction, sépare, au lieu d'unir, le Maroc du Nord et le Maroc du Sud, le Maroc atlantique et le Maroc continental, c'est un de ces faits naturels, simples, mais permanents et inéluctables, dont les conséquences géographiques et historiques sont infinies. Le morcellement en unités tectoniques distinctes n'empêche pas le bloc montagneux du Maroc central d'avoir été l'imprenable citadelle où le bloc des Berbères irréductibles dominait les plaines arabisées.

C'est d'ailleurs par sa masse plus que par son altitude que le Moyen-Atlas gène la circulation. Celle-ci a trouvé des passages naturels dans les plateaux débarrassés par les pasteurs de leur couverture forestière, dans les vallées longitudinales et les cluses comme la célèbre gorge de Boumalne, l'ancien « défilé des Corbeaux ». Dans la zone centrale, remarquable par le développement des formes karstiques, une diminution à la fois de l'altitude et de la largeur facilite mieux encore les relations entre le Haut Tadla et la Moulouya.

C'est au Nord que le Moyen-Atlas prend le plus d'ampleur et de majesté. Deux grands axes anticlinaux sont jalonnés, l'un par le Mousa-ou-Salah, qui atteint 3.200 mètres, l'autre par le Gaberral qui dépasse 3.300 mètres. Entre eux, un large et long couloir est drainé en sens inverse par des sous-affluents du Sebou et de la Moulouya qui l'ont accidenté de vallées monoclinales. Les plissements ont partout moins d'effet sur le relief par leur intensité et leur action directe que par l'orientation imposée au réseau hydrographique et à l'érosion.

Maroc oriental.


Par le relief comme par le climat, le Maroc oriental est un prolongement de l'Oranie. C'est la même opposition profonde entre deux parties : une zone de massifs plissés en bordure de la Méditerranée, une zone tabulaire de hauts plateaux au Sud. La vallée de la Moulouya est plus originale.

Dans la zone tellienne du Nord, le pittoresque massif des Béni Snassène (1.656 m.) sépare la plaine littorale des Trifa de la haute plaine intérieure des Angad, grande voie longitudinale de circulation.


MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 2 Bbscan39

Falaise de Tazarine au sud du massif du Sahro.

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MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 2 Bbscan40

La "Hamâda" de Bou-Denib.

Les hauts plateaux, ou Dahra dominent ce couloir par un rebord escarpé où l'érosion a individualisé un certain nombre de massifs : gadas de Debdou, monts des Zekkara, Jebel Jerada, devenu célèbre par son bassin houiller. La surface immense du Dahra est sillonnée de plis courts empâtés, séparés par de larges dépressions alluvionnaires.

La vallée de la Moulouya est constituée par une série étagée de plaines, anciens bassins fermés, que le fleuve a vidés en sciant successivement les seuils de séparation.


ZONE PRÉSAHARIENNE

Les plis de l'Atlas forment une zone tectonique intermédiaire entre les chaînes alpines et la zone afri­caine de très ancienne consolidation que Suess appelait «bouclier saharien».

On peut constater dans l'Anti-Atlas et le Sarrho les restes d'un continent antécambrien. Au Sud du Haut-Atlas, les mouvements du sol se sont réduits, depuis la fin des temps primaires, à des oscillations verticales; leur amplitude a été suffisante pour déterminer des altitudes assez considérables; mais ils ne s'accompagnent dans le sens latéral que de gauchissements à grand rayon. Une longue série d'accidents ou même de fractures, sillon élargi à l'Ouest dans la plaine du Sous, souligne depuis l'Atlantique jusqu'en Algérie, le contact de la plate-forme saharienne avec la chaîne atlasique.

Plus encore que la tectonique, les conditions de l'évolution morphologique contribuent à l'originalité des lignes du paysage dans l'extrême-Sud marocain. Les fleuves, frappés de paralysie progressive, présentent les aspects d'une véritable fossilation. Un mécanisme nouveau tend à se substituer à l'érosion par les eaux courantes : on voit de plus en plus prédominer la désagrégation physico-chimique due à l'action directe du soleil ou aux brusques et fortes variations de la température, les influences éoliennes et l'obéissance passive aux lois de la pesanteur, bref, toutes les forces qui créent la morphologie désertique. Cependant le Sahara « intégral » est loin d'être réalisé ou ne se manifeste que sporadiquement. La vigueur des reliefs montagneux, les précipitations moins exceptionnelles, ajoutent les effets du ruissellement et de l'érosion par les eaux courantes à ceux de la corrasion et de la déflation.

En outre, le modelé actuel conserve encore l'empreinte vigoureuse du cycle d'érosion de l'époque récente où le réseau hydrographique était à peu près normal. Du seul point de vue morphologique, la zone présaharienne du Maroc a une individualité bien marquée.

L'Anti-Atlas est séparé du Haut-Atlas par la plaine alluvionnaire du Sous progressivement élargie vers l'Océan, et s'en rapproche à l'Est, le puissant massif volcanique du Siroua (3.530 m.), formant une soudure topographique. Il est surtout constitué par de vastes plateaux de calcaires dolomitiques et de grès dévoniens parfaitement arasés. Ces plateaux sont cependant dominés par une zone axiale plus élevée et plus irrégulière : des filons de quartzites et de durs conglomérats dépassant 2.500 mètres au Jebel Aklim y font saillie au-dessus des mamelons granitiques. A l'Ouest du vigoureux Jebel Kest, le relief reste tourmenté jusqu'à l'Atlantique, les massifs littoraux formant comme des îlots rocheux entre les larges vallées alluvionnaires du système de l'Oued Noun.

Au Sud de l'Anti-Atlas, les couches de sédiments primaires plongent vers le Drâ.

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Ce plongement qui donne aux affluents de droite du Drâ l'allure de rivières conséquentes, l'alternance des couches dures et tendres, grès quartziteux et argiles, ont déterminé, suivant le mécanisme classique, une véritable topographie de «côtes». La mince et longue arête appelée Jebel Bani, n'est que la plus remarquable de ces «côtes»; elle atteint 1.214 mètres au Jebel Taïmzour, au-dessus d'Agadir-Tissint. Le Jebel Bani, que les affluents du Drâ traversent par d'étroites gorges, domine au Nord de son versant le plus abrupt la plaine sablonneuse de la Féija.

Au Sud du Drâ, l'érosion temporaire sculpte les crêtes apalachiennes du Jebel Ouarkziz et découpe le Mechbouk, à travers lequel le fleuve s'est frayé un passage. Ces reliefs tourmentés sont dominés par la haute falaise de la grande hamâda dont la couverture calcaire est discordante sur les schistes violemment redressés.

L'Anti-Atlas est séparé par la gorge de l'Imi-n-Drâ du Jebel Sarrho qui reproduit sa structure. Ce massif est encadré par le sillon de passage du Dadès-Todrha au Nord, par la zone déprimée et ravinée du Tazarine au Sud. La désagrégation mécanique de dykes volcaniques et de durs quartzites y hérisse les aiguilles fantastiques du Bougafer.

A l'Est des palmeraies du Ziz, on ne trouve plus de massifs montagneux aussi puissants. Toute cette zone des contins algéro-marocains se partage entre les trois aspects classiques du Sahara : les dunes qui forment vers le Sud-Est les Erg Raoui et Atimine, les grandes étendues mornes de la Hamâda du Gir, la Chebka avec son lacis de vallées alluvionnaires encadrant des plateaux aux falaises verticales. Toute la région découpée par le Gir, et ses affluents, est caractérisée par le contraste entre la couleur claire de la couverture crétacée et les teintes sombres du socle carbonifère dont les grès sont noircis par la patine désertique.

MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 2 Bbscan41
Forêt d'Azrou.

3. — CONDITIONS CLIMATIQUES ET ZONES DE VÉGÉTATION



Parmi les « paradoxes » marocains, ceux qui ont comme siège l'atmosphère retiennent le plus aisément l'attention. On dit par exemple « que le Maroc est un pays froid où le soleil est chaud », et cette définition pittoresque ne manque pas de vérité profonde. A la grande régularité de température de la zone littorale, s'oppose le Maroc montagneux et continental aux amplitudes excessives de variations thermiques, soit entre l'été et l'hiver, soit entre le jour et la nuit. Dans la zone littorale elle-même, les étés sont extraordinaires avec leur atmosphère saturée de vapeur d'eau sous un ciel sans nuage.

Des influences contradictoires expliquent des caractères aussi extrêmes. Par sa position en latitude, comprise entre le 36° et le 28° parallèle, le Maroc est presque tout entier compris dans la zone tempérée chaude dite méditer­ranéenne; mais il déborde au Sud sur la zone subtropicale et désertique. Aux effets de la latitude qui établiraient comme en Algérie, des régions climatiques parallèles à l'équateur, l'Océan superpose son action décroissante d'Ouest en Est et génératrice de régions climatiques subméridiennes. L'influence de l'Atlantique se trouve renforcée par cette large bande d'eaux froides qui, sous le nom de « courant froid des Canaries », borde la côte Nord-Ouest du continent africain. L'action combinée de la lati­tude et de l'Océan détermine donc une division du Maroc en zones perpendiculaires.

Le relief, agissant par sa masse, sa hauteur, sa disposition, assouplit  la  géométrie   de  ce  quadrillage   et   diversifie  encore  les conditions.   D'une  façon   générale,   il   augmente   les   précipitations et les avantages du Maroc atlantique, et il en accentue l'opposition avec les régions orientales et méridionales,

Le Maroc, dont la latitude correspond à la position moyenne de l'anticyclone des Açores, le grand centre d'action permanent de l'atmosphère dans l'Atlantique Nord, occupe ainsi une situation remarquable. Il participe au Nord de l'instabilité caracté­ristique des pressions et de la circulation nord atlanti­ques et se rattache par là, nettement à la zone tempérée. Il participe au Sud de la régularité et des conditions climatiques du régime tropical. Mais la démarcation suit les oscillations du mouvement apparent du soleil. Le Maroc est presque entièrement rattaché, en hiver à la zone tempérée dont il connaît les mauvais temps liés aux dépressions traversant en écharpe l'Atlantique, en été à la zone tropicale où règne souverainement l'alizé du Nord-Est.


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MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 2 Bbscan42
Hafet el-Ahma  ( Rif ).

Les effets de la circulation dynamique sont naturellement modifiés par des phénomènes locaux, tels que la brise de mer dans la région littorale. La brise de mer s'établit chaque matin vers 10 ou 11 heures et s'atténue après 16 heures. Sur les grandes plaines voisines des plaines liquides, elle acquiert une puissance souveraine, courbe tous les arbres, étale les figuiers en couronne basse; elle apporte à qui vient de l'intérieur une délicieuse sensation de fraîcheur.

Le grand fléau de l'atmosphère marocaine est le chergi : analogue par son origine et ses propriétés dévastatrices au sirocco d'Algérie, ce vent amène sur le Maroc atlantique l'air du Sahara, dont la sécheresse brûlante s'est encore aggravée par sa descente sur le versant occidental des chaînes de l'Atlas, phénomène semblable au föhn.

Les variations saisonnières et régionales des températures présentent un certain nombre d'anomalies. Malgré l'extension du territoire sur 8 degrés de latitude, il n'y a pas entre le Nord et le Sud des différences aussi grandes qu'on pourrait le croire. L'action prédominante est l'action dominatrice de l'Océan : par suite de la direction de la côte, les isothermes saisonnières se disposent, non suivant les parallèles mais suivant les méridiens. Le fait est très net pour les isothermes des mois les plus chauds, comme pour celles du mois le plus froid, mais le sens des variations est inverse. En hiver, la température diminue assez régulièrement de la côte vers l'intérieur, en été, elle augmente; ainsi les écarts s'additionnent et la régularité de la zone subatlantique s'oppose au régime excessif et violemment continental de l'intérieur. La gelée, à peu près inconnue sur le littoral, est de plus en plus fréquente à mesure qu'on s'en éloigne. Les écarts sont maxima dans les plaines relativement déprimées du pied de l'Atlas : dans le Tadla méridional, Dar Ould Zidouh a une amplitude de 20°, presque égale à Bou-Denib qui a 22°.

Sur le littoral, où Mogador est le site privilégié n'ayant que 7 degrés d'écart entre l'été et l'hiver, Agadir a des étés plus frais que Tanger grâce au courant froid.

La répartition des pluies aussi bien dans l'année que dans les diverses régions, obéit à quelques lois très nettes. Conformément au régime méditerranéen, l'année se divise en deux périodes : une période de pluies intenses correspondant à la saison froide, une période presque dépourvue de précipitations correspon­dant à la saison chaude. Dans la saison de pluies, deux maxima en novembre et en mars, sont séparés par une période souvent tout à fait sèche en janvier. La saison chaude et sèche est coupée d'orages, généraux en mai, juin et octobre, localisés dans la montagne en plein été.

La répartition régionale ressort clairement sur la carte générale. Les pluies diminuent rapidement du Nord au Sud, du littoral vers l'intérieur. Mais l'altitude compense la position; les grands maxima atteignant ou dépassant 800 mm. sont déterminés par les hauts reliefs qui forment les Jbala au Haut-Atlas occidental, un demi-cercle ouvert vers l'Océan.

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D'après MM. Emberger et Roux.

L'exposition a une grosse importance et peut différencier fortement deux points très rapprochés.

En dehors de la hauteur et de la répartition des précipitations, il faut tenir compte de deux faits ayant un grand intérêt pratique : l'humidité atmosphérique et la neige.

Dans la zone littorale, l'atmosphère est toujours très humide et, en été, tout proche du point de satu­ration. Les rosées sont très abondantes, et déterminent parfois un petit ruissellement. Ces phénomènes influencent la végétation et achèvent de faire des plaines subatlantiques une zone climato-botanique très spéciale. Le maïs donne de très bonnes récoltes sans irrigation, le chêne-liège prospère avec une tranche annuelle d'eau inférieure de plus de 200 mm à ses exigences en Algérie.

La neige, à peu près inconnue le long de l'Océan, tombe l'hiver dans toutes les régions suffisamment élevées. Au-dessous de 1.000 mètres, les chutes sont assez rares, quoique Fès puisse se recouvrir pour quelques heures d'un manteau blanc. Entre 1.000 et 2.000 mètres, la neige forme un tapis continu pendant une durée variable de quelques jours à plusieurs semaines.


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Au-dessus de 2.000 mètres, dans le Moyen-Atlas, de 2.500 mètres dans le Haut-Atlas, la neige, après les chutes d'octobre qui fondent, s'installe en décembre pour plusieurs mois. Aucun sommet n'a réellement de casque de neige persistant; mais sur le Haut-Atlas, des plaques peu étendues et des congères subsistent dans les coins abrités du soleil.

L'incomparable diversité des facteurs climatiques encore nuancée par les propriétés des roches, a créé au Maroc une merveilleuse variété des conditions biologiques. Sur un territoire restreint, on trouve la plupart des grandes formations végétales, délicatement nuancées, du désert à la forêt dense, et un merveilleux mélange d'espèces venues de tous les coins de l'horizon, cependant qu'un grand nombre d'endémiques disent l'origina­lité du pays.

Le facteur essentiel de la différenciation est la hauteur totale des précipitations, corrigée par la tempé­rature conformément au quotient pluviothermique de M. Emberger. L'ensemble montagneux tendu en écharpe de l'Oued Noun à Oujda sépare la zone privilégiée, à vocation forestière, du Maroc septentrional et occidental et la zone, vouée à la steppe ou au désert, du Maroc oriental et méridional.

La zone franchement désertique est à peu près limitée par l'isohyète de 100 mm, cette moyenne théo­rique comprenant en fait des régions qui peuvent rester plus d'un an sans recevoir une goutte d'eau. La carte montre que cette zone empiète de plus en plus vers le Nord à mesure qu'on se rapproche de l'Algérie, excep­tion faite pour le massif du Sarrho qui refoule au Sud le Sahara. A l'Ouest, au contraire, elle se réduit à presque rien dans les massifs littoraux du territoire proprement marocain. Grâce surtout à l'humidité de l'air, plus encore qu'aux pluies, quelques cultures de céréales non irriguées sont encore possibles chez les Aït Ra-Amrane qui vendent parfois de l'orge. De petits boqueteaux donnent son nom au pays dit el-Rhouiba et quelques arganiers existent encore à mi-chemin entre le Drâ et le Sagiyat el-Hamra.

Même à l'Est d'ailleurs, l'absence totale de végétation sur d'immenses espaces est assez rare. Outre les palmeraies cultivées, presque continues dans les grands fleuves, des palmiers spontanés, des tamaris tapissent le fond des oueds. Une véritable ceinture de points d'eau jalonne de taches vertes la base de la grande harnâda du Drâ.


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Sources de l'Oumm Rbi'.

Même à la surface des plateaux apparaissent de loin en loin quelques gommiers, et les « talha » plus nombreux signalent les dépressions fermées où l'eau stagne après les pluies.

Comme le modelé et l'hydrographie, la végétation fait ressortir l'individualité de la zone présaharienne du Maroc.

La steppe couvre une bonne moitié du Maroc. Elle correspond aux zones non seulement où la hauteur des précipitations est très faible, mais où la sécheresse absolue pendant une partie de l'année détermine un arrêt des fonctions végétatives. D'autre part, les conditions ther­miques introduisent une différenciation très nette entre les régions aux hivers tièdes et les régions où l'éloignement de la mer et l'altitude déterminent de violents écarts de température. L'alfa, cédant la place à l'armoise dans les dépressions humides, au « gettaf » sur les sols trop salés, caractérise la steppe froide : ses hautes touffes ondulant au vent forment une véritable mer sur les pla­teaux du Dahra, pénètrent dans les plaines intérieures du Moyen-Atlas oriental, escaladent les pentes du Jebel Sarrho et du Siroua. Dans la zone subatlantique du Sud-Ouest, la plaine du Sous, les bas plateaux du Haut-Atlas et les premières pentes de l'Anti-Atlas, la forma­tion correspondant à la steppe est constituée par la savane à arganiers et à mimosées, complétée dans les cantons les plus doux et humides par les plantes succulentes du type de l'euphorbe. Entre ces deux types extrêmes, les dépressions du Haouz-Tadla, des Angad, du Gerrouaou, représentent une formation intermédiaire que caracté­risent les buissons de jujubiers dominés par des acacias ou des betoums.

Les plaines et les plateaux du Maroc atlantique sont le domaine de la Prairie, le pays céréalier par excellence. Le palmier-nain, avec son bouquet de feuilles raides piqué presque directement sur de puissantes racines, y règne sur un peuple plus fragile de graminées et d'herbes fourragères qui meurt chaque été pour renaître aux pluies d'automne, drame éternel que célèbrent les Berbères comme les adorateurs de l'Adonis syrien.

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Carte dressée par M. J. Célèrier.

La chaméropaie est très souvent une forme dégradée d'un type de forêt qui s'installe dès que l'humidité atmosphérique est favorable, forêt claire dont les peuplements de chênes lièges de la Mamora donnent le meilleur exemple. D'autres arbres s'accommodent des mêmes conditions, arar et tizrha sur les versants chauds, genévriers rouges dans les cantons plus froids.

La grande forêt prend naturellement possession des zones les plus humides dans la zone littorale Nord et surtout sur les massifs montagneux. La forêt marocaine est d'une admirable et changeante beauté, sensible avant tout à la hauteur et à la forme des précipitations. L'horizon inférieur est le domaine du maquis méditer­ranéen caractérisé par les massifs serrés de lentisques, les taillis de chênes-verts; au milieu dominent les lavandes semblables à autant de papillons bleus, prêts à s'envoler de la fleur où ils paraissent posés, les cistes illuminant tout le sous-bois de leur millions d'étoiles, corolles roses ou blanches, dont les pétales délicats sont toujours un peu chiffonnés. Ravagé, fréquemment incendié, le maquis est remplacé par des olivettes capables de produire même sans irrigation.


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Les grands maxima de précipitations se traduisent par la forêt dense qui étage des essences de lumière et d'ombre, grands chênes aux feuilles caduques, arbustes de toute taille, lianes, houx et lierres, mousses achevant de feutrer le sol d'humus épais. Ce n'est plus la forêt méditerranéenne, aérée, lumineuse, accueillante au berger; c'est déjà la forêt nordique, pénétrée de mystère et d'une horreur sacrée. D'abord mélangés aux chênes, les cèdres prennent seuls possession des pentes plus élevées, plus froides et plus enneigées : ils sont remplacés quelquefois par des sapins dans les Jbala, par des pins maritimes dans le Moyen-Atlas.

La très haute montagne, aux approches et au-dessus de 3.000 mètres, est un milieu biologique très rude : les précipitations y diminuent rapidement, l'atmosphère est glacée l'hiver, parfaitement sèche l'été ; le vent acquiert une violence dévastatrice. La steppe froide qui s'accommode de ces conditions, commence d'abord par une brousse très claire de genévriers thurifères, puis viennent des coussinets de plantes épineuses, enfin un très pauvre semis de plantes rares caractérisées par leurs puissantes racines.


1. — LES EAUX

La hauteur et l'étendue des massifs montagneux, l'abondance relative des précipitations donnent au Maroc une véritable richesse en eaux courantes et souterraines qui est sa supériorité principale sur les autres pays de l'Afrique du Nord.

La disposition du relief marocain est favorable à rétablissement de fleuves assez longs : une large étendue de plateaux et de plaines sépare de la mer le Moyen-Atlas, nœud hydrographique le plus important. L'Oumm Rbi' a plus de 500 km; le Gigou-Sebou est sensiblement aussi long, la Moulouya un peu plus courte. Le plus long de tous serait l'Oued Drâ qui a 1.200 km, niais cette longueur n'est qu'une illusion car le cours inférieur n'a d'eau que d'une façon intermittente.

Il n'y a pas vraiment de grand fleuve régulier de plaine. Le Sebou lui-même, qu'on croirait pouvoir considérer comme tel, est fortement influencé par son cours supérieur et par quelques affluents qui viennent des hauteurs voisines. Malgré les nuances individuelles, l'hiver est pour tous la saison des hautes eaux normales, avec un maximum en mars. L'étiage commence en juillet et le minimum extrême est d'habitude en septembre. Comme tous les cours d'eau de la zone des climats méditerranéens, les rivières du Maroc ont un régime très irrégulier; elles ont, en hiver, des crues à la fois très brusques et très hautes, et en été, des maigres très pro­noncées. Ce régime atteint son paroxysme dans les fleuves sahariens. Pour les plus importants de ces cours d'eau, la fonte des neiges de la montagne contribue à soutenir le débit jusqu'au début de l'été.

Vers la Méditerranée descendent les cours torrents du Rif (rivière de Tétouan, Oued Laou, O. Rhis, O. Nakour, O. Kert) et la Moulouya. La Molouya développe la plus grande partie de son cours dans une zone de climat continental et steppique et son débit

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Forêt de Taffert et crête du Bou Iblal.

s'abaisse à 5 mètres cubes-seconde, mais par son cours supérieur et ses affluents, O. Melloulou à gauche, O. Ansegmir à droite, elle bénéficie des précipitations et des réserves de neige des grands mas­sifs du Moyen et du Haut-Atlas.

La disposition du relief et la distribution des pluies font du groupe des cours d'eau atlantiques le plus important, tant par le nombre et la longueur, que par le débit. Cepen­dant l'utilisation de ces fleuves pour la navigation reste soit tout à fait impossible, soit très précaire : à l'intérieur la profondeur est insuffisante et surtout irrégulière; l'embou­chure parcourue par les flots de marée pourrait offrir des conditions très avantageuses et de véritables ports fluviaux se sont installés dans les estuaires du Loukkos, du Sebou, du Bouregreg; mais les sables et la barre y forment un obstacle difficile à vaincre.

Le Sebou qui reçoit d'importants affluents, à gauche le Mikkès et le Beht, à droite le Roumane-Tamrhilt, l'Innaouène, l'Ouerrha, développe son cours dans une vaste plaine dont le sol peu résistant a été facilement affouillé ; aussi le fleuve a-t-il une pente très faible, ce qui pouvait faciliter la navigation. En fait, on a pu l'utiliser mais faiblement, car la lenteur du courant a longtemps fait illusion sur l'impor­tance du débit qui peut descendre au-dessous de 15 mètres cubes-seconde. Dans sa dernière section, le Sebou décrit des méandres très sinueux et s'enfonce dans ses propres alluvions. Ses hautes berges dominent de grands marécages, les merjas où se perdent ses derniers affluents.

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L'Oumm Rbi' complété par de puissants tributaires, comme l'Oued el-Abid et la Tasaout, draine un immense arc de hautes montagnes depuis le Jebel Hayane jusqu'au Jebel Rhat. II est le plus complexe, le plus abondant, le moins irrégulier des fleuves marocains. Son débit d'étiage est encore d'une quarantaine de mètres cubes à la seconde.

Les fleuves du Sud-Ouest, le Tensift et le Sous, doivent aux précipitations et aux neiges de l'Atlas d'échapper aux conditions de la latitude. Ils sont cependant très appauvris aujourd'hui, car leurs affluents, à peine échappés à la montagne, épandent dans la plaine leurs eaux fécondantes.

Dans le groupe des sahariens, il faut ranger, outre le Gir et le Ziz, le Drâ, dont le lit tracé jusqu'à l'Océan est à sec bien avant l'embouchure. Le trait dominant de ces fleuves est leur instabilité, qui affecte non seulement le débit, mais même le cours. Alimentés par les eaux et les neiges du versant de l'Atlas, ils se dirigent vers le désert, qui, loin de les nourrir par des affluents ou des sources, les appauvrit par une évaporation intense. Un mécanisme aussi funeste que paradoxal élargit leur lit, à mesure que leur volume d'eau se réduit, jusqu'à une zone d'épandage où l'évaporation achève d'habitude de les tarir.

Le climat du Maroc et l'intensité de l'évaporation ne sont pas favorables au maintien de nappes d'eau lacustres. En fait, le Maroc n'a aucun lac important, mais l'irrégularité du drainage et certains phénomènes karstiques créent de nombreuses petites cuvettes, où l'eau s'accumule après les pluies et séjourne plusieurs mois. Dans la plaine inférieure du Sebou, les merjas se dessèchent l'été et deviennent, conformément à leur nom, des pâturages. Les dayas, nom indigène des dolines, ont le même sort. Dans les Abda, le lac Zimma n'est qu'un grand étang où l'eau est remplacée en été par une nappe de sel. La montagne seule conserve de petits lacs permanents, mais très petits : ils sont dus, soit à un barrage d'origine glaciaire, comme le lac d'Ifni dans le Haut-Atlas, soit à un barrage d'origine volcanique, comme l'Agelmame de Sidi-Ali dans le Moyen-Atlas, soit à une simple doline, comme l'Aguelmame Azigza chez les Zaïane, ou les « Deux Fiancés » chez les Haddidou.

Par contre, si l'on tient compte de la faiblesse des pluies dans un pays de climat méditerranéen, le Maroc est riche en eaux souterraines.
La nature du sol et la disposition du relief y créent des nappes souterraines et des niveaux de sources qui sont très remarquables.

Les hautes chaînes, en particulier le Moyen-Atlas, constituées par de puissantes assises de calcaires, sont de merveilleux réservoirs d'eaux ; elles alimentent de nombreuses sources qui jaillissent sur toute la périphérie au contact de la plaine. Le type des sources vauclusiennes est fréquemment réalisé. La plus célèbre est celle de l'Oumm Rbi' qui donne 6 m3 seconde. L'abondance de ces eaux fraîches et limpides qui tombent en cascades écumeuses, bondissent sur des roches moussues, courent à l'ombre d'une végétation folle, est comme un symbole de toutes les réserves de richesses gardées jalousement par la montagne berbère.

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Arganiers et euphorbes.



III. — PERSONNALITÉ GÉOGRAPHIQUE ET DIVISIONS NATURELLES



Comme le tableau d'ensemble que nous avons essayer de tracer au début, l'analyse des éléments du milieu physique fait ressortir la diversité extraordinaire du Maroc. On comprend bien que la littérature touristique superficielle se soit ingéniée à voiler sous des images à la fois vigoureuses et vagues son impuissance à con­denser dans une formule synthétique l'essentiel d'une personnalité aussi fuyante : pays de paradoxe, terre des contrastes, monde mystérieux, ainsi a-t-on défini maintes fois le Maroc.

Mais le paradoxe, quand il n'est pas un simple jeu verbal, consiste à concentrer l'attention sur l'as­pect particulier ou superficiel d'une vérité plus géné­rale ou plus profonde. Si notre logique trouve des contradictions dans les données de l'expérience, c'est que la vie les a résolues dans une harmonie supérieure. Quant au mystère, il n'est que la limite provisoire du domaine de la connaissance. En présence de cette étonnante opposition des paysages marocains, le géographe se demande si cette hétérogénéité est radicale, irréductible, ou une illusion superficielle : est-ce que le Maroc n'évoquerait qu'un cadre terri­torial, conforme à de simples conventions politiques, dans lequel on étudierait successivement un certain nombre de phénomènes naturels ou humains ? Ou bien au contraire est-ce que ces phénomènes s'orga­nisent en un système assez cohérent pour définir une personnalité géographique dont les contours peuvent flotter quelque peu sans que sa vie et son action perdent leur sens originel ?

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Cluse de l'oued Gigou en amont de Timadite.

Que l'on considère d'abord la persistance séculaire de cet Etat marocain, à travers toutes les révolutions, dynastiques, ethniques, économiques : démesurément étendu dans les périodes de volonté de puissance, amenuisé et morcelé à l'excès dans les périodes de repliement et d'anarchie, il oscille cependant autour d'un centre, bassin du Sebou et Haouz de Marrakech. Il semble qu'une base naturelle puisse seule expliquer une telle permanence politique si différente des vicissitudes incohérentes du Magreb central. En débarrassant l'expression de la méta­physique de Ratzel, il y a bien un « Raum » marocain. Ce Raum, cet espace privilégié, c'est l'ensemble de plaines et de plateaux, nettement encadré par la Méditerranée, l'Atlantique et les chaînes de l'Atlas, où les conditions physiques du sol, de l'atmosphère et de l'eau, éminemment favorables, offrent aux hommes des possi­bilités d'établissements continus et permanents, à un Etat, des chances de cohésion et de durée.

Mais on n'aurait du Maroc qu'une image incomplète et même fausse si l'on ne tenait pas compte de ce qui déborde ce cadre naturel. Dans les régions en quelque sorte excentriques qui s'étendent à l'Est du Moyen-Atlas et au Sud du Haut-Atlas, la vie humaine se disperse à l'extrême ou se cantonne en un petit nombre de points privilégiés, mais peu étendus. Ces régions apportent des nuances dans la physionomie du Maroc, dans son rôle géographique; elles contribuent à son originalité et, en dépit de leur petit nombre, leurs habitants ont modifié l'évolution de l'histoire du Maroc où ils ont été des ferments très actifs, quoique discontinus.

Voilà donc définie, pour le Maroc, la première condition d'un être géographique dont l'existence est inconcevable sans une certaine étendue. Condition nécessaire mais non suffisante ! N'avons-nous pas d'ailleurs, en faisant déborder le Maroc au delà de son cadre de montagnes, ramené l'hétérogénéité ? Mais le relief, en dehors de ses effets sur le climat, n'est qu'un trait relativement secondaire en Afrique. La force despotique qui marque d'une griffe ineffaçable l'individualité, c'est le climat. Le Maroc est avant tout une grande unité clima­tique. Les caractères fondamentaux en sont méditerranéens; sans doute les aspects extérieurs en sont merveilleusement divers, mais cette diversité s'ordonne selon un facteur primordial, la pluie, dont la hauteur progressivement croissante, crée au Maroc la gamme la plus complète de variétés de climat méditerranéen qui soit au monde. Cette richesse est due à la rencontre, sur le territoire relativement peu étendu du Maroc, des faits géographiques les plus capables d'influencer le régime des précipitations : latitude méditerranéenne débordant sur la zone subtropicale, Océan Atlantique, cimes de 4.000 mètres. Le rapide rappel de ces conditions géographiques montre que leur rencontre ne se produit nulle part ailleurs dans le vieux monde.

On comprend donc que l'unité climatique foncière se résolve harmonieusement en variétés régionales : le Maroc fait passer du type saharien pratiquement dépourvu d'humidité et de végétation, aux zones montagneuses de précipitations supérieures à 800 millimètres, créant la forêt dense, par des zones intermédiaires d'aridité décroissante. Chacune de ces variétés se subdivise d'ailleurs par l'effet de la température, moins à cause de la chaleur totale annuelle que des variations saisonnières ou quotidiennes : ce sont surtout les espèces botaniques composant telle ou telle formation qui se ressentent des écarts thermiques. En effet, une formation végétale appropriée correspond à chacune des variétés et sous-variétés du climat méditerranéen marocain. Il y a si peu de paradoxe dans toute cette diversité que M. Emberger a pu établir la formule mathématique très rigou­reuse de ces corrélations biologiques.

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A leur tour, ces zones de végétation, assouplies par le travail humain capable de faire profiter une région aride de l'eau surabondante dans la région voisine, ont déterminé des genres de vie adaptés à leurs possibilités. Ainsi s'expliquent la contiguïté et souvent la symbiose de groupes humains, les uns adonnés au grand nomadisme pastoral, les autres absolument liés au sol par leurs plantations et cultures irriguées.

Dans une civilisation à base aussi essentiellement agricole que celle de la société marocaine, l'action du climat et de la végétation est forcément toute-puissante puisqu'elle détermine souverainement les possibilités économiques, les conditions matérielles d'existence. Mais de tels phénomènes, s'ils sont vitaux, apparaissent cependant d'un ordre immobile, statique, passif en quelque sorte, comme ces phénomènes de la vie organique soustraits à la direction volontaire. La véritable personnalité s'exprime dans l'action, non point fantaisiste, car elle reste orientée par les conditions naturelles, mais capable des créations les plus imprévues. Suivant la formule de J. Romains, « une action est souvent obscure, mais une suite d'actions crée sa lumière peu à peu ». C'est à la vie de relation et à la longue suite d'événements dont elle est tissée qu'il faut demander la lumière la plus pénétrante sur la personnalité du Maroc. Certes, ils sont multiples et infinis, ces événements, plus encore que les nuances climatiques. Mais ils s'ordonnent autour d'un trait fondamental, dérivé du fait géographique le plus élémentaire et le plus essentiel : la position du Maroc.

Au Nord, le Maroc touche presque l'Europe, jetant au-devant de la Péninsule ibérique la presqu'île de Tanger : le resserrement du détroit de Gibraltar à moins de 15 kilomètres lui fait jouer le rôle d'un isthme continental autant que d'un passage maritime. Au Sud, grâce à l'Atlantique et aux neiges de l'Atlas, de grands fleuves font reculer le Désert : le Maroc est, de tous les pays méditerranéens, le plus rapproché des richesses tropicales. Ajoutons que tout ce qui arrive de l'Est vient se heurter comme 'Oqba ben Nafî', le légendaire conquérant arabe, à l'Océan sans limites, qui détourne ainsi, soit au Nord, soit au Sud, toutes les influences. Par conséquent le Maroc est prédestiné à servir de lieu de passage, de lien entre la circulation africaine et la circulation européenne. Tous les grands événements du passé, à quelque ordre qu'ils se rattachent, expansion des espèces végétales et animales, propagation de civilisations, ne sont que des variations sur ce même et éternel thème. Il serait extraordinaire que le Protectorat français, surexcitant et disciplinant les forces vives du Maroc, ne tire pas le maximum d'effets d'une fonction géographique aussi essentielle.

Cadre territorial délimité par la nature, unité climatique, vocation impérieuse, le Maroc possède donc les éléments vigoureux d'une personnalité géographique. Cette personnalité n'est pas moins riche qu'originale. L'individualité du Maroc ne rappelle pas l'homogénéité des êtres unicellulaires, mais l'organisation harmonieu­sement complexe des êtres supérieurs. Nous avons vu qu'il y a bien des pièces différentes dans l'architecture du sol, de variétés dans le climat, que les appels venus tantôt d'Europe, tantôt d'Afrique, de la Méditerranée civilisée ou du désert africain peuvent être fort discordants. C'est pourquoi le Maroc se divise en un certain nombre de régions auxquelles la superposition et l'enchaînement de conditions physiques ont imprimé des caractères assez nets pour en faire des unités naturelles très vivantes.

La région montagneuse du Nord est avantagée par la proximité de la mer Méditerranée et par l'abon­dance des précipitations qui a facilité le développement de cultures assez riches et la création de gros villages sédentaires. Mais la difficulté de circulation inhérente à tout pays de relief tourmenté en a fait une région d'isolement entre la voie maritime et la voie continentale qui l'encadrent.

La dépression du Sebou, d'une harmonieuse diversité, concentre tous les avantages du sol et du climat; elle constitue d'autre part une des plus grandes voies de passage du monde puisqu'elle aboutit a l'isthme-détroit de Gibraltar. Toutes les formes de la richesse agricole y sont superbement représentées et nuancent finement la vie rurale, cependant que l'importance de la circulation a fait épanouir de bonne heure une vie citadine d'un raffinement presque surprenant par rapport à la civilisation ambiante.

Les plaines subatlantiques, de circulation facile, doivent à la proximité de l'Océan leurs traits essentiels. La douceur humide de l'atmosphère en a fait le domaine par excellence de la Prairie dont les herbes décom­posées ont créé la terre noire, sol d'élection pour les céréales. L'activité du commerce maritime, malgré tout ce qui le paralyse, l'enrichit du rôle d'intermédiaire entre le Maroc continental et le monde extérieur.

Les plateaux et hautes plaines du Centre constituent la région mixte où se heurtent les influences opposées qui tromphent dans les régions voisines. Aussi est-elle morcelée en une quantité de cantons où la steppe de jujubiers n'est pas très éloignée de la dense forêt de chênes. Un peu partout prédomine l'élevage extensif, mais le gros troupeau de bovins, dans le massif primaire du Nord, est inséparable des fortes précipitations comme les moutons de la Gada et des Rehamma y sont adaptés à la sécheresse. Il convient de mettre à part le Dir, zone de contact de la montagne et des plaines subatlasiques, domaine privilégié des vergers et des cultures irriguées.

Les chaînes de l'Atlas, comme toutes les hautes montagnes, constituent un monde à part qui a marqué d'une forte empreinte ses habitants. Malgré les différences entre les Chleuh sédentaires du Haut-Atlas occi­dental et les pasteurs Braber du Moyen-Atlas ou du Haut-Atlas oriental, les caractères communs de la vie montagnarde ont consolidé le particularisme berbère. En même temps ce monde original a exercé une influence profonde sur le Maroc atlantique et sur le Maroc sec qu'il sépare.


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MessageSujet: MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935   MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 2 EmptyLun 19 Mai - 13:10

La zone présaharienne est caractérisée par le rapprochement des genres de vie les plus opposés, grand nomadisme des pasteurs chameliers, et culture à la houe des Qsouriens dans les oasis. Rivage européen de la mer saharienne, elle a possédé de véritables ports, dont le rôle dans le mélange des peuples et des civilisations commence à se révéler.

Le Maroc oriental, par tous ses caractères géographiques comme par son rôle historique, apparaît comme une " marche " entre le Maroc atlantique et l'Algérie.

Les deux vases où Zeus, selon Homère, puise successivement pour doter ses créatures d'un savant mélange d'avantages et d'infortunes, ne diminuèrent certainement pas d'une même quantité lors de la création du Maroc. Le dieu, oubliant la dose habituelle qui double les maux des pauvres humains, avait longuement incliné vers lui le vase des dons favorables; certes toutes les régions n'avaient pas été également arrosées; mais leur diversité même, loin de contrarier l'unité du Maroc dont nous avons montré les bases profondes, est une chance de vie supérieure.

Pourquoi donc le Maroc n'a-t-il pas joué plus parfaitement son rôle, n'a-t-il pas mieux réalisé sa vocation d'intermédiaire entre l'Afrique et l'Europe ? Pourquoi son individualité géographique ne s'est-elle pas épanouie en un Etat possédant à la fois plus de cohésion interne et plus de rayonnement extérieur ? C'est évidemment que le dieu créateur, malgré sa générosité, n'avait pas oublié de puiser dans le second vase. Sur la terre marocaine, les défauts sont tout près d'avantages, ou même ne sont que ces avantages sous une autre face. Les meilleures chances restent stériles en dehors du travail, tenace et continu, des hommes. Pour briser les forces hostiles, comme pour utiliser les forces favorables, l'effort intelligent est nécessaire. Le Maroc n'a pas réussi à prendre une claire conscience de lui-même, à intégrer dans la vie de l'ensemble, toutes ses parties dont quelques-unes sont divergentes. Les hommes, soit leur masse anonyme, soit leurs chefs, ont manqué à la nature. C'est à l'histoire qu'il appartient de dire comment, sinon pourquoi, les virtualités géographiques ne se sont pas réalisées dans le passé, à toutes les disciplines scientifiques d'aider le Maroc à devenir ce qu'il est.

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TROISIEME PARTIE


LE MILIEU INDIGÈNE



L — LES HOMMES

par E. LÉVI-PROVENÇAL.


1. POPULATIONS ET LANGUES.

Celui qui, débarquant à Casablanca, aborde pour la première fois le sol marocain, n'est pas sans ressentir une très forte impression de mosaïque de races : hommes de statures diverses, portefaix taillés en hercules, paysans trapus et râblés, blonds, roux, surtout bruns, métis et nègres, marchands fasis reconnaissables à la blancheur de leur teint; points de types dominants, sous la « jellaba » des citadins ou les «capotes» délavées des manœuvres des chantiers. C'est au contraire une gamme humaine aussi variée que possible. Si l'on songe par surcroît qu'au Maroc le préjugé de couleur n'existe pas, que les bourgeois des villes sont souvent des fils de concubines négresses et qu'eux-mêmes ont dans leurs belles maisons de Fès ou de Rabat, à côté de leurs épouses de qualité, des servantes métisses renommées pour leur fécondité et leurs vertus domestiques, et qu'il en va ainsi depuis des siècles, on s'imagine quel « brassage » ethnique n'ont cessé de subir, au cours des géné­rations, les habitants de l'Empire chérifien.

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Stéphane LAMARCHE
1935

Types de Marocains.

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Pour l'ensemble des Européens qui arrivent au Maroc, ces habitants sont des Arabes; quelques-uns s'enhardissent parfois à parler de Berbères, sans qu'ils sachent exactement par quoi les uns se distinguent des autres. La vérité, c'est qu'il y a à la fois dans le pays des Arabes et des Berbères, et surtout des Berbères; les premiers forment l'élément envahisseur, les seconds l'élément le plus anciennement fixé sur la terre marocaine.

Les Berbères du Maroc peuvent se diviser en trois grands groupes principaux : celui du Nord (Rifains, Béni Snassène), celui du Centre (Znaga , Sanhaja et Braber du Moyen-Atlas), celui du Sud (Chleuh des Haut et Anti-Atlas et du Sous). On peut aussi dans une certaine mesure leur rattacher les Jbala du Nord du Maroc, qui sont des Berbères arabisés, et la population des oasis sahariennes, issue de métissages berbéro-soudanais.

MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 2 Bbscan52

Juif de Marrakech.
Stéphane LAMARCHE


Les Arabes, en dépit des apports, d'ailleurs fort res­treints, de la conquête islamique, sont presque tous à rattacher aux groupements Béni Hilal et Ma'qil qui s'infiltrèrent au Maroc à partir du XIII° siècle. Ils demeurent fixés en plaine, soit dans la haute vallée de la Moulouya, soit dans les plaines subatlantiques.

A côté des Berbères et des Arabes, entre lesquels il n'est pas toujours aisé d'établir un départ certain, le Maroc compte
encore dans sa population une proportion assez élevée de Juifs; les uns forment des colonies de Berbères judaïsés ou d'anciens émigrés de Palestine, les autres sont des Juifs expulsés d'Espagne au XVI° siècle. Enfin des nègres soudanais et des descendants de renégats européens contribuent encore de leur côté à la diversité ethnique du Maroc.

Il est plus simple, plus sage, et sans doute plus sûr de préférer une autre catégorisation des Marocains, de se borner à les distinguer, non d'après leur origine et leur type ethnique, mais d'après la langue qu'ils parlent, l'arabe ou le berbère, d'après leur genre de vie, citadin, rural sédentaire, ou nomade.

En gros, au Maroc, on parle arabe dans les plaines ; en montagne à peu près partout - seul le massif des Jbala subméditerranéens fait exception — berbère. Les parlers arabes se différencient tout comme les Marocains qui les emploient: parlers citadins, parlers montagnards (groupe Jbala), parlers bédouins (plaines subatlantiques, plateaux du Maroc oriental, Sahara marocain), parlers juifs, souvent contaminés par l'espagnol ou par l'hébreu. Les parlers berbères, qui sont fortement atteints par l'arabisation des populations et les progrès incessants du bilinguisme, semblent encore employés par environ 40 % de la population : ils comprennent deux grands groupes, le groupe septentrional et le groupe méridional. Le premier, qu'on appelle le groupe de la zanatiya (parlers zénètes), comprend les dialectes du Rif, des Béni Snassène et des tribus du Nord du Moyen-Atlas. L'autre, plus important, englobe le reste des autres parlers berbères du Maroc et se subdivise en deux sous-groupes : celui de la tamqzirht, employé par les Braber du Moyen-Atlas et celui de la tachelhit, employé par les occupants des Haut et Anti-Atlas et du Sous. Cette langue berbère du Maroc n'a point, il est à peine utile de le rappeler, de littérature écrite.

MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 2 Bbscan53

Juif de Marrakech.


2. - VIE SOCIALE ET ÉCONOMIQUE


La population du Maroc est en majeure partie rurale; et ces ruraux se partagent, comme dans le reste de la Berbérie, en nomades et en sédentaires. Les Arabes ruraux sont le plus souvent nomades, les Berbères ruraux, le plus souvent sédentaires, nomadisme et sédentarisme se trouvant au surplus conditionnés avant tout par le milieu géographique. Celui-ci, au Maroc, a même favorisé l'adoption d'un genre de vie inter­médiaire, le semi-nomadisme, en fonction des nécessités de la transhumance.

Les principaux groupements nomades du Maroc se trou­vent dans les steppes qui s'étendent à l'Est de la Moulouya, et au Sud du Grand-Atlas, en direction du Sahara.

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MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 2 Bbscan54

Carte établie par M. Georges-S. Colin.


Quant aux semi-nomades, on les rencontre principalement dans les grandes plaines du Rharb, au Nord, dans celles des Rhamna et des Chyadma, au Sud.

La vie sous la tente n'est pas au Maroc un signe nécessaire de nomadisme ou de semi-nomadisme. Il est des ruraux sédentaires qui demeurent sous la tente, les autres habitent des huttes de branchages à toit conique (nouala), ou des maisons à toits de chaume formant des villages (dchar et douar). Quant à la population saharienne sédentaire, elle se groupe dans des enceintes fortifiées, les qsour. Ces villages sont, bien entendu, plus ou moins importants, plus ou moins rapprochés les uns des autres suivant la densité de la population.

Les villes, qui sont nombreuses au Maroc, ne s'y ressemblent guère. Il en est qui sont spécifiquement « citadines » et ont, plus que les autres, subi l'influence de la civilisation hispanique : telles sont les villes jumelles des « Deux-Rives », Salé et Rabat, la fondation almohade dont nous avons fait une capitale admi­nistrative d'un charme si prenant; Fès, la métropole savante et le grand entrepôt du Maroc du Nord, qui comprend la « vieille-ville » groupée autour des grandes mosquées d'al-Qaraouiyine et d'al-Andalous, la « ville-neuve », fondée par les Mérinides, et la « ville nouvelle » française; Tétuan, le siège de l'administration de la zone espagnole.

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MessageSujet: MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935   MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 2 EmptyMar 20 Mai - 11:42



D'autres cités, comme Oujda, sont demeurées des villes de ruraux. Marrakech est un immense caravansérail, fait d'une multitude de quartiers grouillants où les masures de terre ne tardent pas à être minées et à s'effriter sous les averses et le soleil brûlant : c'est une ville en perpétuelle reconstruction, autour d'un noyau de demeures citadines, spacieuses et bien bâties. Comme Meknès, Marrakech reste en outre une ville makhzen : l'une et l'autre villes capitales des sultans de l'époque moderne, elles ont conservé parmi leur population des familles habituées à servir de père en fils dans le petit personnel des palais chérifiens, et qui, originaires de tribus nomades, n'ont pas cessé, malgré leur installation dans une ville, de mener une vie nettement bédouine. D'autres villes, enfin, sont notre création, ou presque : le petit port de Casablanca, qui végétait au début du siècle, est devenu la porte maritime du Maroc et la plus grande ville de l'empire protégé; Kénitra, sur le Sebou, sortie tout entière du sable, autour d'une casbah délabrée, est devenue un port fluvial important et vient de prendre le nom de son fondateur : Port-Lyautey. Citons encore les cités littorales de Tanger, Larache, Mazagan, Safi et Mogador, qui pendant longtemps ont été les seuls points de contact du Maroc avec les influences européennes, les petites villes de montagne de Chéchaouène, Ouezzane, Sefrou, Taza, Debdou, Demnat. Les deux ports méditerranéens du Maroc du Nord, Ceuta et Melilla, sont depuis longtemps des villes de souveraineté espagnole.

En principe, la ville marocaine se groupe autour d'une citadelle ou casbah, qui est le siège de l'autorité. Sous la protection de cette citadelle s'étend le quartier juif, ou mellah. Tout autour s'étend la ville proprement dite ou médina, avec sa grande mosquée, ses bazars ou souqs. Elle est entourée d'un rempart, au delà duquel, en général, se développent des faubourgs à caractère plus ou moins rural. La ville est elle-même divisée en quartiers, comprenant des rues, des impasses, des places.

C'est dans les villes qu'est concentrée l'activité industrielle. Chaque corps de métiers, surtout à Fès, y demeure groupé dans une même rue, qui porte son nom; et c'est là que se fait le plus souvent à la fois la fabrication et la vente. Certains de ces métiers, la passementerie, la broderie, l'orfèvrerie, sont exercés par des artisans juifs. Les marchandises d'ori­gine européenne, chinoise, ou japonaise : draps, coton­nades, soieries, thé, sucre, bougies, font l'objet d'un commerce de gros assez important et sont entreposées dans les fondouqs. Quant à la vente des produits du sol, elle se fait, en dehors des villes, dans les marchés de tribus (souq) qui sont hebdomadaires et se tiennent en plein vent : on y apporte surtout, sans parler des bestiaux, des grains, de l'huile, du charbon, de la laine.

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Un vendeur d'eau ( gerrâb ).
Stéphane LAMARCHE, 1935.

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Stéphane LAMARCHE, 1935.
Groupe d'enfants marocains jouant.

3. VIE POLITIQUE.

La pacification complète constitue dans l'économie marocaine un phénomène inédit. Naguère encore, le Maroc se partageait en territoire soumis (blad al-makhzen) et en territoire dissident (blad as-saïba). En dehors des villes, la population continue à se grouper en tribus (qbila) administrées par un caïd nommé par le makhzen; certaines d'entre elles, en pays berbérophone, sont dotées d'une assemblée chargée de l'application du droit coutumier, la jema'a. Dans les villes, le représentant du makhzen est le caïd auquel nous donnons aujourd'hui le titre tout nouveau, d'origine turque, de pacha. Il est assisté d'un adjoint, ou khalifa et a sous ses ordres les moqaddems ou chefs de quartier. A ses côtés, se trouvent d'autres fonctionnaires délégués par le makhzen : ainsi le mohtaseb, qui fixe les mercuriales, surveille les corps de métiers et s'occupe de la police des mœurs; le nadir ou inspecteur des biens de mainmorte (habous); le curateur des successions vacantes. Le makhzen lui-même constitue l'entourage du sultan, qui est à la fois chef religieux et politique de la commu­nauté musulmane de l'Empire; il est assisté de vizirs (grand-vizir, vizir des habous, vizir de la justice, etc.). Le commissaire résident général est ministre des affaires étrangères, le général commandant en chef ministre de la guerre. La liaison entre le makhzen et les services résidentiels est assurée par un conseiller français du gouvernement chérifien.

La justice est rendue entre Marocains, suivant les cas, par le caïd ou par le cadi. Celui-ci juge en matière de statut personnel et les actes sont rédigés par des témoins-notaires, les 'adoul. Les anciens impôts musulmans ont été fondus en un seul, le tertib, auxquels viennent s'ajouter les droits de porte et de marchés et la taxe urbaine sur la propriété bâtie.


4. — VIE RELIGIEUSE.

Tous les Musulmans du Maroc suivent depuis le X° siècle le rite malikite, et c'est naturellement dans les villes que la population pratique le plus strictement les devoirs de sa religion. Les ruraux qui semblent le plus attachés à l'Islam sont les Jbala.

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Stéphane LAMARCHE, 1935.  
Mokhazni.

 Comme dans le reste de l'Afrique du Nord, beaucoup de Ma­rocains sont affiliés à des confréries religieuses; les unes se bornent à des pratiques de dévotion et d'exaltation à la foi et cherchent à satisfaire chez leurs adeptes le besoin d'un mysticisme élevé; d'autres, au contraire, sont plus populaires, et les préoccupations religieuses y cèdent le pas à des pratiques charlatanesques et à des exhibitions sanglantes. Toutes ces confréries, aristocratiques ou plébéiennes, se réclament chacune d'un patron, qui est devenu un saint.

Le culte des saints est très développé au Maroc, en dépit de réactions récentes et isolées contre les tendances hagiolâtriques de la masse. Il existe d'ailleurs des saints de catégories très diverses, depuis le vénéré patron d'une ville ou d'une région jusqu'au modeste santon anonyme, Le tombeau des plus importants se signale par une chapelle recouverte d'un toit de tuiles vertes. Souvent autour du tombeau de ce saint s'est constituée une zaouiya, c'est-à-dire un groupement de ses descendants, qui possède des revenus et des terres. En général, une fois par an, un pèlerinage au tombeau, ou moussem, attire une grande quantité de fidèles. Ces zaouiyas sont au Maroc des foyers d'orthodoxie, et en même temps les centres du chérifisme et de la vie intellectuelle. La plupart d'entre elles revendiquent pour leur fondateur une ascendance prophétique, et c'est ainsi que les Chorfa ont toujours pu, au cours de l'histoire, demeurer à la tête de la société marocaine et être l'objet de traitements de fa­veur de la part du pou­voir cen­tral.

En dépit de l'attachement réel de toute la population marocaine à l'Islam, on peut noter dans le pays des survivances plus ou moins fortes de cultes ancestraux. Certains santons, qui sont d'ori­gine vulgaire, rappellent sans doute d'anciens per­sonnages mythiques déjà adorés au même endroit bien avant l'Islam.

Les pratiques extra-islamiques accompagnent surtout la naissance, le mariage, la mort et les cérémonies qui s'y rattachent. D'autre part, cer­taines pratiques agricoles sont des rites saisonniers qui datent sans doute de l'antiquité romaine : céré­monies d'inauguration des travaux des champs, de préservation des récoltes contre le mauvais-œil, d'excitation de la pluie et du beau temps.

Enfin, le culte des génies demeure en faveur au Maroc auprès des basses classes de la société; dans les villes, il est presque exclusivement pratiqué par les femmes.


MAROC, Atlas historique, géographique, économique. 1935 - Page 2 Bbscan58

Cordonniers dans leur échoppe.
5.   -  VIE  INTELLECTUELLE


La population citadine du Maroc a toujours compté dans les derniers siècles une grande pro­portion de lettrés, très attachés à leur culture tra­ditionnelle. Cette culture, qui a pour base essentielle la religion, est longtemps demeurée invariable et s'est orientée jusqu'à une période toute récente surtout vers la théologie et le droit musulman.

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Stéphane LAMARCHE, 1935.
Boutique de tailleurs à Taroudant.

Le résultat est que, la plupart du temps, les lettrés marocains ont été des juristes.

Ces centres de culture ont varié suivant les époques et les circonstances historiques. C'est surtout du XIV° siècle que date l'essor intellectuel de Fès, la métropole savante du pays, grâce à l'enseignement donné dans ses grandes-mosquées et à la fondation, par les sultans mérinides, de collèges ou médersas. Au rôle de ces collèges s'ajouta bientôt celui des zaouiyas, et souvent des savants notoires furent en même temps des chefs de confrérie et des chorfa. L'influence de l'Espagne sur la vie intellectuelle du Maroc commença à se faire sentir très tôt et se prolongea après la reconquête de ce pays sur les Musulmans.

Le Maroc a apporté une contribution importante à la littérature arabe : en dehors du domaine juridique où il a toujours excellé et joui d'une place de choix, il a compté des historiens, des géographes, des biographes de saints et de chorfa, des médecins, des astronomes.

L'établissement du Protectorat de la France au Maroc et la diffusion remarquable de la culture française dans les grandes villes (fondation d'un Institut des Hautes-Etudes Marocaines à Rabat et de « collèges musulmans » à Fès, Rabat et Marrakech) ont déjà profondément modifié l'idéal de culture des jeunes généra­tions marocaines. Il est toutefois trop tôt encore pour préjuger de l'orientation que la vie intellectuelle prendra chez les Marocains au cours des années qui viendront.

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