Ce Maroc bien aimé
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Ce Maroc bien aimé

Mémoire de la présence Française au Maroc à l'époque du Protectorat
 
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 La Féerie Marocaine

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Paul CASIMIR





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MessageSujet: La Féerie Marocaine   La Féerie Marocaine - Page 3 EmptyJeu 8 Aoû - 10:24

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- Palais de Si Omar Tazi à Rabat.
- Si Abd-Er-Rhaman Bargach, pacha de Rabat.


... colonnes, exhumées, trop bien rangées qui, dans ce coin de cam­pagne presque sauvage, forment sa cour. Restes d'une mosquée — d'autres disent d'un palais — parmi lesquels, aujourd'hui, jour de Pâques, toute une jeunesse, aux jeux bien modernes, s'ébroue.
Sur la plate-forme d'où le double horizon du bled et de l'Atlantique fuit dans la brume, un Arabe pensif regarde la mer...

IV   — LA VILLE  DES   GÉNIES
Une porte de forteresse, Tolède ou Carcassonne, patinée comme un cuir, ciselée comme un bijou, posée comme une boucle au sommet de cette enceinte, devant laquelle on cherche le Sésame et des douves... Passé la porte, c'est un enclos charmant, l'abandon, le silence, ...

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MessageSujet: La Féerie Marocaine   La Féerie Marocaine - Page 3 EmptyJeu 8 Aoû - 10:28

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- Rabat. Patio de palais de Si Omar Tazi.

... un minaret, des ruines... et sous la double garde des cigognes et des arbres, blancs fantômes, comme ces vivantes qui nous frôlent, des tombeaux.
Chella...
Chella, plus ancienne que Rabat et Salé, comptoir phénicien, importante ville romaine — comme des fouilles récentes viennent de le prouver — lieu de pèlerinage et d'éternel repos, hermétique, jusqu'à nous, aux yeux profanateurs comme une mosquée, Chella, ville des morts, des génies et des saints.


C'est vraiment le jardin de la Belle-au-Bois-Dormant, et elle s'appelle au Maroc Chems El Doha, « Soleil du Matin », cette esclave-reine enterrée ici même et dont le nom, devenu Lalla Chella, la « dame de Chella », est comme l'âme éternelle et secrète de ces ruines... Au temps des Mérinides, ces rois guerriers et artistes, blancs de teint, et d'allure fière, alors que les coupoles des chapelles funéraires riva­lisent avec le minaret polychrome et les marbres rares de la cour ...

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MessageSujet: La Féerie Marocaine   La Féerie Marocaine - Page 3 EmptyJeu 8 Aoû - 11:00

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- La Tour Hassane

... d'ablutions, que poètes et tolbas en célè­brent les fastes, elle est, chré­tienne conver­tie selon le rite, la femme aimée d'Aboul Has­san, le Sultan Noir, ce fa­meux « Sultan Noir » dont le nom synthéti­que du héros national, com­me le Cid en Espagne, est ici synonyme de Sultan des Génies. Rien de plus aven­tureux, de plus épique que sa vie. Il aime le cheval, les par­fums, la lecture et comme tout sultan d'alors qui se respecte, va se battre comme on prie. Il promène ses troupes, ses cavaliers aux éperons d'or, de l'Atlas à Séville et jusqu'à Tunis. Toute la Barbarie et le Maroc sont à lui... et puis, vaincu, proscrit, fait naufrage, comme Ulysse, et s'en vient mourir, peut-être empoisonné, dans ses monta­gnes. Et « Soleil du Matin » l'a précédé dans la tombe, dans ce cimetière des Mérinides, où, nous dit l'inscription gravée sur la ...

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MessageSujet: La Féerie Marocaine   La Féerie Marocaine - Page 3 EmptyJeu 8 Aoû - 11:09

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- Rabat.  Un enterrement arabe.

... pierre, « les délégations des grands personnages de l'Orient et de l'Occident assistèrent à ses funérailles » elle, la « pieuse, la pure, la sainte, mère du Sultan (1), le Khalife, l'imân dont sont fameuses les nobles qualités et les belles œuvres »... au temps de Pétrarque et de la guerre de Cent Ans.

On parle autant à Chella des trésors que des morts. De vieilles légendes — les mêmes ou presque que dans tous les pays — courent sur eux.
« La ville où l'on plante beaucoup de citronniers reçoit ainsi l'avertissement de sa fin prochaine » dit la sentence.

C'est-à-dire, ajoute Ibn Khaldoun, « la création des jardins, la vie sédentaire sont une cause de débauche et de décadence ».

Mais ce ne sont pas les jardins qui feront la ruine de Chella, c'est l'or... Chella, au temps des Beni-Merin, fut une ville tout en or. Le sultan ayant volé le secret de son alchimiste, tout le monde à Chella se mit à fabriquer de l'or. « De sorte qu'un jour ils n'eurent plus ni blé, ni orge et en furent réduits à donner pour un morceau de pain toute leur vaisselle d'or »... « Et voilà, conclut le conteur très moral, comment les habitants de Chella, pour avoir été trop riches, moururent de faim au milieu de leurs richesses ».

Si tout le sous-sol de Chella, selon quelques-uns, est revêtu d'or, ...
(1) Abou-Inan, fils d'Aboul Hassan.

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MessageSujet: La Féerie Marocaine   La Féerie Marocaine - Page 3 EmptyJeu 8 Aoû - 11:11

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RABAT. PORTE DE CHELLA.

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MessageSujet: La Féerie Marocaine   La Féerie Marocaine - Page 3 EmptyVen 9 Aoû - 10:39

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- Rabat. Porte de Chella (détail).

... ses fontaines et ses trous sont le repaire des Génies... Effrits ou djouns, « les démons » de la Bible se trouvent tou­jours sous nos pas, au Maroc. Djouns des ravins, des pierres, de l'eau, cette eau si trou­blante qui sans que nous le voulions prend notre image, et on les appelle par leur couleur et par leur nom, et selon qu'ils sont juifs, chrétiens ou musulmans, ils répondent... et il n'y a pas de comédie qu'on ne joue vis-à-vis d'eux pour s'en débarrasser ou leur plaire... Et toutes les formes pour nous surprendre leur sont bonnes: ce chat, cette grenouille, cette abeille. A Chella, la fontaine sacrée où les femmes lavent leur chevelure et les toisons abrite encore toute une famille de génies... sous forme d'anguilles. Et pourquoi, après tout, l'étrange poisson-serpent dont les noces ne se célèbrent qu'au fond des mers lointaines, ...

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MessageSujet: La Féerie Marocaine   La Féerie Marocaine - Page 3 EmptyVen 9 Aoû - 10:44

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- Rabat. Nid de cigogne sur le Minaret de Chella.

... ne serait-il pas ce génie déguisé qui veille à Chella sur les femmes en couches, protège les chasseurs et sut même, dît-on, donner ses anneaux d'or pour empêcher l'un d'eux de mourir de faim... Mais il obéissait, ce jour là, à un saint. Car le sol de Chella est tellement pavé de saints que le sultan, quand il y vient, ôte ses babouches... Djouns charita­bles ou malins, pois­sons sacrés, saints protecteurs, cou­loirs pleins d'or qui mènent aux cham­bres du Paradis, chevauchées noc­turnes du Sultan Noir, l'Emir fantô­me, promenade au clair de lune de Chems El Doha, la djennia (1) qui accroche sa robe blanche aux pointes des agaves... je pense à vous devant ces murs flanqués de tours, fermés sur ce jardin comme un anneau magique... et qui semblent surgir de terre, pour nous, à ce moment même, autour de cette Is marocaine...

(1) Djoun femelle.

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MessageSujet: La Féerie Marocaine   La Féerie Marocaine - Page 3 EmptyVen 9 Aoû - 10:57

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- Le peintre Si  Mammeri.

... engloutie sous la terre, et que seul, aujourd'hui, mon rêve ressuscite.
Depuis que les Français sont installés au Maroc, on n'a plus revu l'anguille aux anneaux d'or.
Sur la route, des autos passent.  Poussière, klaksons...
Là-haut, sur les créneaux, un oiseau bleu se pose,.. « Un chasseur d'Afrique » me dit le guide.

Au sommet de ce triangle que font Chella et la mer, quelle est donc cette autre ville blanche qui se dessine ? Suspendue semble-t-il entre ciel et terre, elle à l'air elle aussi, d'une cité de conte, apportée là par un tapis magique sur Tordre de quelque invisible génie.
Et c'est bien de la volonté d'un génie qu'elle est née...
Il porte des étoiles sur sa manche et du bleu dans ses yeux, son bonnet de magicien est un képi français, il est lorrain, son nom est « Loyauté ». C'est le maréchal Lyautey.

C'est un « navire en perdition » dont, en 1912, on va lui demander de devenir le pilote. Anarchie, séditions, le Maroc n'est que cela... massacres de Fez, marche sur Marrakech du prétendant El Hiba, soulèvement des Berbères dans la région de Meknès, le sultan en défiance, les finances en déroute. Mais il y aura Gouraud, Mangin, Henrys, et à la fois, cerveau et bras, organisant, dirigeant, pré­voyant, agissant : Lyautey.
Tout de suite, c'est l'application des principes Galliéni, mais adaptés à ce pays d'essence si différente : pacifier et organiser tout en con­quérant, selon la tradition des pro­consuls romains, chez ce « Bugeaud moderne » comme l'appelle Poincaré, de la politique et de la force.

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MessageSujet: La Féerie Marocaine   La Féerie Marocaine - Page 3 EmptyVen 9 Aoû - 11:03

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- Rabat. La Résidence.
- Jardins de la Résidence


Puis, la guerre. Ordre d'évacuer l'intérieur pour se replier sur les côtes, d'abandonner toute marche et tout poste avancé. Quoi ? laisser derrière nous Marrakech, Fez, Taza ? Encourager la révolte en découvrant nos points faibles, faire ainsi, en le voulant, le jeu de l'Allemagne ? — « C'est encore au Maroc, disait un Allemand, qu'on pourra le mieux couper le jarret de la France » — L'initiative peut être la belle formule du cran... Lyautey n'hésite pas. Il refuse. Il s'explique. Il décide, il exécute. Maintien intégral du front avancé et continuation de la progression militaire. Parler aux Marocains le moins possible de la guerre. S'arranger pour qu'ils s'en aper­çoivent aussi le ...

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MessageSujet: La Féerie Marocaine   La Féerie Marocaine - Page 3 EmptySam 10 Aoû - 10:50

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- Le Sultan du Maroc Sidi-Mohammed et ses vizirs.
- Le Gouverneur Général Lucien Saint et Son Excellence Si Mammeri, chef du protocole.


... moins possible en leur assurant le bien-être et même le superflu. Développer de plus en plus les pouvoirs publics, les cultures, que la vie normale continue en apparence. Manifester la force pour en éviter l'emploi.
Des paroles:
« Tout nou­veau chantier ouvert vaut un bataillon.
« En politi­que indigène, il n'y a pas de pe­tites choses,
« II faut sa­voir faire flèche de tout bois ».
Des faits :
1915. — Exposition de Casablanca.
1916. — Foire de Fez.

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MessageSujet: La Féerie Marocaine   La Féerie Marocaine - Page 3 EmptySam 10 Aoû - 10:54


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- Le Sultan Sidi-Mohammed entouré de sa garde, à Rabat.

... 1917. — Foire de Rabat.
Politique du sourire.
Politique du prestige.
Victoire économique  qui  vaut  toutes les  batailles.

En 1918, malgré les effectifs réduits, « les fronts ont tenu au delà de toute espérance... Le Maroc est intact et en progrès ». Lyautey a gagné la bataille du Maroc.
C'est alors qu'il prend sa baguette magique. Des ports se construisent, des villes montent, des routes, des rails rapprochent les distances, font circuler la vie d'un bout à l'autre du pays, doublent le trafic entre le désert et les villes. De belles maisons mauresques camouflent d'affreuses casernes, des hôpitaux, des écoles vont prouver dans chaque centre, notre utilité et notre influence. Chef, administrateur, ingénieur, architecte, Lyautey est tout cela. Ce grand artiste veut qu'aucune ville nouvelle n'abîme en s'y mêlant les vieilles villes indigènes. Ce grand féodal sait plaire aux grands caïds, ses frères de l'Atlas. Ce grand catholique sait plaire au Sultan. « Quand d'autres me promettaient de respecter ma religion, lui dit Moulay Youssef, je savais qu'ils ne tiendraient pas ...
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... leur promesse. Mais vous qui pratiquez la vôtre, je vous crois ».
Quand le président Millerand vient visiter Rabat et qu'il admire, Lyautey lui dit : « Monarchiste, aristocrate, religieux : voilà auprès d'un peuple pour qui seul cela compte, les trois titres qui sont le secret de ma réussite au Maroc »,
Sa politique indigène ! celle qui du Maroc en mal d'un maître a fait aujourd'hui le « bastion de l'ordre » c'est encore pour Lyautey
son regret et son souci... Penser qu'on peut ne pas continuer son oeuvre, ou la gâcher... Si l'on ouvrait son cœur, on y trouverait : Maroc.

Cette « ville de la Résidence » est tout spécialement son œuvre. En 1919, ce n'était encore qu'un hameau, des bungalows aux toits de chaume, déjà parés cependant de terrasses et de fleurs, et dans lesquels on travaille ferme... Maintenant, en haut de cette colline, non loin du palais du Sultan, c'est un vrai boulevard, chaussée pour autos, route cavalière, galeries couvertes pour les promeneurs, et dans des oasis de bougainvillers et de rosés, ces villes blanches, les ministères : Finances, Travaux Publics, Cabinet civil, Cabinet mili­taire, Affaires indigènes, chaque service est un petit royaume d'orga­nisation et de confort, aménagé chacun selon ses besoins et son rôle. Au milieu de cette ruche — soleil au milieu de ses planètes (dirait un Musulman) — dans l'un des plus beaux sites et l'un des plus beaux jardins du monde : la Résidence. C'est le maréchal Lyautey qui en a donné le plan, qui en a été le créateur avant d'en être l'âme. Les bassins fidèles ont gardé son image. Tous ceux qui s'y penchent savent encore l'évoquer... Tout, sous ces ombrages, parle encore de lui. Tout et tous, au Maroc, parlent encore de lui.

Le flambeau passe, le rayonnement subsiste. Dans cette Résidence, foyer de l'étoile qui projette d'un bout à l'autre du Maghreb notre activité et notre influence, M. Lucien Saint, résident général perpétue, dans le sillon si dignement semé, les grandes traditions du « temps du Maréchal ». Et dans ce coin très français de la vieille ville Maghzen se pratique journellement l'hospitalité musulmane qui donne au visiteur la sensation du home... tandis que là-bas, de l'autre côté du ravin, symbolisant toute la vitalité du Maroc, son essor, la « course » ...

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MessageSujet: La Féerie Marocaine   La Féerie Marocaine - Page 3 EmptySam 10 Aoû - 11:02

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- Au Mellah.

... des hommes nouveaux vers la prospérité et la paix, prennent leur vol : ces grands oiseaux qui viennent de France...

On dit que le 10 octobre 1925, avant son départ pour la France, le maréchal Lyautey, pour son adieu au Maroc, voulut une dernière fois revoir les Oudaïas. Et dans son déchirement de quitter le champ de bataille à l'heure de cueillir les lauriers de la victoire, ne fût-ce pas pour lui une suprême douceur d'apercevoir, au-dessus des murs blancs, des murs rouges, de la mer, de Salé-la-Barbaresque, de Rabat-l'Andalouse, de Chella-la-Dormante, la Tour Hassane, et au toit de la Résidence, nos trois couleurs, lui faisant face.

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MessageSujet: La Féerie Marocaine   La Féerie Marocaine - Page 3 EmptySam 10 Aoû - 11:07

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- Safi. L'heure du conteur.
- A Safi.

CHAPITRE IV
_

SAFI   LA  MECONNUE

Safi la méconnue... Safi l'incomprise, disent ses habitants. Parce que les touristes n'y viennent pas, que les littérateurs n'en parlent pas, et qu'on n'y  trouve même  pas d'hôtel Transatlantique  pour offrir, comme partout, le confort et la vue, et que cela seul déjà pré­dispose contre elle, cette auberge obscure, serrée entre deux ruelles, et qui

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- Safi. Entrée de la Mosquée.
- Tailleurs à Safi.


n'a d'espagnol que sa malpropreté. Mais pour le don Juan qu'est le vrai voyageur, qui court aux découvertes en dédaignant pourtant souvent les plus faciles, cette belle Mauresque donne cette compensa­tion, d'être une des villes les plus marocaines du Maroc, inviolable, inviolée, avec qui l'on peut causer intimement sans crainte qu'une silhouette trop européenne vous dérange... Pas de portier galonné, pas même de guide indigène déjà façonné par les Américains et les snobs au circuit banal, rigoureusement classique. C'est ce petit, haut comme un palmier nain, rond comme une pomme, au teint de brugnon, aux yeux d'a­mande, au sourire à la fois averti et candide qui va nous faire voir, mieux que tout autre, sa ville,

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MessageSujet: La Féerie Marocaine   La Féerie Marocaine - Page 3 EmptyDim 11 Aoû - 10:43

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- Safi. Porte Bab El Kouass.
- Brodeurs à Safi.

Elle coule, moulée entre ces deux collines, jusqu'à la mer. Sur la muraille fauve, les toits s'enlèvent en clair, ne se découpent que sous le compas de l'ombre dans cette grande plaque lisse chauffée à blanc... Blanches les terrasses et blanc le ciel, et blancs aussi, d'un blanc translucide d'albâtre, cette mosquée, ce tombeau qui montent en étages,   tellement fondus, dissous dans la lu­mière qu'ils sem­blent taillés à même, comme si la pierre, soudain, s'était faite ciel.

Entre ces deux portes, Bab Chamba, Bab El Kouass,

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MessageSujet: La Féerie Marocaine   La Féerie Marocaine - Page 3 EmptyDim 11 Aoû - 10:49

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- Safi. Le marché
- Safi. Sanctuaire de Sidi Abd-Er-Rahmane.

la vie, elle aussi, coule. Sur le pont, un monôme passe en chantant... Pour un mort ? Pour un mariage ? Passe, à pas accé­lérés une petite troupe portant une longue boîte. C'est le mort. Contre le mur, figés, d'une uni­forme teinte brune dont on ne sait si elle est un reflet ou de la crasse, ils sont là cinq, le père, la mère, les trois petits, cinq tas de haillons, cinq figures hâves, cinq paires d'yeux immenses et si doux...


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MessageSujet: La Féerie Marocaine   La Féerie Marocaine - Page 3 EmptyDim 11 Aoû - 10:53

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- Le marché de Safi.
- Safi. Porte Bab Chamba.

Parce trou noir, porte de la mosquée, des om­bres s'engouffrent, happées par l'invi­sible... Des cara­vanes, presque bout à bout, mon­tent la rampe... Le marchand de pote­ries, de sa bouti­que, nous guette.

C'est du haut de la Kechla, ce château fort aux armes portugaises, point de repère pour toute la ville, que l'on voit le mieux Safi Couchée dans ses blancheurs


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MessageSujet: La Féerie Marocaine   La Féerie Marocaine - Page 3 EmptyDim 11 Aoû - 10:57

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-Safi. Les marchands de couffins.


au pied de la citadelle, comme un harem au repos, elle offre ce contraste d'un hymne à la paix, devant ce vieil arsenal de la guerre. Sur cette Kechla, du reste, il court bien des histoires... Habitée, dit-on, par le Sultan Noir qui ne se fait pas faute d'y revenir souvent. Beaucoup l'ont entendu, quelques-uns même l'ont vu... Et il se manifeste d'une façon maligne : toute femme habitant la Kechla est stérile. Ainsi deux femmes de Contrôleur civil, tant que les bureaux furent à la Kechla; ne purent y mettre au monde d'enfants vivants. Depuis, le Contrôle siège à la ville neuve : « On ne doit jamais, dit l'indigène, braver le sort ». Ne nous attardons pas dans cette maison hantée.

Là-bas, au delà de la ville, la mer nous appelle.
Comme on comprend devant ces vagues en bataille, cette échine constamment écumante de la houle, cette fameuse barre qui, alliée avec les sables du désert, constitue la défense naturelle du Maroc. Pourtant Safi partage avec Salé, Mogador et Sainte-Croix (Agadir, aujourd'hui) l'honneur d'avoir été, pendant des siècles, l'un des ports

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MessageSujet: La Féerie Marocaine   La Féerie Marocaine - Page 3 EmptyDim 11 Aoû - 11:12

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de commerce les plus ouverts du Maroc. C'est là que s'embarquaient les laines, les olives, le tabac en feuilles, le cuivre de Meknès, sous l'œil vigilant de nos consuls... dont la réputation n'est pas toujours des meilleures :

« Les Français qui sont à Salé et à Safi, dit un vieux mémoire, ne sont connus que par leur mauvaise foi. Ils vivent ainsi des droits qu'ils exigent de ceux qui viennent commercer dans leurs ports et qu'ils obligent de s'adresser à eux. Et comme ils sont en possession de la place, on est nécessairement réduit à leur confier le soin des marchandises invendues ou des sommes à exiger, de sorte que ce seul inconvénient fait réduire notre importation au Maroc à la plus petite quantité possible et aux articles les moins considérables ».

Les sultans eux-mêmes eurent contre nos agents leurs griefs, par exemple contre celui qui détourna, dit-on, trois millions de pierre­ries et de livres — dont un manuscrit autographe de Saint-Augustin — au profit... de la bibliothèque de l'Escurial. Détournement dont l'au­teur change de nom suivant le récit, c'était un bijoutier d'Aix, un marin provençal, ou, d'après le P. François d'Angers, le Sieur de Castellane. Toujours est-il qu'en représailles, le chevalier Isaac de Razilly, envoyé spécial de Richelieu — plutôt du Père Joseph — est capturé à son arrivée à Safi, ainsi que les trois vaisseaux et les trois Capucins qui l'accompagnent et conduit, « dépouillé, lié, jeté sur un cheval » au camp de Moulay-Zidan. Mais, après quelques péripéties, un excellent mémoire de Razilly, et le blocus de Salé, tout finit par un traité de commerce, entre Louis XIII et l'empereur de Barbarie, confirmé en 1635, à Safi.

Bien plus pittoresque encore dut être, cent ans plus tard, le débarquement d'un autre de nos diplomates, le comte de Breugnon, accueilli sur ce quai par le gouverneur, dont les mille cavaliers ne cessèrent, une heure durant, de courir « la course de la poudre » (1) ; tandis que dans la moins protocolaire des postures, chacun à califour­chon sur le dos d'un Juif, chaque jambe pendante soutenue par un autre Juif, sous les paquets d'eau de mer et les youyous des femmes, Monsieur l'ambassadeur, et les quatre-vingt personnes de sa suite, faisaient officiellement leur entrée à Safi.

(1) Fantasia.

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- Safi. Le marché.

Est-ce cette porte Bab Chamba que le consul Chénier, père du futur poète, franchit de force, l'épée à la main, et à cheval (la monture du Prophète n'étant alors permise qu'aux seuls Musulmans) au nom du Roy ?

Est-ce sur ces créneaux qu'El Aïssa le farouche, qui se faisait un luxe de les trancher lui-même, fit exposer, il n'y a encore que quel­ques années, tant de têtes ?

Bab Chamba, ce matin, n'est qu'une grande bouche d'ombre qui crache par saccades, sur cette place, toute lumière, une foule bruyante et dense. C'est elle, cette vieille encoche médiévale dans les murs, qui relie ce lacis de ruelles, bourgeoises ou commerçantes, au forum où se presse en ce moment tout Safi : le marché.

Mer de burnous, debout, assis, agglutinés par groupes, vieillards dont le collier de barbe rejoint le bâton, bambins émergeant d'un vieux sac sordide, grands gaillards souples qui drapent leur djellaba en toge, dont l'œil méfiant suit chacun de nos pas... Mer blanche,

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- Safi. Le marchand de poteries.

dans laquelle chaque marchand fait son île, sa marchandise étalée sur un linge ou une et lui, derrière cette devanture de fortune,
en pose d'idole chinoise, impassible, raide, comme en bois. Marchandes de pain, aussi dorées que leurs galettes, de racines, de sel, de joncs verts, de couffins, médecins, apothicaires, aux petits tas de toutes teintes, parfums, purgatifs, épices, aphrodisiaques, pavot, qui fait dormir, cresson qui ferme les plaies, l'« épilatoire », l'« aveugle », la « silencieuse » et l'encens qui, brûlé, fait fuir les djouns. Et, sous l'unique palmier, aux palmes immobiles, illustration pour conte persan, ce marchand de poteries, spécialités de Safi, dont les amphores béantes, couchées, couleur de chair, ont l'air d'esclaves décapitées et nues... et dont il a l'air, lui, d'être le pacha, lui, ce beau vieillard qui me toise avec mépris, et digne, tourne le dos au kodak indiscret, le prophète défendant la reproduction des figures qui permettent l'envoûtement et attirent la mort. Car les habitants de Safi sont gens de tradition. Ils préfèrent ne pas vendre que de vendre aux étrangers, comme vient de me le prouver ce marchand de babouches , bien que,

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MessageSujet: La Féerie Marocaine   La Féerie Marocaine - Page 3 EmptyDim 11 Aoû - 11:29

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- Safi. La vendeuse de racines.


moins scrupuleuse, la femme du Pacha, cette Persane, scandalise tout Safi. en conduisant son auto. Mais ceci n'est peut-être qu'un potin de harem colporté le soir de terrasse en terrasse, ou bien par l'une de ces fathmas » accortes qui sont à volonté entremetteuses ou concierges. A moins que ce ne soit tout simplement un conte, comme tout ce que je vois, comme cette ville elle-même, comme ce paysage de clair de lune en plein jour, sous cette lumière pâle à force d'être intense, cette lumière du Sud, dans laquelle, maintenant, Safi fait la sieste...

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MessageSujet: La Féerie Marocaine   La Féerie Marocaine - Page 3 EmptyLun 12 Aoû - 10:58

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- Dans les jardins de la Mamounia.

CHAPITRE V

MARRAKECH
I.   —  MARRAKECH  LA  SAADIENNE

Les conteurs parlent encore de la fameuse ville de cuivre, aux habitants muets, dont les vingt-quatre tours d'un jaune andalou éblouirent les yeux de l'Emir Moussa..,
C'est ainsi que d'abord m'apparaît Marrakech, non pas rouge telle qu'on me l'avait promise, mais rousse, sous ce ciel d'orage, de sirocco brûlant, cette pluie de sable dans laquelle, en vraie fille d'Islam, elle se voile...

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MessageSujet: La Féerie Marocaine   La Féerie Marocaine - Page 3 EmptyLun 12 Aoû - 11:02

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- La Mamounia et la Koutoubia.
- Orangers du jardin de la Mamounia.

Après, je l'ai connue sous tous ses aspects : fiévreuse, languissante, accablée, verte ou rosé selon la tache plus vive des jardins ou des toits, bleue la nuit, bleu de glace, bleu de vitrail, bleue comme un conte... Mais c'est toujours ainsi que depuis je l'évoque, fanatique, fa­rouche, ensevelie vivante sous la pous­sière des siècles, telle que l'Almoravide la fit surgir de terre, telle qu'en 1912 Mangin la surprit, telle que je l'ai aimée pour la première fois.

Avant de la connaître, Marrakech s'offre à moi sous l'aspect d'un de ses plus luxueux palais: la Mamounia. Déjà tout ce qui est elle y attire et ravit: ces marbres ouatés de tapis de

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